Définition de AUTEL

DÉFINITIONS - PROVERBES - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : ô-tèl

DÉFINITIONS

1
Sorte de table destinée à l'usage des sacrifices.
Dans Rome, les autels fumaient de sacrifices
Si de sang et de morts le ciel est affamé, Jamais de plus de sang ses autels n'ont fumé
On dresse des autels de gazon
Les sénateurs lui firent dresser des autels
Il lui voulait dresser des autels
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans ib. II, 12
L'amour impudique eut tant d'autels....
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans ib. II, 3
Cependant à Pompée élevez des autels ; Rendez-lui les honneurs qu'on rend aux immortels
Sémantique : Poétiquement.
Dressons-lui des autels sur des monceaux d'idoles
Autels, monuments en forme d'autels élevés pour perpétuer la mémoire de quelque événement. Les patriarches élevaient des autels en des lieux où ils avaient reçu quelque faveur de Dieu. Il est parlé des autels d'Hercule, des autels d'Alexandre, dressés aux extrémités de leurs expéditions.
Sémantique : Fig. et par extension, honneurs extraordinaires. Mériter des autels.
Eux-même avec candeur, se disant immortels, De leurs mains tour à tour se dressent des autels
Nous sommes trois, Diderot, d'Alembert et moi, qui vous dressons des autels
À sa gloire en cent lieux fit dresser des autels
Cette idole à qui le monde a de tout temps dressé des autels
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Dauph.
Personne qu'on honore, qu'on adore.
Ils n'ont point de faveur qu'ils n'aillent divulguer, Et leur langue indiscrète, en qui l'on se confie, Déshonore l'autel où leur coeur sacrifie
2
Chez les chrétiens, table où l'on célèbre la messe. Le prêtre monte à l'autel. S'approcher de l'autel pour la communion.
Dans le même esprit qu'ils vont à l'autel
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Par. de Dieu, 1
Une âme qui a vécu longtemps éloignée de l'autel
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Inconst.
Quoiqu'elle approchât souvent des autels
Un prêtre oserait-il, le même jour, s'approcher de l'autel [dire la messe] ?
Le maître autel, l'autel qui est placé dans le choeur d'une église.
Autel privilégié, autel où il est permis de dire la messe des morts le jour qu'on ne peut la célébrer aux autels qui ne sont pas privilégiés.
Autel portatif, pierre plate et carrée, bénite selon les formes de l'Église, pour célébrer la messe en pleine campagne.
Le sacrifice de l'autel, le saint sacrifice de l'autel, c'est-à-dire la messe ; le saint sacrement de l'autel, l'eucharistie.
Sémantique : Fig. Élever autel contre autel, faire un schisme, et, par extension, lutter avec quelqu'un de crédit, de puissance, former une entreprise rivale.
On élève autel contre autel
Harcourt saisit l'occasion de débaucher au duc de Beauvilliers son pupille ou de faire au moins autel contre autel
3
Sémantique : Fig. La religion, le culte. Respectez les autels. Les ministres des autels.
Il soutint les autels que l'hérésie avait ébranlés
Et les droits de l'autel sont avant ceux du trône
de RAYNOUARD dans États de Blois, II, 5
L'autel et le trône, la religion et le pouvoir monarchique.
4
Sémantique : Terme d'astronomie. L'Autel, constellation de l'hémisphère austral.
5
Sémantique : Technologie. Tablette de pierre ou de fonte placée en avant de la bouche d'un four.
Partie d'un four à réverbère, qui a pour destination d'isoler le métal du combustible.

PROVERBES

1
Exemple : Qui sert à l'autel doit vivre de l'autel, ou le prêtre vit de l'autel, c'est-à-dire chacun vit de sa profession.
2
Exemple : Il en prendrait sur l'autel, se dit d'un homme qui prend tout ce qu'il peut et partout où il peut.
3
Exemple : Ami jusqu'aux autels, ami à tout faire, excepté à agir contre la religion, contre la conscience.

HISTORIQUE

1
XIe s.
Dessus l'alter [de] Saint Sevrin le baron
dans Ch. de Rol. CCLXIX
Lonc un alter belement [ils] l'enterrerent
dans ib. CCLXXI
2
XIIe s.
Mout riche ofrande [il] a dessus l'autel mise
dans Ronc. p. 179
Idunches se dresça, E par tuz les alters à orer s'en ala
dans Th. le mart. 162
E de tutes les lignées de Israel [je] le eslis, que fust mis prestres ; e à mun altel muntast, e encens i portast
dans Rois, 9
Dunc cumandad li angeles à Gad, que il deïst à David que il en alast pur lever un alter en l'onurance nostre Seignur
dans ib. 218
Tant que li fossez ki deled le altel esteit, fud plein e surundad
dans ib. 318
3
XIIIe s.
Par derriere l'autel s'ert [s'était] la bele mucie [cachée]
dans Berte, CIX.
E quant tote la messe est dite, le rei vient devant l'autier, et se comenie
dans Ass. de Jér. I, 31
Car teil qui auteil sert, d'auteil doit vivre
de RUTEBEUF dans 258
4
XVIe s.
Il en prendroit sur le grand autel

ÉTYMOLOGIE

1
Bourguig. autai ; provenç. altar, autar ; espagn. altar ; ital. altare ; du latin altare, proprement, ce qu'on met dessus l'autel (Quintilien, Decl. XII, 26 : aris altaria imponere), ce qui exhausse, de altus, haut (voy. ce mot). Altare a donné régulièrement alter ou altier ou autier ; la forme autel s'est glissée à côté, par l'affinité entre l'l et l'r, et peut-être aussi par le grand usage de l'adjectif autel, semblable, mot très usité dans ces temps : l'on sait combien les langues ont de tendance à assimiler les mots qui ont peu de différence ; tendance funeste et qui rend bien des choses confuses et même inintelligibles.

Synonymes de AUTEL

Termes proches de AUTEL

Phonétiquement proche de AUTEL