Définition de SAILLIR

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : sa-llir ; ll mouillées, et non sa-yir

DÉFINITIONS

1
Sortir avec impétuosité, en parlant d'un liquide. Quand Moïse frappa le rocher, il en saillit une source d'eau.
Saillir s'emploie au participe sailli, et quelquefois aux troisièmes personnes : les eaux saillissent
de Etienne Bonnot de CONDILLAC dans Gramm. Oeuv. t. V, p. 373
En ce sens, on dit aujourd'hui plutôt jaillir.
2
Nature : V. a. Il se dit en parlant de quelques animaux qu'on accouple (conjugué comme le précédent). Quand un taureau saillit une vache. L'étalon saillissait la jument.
L'écuyer de Darius fit aller et venir le cheval au long de cette cavale.... et enfin lui permit de saillir la cavale
de Paul Louis COURIER dans Trad. d'Hérod.
3
V n. Être en saillie, s'avancer au dehors, déborder. Dans ce sens il se conjugue ainsi : il saille, ils saillent ; il saillait, ils saillaient ; il saillit, ils saillirent ; il saillera, ils sailleront ; il saillerait, ils sailleraient ; qu'il saille, qu'ils saillent ; qu'il saillît, qu'ils saillissent ; saillant, sailli, ie. Ce balcon saille de trois pieds sur le mur.
Le bras du Jupiter foudroyant d'Apelle saillait hors de la toile, menaçait l'impie
Avoir beaucoup de relief. Les premiers plans ne saillent pas assez dans ce tableau.
Faire saillir, représenter en relief.
4
Sémantique : Terme de marine. Saille ! saille, oh ! cri d'excitation et d'encouragement, pour faire agir plusieurs hommes simultanément.
C'est l'impératif archaïque du verbe saillir dans le sens de sauter, s'avancer.
On dit aussi : saille la bouline, dans le commandement qu'on fait aux matelots qui vont roidir avec force une bouline.

HISTORIQUE

1
XIe s.
Parmi la buche en salt fors li cler sans
dans Ch. de Rol. CXXXII
2
XIIe s.
De plene terre [il] est sailliz en l'arzon
dans Ronc. p. 52
Demain les ferai pendre [les messagers] par dessus cest rivage, Ou saillir de la tour du plus hautain estage
dans Sax. XXVI
Si tost cum li ber fu sur un cheval sailluz
dans Th. le mart. 47
Micol.... vit le rei saillant [sautant] et juant devant nostre Seignur
dans Rois, 141
3
XIIIe s.
Et quant nos François les virent venir, si saillirent as armes de toutes parts
L'en doit bien reculer pour le plus loin saillir
dans Berte, XII
Cuidiés que dame à cuer vaillant Aint [aime] ung garçon fol et saillant Qui s'en ira par nuit resver....
dans la Rose, 7776
4
XVe s.
Si l'eschauffa tellement que le coursier, outre sa volonté, l'emporta ; si que, à saillir un fossé, le coursier trebucha et rompit à son maistre le col
Je ne sçay de quel pié saillir
de Charles D'ORLÉANS dans Chanson, 43
Au saillir de mon enfance
de Philippe de COMMINES dans I, 1
Leur pere.... estoit de la maison de Sainct-Severin, sailly d'une fille bastarde
de Philippe de COMMINES dans VII, 2
5
XVIe s.
Du sacré costé de Jesus Christ pendant en la croix, est sailli sang et eau
J'ay ung reume sy grant, que je n'en ouse saillir de la chambre
Comme Pallas saillit de la teste de son pere pour se communiquer au monde
de Michel de MONTAIGNE dans II, 288
Leur hantise avec les femelles n'est jamais profitable, que lorsqu'ils les saillent
de Olivier DE SERRES dans 305

ÉTYMOLOGIE

1
Berry, saillir, sortir : je n'ai pas sailli de la journée ; provenç. salir, salhir, sallir ; esp. salir ; portug. sahir ; ital. salire ; du lat. salire, sauter ; radical sanscr. sar, aller, couler. Le français et le provençal viennent du bas-latin sallire, qu'on trouve dans la Loi salique, et qui est altéré de salire. L'ancienne conjugaison était : je saul, tu saus, il saut, parfaitement régulière, puisque ces formes représentent sálio, sális, sálit. La conjugaison moderne s'est égarée entre le souvenir de l'ancienne conjugaison qui lui a donné saille et saillant, et la tendance à le confondre avec un verbe inchoatif en ir qui lui a donné : je saillis, tu saillis, saillissant.

Synonymes de SAILLIR

Termes proches de SAILLIR