Définition de ACCUSER

DÉFINITIONS - REMARQUE - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : a-ku-sé

DÉFINITIONS

1
Imputer un crime à quelqu'un. Il fut accusé de brigue, de violence. Accuser quelqu'un d'un crime capital. On l'accusa d'avoir fui du combat. Socrate fut accusé de nier les dieux que le peuple adorait.
Pour vous justifier du crime dont ma raison vous accusait....
Je n'accuse personne et vous tiens innocent
Ce n'est pas qu'après tout tu doives épouser Celui qu'un père mort t'obligeait d'accuser
D'un amour criminel Phèdre accuse Hippolyte
Je le crois criminel, puisque vous l'accusez
de Jean RACINE dans ib. V, 7
2
Dans le droit criminel actuel, poursuivre, en vertu d'un arrêt de la chambre des mises en accusation, une personne devant la cour d'assises.
3
Accuser un acte faux, soutenir qu'un acte est faux.
Cette locution a vieilli. On dit présentement, arguer un acte de faux.
4
En général, imputer, reprocher.
Tu pouvais, pour toi, m'accuser de froideur
Il l'avait accusé de discours médisants
Quand vous devez la vie aux soins de ce grand homme, Vous osez l'accuser d'avoir trop fait pour Rome
Ah ! si nous périssons, n'en accusez que vous
La vie n'était pour lui qu'un esclavage et une triste captivité ; et sans en accuser la Providence ni s'en plaindre....
de Louis BOURDALOUE dans Pensées, t. I, p. 45
5
Gourmander, blâmer.
D'Egmont.... De l'incertain Mayenne accusait la lenteur
Mais avec quel courroux, avec quelle tendresse Mahomet de mes sens accusa la faiblesse !
Contre l'effort des vents ces myrtes sans appuis Accusent notre indifférence
N'accuse point mon sort ; c'est toi seul qui l'as fait
Par des ambassadeurs accuser ma paresse
Où donc est ce grand coeur dont tantôt l'allégresse Semblait du jour trop long accuser la paresse ?
.... En vain de ton départ Les tiens impatients accusent le retard
6
En parlant des choses, servir de preuve, d'indice. Le fait même l'accuse.
Devant les dieux vengeurs, mon désespoir m'accuse
Voyons qui son amour accusera des deux
Et son silence même accusant sa noblesse Nous dit qu'elle nous cache une illustre princesse
Caché sous des lambeaux, un reste de richesse Semble encor de son rang accuser la noblesse
7
À certains jeux de cartes, accuser son jeu, en faire connaître ce que les règles veulent qu'on déclare.
8
Accuser juste, accuser faux, être exact, inexact dans son récit.
Chamillart convenait que Catinat accusait vrai en tout et partout
La renommée accuse juste en contant ce que vous valez
9
Accuser une douleur, accuser son âge, dire qu'on sent une douleur, qu'on a tel âge.
10
Accuser la réception ou accuser réception d'une lettre, d'un paquet.
M. Plet ne nous accusa ni la réception de cette lettre ni celle d'un assez gros paquet que je lui avais adressé
Je n'ai de temps que pour en accuser la réception
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Lettr. Quiét. 190
La plupart commencent par accuser la réception de ma lettre
11
Sémantique : En termes de peinture, faire sortir certaines parties qui sont recouvertes par quelque enveloppe. Accuser les muscles, les os.
12
S'accuser, Nature : v. réfl. Se dire coupable. Il s'accuse d'homicide. S'accuser d'une faute, de sa crédulité. Elle s'accusait de ralentir ma marche.
Vientelle s'accuser et se perdre elle-même ?
Votre coeur s'accusait de trop de cruauté
Je m'accuse, moi-même, d'en avoir trop entendu
Je me suis accusé de trop de violence
13
S'accuser, déclarer ses péchés au prêtre dans la confession. S'accuser d'avoir rompu le jeûne.

REMARQUE

1
Régnier a dit : Un rêveur m'accuse Que je ne suis pas net.... Sat. II. Cette tournure est insolite, et l'on dit d'habitude de avec l'infinitif : De n'être pas net. Cependant elle n'a rien qui soit fautif en soi.

HISTORIQUE

1
XIIe s.
S'aucuns est acuseis qu'il ait aucun ochis....
de TAILLIAR dans Recueil, p. 491
Et feissent deux homes avant venir, qui Naboth acusassent et sur lui testemoniassent que il out mesparlé de Deu meïme et del rei
dans Rois, 331
2
XIIIe s.
Cil cui je n'avoie riens mesfait, m'acusoient
dans Psautier, f. 48
Par iceste maniere bien nous acuserons [nous prouverons notre fait]
dans Berte, 23
Qui est accusé de cas de crieme, il ne se puet defendre par procureur
En cas de crieme dont on pot perdre vie ou membre, li acusés n'est pas tenus à jurer, se li cas n'est de gages
de Philippe de BEAUMANOIR dans XX, 9
Li mariages fu après acusés, et fu depeciés [cassé], et fut tenu por malvès
de Philippe de BEAUMANOIR dans XVIII, 18
Tretout ansinc vous dis pour voir [vrai] Que li cristal, sans decevoir, Tout l'estre du vergier accusent à ceux qui dedans l'iaue musent
dans la Rose, 1569
3
XIVe s.
Et encore eüst on tout occis et tué, S'il n'eüssent nommé l'englois et accusé Qui les armes pendi de Bertran l'aduré
dans Guesclin, 19767
Dame, dist Galerans, jà n'aie je pardon, Se je vous en accuse par nulle entention
dans Baud. de Seb. II, 90
4
XVIe s.
Ils ne nous accusoient [dénonçaient] jamais aux ennemys
de Vincent CARLOIX dans V, 6
Ceux qui accusent les hommes de....
de Michel de MONTAIGNE dans I, 11
Les vieux du Senat accuserent [blâmèrent] cette pratique
de Michel de MONTAIGNE dans I, 23
Les mesmes paroles qui accusent [indiquent] ma maladie
de Michel de MONTAIGNE dans I, 34

ÉTYMOLOGIE

1
Provenç accusar ; espagn. acusar ; ital. accusare ; de accusare, de ad, à, et d'un radical sur lequel on a varié. Priscien dit que ce radical est cusare, fréquentatif de cudere, qui veut dire forger. Mais il est plus vraisemblable de le rattacher à causa, cause (voy. ce mot). Ce qui ajoute quelque probabilité à cette étymologie, c'est que Bède dit que accusare s'est aussi écrit avec deux ss, orthographe qui est aussi celle de causa, caussa.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
2. Accuser réception a été créé par Balzac, d'après GÉNIN, Variat. p. 315.

Synonymes de ACCUSER

Termes proches de ACCUSER