Définition de OFFENSER

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : o-fan-sé

DÉFINITIONS

1
Faire une offense.
Comme si vous servir était vous offenser
de François de MALHERBE dans V, 11
Tu ne peux de ce peuple empêcher le malheur, Sans offenser ensemble et Rome et ton honneur
Des deux côtés j'offense et ma gloire et les dieux
Qui pardonne aisément invite à l'offenser
de Pierre CORNEILLE dans ib. IV, 3
Comme nous nous affectionnons de plus en plus aux personnes à qui nous faisons du bien, nous haïssons violemment ceux que nous avons beaucoup offensés
de Jean de LA BRUYÈRE dans IV
Il [l'éléphant] n'attaque jamais que ceux qui l'ont offensé
Nature : Absolument.
Si, dès que l'on offense, on ne pardonne point
Un malheur continuel [au jeu] pique et offense ; on est honteux d'être houspillé par la fortune
Parler et offenser, pour de certaines gens, est précisément la même chose
2
Offenser Dieu, pécher. Ne faites pas cela, c'est offenser Dieu.
Nature : Absolument.
S'ils n'offensaient que rarement
3
Sémantique : Fig. Choquer, blesser.
Notre air étranger n'offense plus personne
Il se dit aussi des choses auxquelles on fait une sorte de tort. Il est facile d'offenser sa vanité.
Un roi peut oublier, sans offenser sa gloire, D'un sujet criminel la faute la plus noire
de DU RYER dans Scévole, III, 2
Le petit homme est poli, et craignait d'offenser mes chastes oreilles
Il eût fallu éviter de lui écrire [au maréchal d'Estrées, pour ne pas lui donner le monseigneur] ; car de cette manière on n'offense pas sa gloire ou celle de son ami
Avouez que vous avez cruellement offensé l'amitié qui était entre nous, et je suis désarmée
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans à Bussy, 26 juill. 1668
Il y a des puissances sur la terre dont le nom même s'attire un si grand respect, que c'est en offenser la majesté que de présumer qu'on puisse penser contre elles de certaines choses
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Signatures des docteurs.
Qui est-ce qui veut se priver de tant de choses superflues qui offensent la tempérance ou la modestie chrétienne ?
de Esprit FLÉCHIER dans Panég. II, p. 225
Tant de raisonnements offensent ma colère
De Joad l'inflexible rudesse De leur superbe oreille [des princes] offensait la mollesse
Dois-je croire qu'assise au trône des Césars, Une si belle reine offensât ses regards [de Rome] ?
4
Pécher contre.
Je suis une sotte ; j'ai offensé la géographie : vous ne passez pas par Moulins, la Loire n'y va point
Dieu de mes pères, qu'ai-je fait pour mériter une pareille récompense ? toute ma vie, j'ai offensé vos lois, et vous me comblez de félicité
5
Faire une blessure à une personne (sens qui vieillit).
S'étant saisis de la puissance souveraine.... ils en usent comme les enfants se servent de leurs couteaux, qui s'en blessent le plus souvent, et en offensent leurs mères et leurs nourrices
Faire une lésion à quelque organe. La balle a offensé le poumon.
La blessure de M. de Marsillac est un coup de mousquet dans l'épaule et dans la mâchoire, qui n'offense pas l'os
Sémantique : Terme de manége. Blesser la bouche d'un cheval.
Sémantique : Par analogie.
La petite poitrine [de Mme de Coulanges] est fort offensée de cette fièvre
Je me suis fort bien portée et comportée par les chemins ; la contrainte offense un peu mes genoux ; mais en marchant elle se passe
Comme la lumière offense les yeux des animaux qui ont accoutumé de ne sortir de leurs retraites que pendant la nuit
Le froid n'offense point son corps sans vêtement
de ST-LAMB. dans Saisons, IV
6
S'offenser, Nature : v. réfl. Se faire à soi-même une offense.
Je m'offenserais moi-même, si je pouvais un moment me défier de vous
7
Se fâcher, se piquer. S'offenser d'un rien.
Ne vous offensez pas, princesse, de nous voir De vos yeux à vous-même expliquer le pouvoir
Hé ! mon Dieu ! tout cela n'a rien dont il s'offense
Vous qui, vous offensant de mes justes terreurs, Avez dans tout le camp répandu vos fureurs
Il se dit aussi des choses.
Notre amour s'en offense
S'offenser contre quelqu'un, se fâcher, s'irriter contre lui. M. de Vaugelas remarque qu'il faut dire s'offenser contre quelqu'un, au lieu de s'offenser de quelqu'un, Acad. Obs. sur Vaugel. p. 409, dans POUGENS.

HISTORIQUE

1
XVe s.
Aussi bien il y a des peuples qui offencent contre leur seigneur
de Philippe de COMMINES dans V, 18
2
XVIe s.
Elle [l'herbe pantagruelion] est de difficile concoction, offense l'estomach, engendre maulvais sang....
Des elephans passans sur les tables en plain bancquet sans offenser les beuveurs beuvans
de François RABELAIS dans ib. v, 30
Des qu'adversité nous offence, Dieu nous est apuy et defense
de Clément MAROT dans IV, 290
De peur de se blesser, Ou bien de s'offencer, Qu'il marche petit pas
de Clément MAROT dans II, 164
Les ouvriers, en fouillant à l'entour de ce cormier, par mesgarde en offenserent les racines tellement que l'arbre en secha de tout poinct
de Jacques AMYOT dans Rom. 32
La plus part des hommes s'offense plus pour de mauvaises paroles que pour de mauvais effects
de Jacques AMYOT dans Timol. 43
C'est un dangereux glaive [le savoir], et qui empesche et offense son maistre, s'il est en main faible
de Michel de MONTAIGNE dans I, 148
Le lion me presentant sa patte offensée
de Michel de MONTAIGNE dans II, 193
Je ne veux point maintenant curieusement examiner ni balancer le droit et le tort de ceux qui remuent les armes, à fin de n'offenser personne

ÉTYMOLOGIE

1
Offense. L'ancienne langue disait ofendre, qui s'est perpétué jusque dans le XVIe siècle, mais qui ne l'a pas dépassé.

Synonymes de OFFENSER

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