Définition de SUCCESSION

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : su-ksè-si-on

DÉFINITIONS

1
Série de personnes ou de choses qui se suivent sans interruption ou à peu d'intervalle l'une de l'autre.
La succession de Moïse et des patriarches ne fait qu'une même suite avec celle de Jésus-Christ
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. II, 13
Cette succession [dans l'Église catholique] ne convient pas aux calvinistes, qui, dans leurs dogmes particuliers, n'ont pas plus de succession ni d'antiquité que les sociniens
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Var. XV, 94
Ceux qui paraissent mépriser l'argument de la succession [des pasteurs] en sentent malgré eux la force
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans t. II, p. 5
Les voies de la grâce dans la conversion des pécheurs ne sont pas toujours les mêmes, mes frères : tantôt c'est un rayon vif et perçant.... tantôt c'est une clarté plus tempérée, qui a ses progrès et ses successions
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Samarit.
Comme il n'y a point de succession dans Dieu, si l'on admet qu'il ait voulu quelque chose une fois, il l'a voulu toujours et dès le commencement
de Charles-Louis de Secondat MONTESQUIEU dans Lett. pers. 113
Je sais bien qu'une succession infinie d'êtres qui n'avaient point d'origine est aussi absurde [que l'idée de néant] ; Samuel Clarke le démontre assez
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Phil. ignor. 20
J'avoue que la succession de nos idées est, par rapport à nous, la seule mesure du temps
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans Hist. nat. hom. Oeuvr. t. IV, p. 373
Quelque longue qu'on voulût imaginer la succession des temps, quelque nombre de générations qu'on admette et qu'on suppose
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans Époq. nat. Oeuvr. t. XII, p. 39
Moments précieux et si regrettés ! ah !... coulez plus lentement dans mon souvenir, s'il est possible, que vous ne fîtes réellement dans votre fugitive succession
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Conf. VI, 1re part.
L'être pour qui les temps n'ont point de succession [Dieu]
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Hél. VI, 6
Les plaisirs de l'oreille consistent principalement dans la mélodie, c'est-à-dire dans une succession de sons harmonieux auxquels la mesure donne différents caractères
de Etienne Bonnot de CONDILLAC dans Traité sens. I, VIII, 6
Par succession de temps, par une longue suite de temps.
Ces anciennes cités, qui, n'ayant été au commencement que des bourgades, sont devenues, par succession de temps, de grandes villes
de René DESCARTES dans Méth. II, 1
2
Hérédité, les biens qu'une personne laisse en mourant. Venir à la succession de quelqu'un. L'ouverture, le partage de la succession.
Je crois que Vardes vous mènera le Grand Maître, qui s'en va recueillir une petite succession de quatre cent mille écus
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 302
Je vous ai toujours ouï dire que les grandes successions étouffaient les sentiments de la nature : si cela est, tout doit rire dans cette maison
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans Lett. à Bussy, 28 oct. 1685
Contraint de défendre les droits de sa succession contre des prétentions illégitimes
de Esprit FLÉCHIER dans le Tellier
Les successions s'ouvrent par la mort naturelle et par la mort civile
dans Code civ. art. 718
Toute succession échue à des ascendants ou à des collatéraux se divise en deux parts, l'une pour les parents de la ligne paternelle, l'autre pour les parents de la ligne maternelle
dans ib. art. 733
On ne peut vendre la succession d'une personne vivante, même de son consentement
dans ib. art. 1600
Le mot succession a deux acceptions différentes : il signifie le plus souvent la transmission des biens d'une personne morte à une personne vivante ; quelquefois la réunion [l'ensemble] même de ces biens ; les biens sont transmis ou par la volonté de l'homme ou par le seul effet de la loi : dans le premier cas, la succession est testamentaire ou contractuelle ; dans le second, légitime ou ab intestat ; cette dernière succession se divise en régulière (succession des descendants, des ascendants et des collatéraux) et en irrégulière (enfants naturels, conjoint survivant, l'État, les hospices)
de DALLOZ dans Répertoire abrégé de législation, v° succession
Sémantique : Fig.
Elle [la mère de M. de Lamoignon] crut qu'elle ne pouvait leur laisser [à ses enfants] un bien plus solide que la succession de sa charité
de Esprit FLÉCHIER dans Lamoignon.
Il ne recueillit de ses pères qu'une succession d'innocence et de candeur
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Panég. saint Franç. de Paule.
Poudre de succession.
Lesage, la Voisin, la Vigoureux et d'autres complices encore étaient en prison, accusés d'avoir vendu des poisons qu'on appelait la poudre de succession
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Louis XIV, 26
Succession à l'empire, à la couronne, prise de possession de l'autorité souveraine par droit héréditaire.
Elle allait unir la maison de France à celle des Stuarts, qui étaient venus à la succession de la couronne d'Angleterre par une fille de Henri VII
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Reine d'Anglet.
Dans les États où il n'y a point de lois fondamentales, la succession à l'empire ne saurait être fixe
de Charles-Louis de Secondat MONTESQUIEU dans Esp. v, 14
L'ordre de succession n'était point dans l'Asie une loi reconnue comme dans les nations de l'Europe
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Moeurs, 194
3
Il se dit aussi du mode de transmission des hérédités. Succession directe. Succession collatérale. Succession sous bénéfice d'inventaire.
4
Guerre de la succession d'Espagne ou, absolument, guerre de la succession, guerre suscitée à Louis XIV par les prétentions de l'Autriche sur le trône d'Espagne.
Ce prélat [Belluga] avait rendu les plus grands services à Philippe V dans la guerre de la succession
de Charles Pinot, sieur DUCLOS dans Oeuvr. t. v, p. 421
Acte de succession, décision du parlement d'Angleterre qui exclut les catholiques du trône (1701).

HISTORIQUE

1
XIIIe s.
Il fut jugié.... qu'il venroient à le [la] succession du pere et de le [la] mere
de Philippe de BEAUMANOIR dans XVIII, 18
2
XIVe s.
Par succession de temps
de Nicolas ORESME dans Eth. 301
3
XVe s.
Je [France], qui à toy suis par succession
de Eustache DESCHAMPS dans Sur quels points doit durer ce royaume.
4
XVIe s.
Plusieurs successions de vies d'hommes les uns après les autres
de Jacques AMYOT dans Péric. 26
La succession au royaume appartenoit au filz ainé
de Jacques AMYOT dans Agésil. 1
Une nation en laquelle il n'y a.... nuls contracts, nulles successions, nuls partages....
de Michel de MONTAIGNE dans I, 236
M. Crassus et Q. Hortensius.... ayant esté pour certaines quotitez appelez par un estrangier à la succession d'un testament fauls
de Michel de MONTAIGNE dans III, 14

ÉTYMOLOGIE

1
Provenç. successio ; espagn. sucesion ; ital. successione ; du lat. successionem, de successum, supin de succedere, succéder.

Synonymes de SUCCESSION

Termes proches de SUCCESSION