Définition de BIEN

DÉFINITIONS - PROVERBES - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : biin ; l'n ne se lie jamais : ce bien est à moi, dites : ce biin est à moi, en donnant à biin la nas

DÉFINITIONS

1
Ce qui est juste, honnête. Le bien et le beau. Le bien et la justice régnaient alors. Faire le bien. Se porter au bien. Il pratiqua le bien toute sa vie. Puissance pour le bien comme pour le mal.
Des superbes mortels le plus affreux lien, N'en doutons pas, Arnauld, c'est la honte du bien
Cette sagesse timide qui ne veut pas assurer que le bien soit bien
J'imagine à peine quelle sorte de bonté peut avoir un livre qui ne porte point ses lecteurs au bien
Homme de bien, gens de bien, homme. gens d'une probité éprouvée, d'une véritable vertu.
Femme de bien, femme dont la fidélité conjugale est irréprochable.
Sémantique : Terme de métaphysique. Le souverain bien, le bien absolu, celui qui est infini en prix et en durée, et aussi Dieu.
À moins que de traiter de l'immortalité de l'âme ou du souverain bien
2
Ce qui est dans la règle ou dans la convenance. Il y a du bien, il y a du mal dans cet ouvrage. L'ignorant ne trouve rien de bien que ce qu'il fait lui-même.
3
Ce qui est utile, avantageux, agréable.
Pays fertile et abondant en toutes sortes de biens
de Claude Favre de VAUGELAS dans Q. C. 287
Un homme auquel vous avez fait tant de biens et à qui vous en avez enseigné encore davantage
La vie est courte et ennuyeuse ; elle se passe toute à désirer ; l'on remet à l'avenir son repos et ses joies, à cet âge souvent où les meilleurs biens ont déjà disparu, la santé et la jeunesse
de Jean de LA BRUYÈRE dans 11
Il est si ordinaire à l'homme de n'être pas heureux, et si essentiel à tout ce qui est un bien d'être acheté par mille peines, qu'une affaire qui devient facile se rend suspecte
de Jean de LA BRUYÈRE dans ib.
Cet hyménée Était un bien suprême à mon âme étonnée
C'est le premier des biens pour mon âme attendrie
de Jean de LA BRUYÈRE dans Fanat. II, 5
Le trépas est un bien qui finit nos misères
de Jean de LA BRUYÈRE dans Dés. de Lisbonne.
Nous rendre dans le bien, de plaisirs incapables
Et le bien d'être libre aisément vous console De ce qu'a d'injustice un manque de parole
Mon âme aurait trouvé dans le bien de te voir L'unique allégement qu'elle eût pu recevoir
Si le bien de vous voir m'était moins précieux
Pour rendre à l'Aragon le bien de sa présence
Je ferais exprès ce voyage pour avoir le bien de vous embrasser
Le dessein qu'a pris notre société pour le bien de la religion est de ne rebuter personne
Il serait utile au bien de la paix de représenter ces actes
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Aut. eccl.
En leur donnant [aux rois] sa puissance, il [Dieu] leur commande d'en user comme il fait lui-même, pour le bien du monde
J'ai le bien d'être de vos voisins
M. de Noyon n'en eut que le bien devant Dieu [de s'être réconcilié avec M. de Caumartin] et l'honneur devant le monde
Avoir le bien, locution de politesse, en place de laquelle on dit plutôt aujourd'hui avoir l'avantage.
Il s'est dit grand chasseur et nous a priés tous Qu'il pût avoir le bien de courir avec nous
Le bien public, l'utilité générale.
Point de bien public auquel il ne se sacrifie
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Confér. Sacerdoce.
L'amour du bien public empêchait le repos ; Les chefs encourageaient chacun par leur exemple
de Jean de LA FONTAINE dans Captivité de St. Malc.
Les biens du corps, la santé, la force. Les biens de l'âme, les vertus. Les biens de l'esprit, les talents.
Les biens temporels, les biens de ce monde, se dit par opposition aux biens éternels, c'est-à-dire ceux dont on jouit pour toujours dans une autre vie.
Les biens de la terre, les productions du sol. Ce temps est contraire aux biens de la terre.
Sentir son bien, avoir des sentiments dignes de sa naissance.
Et Rominagrobis même ne saurait avoir meilleure mine et ne sentirait pas mieux son bien
Faire du bien à quelqu'un, le secourir, lui rendre service.
Il est en votre pouvoir de faire du bien à une personne qui vous en demande
Comme nous nous affectionnons de plus en plus aux personnes à qui nous faisons du bien....
Il ne cesse de faire du bien à ses citoyens
Et qui fait bien à tous peut dormir sûrement
C'est un ordre des dieux qui jamais ne se rompt, De nous vendre bien cher les grands biens qu'ils nous font
Votre Majesté ne se ferait pas grand tort, si elle me faisait un peu de bien
Faire du bien à quelque chose, en procurer le développement, la prospérité. La paix fera du bien au commerce.
Ce manquement de liberté ne ferait pas de bien à leur censure
Faire du bien, ayant pour sujet un nom de chose, être utile. Ce voyage lui a fait beaucoup de bien, a été utile à sa santé. Cette action lui a fait du bien, lui a donné de la considération, du crédit.
Dire du bien de quelqu'un, d'un ouvrage, en parler avec éloge.
Cela est assez ridicule que je dise tant de bien de ma fille
Son frère lui a dit du bien de votre style
J'avais dit beaucoup de bien de son coeur
On m'a dit cent mille biens de vous
Des gens qui lui en ont dit des biens
On disait à Diogène du jeune homme tous les biens imaginables
Vouloir du bien à quelqu'un, vouloir le bien de quelqu'un, être bien disposé en sa faveur.
Vous voulez du bien à ceux qui prennent ce soin
Il faut briguer la faveur de ceux à qui l'on veut du bien, plutôt que de ceux de qui l'on espère du bien
On dit qu'une dame veut du bien à quelqu'un, quand elle a pour lui un sentiment tendre.
4
À bien, Nature : loc. adv. D'une façon qui réussit. Mener une entreprise à bien, faire qu'elle réussisse. Aller à bien, venir à bien, se terminer à bien, réussir.
Puisse cette action se terminer à bien
La chose allait à bien par son soin diligent
Moyennant Dieu, l'enfant viendrait à bien
de Jean de LA FONTAINE dans Herm.
Mettre à bien, s'est dit quelquefois ironiquement pour séduire, en parlant d'une femme.
Encor faut-il du temps pour mettre un coeur à bien
de Jean de LA FONTAINE dans Joc.
5
En bien, locut. adverb. Avec honnêteté.
On ne trompe point en bien, et la fourberie ajoute la malice au mensonge
de Jean de LA BRUYÈRE dans 11
En bien, d'une façon favorable. Prendre en bien, interpréter favorablement. Changement en bien. Ne citer ni en bien ni en mal. Ce mot peut être pris en bien comme en mal.
En tout bien, tout honneur, c'est-à-dire à bonne fin, à bonne intention.
Pour le bien, locution familière signifiant à bonnes intentions. Il a fait cela pour le bien.
Toute feinte est sujet de scrupule à des saints ; Ce qu'ils font pour un bien leur semble être une offense
de Jean de LA FONTAINE dans Captivité de St-Malc.
6
Bienfait.
Pour tant de biens il commande qu'on l'aime
Le bien qu'on croit caché sort de la nuit obscure, Et le ciel tôt ou tard le paye avec usure
7
Ce qui appartient en propre à quelqu'un, tout ce qu'on possède. Bien patrimonial. Les biens meubles et immeubles.
On convie, on invite, on offre sa maison, sa table, son bien et ses services : rien ne coûte qu'à tenir parole
Le prodigue de l'Évangile, qui veut avoir son partage, qui veut jouir de soi-même et des biens que son père lui a donnés
Lorsque l'on a du bien
Clitie avait aussi beaucoup de bien
de Jean de LA FONTAINE dans Fauc.
Telles je les croirai quand ils auront du bien
L'embarras était le bien ; j'en avais grand besoin pour nettoyer le mien
Un rival odieux, Seigneur, vous enlevait le bien de vos aïeux
Les saints recommandent aux riches de partager avec les pauvres les biens de la terre, s'ils veulent posséder avec eux les biens du ciel
Sémantique : Par extension.
L'Attique est votre bien....
Ma vie est votre bien
Rome est à vous, seigneur, l'empire est votre bien
Nos libertés, nos jours ne sont pas votre bien
de Marie-Joseph CHÉNIER dans Oedipe roi, III, 2
Bien de campagne, ou, absolument, bien, propriété rurale.
Clitie à cinq cents pas de cette métairie Avait du bien
de Jean de LA FONTAINE dans Fauc.
Sémantique : Familièrement. Avoir du bien au soleil, avoir des terres, des biens-fonds, des maisons.
Sémantique : En termes de mer, le navire a péri corps et biens, c'est-à-dire la cargaison et les hommes ont péri.

PROVERBES

1
Nul bien sans peine.
2
Exemple : Le mieux est l'ennemi du bien, c'est-à-dire on risque de gâter un ouvrage, une situation, en essayant trop de l'améliorer.

HISTORIQUE

1
XIe s.
Serez ses hom [son homme] par honur et par ben
dans Ch. de Rol. III
Ne ben ne mal [il] ne respont [à] son neveu
dans ib. X
Deus, se lui plaist, à bien nous le mercie
dans ib. XXXVIII
Ensemble [nous] aurons et le ben et le mal
dans ib. CLVII
2
XIIe s.
Par amistié et par bien, [je] vous commande
dans Ronc. p. 130
Puisqu'en vous sont tout mal estaint Et tout bien à droit alumé
dans Couci, III
Les biens d'amour que j'ai atendus tant
dans ib. XII
Douce dame, d'orgueil vous defendez, Ne trahissez vos biens [qualités] ne vos beautez
dans ib. XI
Quant plus me truis [je me trouve] pensis et esgaré, Plus [je] me confort as biens dont ele est pleine
dans ib.
Un petiz biens vaut mieux, si Diex me voie, Qu'on fait courtoisement Que cent greignor fait envieusement
dans ib. XVI
S'avec ces biens [beauté et courtoisie] [vous] acueilliez felonie
dans ib. XX
[Je] N'en oi [ouis] nului parler qui moult de bien n'en die
dans Sax. VII
El tuen bien plaisir sera exalced li notre corz [corne]
dans Liber psalm. p. 127
3
XIIIe s.
Et de faire tout bien [elle] fu en grant convoitise
dans Berte, VI
Qui de bien est venus, drois est qu'à bien retraie
dans ib. VIII
Dame, ce dist Tybers, grans biens vous est venus
dans ib. XXIV
Et qu'à force [elle] leur tout [enlève] leur biens et leur richoise
dans ib. LXII
Quant [elle] parti de ma terre, de tous biens [qualités] estoit pleine
dans ib. LXXIV
[Dieu] Qui vous rende les biens que vous fais nous avez
dans ib. CXXXII
Car, amis, [je] ne prise une prune Contre ami les biens de fortune
dans la Rose, 8111
En tele maniere se pot on entremetre d'autrui service, tout n'i pensast on fors qu'à bien
de Philippe de BEAUMANOIR dans XXIX, 12
Pour ce que il cuidoient avoir bien [récompense], il descendirent à pié, et l'alerent saluer là où il chaçoit aus bestes sauvages
4
XIVe s.
Instruments desquex l'on se peut aidier et en user en bien
Jà soit ce que les biens de fortune ont aucune foiz mestier ; et s'en aide l'en en aucunes nobles operacions
de Nicolas ORESME dans ib. 24
Bien est ce que toutes choses desirent
de Nicolas ORESME dans ib. 2
Ainsi doit dire cuer qui à bien veult penser, Et c'est toute la fin où li hons doit penser
dans Guesclin. 15178
5
XVe s.
L'endemain il fit faire et appareiller instruments et engins, pour plus fort assaillir le chastel, et bien dit qu'il ne s'en partiroit pour bien ni pour mal, si l'auroit à sa volonté
Sainte Marie, dis-je au chevalier, que vos paroles me sont agreables et que elles me font grand bien
De celle chose s'enfelonna le duc de Berry sur le comte de Foix, et n'en pouvoit le dit duc ouïr parler en bien devant lui
de Jean FROISSART dans ib.
Grant bien me fait à m'y mirer, En actendant bonne esperance
de Charles D'ORLÉANS dans Bal. 35
Qui bien fera, bien trouvera
de Charles D'ORLÉANS dans Rondeau.
Il voloit [voulait] du bien beaucoup au dict leur roy, nonobstant qu'ennemy feust à son cousin germain le roy Henry
de CHASTEL dans Chron. des ducs de Bourg. II, ch. 46
Lequel, comme je croy, le fait pour vostre bien, et pour maintenir sa maison vive
de CHASTEL dans ib. II, ch. 27
Et certes, on ne peut trop honorer ne faire de bien à un vaillant homme d'armes ; car moult en est le mestier perilleux
dans Bouciq. II, ch. 19
Il fault dire du bien le bien
de COQUILL. dans Plaid. de la simple.
À tout quarante ou cinquante gentilz hommes de Savoye, gens de bien
de Philippe de COMMINES dans I, 3
Les hommes de bien et vertueux de cette avant-garde se tindrent ensemble
de Philippe de COMMINES dans II, 10
Tous deux avoient autreffois receu bien du roy
de Philippe de COMMINES dans I, 12
6
XVIe s.
J'ay ung merveilleux regret d'avoir perdu le bien de les voir si tost que je le desirois
La plupart des hommes attendent à faire des biens [aumônes, bonnes oeuvres], lorsqu'ils se sentent assaillis de la mort
Se servir d'une chose au bien de sa cause
de Michel de MONTAIGNE dans I, 19
Ses biens furent confisqués
de Michel de MONTAIGNE dans I, 39
Perdre son bien
de Michel de MONTAIGNE dans I, 64
[Par sa mort] donner reputation en bien ou en mal à toute sa vie
de Michel de MONTAIGNE dans I, 67
Des gents de bien
de Michel de MONTAIGNE dans I, 128

ÉTYMOLOGIE

1
Provenç. ben, be ; espagn. bien ; portug. bem ; ital. bene. Bien ne peut pas venir de bonum ; à la vérité, dans le dialecte normand, bonus avait donné buen, comme homo, huem, et comes, cuens ; mais il n'y a aucun exemple que cet u y ait été changé en i. Il vient donc de bene, adverbe, mais adverbe transformé par les langues romanes en un substantif et même, comme dans un exemple du XIIe siècle (bien plaisir), en un adjectif.

Synonymes de BIEN

Phonétiquement proche de BIEN