Définition de SUPPORTER

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : su-por-té

DÉFINITIONS

1
Porter, en étant dessous. Un seul pilier supporte toute la voûte.
La première [pièce de bois] qui pesait 188 livres, a supporté, pendant 46 minutes, une charge de 11 475 livres
2
Sémantique : Fig. Souffrir, endurer.
Ceux qui sont échappés du naufrage disent un éternel adieu à la mer ; et, comme disait un ancien, ils n'en peuvent même supporter la vue
La faiblesse du corps de sainte Thérèse pouvait à peine supporter la joie de son âme
de Esprit FLÉCHIER dans Panég. Ste Thérèse.
[M. de Montausier] supportant lui-même avec constance toutes les fatigues et toutes les contraintes que lui imposaient... la raison et l'ordre
Supportons la vie qui n'est pas grand'chose ; ne craignons pas la mort qui n'est rien du tout
L'âme supporte des fatigues que le corps ne soutient pas
Vous ne supportez rien ; n'apprendrez-vous jamais L'art de dissimuler et de souffrir en paix Les contrariétés dont la vie est semée ?
de LACHAUSSÉE dans Mélanide, I, 2
Qui ne sait pas supporter un peu de souffrance doit s'attendre à beaucoup souffrir
Après un long exil, le bonheur doit venir ; Supportez le présent, espérez l'a venir
3
Avoir de la patience pour une personne ou une chose. Il y a de la charité à supporter les défauts de son prochain.
Je suis un homme simple, dépourvu de science et plein de faiblesse comme les autres ; c'est beaucoup si vous me supportez
On supporte si aisément dans une société les gens insupportables
Nature : Absolument.
Comment il faut supporter d'autrui
Se faire supporter, obtenir d'être supporté.
Lucile aime mieux user sa vie à se faire supporter de quelques grands, que d'être réduit à vivre familièrement avec ses égaux
de Jean de LA BRUYÈRE dans IX.
4
Ne pas trouver trop mauvais.
Il y a des situations d'esprit favorables à la lecture des ouvrages qui n'ont point d'ordre : quelquefois, par exemple, je lis Montaigne avec beaucoup de plaisir ; d'autres fois, j'avoue que je ne puis le supporter
de Etienne Bonnot de CONDILLAC dans Conn. hum. II, II, 4
5
Ne pas supporter, avec que et le subjonctif, s'irriter de ce que.
Neptune, quoique favorable aux Phéniciens, ne pouvait supporter plus longtemps que Télémaque eût échappé à la tempête qui l'avait jeté contre les rochers de l'île de Calypso
6
Sémantique : Fig. Être assez fort pour s'accommoder à.
Après cela, faut-il s'étonner si Archestrate disait que la Grèce entière n'était pas assez puissante pour supporter deux Alcibiades ?
Interrogé [Solon] s'il avait donné aux Athéniens les meilleures de toutes les lois, il répondit les meilleures qu'ils pouvaient supporter
7
Prendre le parti de, soutenir.
Nous ne sommes pas gens à la supporter dans de mauvaises actions
Celui-ci est un grand faux monnayeur et qui supporte certains corsaires
de Gédéon TALLEMANT, Sieur Des Réaux, dit TALLEMAND DES RÉAUX dans Histor. t. III, p. 430, 1re éd.
8
Résister à. Ce navire ne supporterait pas la mer.
Les hommes, les animaux et les plantes peuvent supporter pendant quelque temps la rigueur de ce froid extrême, qui est de 60 degrés au-dessous de la congélation ; pourraient-ils également supporter une chaleur qui serait de 60 degrés au-dessus ?
9
Être assujetti à.
Le gouvernement a voulu rester l'arbitre des frais de douane que les soieries et les cafés destinés pur l'État seraient obligés de supporter
10
Se supporter, Nature : v. réfl. Se souffrir patiemment les uns les autres. Les hommes doivent se supporter les uns les autres.
11
Avoir pour soi-même de l'indulgence.
Comment nous pouvons-nous supporter nous-mêmes, en croyant de si grands mystères et les déshonorant tout ensemble par un mépris si outrageux !
Cette âme, qui s'est tant aimée et tant cherchée, ne se peut plus supporter aussitôt qu'elle est seule avec elle-même

HISTORIQUE

1
XVe s.
Jaquemart d'Artevelle, qui les supportoit [soutenait] et honoroit de toutes manieres
....si doit l'un l'autre mocquer, Mais doit l'un l'autre supporter
de Eustache DESCHAMPS dans Miroir de mariage, p. 102
2
XVIe s.
.... Qui te fust consoleur Pour surporter maintenant ta douleur ?
de Clément MAROT dans IV, 31
Supporterons-nous telles insolences ?
Eux ne pouvans suporter la mer
Il y a des duels qui sont très justes, à savoir quand le roy les concede, ou pour maintenir l'honneur d'une femme de bien oppressée, ou pour supporter l'orfelin contre le meurtrier mjuste du pere
Ceulx qui favorisent et supportent mes plus grands et mortels ennemis
de Vincent CARLOIX dans VIII, 20
Lucullus pressa le plus qu'il peut le siege, se persuadant que jamais Tigranes ne supporteroit qu'elle [sa capitale] fust prise
de Jacques AMYOT dans Lucull. 48
Ce qui est grief à supporter est après doux à raconter
de Antoine LE ROUX DE LINCY dans Prov. t. II, p. 260

ÉTYMOLOGIE

1
Wallon, supoirté ; provenç. supportar, sotzportar ; espagn. suportar ; portug. soportar ; ital. sopportare ; du lat. supportare, de sub, sous, et portare, porter

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
Supporter quelque chose de quelqu'un, ne pas s'en irriter.
C'est une patience qui ne se trouve qu'en un homme de bien de supporter si longtemps que...
de François de MALHERBE dans Lexique, éd. L. Lalanne.
Nature : Absolument. Supporter de quelqu'un, être patient avec lui (cet emploi est inusité ; voyez-en un exemple de Corneille à SUPPORTER, n° 4).
Il est raisonnable de lui aider et supporter de lui
de François de MALHERBE dans Lexique.
Que veut dire qu'un homme qui vous avait tant d'obligations n'ait pu supporter de vous ?
de François de MALHERBE dans ib.

Synonymes de SUPPORTER

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