Définition de MAUDIRE

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : mô-di-r'

DÉFINITIONS

1
Prononcer contre quelqu'un, au nom d'un sentiment religieux ou sous l'impulsion de quelque violent mouvement de l'âme, des paroles de réprobation, de condamnation.
Qui maudit son pays renonce à sa famille
Je maudirais les dieux s'ils me rendaient le jour
On nous maudit et nous bénissons ; on nous persécute et nous le souffrons
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans Bible, St. Paul, 1re épit. aux Corinth. IV, 12
[David] ne sachant de laquelle de ces deux choses il avait le plus à se plaindre, ou de ce que Siba le nourrissait, ou de ce que Semeï avait l'insolence de le maudire
S'il est vrai que le peuple me maudit, c'est qu'il ne me connaît pas
Un prêtre, quel qu'il soit, quelque dieu qui l'inspire, Doit prier pour ses rois, et non pas les maudire
Il m'a maudit, il m'a chassé, il ne lui restait plus qu'à se servir de vous pour m'arracher la vie
On remarque l'adresse avec laquelle s'exprima le premier des ministres sacrés : Je n'ai point maudit Alcibiade, s'il était innocent
2
Maudire quelqu'un, quelque chose, exprimer son impatience, sa colère, son horreur contre quelqu'un, contre quelque chose.
Vous maudirez peut-être, un jour, cette victoire
Je maudis en mille façons, Et la mer et tous les poissons, Vous, le voyage et la galère
Mais quand j'ai bien maudit et Muses et Phébus
Le chevalier le maudissait intérieurement
Elle maudit les cartes qui en sont la cause, elle maudit celui qui les a inventées, elle maudit le tripot et tous ceux qui l'habitent
Sur mes lauriers flétris je répandis des larmes ; Je maudis mes travaux et mon siècle et les arts
L'étranger envahit la France, Et je maudis tous ses succès
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Ma dern. chans.
Alors, oh ! je maudis dans leur cour, dans leur antre, Ces rois dont les chevaux ont du sang jusqu'au ventre !
3
En parlant de Dieu, réprouver, abandonner.
Plein d'une juste horreur pour un Amalécite, Race que notre Dieu de sa bouche a maudite
4
Se maudire, Nature : v. réfl. Prononcer contre soi-même des malédictions. Il se maudissait de son imprudence.

HISTORIQUE

1
XIe s.
Terre major, [que] Mahomet te maldie !
dans Ch. de Rol. CXXIV
Et Ethiope, une terre maldite
dans ib. CXLI
2
XIIe s.
Outre, cuivert ! de Deu soiez maudiz
dans Ronc. 63
Après lui dit : maleois soies-tu
dans ib. 90
Semei le fiz Jera, del parenté Saül, vint d'iloc vers lui, e maldist David
dans Rois, p. 178
Les losengiers, que Diex puist maleïr !
dans Couci, XII
Dunc ad maudit tuz cels par qui out mal esté Del rei....
dans Th. le mart. 131
3
XIIIe s.
Je maudirai ma male destinée
de ANONYME dans dans Couci.
Après vinrent li Wandre, une gent maleïe
dans Berte, II
Moult [ils] maudient celui.... Qui à sa guerison nul conseil metera
dans ib. LXXVIII
En chele chevauchie estoit Quesnes de Biethune, qui moult maudissoit durement cels qui l'avoient là mené
de H. DE VALENC. dans XXVIII
Quant ele dement son baron [mari] ou maudist, ou quant ele ne veut obeir à ses resnables [raisonnables] commandemens
de Philippe de BEAUMANOIR dans LVII, 6
L'eure soit ore la maudite Que povres homs fu conceüs !
dans la Rose, 458
4
XVe s.
Ce sont maldites gens ; il n'y en a nul qui ne soit larron
5
XVIe s.
Après Barthelemy crioient parmi la ville : Au poultron maledict, et ne fust les archiers....
Vous me mauldiriez de vous en avoir privé
de Michel de MONTAIGNE dans I, 89
Ils croyent les ames immortelles, et les mauldites estre....
de Michel de MONTAIGNE dans I, 238
Cela ressemble proprement à ceste malediction tragique, dont Oedipus mauldit ses enfans
de Jacques AMYOT dans Pyrrh. 18
Il y [une tapisserie représentant la bataille d'Ivry] faisoit beau voir monsieur le lieutenant maudissant le dernier et laissant le comte d'Egmont pour les gages....
dans Satyre Ménippée, les pièces de tapisserie

ÉTYMOLOGIE

1
Provenç. maldire, maldir, maudire, et malezir, déprécier, mal dire ; espagn. maldecir ; portug. maldizer ; ital. maledire ; du lat. maledicere, de male, mal, dicere, dire. On remarquera que dans le vieux français il y a deux formes maudire et maleïr ; dans la première, mal est devenu mau ; dans la seconde, le d est tombé comme tombent d'ordinaire les consonnes médianes, et il en est résulté maleïr ; c'est de maleïr que vient le participe maleeit ou maleoit, pour maudit.

Synonymes de MAUDIRE

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