Définition de HABIT

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : a-bi ; le t ne se lie pas dans le parler ordinaire ; au pluriel, l's se lie : des a-bi-z étroits

DÉFINITIONS

1
Ce qui se met par-dessus la chemise et le gilet pour couvrir le corps, chez l'homme, et, chez la femme, ce qui se met par-dessus le jupon. Un habit bourgeois, ecclésiastique, militaire.
Ma foi, les beaux habits servent bien à la mine
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Macette.
Sous l'habit de Didyme elle-même est sortie
de Pierre CORNEILLE dans Théod. IV, 5
Une femme ne prendra point un habit d'homme, et un homme ne prendra point un habit de femme
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans Bible, Deutéron. XXII, 5
Quoique son habit [de Psyché] fût de deuil, c'était aussi un habit de noces, chargé de diamants en beaucoup d'endroits, et qui avait consumé deux années du revenu de son père
de Jean de LA FONTAINE dans Psyché, II, p. 141
Le deuil n'est bien souvent que changement d'habits
de Jean de LA FONTAINE dans Coupe.
Je tâte votre habit [l'habit d'Elmire], l'étoffe en est moelleuse
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Tart. III, 3
L'habit qu'il eut sur lui fut son seul héritage
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. I
Quelles traces de sang vois-je sur vos habits ?
de Jean RACINE dans Théb. I, 3
Et lui-même marchant en habits magnifiques
de Jean RACINE dans Esth. II, 5
Je l'ai vu : son même air, son même habit de lin, Sa démarche, ses yeux, et tous ses traits enfin
de Jean RACINE dans Athal. II, 5
Laissez là cet habit, quittez ce vil métier
de Jean RACINE dans ib. II, 7
Vous savez que l'habit ne fait pas la science
de Jean-François REGNARD dans Folies am. I, 5
Chez de certaines gens, un habit neuf, c'est presque un beau visage
de Pierre de MARIVAUX dans Marianne, 1re part.
L'or et les diamants brillent sur ses habits
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Scythes, I, 1
Les autres sont armés sous un habit de paix
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Irène, II, 1
Elle avait un habit de cheval qui dessinait à ravir l'élégance de sa taille
de Anne Staël-Holstein, dite Mme DE STAËL dans Corinne, XVII, 6
L'hiver moscovite les attaque de toutes parts : il pénètre au travers de leurs légers vêtements et de leur chaussure déchirée ; leurs habits mouillés se gèlent sur eux ; cette enveloppe de glace saisit leurs corps et roidit tous leurs membres
de Philippe de SÉGUR dans Hist. de Nap. IX, 11
Habits de choeur, habits que les chanoines, les ecclésiastiques et les religieux portent durant l'assistance aux offices de l'église.
Sémantique : Terme de religieuses bénédictines. Habit de choeur, grande robe noire plissée, avec des manches longues, qu'on porte aux cérémonies.
Mettre habit bas, quitter son habit pour se livrer à quelque travail manuel.
Sémantique : Fig. Mettre habit bas pour jamais, mourir.
Je dois bientôt, il me semble, Mettre pour jamais habit bas ; Attends un peu, nous finirons ensemble, Mon vieil ami, ne nous séparons pas
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Mon habit.
Vieux habits, vieux galons ! cri des fripiers ambulants qui demandent à acheter de vieilles défroques.
Gens vêtus d'or et d'écarlate, Pendant un mois chacun vous flatte ; Puis à vos portes nous allons : Vieux habits, vieux galons
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Vieux habits.
Un habit qui montre la corde, un habit tout à fait usé.
Cet habit fait bien dire aux gausseurs qu'il fait peur aux larrons, en leur montrant la corde
de CYRANO DE BERG. dans le Pédant joué, III, 2
Grand habit, s'est dit pour habit de cérémonie.
Sans prendre le temps d'aller à la maison qu'elle occupait à Paris, pour y quitter son grand habit et son éclatante parure
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Mlle de la Fayette, p. 21, dans POUGENS
2
Sémantique : Particulièrement. Partie de l'habillement de l'homme ouverte par devant, et à basques plus ou moins larges.
C'est un chef-d'oeuvre que d'avoir inventé un habit sérieux qui ne fût pas noir
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Bourg. gent. II, 8
Vous avez tout à fait bon air avec cet habit
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans ib. III, 4
L'ignorance et l'erreur à ses naissantes pièces [de Molière], En habit de marquis, en robes de comtesses, Venaient pour diffamer son chef-d'oeuvre nouveau
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Ép. VII
J'ai à présent sous mes yeux un paysage que Vernet fit à Rome pour un habit, veste et culotte, et qui vient d'être acheté mille écus
de Denis DIDEROT dans Salon de 1767, Oeuv. t. XIV, p. 7, dans POUGENS
Sois-moi fidèle, ô pauvre habit que j'aime ; Ensemble nous devenons vieux ; Depuis dix ans je te brosse moi-même, Et Socrate n'eût pas fait mieux
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Mon habit.
Sémantique : Par antonomase, celui des vêtements du haut du corps que l'usage fait choisir comme seul convenable dans les réunions un peu cérémonieuses ; c'est aujourd'hui le frac. - Irez-vous là en redingote ? - Non, je serai en habit. - Et que mettrez-vous sur votre habit ? - Mon paletot.
Habit veste, habit à basques très courtes.
3
Habit long, la soutane, habit des ecclésiastiques, et aussi autrefois de quelques professions.
Le roi me demanda hier si vous ne seriez pas toujours en habit long
de Françoise d'Aubigné, marquise de MAINTENON dans Lett. au card. de Noailles, 6 nov. 1695
Habit court, l'habit que les ecclésiastiques portent quelquefois au lieu de leur soutane.
Habit court, s'est dit aussi pour certaines gens qui, dans leurs fonctions, portaient l'habit long.
Lorsque, ayant quitté la robe consulaire, vous êtes à Saint-Mandé ou à Paris, dans votre chambre, en habit court, et à peu près dans l'équipage et dans l'humeur où se trouvait Scipion quand il ramassait des coquilles au bord de la mer avec son ami Lélius
de Paul SCARRON dans Lett. Oeuv. t. I, p. 230
Tel rit d'un juge en habit court, qui tremble au seul aspect d'un procureur en robe
de Pierre Augustin Caron de BEAUMARCHAIS dans Mar. de Fig. III, 4
4
Habit se dit du vêtement des religieux et des religieuses.
De retour dans sa patrie il [Roger Bacon] prit l'habit de franciscain
de Denis DIDEROT dans Opin. des anc. phil. (scholastiques), Oeuv. t. VII, p. 276
Nature : Absolument. Prendre l'habit, se faire religieux, religieuse.
Votre cousine a pris l'habit à Montmartre
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 300
Prise d'habit, entrée en religion.

HISTORIQUE

1
XIIe s.
Faites roi del moine Costant ; Drois oirs [légitime héritier] est, tolons li l'abit
de WACE dans Brut, V. 6642
2
XIIIe s.
Li mesdisans ont parlé Seur aucuns amis, Que, s'il se fussent mené En simples habis, Jà n'en fust issuz mesdiz [sortie médisance]
dans Mss. de poés. fr. avant 1300, t. IV, p. 1418, dans LACURNE
Note que habit fet moine ; et qui est profès ne se pot marier
dans Liv. de just. 193
Moult volentiers [je] quesisse une religion Où je m'ame salvaisse en bonne entention ; Mais tant voi en pluseurs envie, elation, Qu'il ne tiennent de l'ordre fors l'abit et le nom
de RUTEBEUF dans 238
3
XIVe s.
Les habis [habitudes] naturels sont en enfans et en bestes
de Nicolas ORESME dans Eth. 189
Bien semble à leur abit une poure maisnie
dans Guesclin. 3780
4
XVe s.
Et là seoit le jeune roi en habit royal
de Jean FROISSART dans II, II, 74
Ils [les Gantois] mirent tout hors, femmes et enfans, et les envoyerent toutes nues en leurs chemises ou es plus povres et petits habits qu'elles eussent
de Jean FROISSART dans II, II, 213
Trop de gens sont qui honourent l'habit, Et au corps font pour robe reverence, Et ne tiennent compte de l'esperit
de Eustache DESCHAMPS dans Ball.
L'habit ne fait pas l'homme. Et entre tous ceulx que j'ay jamais congneus [Louis XI] le plus humble en parolles et en habitz
de Philippe de COMMINES dans I, 10
5
XVIe s.
Il n'est pas si fol qu'il en porte l'habit
de Randle COTGRAVE dans
D'habits d'autrui mal on s'honore
de Antoine LE ROUX DE LINCY dans Prov. t. II, p. 168
Perdre son habit en un jour de froid
de Antoine LE ROUX DE LINCY dans ib. p. 370
Tout habit au pauvre duit
de Antoine LE ROUX DE LINCY dans ib. p. 427

ÉTYMOLOGIE

1
Bourg. haibi ; provenç. habit, abit ; cat. habit ; esp. habito ; ital. ábito ; du latin hábitus, qui veut dire proprement manière d'être, venant de habere, avoir, mais qui signifie aussi dans la meilleure latinité vêtement ; on comprend comment, de manière d'être, le passage s'est fait à vêtement ; ce passage appartient non au moyen âge scolastique, mais à l'antiquité latine. Habit, bien qu'il remonte au XIIIe siècle, est fait sur le latin ; habitus, ayant l'accent sur ha, aurait donné hate.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
Se disait, dans l'ordre de Fontevrault, du logement des religieux de l'ordre qui servaient de chapelains et de confesseurs, par opposition au monastère, qui se disait de l'édifice occupé par les religieuses.

Synonymes de HABIT

Termes proches de HABIT