Définition de HANTER

DÉFINITIONS - PROVERBES - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : han-té

DÉFINITIONS

1
Visiter souvent, en parlant soit des lieux, soit des personnes.
Ce n'est pas grand effort de hanter sans querelle Des esprits doux, des gens de bien
Soit qu'elles fussent des oiseaux Hantant la terre ou bien les eaux
Je hante les palais, je m'assieds à ta table
Quatre animaux divers, le chat grippe-fromage, Triste oiseau le hibou, ronge-maille le rat, Dame belette au long corsage, Toutes gens d'esprit scélérat, Hantaient le tronc pourri d'un pin vieux et sauvage
de Jean de LA FONTAINE dans ib. VIII, 22
Comme une autre Diane elle hante les bois
Je ne remarque point qu'il hante les églises
Elle lit Rodriguez, fait l'oraison mentale, Va pour les malheureux quêter dans les maisons, Hante les hôpitaux, visite les prisons
La mauvaise compagnie qu'elle hantait
Il n'est pas connaissable depuis qu'il me hante
Peu hanter nos seigneurs les sots
Sémantique : Fig.
Dieu ne fit la sagesse Pour les cerveaux qui hantent les neuf soeurs
de Jean de LA FONTAINE dans Cloch.
Nos âmes réunies Hantent les mêmes bords, vivent des mêmes vies
2
Nature : V. n.
Il hante en mauvais lieux : gardez-vous de cela ; Non, si j'étais de vous, je le planterais là
....Pourquoi, surtout depuis un certain temps, Ne saurait-il souffrir qu'aucun hante céans ?
3
Se hanter, Nature : v. réfl. Se voir, se visiter réciproquement.

PROVERBES

1
Exemple : Dis-moi qui tu hantes, je te dirai qui tu es, c'est-à-dire on juge aisément des moeurs d'une personne par sa société habituelle.
2
Exemple : Cet homme a hanté les foires, a bien hanté les foires, c'est-à-dire c'est un vieux routier, c'est un homme qui a beaucoup d'expérience.

HISTORIQUE

1
XIIe s.
Hanter les ordeez [servire immunditiis]
dans Rois, p. 422
E tis peres ad mult guerre hantée, e ne demurrad pas od [avec] ses cumpaignuns
dans ib. 182
Les seraines [sirènes] en la mer hantent
dans Brut, I, p. 37
2
XIIIe s.
Car qui oiseus hante autrui table, Lobierres [flatteur] est, et sert de fables
dans la Rose, 11525
Il est bon c'on se gart de trere [tirer de l'arc] es lix [lieux] qui sunt hanté de gent
de Philippe de BEAUMANOIR dans LXIX, 3
Michelez [un malade], einsi delivre el premier jour, demora à Saint Denis et hanta ledit tombel [de saint Louis] par neuf jours
dans Miracles St Loys, p. 172
3
XIVe s.
Il [le cerveau] est official, car il hante l'office du sens et du movement
de Henri DE MONDEVILLE dans f° 15, verso
Pour ce qu'il [le cerveau] peust soufisanment toutes les actions faire et hanter
de ID. dans ib.
Que les hommes se hantassent et appreissent à traire en arcs et en arbalestes
dans Chr. fr. mss. p. 2, dans LACURNE
Adonc li dist Bertran : qui vous fait ci hanter ? C'est pour moi espier et aux Engloiz livrer ?
dans Guesclin. 1370
Car qui hante les bons à honor vient tous dis, Et qui les chetis suit, tout adez est chetis
dans ib. 805
4
XVe s.
Je vous prie que vous me menez parmi vostre pays et parmi chemins non hantés, en Angleterre
Bon vin, qui nous fais rire et hanter nos amis, Je te tiendrai toujour ce que je t'ai promis
de BASSELIN dans XIX.
Au saillir de mon enfance et en l'aage de pouvoir monter à cheval, je hantay à Lisle vers le duc Charles de Bourgongne
de Philippe de COMMINES dans I, 1
Bruges où hantent toutes nations....
de Philippe de COMMINES dans ib.
Ilz allerent au lieu où hantoit cet ours
de Philippe de COMMINES dans IV, 3
5
XVIe s.
Hanter mauvaise compagnie
de Michel de MONTAIGNE dans I, 274
Il l'excommunie, commandant à chacun de ne parler ne hanter avec lui
de SLEIDAN dans p. 27
Il ne hantoit en leur part aucune navire pour y traffiquer
de Jacques AMYOT dans Lyc. 4
Ilz hantoient familierement ensemble comme cousins germains
de Jacques AMYOT dans Publ. 5
Ceste façon de rechercher leurs meurs, et escrire leurs vies, me semble proprement un hanter familierement et frequenter avec eulx
de Jacques AMYOT dans P. Aem. 1
Hantez les boiteux, vous clocherez, hantez les chiens, vous aurez des puces
de NOEL DUFAIL dans Cont. d'Eutrap. ch. XIX.

ÉTYMOLOGIE

1
Angl. to haunt ; allem. hantieren ; dan. hantere. Origine très controversée. Diez regarde hantieren comme venu du français, et pense que hanter est un mot introduit par les Normands dans le français (ce qui est tout à fait hypothétique), et qu'il vient de l'ancien scandinave heimta (de heim, chez soi), désirer un objet perdu ou absent. Scheller y verrait le verbe fictif hamitare, dérivé du bas-latin hamus, hameau, dérivé aussi du germanique heim, demeure. Hanter a, en outre, dans l'ancienne langue, un sens de exercer, pratiquer, qui fait songer Chevallet à l'allemand Hant ou Hand, main (Le mire de legier hantement, le chirurgien qui a de l'habileté de main, H. DE MONDEVILLE, f° 33). Comme le sens de hanter est celui du latin versari au propre et au figuré, le kimry et le bas-breton hent, chemin, qui convient pour la forme, pourrait aussi par détournement avoir fourni le sens de ver sari. Mais, après avoir passé tout cela en revue, ce qui reste de plus probable, c'est l'étymologie anciennement proposée du latin habitare, habiter ; le sens est bon, la forme aussi : car habitare ( i avec un accent bref), devenant habtare, a pris facilement une nasale, et, dérivant de habere, a eu dans la latinité et a pu avoir dans le français le sens de avoir souvent.

Synonymes de HANTER

Termes proches de HANTER

Phonétiquement proche de HANTER