Définition de CHOYER

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : cho-ier, ou, suivant d'autres, choi-ié

DÉFINITIONS

1
Soigner avec une tendre sollicitude, entourer de prévenances.
Je t'ai toujours choyé, t'aimant comme mes yeux
Il le choie, il l'embrasse, et pour une maîtresse On ne saurait, je pense, avoir plus de tendresse
Ta mère le choie ; Zara ne le néglige pas
On ne saurait choyer avec trop de précaution un esprit malade
dans Exil de Cicéron, dans DESFONTAINES
2
Conserver avec soin. Choyer des meubles.
De peur de voir finir mon argent, je le choie
3
Se choyer, Nature : v. réfl. Se procurer toute l'aise possible.
Moi, Monsieur ? quelque sot ! la colère fait mal ; Et je veux me choyer, quoi qu'enfin il arrive

HISTORIQUE

1
XIIIe s.
Quant ele est seule et enserrée, Cort tenue d'un vilainastre, Vos alez joer et esbatre ; Mais el ne se puet remuer, Tant sache son mari suer
dans Roman de la Poire
Male-Bouche et tous ses parens, à qui jà Diex ne soit garans, Par barat estuet barater, Servir, chuer, blandir, flater
dans la Rose, 7425
Il fait trop bon le chien chuer, Tant qu'on ait la voie passée
dans ib. 7430
2
XVIe s.
Nos pedantes se trouveroient chouez [attrapés]
de Michel de MONTAIGNE dans I, 146
Je disois, en mes jours, de quelqu'un en gaussant, qu'il avoit choué la divine justice
de Michel de MONTAIGNE dans I, 310

ÉTYMOLOGIE

1
Berry, chouer, chuer ; picard, chuer, parler bas, caresser, choer, gratter ; ital. soiare, flatter, soia, flatterie ; angl. to sue, demander avec instance, supplier ; d'un radical inconnu.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
CHOYER. - ÉTYM. Ajoutez : Un de mes correspondants, M. Petilleau, me fait remarquer que l'anglais to sue, même à titre de rapprochement, ne doit pas figurer auprès de choyer ; to sue est le français suivre, anc. français sieut, il suit, suent, suivent, etc. Cela est péremptoire ; mais, cette erreur écartée, les conjectures restent ouvertes pour l'origine de choyer. M. L. Havet, Romania, t. III, p. 330, pense que choyer n'a rien de commun avec chuer, chouer et l'ital. soiare. Le rapprochant du guernesiais couayer, ménager, économiser, épargner : couayer le feu, prendre garde au danger du feu, il le dérive d'une forme caucat, il choie, pour cavicat, dérivé de cavere, prendre garde, comme pendicare de pendere. Sa raison est que la diphthongue oi ne peut venir que d'un au (ou encore o et u). Au contraire, d'après M. Bugge, Romania, n° 10, p. 146, l'origine de ce mot est germanique : goth. Suthjôn ( avec un u long), chatouiller ; dans l'ital. soiare, le th germanique a été traité comme le d du lat. gaudium, gaudia, dans l'ital. gioia. Quant à la mutation de l's en ch, il l'explique par des exemples : chucre et sucre, chiffler et siffler. Quant à mon opinion, elle incline plus du côté de M. Bugge que de M. L. Havet. M. Havet est obligé de séparer l'ital. soiare du français choyer ; et cela paraît bien difficile. Or soiare ne s'accommode que de la dérivation allemande.

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