Définition de SUPPOSER

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : su-pô-zé

DÉFINITIONS

1
Poser une chose comme établie, comme admise, pour en tirer une conséquence.
L'abbé de Molières suppose une portion de matière au centre de chacun de ces globes, ce que le père Malebranche n'a pas supposé
de MAIRAN dans Éloges, Molières.
L'auteur suppose tout et ne prouve rien
Quand on suppose dans les définitions ce qu'on se propose de prouver, il n'est pas bien difficile de faire des démonstrations
de Etienne Bonnot de CONDILLAC dans Trait. des syst. 10
Supposer que, avec le subjonctif.
Supposons toutefois qu'encor fidèle et pure, Sa vertu de ce choc revienne sans blessure
Supposer que, avec l'indicatif.
Supposons que l'esprit de l'homme est comme un miroir où les images de tous les corps voisins viennent s'imprimer
Nature : Absolument.
En mathématique, on suppose ; en physique, on pose et on établit
2
Former une conjecture, présumer. Vous me supposez un crédit que je n'ai pas.
Qu'avez-vous dit, madame, et que supposez-vous Pour la faire douter du sort de son époux ?
Qui désigné-je à votre avis Par ce rat si peu secourable ? Un moine ? non, mais un dervis ; Je suppose qu'un moine est toujours charitable
Supposant tout cela vrai, était-ce là l'occasion de le dire ?
Supposez-la sensible, et tout est expliqué
de Francois LANOUE, dit Lanoue Bras de Fer dans Coq. corrig. III, 1
Lorsque je supposai tous les domestiques profondément endormis, je pris une lanterne sourde....
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Voeux témér. t. I, p. 200, dans POUGENS
Supposer de, avec l'infinitif.
Elle [l'âme] est aussi ardente que jamais dans cette recherche [de quelque chose de ferme], et suppose d'avoir les forces nécessaires pour cette conquête
de Blaise PASCAL dans Vrai bien, 3, édit. FAUGÈRE
3
Alléguer ou produire pour vrai ce qui est faux. Ses ennemis lui supposaient des projets coupables.
L'ingrat Maximin doit seul être accusé Du forfait qu'à Licine il avait supposé
de Thomas CORNEILLE dans Maxim. v, 1
Mithridate, dans la lettre qu'il écrivit à Arsace, roi des Parthes, accuse les Romains d'avoir supposé un faux testament d'Attale, pour frustrer Aristonic, fils d'Eumène, du royaume de son père
Mme Oronte : Un galant homme doit-il supposer des lettres ? - Valère : Supposer ? moi, madame ?
Il [Voltaire] prétend dans ses notes [sur la pièce du Triumvirat] que la conspiration de Cinna n'a jamais existé, que cette aventure est supposée par Sénèque, et qu'il l'inventa pour en faire un sujet de déclamation
Supposer à quelqu'un une pièce, la lui attribuer faussement (emploi vieilli).
Les ennemis qu'il avait à la cour, tramant sa ruine par le moyen de quelques lettres qu'ils lui supposèrent, donnèrent de violents soupçons à l'empereur qu'il formait une conspiration contre lui
de MÉZER. dans Hist. de Fr. av. Clovis, III, 4
Les jésuites qui, pour se donner la liberté de le déchirer [un écrit], sans paraître toutefois offenser nos personnes, disent qu'ils ne le considèrent pas comme venant de nous, mais comme une pièce qu'on nous suppose
de Blaise PASCAL dans 2e factum pour les curés de Paris
On doute justement si tous les écrits qui portent le nom d'Hippocrate sont en effet de lui ; plus justement encore quels sont ceux qu'on lui a supposés
de Paul PELLISSON dans Mém. pour les gens de lettres, II
Supposer quelque chose à quelqu'un, le lui dire mensongèrement (emploi vieilli).
Honteux qu'un homme seul eût triomphé de trois, Qu'il en eût tué deux et mis l'autre aux abois, Phorbas nous supposa ce qu'il nous en fit croire, Et parla de brigands....
Il faisait tout ce qu'il pouvait pour retarder l'exécution de cette alliance, jusques à faire intervenir même don Ignigo de Cardenas, ambassadeur d'Espagne, qui supposa à la reine que le roi son maître en désirait le retardement
de RICHELIEU dans Mém. liv. VI, 1615, dans GODEFROY, Lex. de Corn.
Supposer un enfant, vouloir le faire reconnaître pour fils ou fille de ceux dont il n'est pas né. Il [le mari de Mme de Coligny] la menace qu'on dira.. .
qu'elle a supposé son enfant
4
Il se dit d'une chose qui exige que quelque autre chose soit ou ait été.
La faveur des princes n'exclut pas le mérite, mais elle ne le suppose pas non plus
de Jean de LA BRUYÈRE dans XII
Six cent mille hommes en état de porter les armes supposent une multitude d'environ deux millions, en comptant les vieillards, les femmes et les enfants
Pierre des Vignes, tant accusé d'avoir fait le prétendu livre des trois imposteurs, ou du moins d'avoir eu des sentiments que le titre du livre suppose
Cela suppose bien de la subtilité dans le renard, bien de la stupidité dans l'outarde, et peut-être encore plus de crédulité dans l'écrivain
Tout ce raisonnement suppose que l'image qui se trace dans l'oeil à la vue d'un globe, n'est qu'un cercle plat....
de Etienne Bonnot de CONDILLAC dans Conn. hum. sect. 6
5
Sémantique : Terme de chasse, se dit du vieux cerf qui, chassé, essaye d'en substituer un autre.
L'animal chargé d'ans, vieux cerf et de dix cors, En suppose un plus jeune et l'oblige par force à présenter aux chiens une nouvelle amorce
6
Se supposer, v. réfl.
Imaginer qu'on est.... Je me supposerai dans le Lycée ayant les Platon et les Xénophon pour juges
7
Il se dit des choses qui exigent réciproquement qu'elles soient ou qu'elles aient été.
Inquiétudes d'esprit, inégalité d'humeur, inconstance de coeur, incertitude de conduite : tous vices de l'âme, mais différents, et qui, avec tout le rapport qui paraît entre eux, ne se supposent pas toujours l'un l'autre dans un même sujet
de Jean de LA BRUYÈRE dans XI

HISTORIQUE

1
XIIIe s.
Et cil font vilenie qui le piour [le pire] y glosent, Et qui pour les acteurs [auteurs] le plus sain n'y supposent
2
XIVe s.
Souposées les choses qui sont à suposer
de Henri DE MONDEVILLE dans f° 38
Or supposons li rois ait envers toi mespris, à tort t'ait assailli com fel et d'ire espris....
dans Girart de Ross. v. 2199
Il n'est nul qui elisist vivre sans amis, supposé que il eust tous les autres biens
Elettion proprement dite suppose deliberaction faite par raison et suppose liberté et prudence
de Nicolas ORESME dans ib. 63
3
XVIe s.
La femme de Philippus l'avoit pris [un enfant] d'une cousturiere natifve d'Argos, incontinent qu'il fut né, et se l'avoit supposé
de Jacques AMYOT dans P. Aem. 13
Quand se vint à la cacheter et y apposer son seau, il supposa dextrement celle qu'il avoit escrite en derriere, et la lui bailla
de Jacques AMYOT dans Lysand. 37
Ils attiltrerent un messager qui apporta des lettres fausses et supposées à Sertorius
de Jacques AMYOT dans Sertor. 39
Il avoit cherché les moyens de se faire supposer à la gloire et aux triomphes des royaumes de Pont et d'Armenie
de Jacques AMYOT dans Pomp. 47
[Les flatteurs] hommes faulx et supposez

ÉTYMOLOGIE

1
Verbe fait du lat. sub, sous, et du franç. poser, à l'imitation du lat. supponere, qu'ont les autres langues romanes : provenç. supponer ; espagn. suponer ; portug. suppor ; ital. sopporre.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
Substituer.
Elle [l'Iphigénie en Tauride] n'est fondée que sur cette feinte que Diane enleva Iphigénie du sacrifice en une nuée, et supposa une biche en la place

Synonymes de SUPPOSER

Termes proches de SUPPOSER