Définition de MALADE
Prononciation : ma-la-d'
DÉFINITIONS
1
Qui a quelque altération dans sa santé. Il était déjà malade de la maladie dont il est mort.Qui ne sent point son mal est d'autant plus malade
de Pierre CORNEILLE dans Rodog. III, 6
Flavie, au lit malade, en meurt de jalousie
de Pierre CORNEILLE dans Théod. I, 1
Qui fait le plus de bruit n'est pas le plus malade
de Pierre CORNEILLE dans Perthar. III, 3
Mais, monsieur, mettez la main à la conscience : est-ce que vous êtes malade ?
Quand je vous écris de grandes lettres, ma chère enfant, vous avez peur que cette application ne me fasse malade
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 30 juill. 1877
Je vous dirai que nous regardons la fatigue de venir par les chaleurs et par la diligence comme une chose terrible, et qui pourrait vous faire malade
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 8 juill. 1676
Que me sert, en effet, qu'un admirateur fade Vante mon embonpoint, si je me sens malade ?
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Ép. IX
Je suppose qu'une belle princesse, qui n'aura jamais entendu parler d'anatomie, soit malade pour avoir trop mangé, trop dansé, trop veillé, trop fait tout ce que font plusieurs princesses
J'aimerais mieux qu'il fût quelquefois malade que sans cesse attentif à sa santé
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Ém. II
Malade de, qui a telle ou telle partie affectée. Malade de la poitrine. Malade de corps et d'esprit.
Malade à mourir, extrêmement malade.
Quoi ! vous n'êtes point malade à mourir comme je vous ai vue ! ah ! ma bonne, je suis trop heureuse
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 21 juin 1671
Avoir l'air malade, paraître malade.
Ironiquement et fig. Le voilà bien malade, se dit de quelqu'un qui souffre ou se plaint de quelque mal léger.
Vous voilà tous bien malades d'avoir un méchant rôle à jouer
Ce ne sont plus rien que des idées ou des fantômes, des façons de chevaux. - Les voilà bien malades ! ils ne font rien
Comment ! elle consent à t'épouser ? - La voilà bien malade !
Vous voilà bien malade ; il faut servir les grands ; On amuse souvent plus par son ridicule Que l'on ne plaît par ses talents
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Prude, prol.
2
Il se dit, au même sens, des animaux. Un cheval malade de la morve. Mon chien est malade. Les vers à soie sont malades cette année.Les plantes, étant vivantes, sont malades comme les animaux. La vigne est malade. Les cerisiers ont été, à différentes reprises, malades dans les environs de Paris.
Les fruits et les produits végétaux sont malades aussi. Pommes de terre malades. Tomates malades.
Enfin on l'applique à certains produits végétaux altérés. Ce vin est malade, a la couleur malade.
3
Qui a subi quelque altération pathologique, en parlant des parties du corps. Les climats chauds rendent facilement le foie malade. Il a les poumons malades. Appliquer le remède à la partie malade. Ne me touchez pas la main droite, c'est la main malade.4
Avoir l'esprit malade, être un peu fou.Fais quelque chose enfin pour mon esprit malade
de Pierre CORNEILLE dans Théod. I, 1
Un fou rempli d'erreurs, que le trouble accompagne, Et malade à la ville ainsi qu'à la campagne, En vain monte à cheval....
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Ép. V
5
Malade se dit quelquefois, dans le langage familier, pour exprimer qu'une chose a reçu quelque atteinte, est en mauvaises conditions. Cette entreprise est bien malade ; les fonds manquent. On dit que le ministère a un fort parti contre lui et qu'il est malade.Amour fit une gambade, Et le petit scélérat Me dit : pauvre camarade, Mon arc est en bon état, Mais ton coeur est bien malade
de Jean de LA FONTAINE dans Imit. d'Anacréon.
Cet habit, ce livre est bien malade, c'est-à-dire est en mauvais état.
6
Sémantique : Fig. Qui est affecté de quelque trouble, de malaise moral.Nous sommes dans la corruption des siècles et dans la caducité de la nature ; tout est faible, tout est malade dans les assemblées des hommes
Et, contents d'avoir connu nos plaies, nous en sommes, ce semble, plus tranquillement malades
Un coeur malade, coeur troublé par quelque passion.
Ainsi le coeur malade des mortels compte toujours pour rien ce qu'il a le plus désiré dès qu'il le possède
L'âme malade, l'âme pécheresse.
Les figures de l'Évangile pour l'état de l'âme malade sont des corps malades
7
Nature : nm et f Celui, celle dont la santé a subi quelque altération.Et lorsque le malade aime sa maladie, Qu'il a peine à souffrir que l'on y remédie !
de Pierre CORNEILLE dans Cid, II 5
Voilà, monseigneur, une grande obligation que vous aura le doyen des malades de France
de Paul SCARRON dans Virg. II, épître.
Le médecin Tant-pis allait voir un malade Que visitait aussi son confrère Tant-mieux
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. V, 12
Voilà une malade qui n'est pas tant dégoûtante, et je tiens qu'un homme bien sain s'en accommoderait assez
Lorsque le médecin fait rire le malade, c'est le meilleur signe du monde
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans ib.
Est-il possible qu'on laisse comme cela un pauvre malade tout seul ?
Je parlerai à Duchesne de votre petit médecin, à qui nous donnerons dans notre quartier quelques malades à tuer pour voir un peu comme il s'y prend
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 1er nov. 1679
PROVERBES
1
Exemple : Il n'en mourra que les plus malades, se dit quand on se moque d'un danger commun qui menace plusieurs personnes.2
On dit à peu près dans le même sens : Exemple : Est bien malade qui en meurt.Il est fort malade, rien ne lui demeure à la bouche [par ironie, il se porte fort bien]
de Antoine LE ROUX DE LINCY dans Prov. t. I, p. 263
HISTORIQUE
1
XIIe s.Et les malades reposer et baigner
dans Ronc. p. 159
Malabde
dans Passion de J. C. 116
2
XIIIe s.Comme cil qui rapareille le lit du malade por reposer
dans Psautier, f° 51
Et vint tout droit en Acre, et first le malade et le mesaisié, et chemina dusques al hospital
dans Chr. de Rains, p. 107
3
XIVe s.Celui qui est malade, il n'est pas en sa volenté d'estre sain quant il lui plaira
de Nicolas ORESME dans Eth. 74
4
XVe s.Le disent ainsi : que mallade riant meurt, et le plorant gharist
de Georges CHASTELAIN dans Chr. des ducs de Bourg. I, 67
Quant il amende au malade, il empire au mire [médecin]
de Antoine LE ROUX DE LINCY dans Prov. t. I, p. 263
5
XVIe s.Vespasien estant malade de la maladie dont il mourut
de Michel de MONTAIGNE dans III, 89
À l'oeil malade la lumiere nuit
de Randle COTGRAVE dans
La mort n'a point d'ami, le malade n'a qu'un demy
de ID. dans
ÉTYMOLOGIE
1
Bourguign. mailaide ; wallon, malâd ; provenç. mal apte, malaut ; anc. catal. malaut ; catal. mod. malalt ; anc. espagn. et anc. ital. malato ; de la combinaison latine male aptus, mal apte (voy. APTE). On a objecté que l'italien devrait être malatto ; mais il y a en effet malattia, et malato a été formé sur le verbe emmalare, rendre malade. On a objecté encore que le français devrait être malate ; mais malade est une contraction facile de malabde. La formation de malade est analogue à celle de l'ancien français rade, du lat. rapidus, d'où rabde, puis rade, comme malabde, puis malade.