Définition de QUITTE

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : ki-t'

DÉFINITIONS

1
Qui ne doit plus rien, qui s'est libéré de sa dette, en parlant des personnes.
On croit que Monsieur le Prince n'en sera pas quitte pour quarante mille écus
Ce nouveau magistrat proposa une loi qui déclarait les débiteurs quittes de leurs dettes en payant à leurs créanciers la quatrième partie du principal
Sémantique : Fig.
[Dans le monde] On reçoit et l'on rend, on est à peu près quitte
Sémantique : Fig. Il en mourra quitte, signifie qu'on se vengera tôt ou tard de l'offense faite.
Quitte se dit aussi des immeubles. Un domaine franc et quitte de toutes dettes et hypothèques.
Drusus donna à de pauvres habitants la même quantité de ces terres quittes et franches de toute contribution
Sémantique : Fig. Être quitte envers quelqu'un ou envers quelque obligation morale, s'être acquitté de ce qu'exigeait le devoir, la reconnaissance.
Mais, quitte envers l'honneur et quitte envers mon père, C'est maintenant à toi que je viens satisfaire
Quoi ! le seigneur Ésope en croit donc être quitte Pour m'avoir en passant daigné rendre visite ?
de BOURSAULT dans Ésope à la cour, I, 4
Soyez heureux, mes enfants, vous serez quittes envers nous
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Théât. d'éduc. la Cloison, sc. 19
Il s'est dit aussi des obligations accomplies, satisfaites.
Ta gloire est dégagée, et ton devoir est quitte
Sémantique : Fig. Tenir quitte, dispenser.
Dis-lui que rien ne presse, et que je l'en tiens quitte
de FAGAN dans Rendez-vous, sc. 15
Sémantique : Ironiquement, je l'en tiens quitte, se dit de quelqu'un dont les services ou les politesses sont à charge ou suspects.
2
Délivré, débarrassé.
Te voilà donc bientôt quitte d'un grand souci ?
Prétendez-vous.... en demeurer quitte à si bon marché ?
de Jean de LA FONTAINE dans Berc.
Mais quitte des ennuis où m'enchaîne la vie
Quand il [M. Cassini] était quitte de ses devoirs, il retournait à ses plaisirs, c'est-à-dire aux observations célestes
Quand elles [les maîtresses] meurent, alors le désir meurt avec l'objet, l'on rentre dans son bon sens, et l'on est quitte de mourir
de COMTE DE CAYLUS dans Acad. de ces dames et de ces messieurs, Oeuv. t. XII, p. 72, dans POUGENS.
Me voilà quitte d'un cruel entretien
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Théât. d'éduc. Zélie, II, 5
Être quitte pour, en être quitte pour, n'avoir à souffrir, à supporter que.... pour.
Octave aura donc vu ses fureurs assouvies.... Rempli les champs d'horreur, comblé Rome de morts, Et sera quitte après pour l'effet d'un remords !
J'en voudrais être quitte pour dix pistoles
Il faudrait.... ne pas croire qu'on en fût quitte pour dire....
Mme de Caylus a été quitte de la rougeole pour la peur
Absolument et familièrement, quitte pour, quitte à, à charge de. Quitte pour être grondé. Quitte à être grondé.
J'irai toujours mon chemin, quitte à changer quand on changera
Miss Temple.... fit voeu en elle-même d'en avoir le coeur net, quitte pour ne plus lui jamais parler après
3
Adverbialement. Sémantique : Terme de jeu. Jouer à quitte ou à double, jouer à quitte ou double, jouer quitte ou double, jouer une dernière partie par laquelle celui qui a déjà perdu sera acquitté ou payera double.
Nature : Absolument. Dans le même sens, quitte ou double.
Sémantique : Fig. Jouer à quitte ou à double, à quitte ou double, et, plus ordinairement aujourd'hui, jouer quitte ou double, risquer tout.
Ce remède se peut mettre en comparaison avec la poudre du bonhomme ; il est même un peu violent, mais aussi on joue à quitte ou à double
Vendôme, à qui deux assauts avaient déjà mal réussi, joua à quitte ou à double, et ordonna un troisième assaut
Être quitte à quitte, ne se devoir plus rien de part et d'autre, au jeu, dans les affaires, dans les comptes. Nous sommes quitte à quitte. Nous voilà quitte à quitte.
Sémantique : Fig. Faire quitte à quitte, être quitte à quitte, ou, absolument, quitte à quitte, se rendre la pareille, s'être rendu la pareille.
Hélas ! tant qu'il [le cardinal Mazarin] vécut, nous fûmes quitte à quitte ; Il ne fit rien pour moi, je ne fis rien pour lui
de CAILLY dans dans RICHELET
Argan : Tu m'as fait égosiller. - Toinette : Et vous m'avez fait, vous, casser la tête ; l'un vaut bien l'autre : quitte à quitte, si vous voulez
Est-il vrai que la Simiane s'est séparée de son mari, sous prétexte de ses galanteries ? quelle folie ! je lui aurais conseillé de faire quitte à quitte avec lui
Sémantique : Fig. Nous voilà quitte à quitte, se dit lorsqu'on a reçu quelque déplaisir de quelqu'un, et qu'on lui a rendu la pareille.
Adieu, lui dit-il, quitte à quitte
de Alexis PIRON dans Le nez et les pincettes, conte en vers
On dit dans le même sens : partant quitte. Voilà l'argent que vous m'avez prêté, partant quitte.

HISTORIQUE

1
XIe s.
Bien sont asouz, quites de lur pecchez
dans Ch. de Rol. LXXXVIII
2
XIIe s.
De mil souspirs que je li doi par dete [elle] Ne m'en veut pas un seul quite clamer
dans Couci, VI
3
XIIIe s.
Dis et soulas et joie m'ont bien clamée quite
dans Berte, XXXVII
Ainçois le [ton coeur] donne en don tout quite, Si en auras greignor [plus grand] merite
dans la Rose, 2263
Et après ce il n'est pas quites de l'amende, porce qu'il a enfreint l'establissement
de Philippe de BEAUMANOIR dans I, 39
Lors puet savoir qu'il a boen hoste, Et lors resoit il son merite, Que Dieux et il sunt quite et quite
de RUTEBEUF dans 49
Si tost comme le paiement fu fait, le roy nous dit que des ore mais estoit son serement quites, et que nous nous partissions de là
4
XIVe s.
Ne sai se me devez, ou se nous vous devons ; Or soit tout quite quite, puisque nous departons
dans Guesclin. 10860
Si vous pri que vous en taisiés.... Et s'il y a parole dite Mal faite, se soit quitte et quitte
de J. DE CONDÉ dans t. III, p. 57
5
XVe s.
Et ainsi pareillement ferai tout le voyage durant ; et serai quitte pour faire devant chacun juge une fois lesdites armes
Et sur ce point ai je donné à Galehault mon compaignon Chambre et estable en ma maison, à Paris, tant comme il vourra, Et, la demeure lui plaira, Par la maniere dessus dite, Et, s'il ne luy plaist, quitte à quitte
de Eustache DESCHAMPS dans Poés. mss. f° 412
Quant on sent les ennemis venir et qu'on se sent le plus foible, et qu'on ne les peust attendre, en ces deux poins il fault donner l'assault pour en jouer à quitte et à double
dans le Jouvencel, f° 83, dans LACURNE
6
XVIe s.
S'en ira il quitte, ayant assailli ma teste ?
de Michel de MONTAIGNE dans I, 128
Vous perdés tout-quitte [entièrement] le cheval, s'il s'espaule, s'il se rompt ou s'estord une jambe
de Olivier DE SERRES dans 82
Il n'est pas quitte qui doibt de reste
de Randle COTGRAVE dans
Les vainqueurs.... y gagnerent [à la prise de Rome] ce qu'ils voulurent, jusqu'aux quictes goujats [jusqu'aux simples goujats]

ÉTYMOLOGIE

1
Provenç. quiti ; catal. quiti ; espagn. quito ; ital. quite ; du lat. quietus, tranquille (voy. COI), et, par extension, quitte. C'est de la même façon que le lat. pacare, apaiser, a signifié payer.

Synonymes de QUITTE

Termes proches de QUITTE

Phonétiquement proche de QUITTE