Définition de FINIR

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : fi-nir

DÉFINITIONS

1
Conduire à achèvement, à terme. Finir un ouvrage. Finir un procès. Finir un discours.
2
Mettre fin à, faire cesser.
Rien ne peut m'empêcher de finir ma misère
Je vous rends Aristie et finis cette crainte Dont votre âme tantôt se montrait trop atteinte
Il est tout à fait disgracieux de finir sa vie avec des gens avec qui on ne l'a pas commencée
Finissant là sa haine et nos misères
Il faut finir des Juifs le honteux esclavage
Votre Oreste au berceau va-t-il finir sa vie ?
Finissez vos passions, commencez à vivre pour l'éternité
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Samarit.
.... J'annonce aux nations Que je finis le meurtre et les proscriptions
Finir le cours de, mettre un terme à.
Ils se persuadent qu'ils pourront éteindre leurs passions, finir le cours d'une vie désordonnée
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Car. Lazare.
Finir son cours, avec un nom de chose pour sujet, cesser.
Je sentis que ma haine allait finir son cours
Finir un verre, un plat, etc. achever de boire, de manger ce qui restait dedans.
Il finissait toujours la coupe dont elle avait bu la moitié
Dans le langage trivial, finir quelqu'un, achever ce qu'on est en train de lui faire. Un coiffeur dira : Quand j'aurai fini monsieur, ce sera votre tour.
3
Avec un nom de chose pour sujet, être la fin, le terme. La période qui finit son discours est admirable. L'instant qui va finir sa vie.
La paix finit la haine
Une mort qui prévient et finit tant de pleurs
La conversion finit nos vices, n'éteint pas nos passions
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Car. Inj. du monde.
4
Mettre la dernière main. Finir un ouvrage.
Sémantique : Terme d'arts. Exécuter avec beaucoup de soin, d'une manière minutieuse.
Le peintre, dit-on, aurait pu finir davantage ces carnations
Nature : Absolument. Ce peintre finit trop. Il ne sait pas finir.
5
Sémantique : Terme de manége. Finir un cheval, achever son éducation.
6
Nature : V. n. Ne pas continuer de faire ou de dire. Les chicaneurs ne veulent jamais finir. Cet enfant ne finira pas si on ne le châtie, faites-le donc finir.
La reine de Suède, ayant écouté une longue harangue, dit qu'il fallait qu'elle donnât quelque chose à l'auteur, à cause qu'il avait fini
dans Colomesii opuscula, p. 114, dans RICHELET
La comtesse : Finissez, monsieur, finissez ; ah ! l'odieuse contestation. - Hortense : Oui, finissons ; je vous épouserai, monsieur, il n'y a que cela à dire
Ah çà ! mademoiselle, finirez-vous ? convient-il à une jeune personne de parler ainsi de mariage ?
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Théât. d'éduc. la Bonne mère, I, 2
Il se construit avec de et l'infinitif. Finir de parler, de jouer.
Soyez, soyez Alcide en finissant de l'être
En finir, mettre fin à quelque chose, et d'ordinaire à une chose longue et ennuyeuse.
Ces deux partis sont également bons, puisqu'ils en finissent
Finissez-en, nos frères de Belgique ; Faites un roi, morbleu ! finissez-en
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Belges.
En finir avec quelqu'un, prendre un parti décisif, rompre avec lui.
Il n'en finit jamais, se dit d'un homme qui fait toute chose avec lenteur.
Ne pas finir, ne pas cesser de parler sur un sujet.
Elles ne finissaient point sur ce sujet
Nous ne finissons point sur votre chapitre
Ne pas finir à, avec un infinitif, ne pouvoir achever de. Je voudrais vous faire connaître tous les hauts faits de cet homme extraordinaire, mais je ne finirais pas à vous les raconter.
7
Prendre fin, arriver à son terme. Le sermon finissait. Son bail finit à Pâques.
Mon aïeul, dont partout les hauts faits retentissent, Voudra bien qu'avec moi ses descendants finissent
Vous souvient-il des fantaisies qui vous prennent quelquefois de trouver qu'il y a des mois qui ne finissent point du tout ?
Comptons donc comme très court, chrétiens, ou plutôt comptons comme un pur néant tout ce qui finit
Il est ainsi, chrétiens : tout ce qui se mesure finit ; et tout ce qui est né pour finir n'est pas tout à fait sorti du néant où il est sitôt replongé
Comment souffrirons-nous... Que le jour recommence et que le jour finisse Sans que jamais Titus puisse voir Bérénice ?
Je vous embrasse du fond de mon trou, avec une tendresse qui ne finira qu'avec moi, mais qui finira bientôt
....Dans le sombre avenir Mon âme avec effroi se plonge ; Et je me dis : ce n'est qu'un songe Que le bonheur qui doit finir
Ne pas finir, n'avoir point de borne, être infini. Une félicité qui ne finit point.
8
Être terminé, se terminer. Le mur finit en tel endroit. Ce mot finit par une voyelle.
Ils croyaient que le monde finissait où finissait leur île
Sémantique : Familièrement, ne pas finir, avoir une longueur démesurée.
Deux mains pâles et décharnées dont les doigts ne finissaient point
Les bras de cette Hébé ne finissent point
9
Finir en, avoir l'extrémité conformée en....
Sa queue est longue de quatorze pouces, elle est couverte de poils noirs, et finit en pointe
10
Avoir une certaine issue. Je doute que cela finisse bien. Le règne de Louis XIV finit par des revers.
Tout cela finirait par une perfidie !
Il se dit des personnes en un sens analogue. Ce jeune homme finira mal.
Victor : Et de longtemps, je pense, il ne se mariera. - Justine : Vous verrez que lui-même il finira par là
de Jean-François COLLIN D'HARLEVILLE dans Chât. en Esp. II, 1
Finir par, avec un infinitif, arriver à la longue à un terme. Quoique pauvre, il finira par payer.
Il a fini par se marier à l'âge de cent onze ans
11
Mourir.
Corisbé, je vous prie, et vous aussi, Phénice, De me faire un plaisir avant que je finisse
Il aima mieux finir par une action de courage que de lâcheté
de PERROT D'ABLANCOURT dans Tacite, Hist III, 11
Il n'est personne presque qui ne meure avant de l'avoir exécutée [la résolution de changer] ; les plus déréglés même souhaitent de finir saintement
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Imp. fin.
Vous avez vu, madame, finir votre ami, que vous aviez déjà perdu ; c'est un spectacle bien triste ; vous l'avez supporté pendant plus de deux années
Ainsi finit, à vingt-quatre ans, une princesse également célèbre par l'esprit, la beauté, les grâces, la folie et les vices
de Charles Pinot, sieur DUCLOS dans Mém. rég. Oeuv. t. v, p 399
Finir comme mon frère est un sort assez beau
de Marie-Joseph CHÉNIER dans Gracques, III, 1
Mais il ne faut pas qu'on ignore Qu'en chantant le cygne a fini
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Ma dern. chans.
12
Se finir, Nature : v. réfl. Prendre fin, cesser.
Là est le terme du voyage ; là se finissent les gémissements ; là s'achève le travail de la foi
S'accomplir.
Ce que promirent les prophètes Aujourd'hui se finit en lui
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Hymne.
Sémantique : Familièrement. Achever sa toilette. Une dame dit à sa femme de chambre qui l'habille : Descendez, je me finirai moi-même.

HISTORIQUE

1
XIe s.
Ses barons [il] mande pur son conseil fenir
dans Ch. de Rol. X
2
XIIe s.
Li emperere a sa raison [discours] fenie
dans Ronc. p. 10
3
XIIIe s.
Quant ferme fu la pais et la guerre fenie
de AUDEFR. LE BAST. dans Romancero, p 12
Et leur traïson pert [paraît] ains qu'il puissent fenir [venir à bout de leur projet]
dans Berte, LXIII
4
XIVe s.
Et qui avecques ce vouldroit adjouster que ces choses durassent pour toute sa vie et que il finisist sa vie en oeuvre de vertu
5
XVIe s.
Pourquoy sera puni un meurtrier, qui a tué celui auquel Dieu avoit fini [déterminé] la vie
Et en pleurs finent leur vie, laquelle estoyt de raison finir en joye
Où que vostre vie finisse, elle y est toute
de Michel de MONTAIGNE dans I, 88
Les stoïciens, qui donnent aux ames une vie au delà de celle-cy, mais finie
de Michel de MONTAIGNE dans II, 307
tout terme qui finit n'a pas longue durée
de Pierre de RONSARD dans 658

ÉTYMOLOGIE

1
Picard, finer ; Berry, fénir ; provenç. fenir ; catal. finir ; ital. finire ; du latin finire. L'ancien français, pour éviter l'i dans deux syllabes consécutives, disait fenir, verbe d'ailleurs peu usité, celui qui l'était le plus était finer, dérivé directe ment du substantif finis, fin, et appartenant à la 1re conjugaison.

Synonymes de FINIR

Termes proches de FINIR