Définition de ABUSER

DÉFINITIONS - REMARQUE - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : a-bu-zé

DÉFINITIONS

1
User mal, se prévaloir de. Ayant abusé de leurs talents. Abuser de l'ignorance de quelqu'un. Abuser cruellement de la victoire.
Pour seconder les criminelles intentions d'un ami, lequel abusait de votre crédulité
de Louis BOURDALOUE dans Pensées, t. II, p. 261
Vous croyez qu'abusant de mon autorité Je prétends attenter à votre liberté
J'abuse, cher ami, de ton trop d'amitié
Avez-vous prétendu que muet et tranquille, Ce héros qu'armera l'amour et la raison, Vous laisse pour ce meurtre abuser de son nom ?
Et nos seuls ennemis, altérant sa bonté, Abusaient contre nous de sa facilité
La perfide abusant de ma faiblesse extrême....
Et que de mon bonheur vous avez abusé Jusqu'à plus attenter que je n'aurais osé
Prince, vous abusez trop tôt de ma bonté
Je vous remets ce droit dont j'allais abuser
Vous ne voudrez jamais, abusant de mon âge...
Il abuse en ces lieux de son pouvoir fatal
Ils ont tous abusé de leur nouveau pouvoir
Depuis qu'aux cieux l'amour est retenu, De son beau nom vous abusez encore
de MALFIL. dans Narc. I
2
Nature : Absolument. Usez, n'abusez pas. L'homme est disposé à abuser.
3
Abuser de quelqu'un, ne pas se comporter avec lui comme il conviendrait. J'abuse de vous en vous entretenant si longuement de mes propres affaires. Abuser d'un domestique, le faire trop travailler. On dit dans le même sens abuser d'un cheval.
Vous abusez d'une infinité de personnes en leur faisant accroire que les points sur lesquels vous essayez d'exciter un si grand orage sont essentiels à la foi
4
Abuser d'une fille, la posséder.
Pour venger sa fille dont Roderic abusait
Nous flétrissons du nom d'incestueux le frère qui abuse de sa soeur
Alexandre VI était accusé d'abuser de sa propre fille Lucrèce
Abuser, v. n., se conjugue avec l'auxiliaire avoir.
ABUSER, v. a.
5
Tromper. Abuser quelqu'un d'un vain espoir. Nous nous laissons abuser par les opinions du vulgaire.
Ils sont grossièrement abusés
La flamme de vos yeux.... Ne se lasse donc point.... d'abuser les voeux dont elle est désirée
de François de MALHERBE dans IV, 3
Car, sans le revenu, l'étude nous abuse
Dites s'il me détrompe ou m'abuse en effet
Notre profond silence abusant leurs esprits, Ils n'osent plus douter de nous avoir surpris
Sors du trône et te laisse abuser comme moi
Moi, j'aurais l'âme assez méchante pour abuser une personne comme vous !
Je vous abuserais si j'osais vous promettre Qu'entre vos mains, seigneur, il voulût le remettre
Je crains, je crains qu'un songe ne m'abuse
C'est pleurer trop longtemps une mort qui t'abuse
Est-ce ainsi qu'on m'abuse et qu'on croit me jouer !
Une image trompeuse ne vient-elle pas abuser mes yeux ?
Je reconnus, mais trop tard, les chimères qui m'avaient abusé
6
Abuser une fille, la séduire.
Une fille abusée était punie avec le séducteur
S'ABUSER, Nature : v. réfl. Se faire illusion. En cela, je me suis abusé. À moins que je ne m'abuse.
Voulant nous affranchir, Brute s'est abusé
Mais tu t'abuseras
Vois si je m'abuse
Mais moi-même.... me serais-je abusée ?
Penses-tu que je sois moins épouse que mère ? Tu t'abuses, cruel....
En conseiller d'État, de discours je m'abuse

REMARQUE

1
Pascal a dit : Il n'est pas possible de s'abuser à prendre un homme pour un ressuscité. Cet emploi, qui peut très bien être accepté, est un archaïsme. Voyez-en un exemple plus bas dans un texte de Lanoue.

HISTORIQUE

1
XIVe s.
Comme Phalaris qui tenoit une enfant et avoit concupiscence de abuser en par delettation de luxure inconveniente
2
XVe s.
.... Me faites, vous et raison, Aucune declaration ; Ou de votre fait suis abus, Pour ce que dit avez dessus
de Jean de LA FONTAINE dans 675
Povre homme, tu t'abuses bien ; Par ce chemin ne feras rien, Si tu ne marches d'autre pas
dans Nat. à l'Alch. 31
Las ! ne suis le premier de France Qui sotement s'est abusé
de Charles D'ORLÉANS dans Rond. 34
Ausquels fut dit pour le dict seigneur, qu'ils s'abusoient et que le dict seigneur aimeroit mieux mourir que d'estre contre le roi
de J. DE TROYES dans 1475
Et avec telles mensonges se abusent bien aucuneffois les maistres
de Philippe de COMMINES dans II, 2
On abusoit le roi quand on lui conseilloit entreprendre ceste guerre
de Philippe de COMMINES dans III, 2
3
XVIe s.
Ils sçavent l'arithmetique si parfaitement que jamais ne s'abusent à conter
Cet enfant nous abuse, car les estables ne sont jamais on hault de la maison
Laissons les abuser de leur loisir
de Michel de MONTAIGNE dans I, 187
Il me venoit compassion du pauvre peuple abusé de ces folies
de Michel de MONTAIGNE dans I, 200
On ne peult abuser que des choses qui sont bonnes
de Michel de MONTAIGNE dans II, 60
Elle n'y trouva les efforts repondants à sa taille, beauté et jeunesse par où elle avoit été prinse et abusée
de Michel de MONTAIGNE dans III, 371
Il usa d'une ruse par la quelle il abusa l'une et l'autre partie pour le bien de la chose publique
de Jacques AMYOT dans Solon, 21
Solon pour vrai est un fol abusé, Qui de son gré lui-même a refusé Un si grand heur que lui offroient les dieux
de Jacques AMYOT dans ib. 22
Stesimbrotus s'abuse grandement pour n'avoir pas bien pris garde à la suitte des temps
de Jacques AMYOT dans Thém. 3
Son filz abusoit un peu trop de l'affection que lui portoit sa mere, et de lui aussi semblablement par le moyen d'elle
de Jacques AMYOT dans Thém. 36
Abusant la jeunesse de vaine espérance
de Jacques AMYOT dans Fab. 51
Les Lacedemoniens abuserent d'Alcibiades plus tost qu'ils n'en userent
de Jacques AMYOT dans Alc. et Cor. 4
Il abusa de son eloquence à calomnier et faussement charger et accuser ceux qui valoient mieux que lui
de Jacques AMYOT dans Pélop. 44
Celui qui ne vise à la voie Par où il va, faut et s'abuse
de Clément MAROT dans III, 59

ÉTYMOLOGIE

1
Abus ; provenç. et espagn. abusar ; ital. abusare.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
ABUSER. V. n. Ajoutez :
2
Il se dit aussi des actes contre nature. Cet homme, condamné pour attentat aux moeurs, avait abusé d'un enfant confié à ses soins.

Synonymes de ABUSER

Termes proches de ABUSER