Définition de OC?ANIDE

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : prê-s'

DÉFINITIONS

1
Machine qui sert à serrer, à presser, à tenir extrêmement serré. Presse à coins. Mettre des étoffes en presse.
Presse hydraulique, machine due à Pascal, et qui, au moyen d'une petite quantité d'eau refoulée par une pompe, sert à opérer des pressions considérables, proportionnées à la surface pressante.
Sémantique : Par analogie, mettre en presse, comprimer fortement.
On se hâte de les déformer [les enfants nouveau-nés] en les mettant en presse
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Ém. I
Ces ligatures qui tiennent nos membres en presse
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans ib. v.
Sémantique : Fig. Mettre en presse, mettre à la presse, mettre en gage.
Ah ! ma pauvre maîtresse, Faut-il vous voir ainsi durement mise en presse [il s'agit d'un portrait mis en gage] ?
de Jean-François REGNARD dans Joueur, v, 6
Si je suis contraint de mettre quelque chose à la presse, ces honnêtes gens-ci ont la charité de ne prendre que douze sous par écu de six francs, tous les mois
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Lett. à Mme de Warens, 23 oct. 1737
2
Dans les machines à faire les tissus de tricot, barre horizontale à bascule, manoeuvrée par une pédale et servant à fermer temporairement les crochets, pour faire passer le rang postérieur des plis de suspension du tricot par-dessus leurs branches supérieures, recouvrant la nouvelle rangée des boucles ou des plis.
3
Machine au moyen de laquelle on imprime, soit les feuilles d'un livre, soit les estampes. Presse de bois, de fonte. Presse mécanique. Presse d'imprimerie en taille-douce. Presse lithographique. Faire rouler la presse.
Ce qui nous intéresse dans cette longue enquête [au sujet de l'invention de l'imprimerie], c'est qu'il y est question d'un art secret dont Gutenberg avait promis de donner connaissance à ses associés, d'une presse à deux vis, qu'il ordonna surtout de tenir cachée
de DAUNOU dans Instit. Mém. scienc. mor. et pol. t. IV, p. 471
L'ouvrage est sous presse, il s'imprime actuellement.
On dit de même : mettre un ouvrage sous presse, le livrer à l'impression, le faire imprimer.
Autrefois on disait : sous la presse.
Cet autre met ses ouvrages sous la presse
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Préc. 10
Sémantique : Fig. Faire gémir la presse, se dit, presque toujours avec un sens défavorable, d'un auteur qui fait imprimer un ouvrage, ou qui fait beaucoup imprimer (métaphore provenant du bruit de l'ancienne presse à bras, quand on tirait le barreau).
4
Il se dit aussi des ouvriers qui font mouvoir la presse. Embaucher une presse.
5
L'imprimerie en général, ses produits. Les délits de presse. La presse est libre en ce pays.
Ce fut ce libelle qui rendit les dernières années de J. B. Rousseau bien malheureuses ; la presse, il le faut avouer, est devenue un des fléaux de la société et un brigandage intolérable
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Mél. litt. Fragm. d'une lettre
L'État ayant plus d'un membre Que la presse eût fait trembler
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Censure
Presse périodique, les journaux.
Liberté de la presse, le droit qu'on a de publier sa pensée par l'imprimerie, sans être soumis à une censure préalable.
Y a-t-il rien de plus tyrannique que d'ôter la liberté de la presse ? et comment un peuple peut-il se dire libre, quand il ne lui est pas permis de penser par écrit ?
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. Damilaville, 16 oct. 1765
La liberté de la presse produit sans doute des inconvénients ; mais ils sont si frivoles, si passagers, en comparaison des avantages, que je ne daignerai pas m'y arrêter
de Guillaume Thomas, abbé RAYNAL dans Hist. phil. x, 13
Des discussions publiques, des élections libres, des ministres responsables, la liberté de la presse, je veux tout cela.... la liberté de la presse surtout ; l'étouffer est absurde (Paroles de Napoléon en 1815)
de Benjamin CONSTANT dans Lettres sur les Cent-Jours, II, 2
6
Multitude de personnes qui se pressent.
On n'a rien qu'à me suivre au milieu de la presse
de François L'Hermite, sieur du Soliers, dit TRISTAN L'HERMITE dans Panthée, IV, 2
Ils se cachent dans la presse et appellent le nombre à leur secours
de Blaise PASCAL dans Pens. Jésuites, 70, édit. FAUGÉRE.
J'avais grande envie de me jeter dans le Bourdaloue [aller à ses sermons] ; mais.... la presse était à mourir
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 24 mars 1671
Partout où passe cette illustre bière [de Turenne], ce sont des pleurs et des cris, des presses, des processions....
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 19 août 1675
La presse est dans les églises durant cette sainte quarantaine
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Sermons, Prédication, 3
C'était se voir étrangement réduite pour une princesse [la duchesse du Maine] toujours environnée de monde, et qui se croit seule quand elle n'est pas dans la presse
de STAAL dans Mém. t. II, p. 80
Le peuple.... se précipitant en foule aux bureaux de la banque [lors de la débâcle de Law], il y eut trois hommes étouffés dans la presse ; le peuple porta leurs corps morts dans la cour du Palais-Royal
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Hist. parl. LXI
Avez-vous vu Paris ? - Oui, j'ai vu Paris.... c'est un chaos, c'est une presse dans laquelle tout le monde cherche le plaisir et où presque personne ne le trouve
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Cand. 21
N'avons-nous pas vu Mérope fendre la presse de nos jeunes seigneurs pour percer le coeur de son fils [les jeunes seigneurs encombraient le théâtre] ?
de Jean-François MARMONTEL dans Oeuv. t. VIII, p. 148
Je n'y ferai pas grande presse, je n'y ferai pas la presse, je ne suis pas disposé à y aller.
Je n'ai pas quitté cette pauvre amie [Mme de Lafayette] tous ces jours-ci ; elle n'allait pas faire la presse parmi cette famille [à la mort de M. de la Rochefoucauld], en sorte qu'elle avait besoin qu'on eût pitié d'elle
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 413
Il n'y aura pas grande presse ou grand'presse à faire telle chose, se dit d'une chose qu'on ne veut pas faire et dont on pense que peu de personnes voudront se charger.
Je disais hier de Penautier [compromis dans l'affaire des poisons] ce que vous en dites, sur le peu de presse que je prévois qu'il y aura à sa table
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 22 juill. 1676
Voilà donc ce qui s'appelle la vertu et la reconnaissance : je ne m'étonne pas si l'on trouve si peu de presse dans l'exercice de ces belles vertus
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 8 juin 1676
Il [Ch. de Sévigné] gardera sa charge [de guidon] paisiblement ; la presse n'est pas grande à soupirer pour elle, quoiqu'elle soit si propre à faire soupirer
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 12 avr. 1680
Il n'y a pas de presse, il n'y a pas de quoi s'empresser.
En un sens contraire, il y a presse, on s'empresse à.
Le bruit de ses beautés, sa sagesse, son bien, Mais le bien plus que tout y fit mettre la presse
de Jean de LA FONTAINE dans Coupe.
Il [Ville brune] est fort estimé dans notre Bretagne ; il y a presse à qui l'aura
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 1er juill. 1676
Je ferai vos compliments à Mme de Villars ; il y a presse à être nommé dans mes lettres
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 27 fév. 1671
Jamais les thermomètres ne se sont trouvés à telle fête : il y a presse dans la rivière ; Mme de Coulanges dit qu'on ne s'y baigne plus que par billets
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 1er juill. 1676
Grande presse à l'épouser ; on me la demande tous les jours
de Françoise d'Aubigné, marquise de MAINTENON dans Lett. à M. de Villette, 23 mai 1683
La presse y est, se dit de tout ce qui est à la mode, et goûté, recherché du public.
Pour l'aimable comtesse Meurt tous les jours Quelque amant qu'elle laisse Sans nul secours ; Et cependant la presse Y est toujours
de SEGRAIS dans Chansons, VII
Sémantique : Fig. Tirer de la presse, tirer de la foule, du commun.
Le maréchal de Bellefonds m'a fait promettre de le tirer de la presse [de le nommer particulièrement dans une lettre]
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 1er avr. 1671
7
Presse, jeu d'écoliers qui, pendant l'hiver, se serrent les uns contre les autres dans un angle d'un bâtiment, si bien que les plus rapprochés du mur sont obligés de monter par-dessus leurs camarades pour s'échapper.
8
En Angleterre, enrôlement forcé des matelots.
La plus grande différence que j'observais entre la presse et les classes [établies pour les matelots en France], c'est que l'une est une servitude passagère, et que l'esclavage des autres n'a point de terme
de Guillaume Thomas, abbé RAYNAL dans Hist. phil. XIX, 5
9
Sémantique : Fig. Douleur, inquiétude, embarras.
Si vous voulez faire plaisir à cet évêque, perdez bien de l'argent ; mettez, mettez-vous dans une grande presse : c'est là qu'il vous attend
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 9 mars 1672
Mon coeur est soulagé d'une presse et d'un saisissement qui en vérité ne me donnait aucun repos
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 21 juin 1671
J'entre avec une certaine horreur dans ce vaste désert du monde.... mon âme à la presse cherche à s'y répandre, et se trouve partout resserrée
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Hél. II, 14
Sémantique : Familièrement. Il est en presse, il est dans un état fâcheux, dans l'inquiétude, dans le chagrin.
Je suis naturelle, et, quand mon coeur est en presse, je ne puis m'empêcher de me plaindre à ceux que j'aime bien
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 24 juin 1671
Il s'est tiré de la presse, de presse, il s'est retiré prudemment de quelque mauvaise société, de quelque parti dangereux où il était engagé.
10
Sollicitations vives, insistance.
Sentence sur sentence, ajournement sur ajournement, pour vous appeler devant Dieu et devant sa chambre de justice ; écoutez avec quelle presse il vous parle par son prophète....
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Serm. Pénit. 2
M. de Luxembourg alla, à maintes reprises, à M. le prince de Conti, pour le savoir [ce qui avait causé le duel de Rantzau et du comte d'Albret] avec des presses et des instances à le mettre au désespoir
de Louis de Rouvroy, duc de SAINT-SIMON dans 78, 16
11
Impatience.
Et vous voilà, tant vous avez de presse, Découragé sans attendre un moment
de Jean de LA FONTAINE dans Mandr.
Hâte.
Je suis aise de l'établissement de cette pauvre et bonne enfant qui avait goût et presse du sacrement
de Honoré Gabriel Riqueti, comte de MIRABEAU dans Lett. orig. t. II, p. 273
Il se dit de travaux qu'il faut faire promptement et sans relâche. Nous avons eu une grande presse.
Il y avait tant de peuple qu'il y a eu plusieurs hommes tués et blessés : à la presse vont les fous
de Gui PATIN dans Lett. t. III, p. 155, dans POUGENS

HISTORIQUE

1
XIe s.
Devant Marsile [il] s'escria en la presse
dans Ch. de Rol. LXXIII
2
XIIe s.
Li cuens [le comte] Rolant est en la presse entrez
dans Ronc. p. 79
3
XIIIe s.
Quant il vint à l'entrée de la porte, il y ot si grant priesse....
de H. DE VALENC. dans XX
Sus ce que les diz frepiers fesoient chauces de velles robes, et les mestoient en presse
dans Liv. des mét. 412
À poi que li cuers ne li faut ; Moult l'avoit mis en male presse Renart, qui jà n'en ait confesse
dans Ren. 10313
S'il ne vuet, jà ne s'en confesse, Ge ne li en ferai jà presse
dans la Rose, 7062
4
XIVe s.
Les autres [tenailles] oevrent [ouvrent] et cloent [ferment] o [avec] presses et o vis
de Henri DE MONDEVILLE dans f° 36
5
XVe s.
Rompre la presse
de Jean FROISSART dans I, I, 285
Et se vouloient bouter hors de presse [tirer leur épingle du jeu]
de Jean FROISSART dans II, II, 60
Les parens et amis sont mors, L'un par glaive, l'autre en vieillesce ; L'un par malage [maladie], l'autre en presse [bataille], L'un en bois et l'autre en riviere
de Eustache DESCHAMPS dans Poésies mss. f° 525
Pommes, poires, nefles, noisettes, Frommaige de presse et de Brie
dans ib. f° 493
Quant on les eut servis de trois pieces de chairs gentils, on les servit après de chervots de I esse, c'est un manger le plus noble de ce temps ; et parce que ne savez quel viande c'estoit, je le vous dirai : on prenoit en ce temps jeunes chervots [chevreuils], et les departoit on par quartiers, et puis les metoit on en presse si très fort que tout le sang et les humeurs en yssoient ; lors demeuroient les chairs plus blanches que chapons, et puis on les confisoit en espices les meilleures et les plus delicieuses que on puist avoir ; et de ces chervots de presse estoit la compaignie servie
dans Perceforest, t. I, f° 125
Je couchai en une vigne bien en presse sus la terre, sans autre avantage et sans manteau ; car le roy avoit emprunté le mien le matin
de Philippe de COMMINES dans VIII, 6
Voilà le curé qui confesse : Regardez, il n'y a pas presse ; Nous sommes entrés bien à point
dans Rec. de farces, p. 151
6
XVe s.
Autres on voit de ceux ci separez, Auxquels douleur fait tousjours dure presse
de Clément MAROT dans I, 297
Qui eust jamais pensé qu'un duc de Bretaigne deust estre estouffé de la presse [foule] ?
de Michel de MONTAIGNE dans I, 73
Le voyant transi, et en silence de la presse de sa conscience
de Michel de MONTAIGNE dans I, 129
La contagion est très dangereuse en la presse
de Michel de MONTAIGNE dans I, 273
Il est interdit ausdits supplians d'avoir aucuns pressoirs ny presses en leurs maisons, pour presser les lies provenans de leurs dits vins, pour en faire vinaigres
dans Ordonn. déc. 1585
Comme il fut joignant le chevalier du dragon, il s'arresta et luy demanda quelle presse le contraignoit de marcher si viste
dans D. Flores de Grèce, f° CLIV, dans LACURNE
Vin de grain est plus doux que n'est pas vin de presse
de Randle COTGRAVE dans
Maintenant il n'y a plus presse ; ils n'y voyent rien à gagner
de Théodore Agrippa D'AUBIGNÉ dans Faen. I, 1

ÉTYMOLOGIE

1
Presser ; prov. pressa, preissa ; espagn. priesa ; ital. pressa.

Synonymes de PRESSE

Termes proches de PRESSE