Définition de ERREUR

DÉFINITIONS - REMARQUE - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : é-rreur

DÉFINITIONS

1
Action d'errer çà et là.
L'autre soleil d'une erreur vagabonde Court inutilement par ses douze maisons
de François de MALHERBE dans v, 25
Sur son voyage et ses longues erreurs, On aurait pu faire une autre odyssée
de Jean-Baptiste Louis GRESSET dans Vert-Vert, I
Contez-moi d'Ilion les terribles assauts, Et vos longues erreurs sur la terre et sur l'onde
de Jacques DELILLE dans Én. I
Il se pourrait que vous m'eussiez écrit, car, dans mes longues erreurs, j'ai perdu des lettres
de Paul Louis COURIER dans Lett. I, 322
Ne se dit, en ce sens, que dans le style élevé ou dans les emprunts faits à ce style.
2
Action d'errer moralement ou intellectuellement ; état d'un esprit qui se trompe.
Je connais bien l'erreur que l'amour m'a fait faire
de François de MALHERBE dans v. 30
L'erreur n'est pas une pure négation, c'est-à-dire n'est pas le simple défaut ou manquement de quelque perfection qui n'est point due, mais c'est une privation de quelque connaissance que je devrais avoir
de René DESCARTES dans Médit. IV, 4
Qui chérit son erreur ne la veut pas connaître
de Pierre CORNEILLE dans Poly. III, 3
Les plus courtes erreurs sont toujours les meilleures
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans l'Étour. IV, 4
Josèphe tomba dans une semblable erreur
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. II, 10
Ce que l'âme connaissait l'induisait à erreur
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans ib. II, 6
Je sais sur leurs avis corriger mes erreurs, Et je mets à profit leurs malignes fureurs
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Épît. VII
Quelle était mon erreur !
de Jean RACINE dans Bérén. I, 4
Je reconnais l'erreur qui nous avait séduits
de Jean RACINE dans Iphig. III, 1
Je t'en ai dit assez pour te tirer d'erreur
de Jean RACINE dans Phèdre, II, 5
Il reconnut son erreur
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Tél. IX
Par l'erreur d'un moment ne jugez pas ma vie
de GRESSET. dans Méchant, IV, 5
Laisser dans l'erreur, ne pas redresser quelqu'un qui se trompe.
Mais ne le laissez pas dans l'erreur davantage
de Pierre CORNEILLE dans Héracl. IV, 5
Mettre en erreur, faire que quelqu'un se trompe.
Elle, que vos mépris ayant mise en fureur, Rendent opiniâtre à vous mettre en erreur
de Pierre CORNEILLE dans Perthar. IV, 3
Illusion. L'erreur des sens.
Chacun songe en veillant.... Une flatteuse erreur emporte alors nos âmes ; Tout le bien du monde est à nous
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. VII, 9
Des ennemis de Dieu la coupable insolence Accuse trop longtemps ses promesses d'erreur
de Jean RACINE dans Athal. I, 2
Il faut que l'erreur de l'avenir nous soutienne
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Car. Prosp.
De ce soupçon jaloux écoutez-vous l'erreur ?
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Zaïre, I, 5
Où manque un bien réel, la douce erreur abonde
de Jacques DELILLE dans Imagin, II
3
Fausse doctrine, fausse opinion.
Et cette vieille erreur que Cinna veut abattre Est une heureuse erreur dont il [le peuple romain] est idolâtre
de Pierre CORNEILLE dans Cinna, II, 1
L'erreur et la nouveauté se faisaient entendre dans toutes les chaires
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Reine d'Anglet.
Ce dieu, maître absolu de la terre et des cieux, N'est point tel que l'erreur le figure à vos yeux
de Jean RACINE dans Esth. III, 4
Aller à l'erreur par la vérité et établir de nouveaux abus en voulant rétablir les anciens usages
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Confér. Vocat. à l'ét. ecclés. 1
Si l'erreur les dicta, cette erreur m'est utile ; Elle occupe le peuple et le rend plus docile
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Orphel. II, 5
L'erreur n'est pas un crime aux yeux de l'Éternel
de Marie-Joseph CHÉNIER dans Fénelon, III, 1
Erreur populaire, fausse opinion accréditée parmi le vulgaire.
Les erreurs populaires en physique, en médecine, en astrologie, en histoire, telles que le phénix, le rémora, le chant du cygne, le tombeau de Mahomet....
de DU MARSAIS dans Vérit. princ. de la gramm. Oeuvres. t. I, p. 228
Elliptiquement, erreur, c'est-à-dire c'est une erreur, vous vous trompez. Vous vous imaginez cela : erreur.
4
Nature : Au plur. Déréglement dans les moeurs. Il reviendra tôt ou tard de ses erreurs.
De ses jeunes erreurs maintenant revenu, Par un indigne obstacle il n'est pas retenu
de Jean RACINE dans Phèdre, I, 1
5
Faute, méprise. Erreur de rédaction.
Erreur de calcul, faute commise dans une supputation.
6
Sémantique : Terme d'astronomie. Différence entre le calcul et l'observation.
Erreur d'un quart de cercle, la quantité qu'il faut ajouter aux hauteurs qu'il indique.
Erreur d'une lunette méridienne, la quantité dont elle s'éloigne du véritable méridien.
Erreurs systématiques, erreurs régulières ayant une ou plusieurs causes définies, par exemple des causes qui agissent sur les observations, comme l'imperfection de certains instruments, etc.
7
Sémantique : Terme de jurisprudence. Opinion contraire à la vérité sur le fait ou sur le droit, qui détermine à agir. Erreur de fait. Erreur de droit.
Erreur dans la personne, erreur qui consiste à prendre une personne pour une autre.
Lorsqu'il y a erreur dans la personne, le mariage ne peut être attaqué que par celui des deux époux qui a été induit en erreur
dans Code Nap. art. 180
Erreur sur la substance, chose prise pour une autre.
L'erreur n'est une cause de nullité que lorsqu'elle tombe sur la substance même de la chose qui en est l'objet
dans Code Nap. art. 1110
Erreur commune, erreur partagée par la plupart.
8
Sémantique : Terme de médecine. Erreur de lieu, ancienne hypothèse d'après laquelle on admettait que les globules sanguins pouvaient s'engager dans des capillaires trop petits pour les recevoir.

REMARQUE

1
" Erreur est du masculin, " dit Marg. Buffet, Observ. p. 191, en 1668. Erreur, en effet, a été masculin au XVIe siècle, alors qu'on refit du masculin, d'après le latin, les substantifs en eur qui venaient de noms latins en or, qui étaient tous féminins dans l'ancienne langue et qui ont presque tous repris leur genre ancien, excepté quelques-uns, par exemple, amour, honneur, labeur, etc.

HISTORIQUE

1
XIIe s.
Que il ne laissent la voie par error, ou, brisié par lassement, perdent la deserte [le mérite] du travail qui devant est alés
dans Job, p. 448
Mais de ce [je] sui en error [troublé], Qu'onques n'amai sans poor [peur]
dans Couci, I
2
XIIIe s.
Et s'il ne les veut croire, ançois se veut tenir en se [sa] malvese erreur, il soit justiciés comme bougres [hérétique] et ars
de Philippe de BEAUMANOIR dans XI, 2
3
XIVe s.
Et si est chose perilleuse vivre par innocence en celles humaines erreurs
de Pierre BERCHEURE dans f° 28, recto.
4
XVe s.
Si elle avoit fait quelque erreur, le chastis [le châtiment] ne luy en appartenoit pas en public
de Philippe de COMMINES dans v, 17
Pour eviter tout erreur fabuleux
de J. LEMAIRE dans 3° livre, Prologue, dans PALSGRAVE, p. 166 (qui blâme le masculin).
5
XVIe s.
Afin de retirer tous fideles de cest erreur pestilent
de Jean CALVIN dans Instit. 323
Là fut soubs toy Moyse ton amy chef de ta gent, qui murmuroit parmy Les longs erreurs de ce desert sauvage
de Joachim DU BELLAY dans III, 93, recto.
Nous sommes touts en cette erreur
de Michel de MONTAIGNE dans I, 172
Lors tourna son mespris de la religion en trop craintifve superstition ; et encores infecta il davantage les autres de ce contagieux erreur, par l'inconvenient qui luy advint à sa mort
de Jacques AMYOT dans Numa, 37
Les prestres affermoient qu'il y avoit eu erreur [vice] en leur creation, et qu'ilz avoient esté induement esleus contre les signes et prognostiques des oiseaux
de Jacques AMYOT dans Marcell. 4
Le commun estimoit qu'il fist erreur [eut tort] de laisser l'Attique, qui est païs aspre et malaisé pour gens de cheval
de Jacques AMYOT dans Sylla, 34

ÉTYMOLOGIE

1
Provenç. et espagn. error ; ital. errore ; du latin errorem (voy. ERRER).

Synonymes de ERREUR

Termes proches de ERREUR