Définition de CURE

DÉFINITIONS - SYNONYME - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : ku-r'

DÉFINITIONS

1
Soin, souci. Ce mot ne se dit guère qu'avec le verbe avoir et sans article. Il n'a cure de rien.
L'âne, qui goûtait fort l'autre façon d'aller, Se plaint en son patois ; le meunier n'en a cure
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. III, 1
Les Biron le sucèrent [Noyer] si parfaitement qu'il est mort sur un fumier, sans que pas un d'eux en ait eu souci ni cure
de Louis de Rouvroy, duc de SAINT-SIMON dans 479, 192
Sa femme languit et meurt ; le mari n'en a cure, et c'est là, dit-on, ce qui l'a tuée
de Paul Louis COURIER dans Lett. II, 95
2
Sémantique : Terme de médecine. Traitement d'une maladie, d'une blessure, qui en produit la guérison. Il a entrepris cette cure. Cure difficile.
Il en fit prendre soin, la cure fut complète
de Pierre CORNEILLE dans Poly. I, 4
Un médecin d'importance qui fait des cures merveilleuses
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Am. médecin, III, 4
S'il fait cette cure, il ne sera pas mal à la cour
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 422
Votre prieur a fait là une belle cure
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 441
Ce qui arriva de cela [une saignée de pied], c'est que ma difficulté de respirer ne diminua point, et que, le lendemain, ayant marché mal à propos, le pied m'enfla de telle sorte que j'en fus trois semaines dans le lit ; c'est là toute la cure qu'il [Perrault le médecin] m'a jamais faite, que je prie Dieu de lui pardonner en l'autre monde
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Longin, Subl. réflex. I
Tous deux [les médecins] s'étant trouvés différents pour la cure, Leur malade paya le tribut à nature
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. V, 12
Par là, le plus difficile étant fait, il formait en lui-même le plan de la cure et le suivait avec une constance inébranlable....
de Bernard le Bouyer de FONTENELLE dans Chirac
Cette cure coûta à M. Littre quatre mois de soins les plus assidus et les plus fatigants
de Bernard le Bouyer de FONTENELLE dans Éloges, Littre.
Chaque médecin [en Égypte], si l'on en croit Hérodote, se renfermait dans la cure d'une seule espèce de maladie, les uns pour les yeux, d'autres pour les dents, et ainsi du reste
de Charles ROLLIN dans Hist. anc. Oeuvres, t. I, p. 94, dans POUGENS
Cure radicale, celle qui consiste à faire disparaître complétement une affection interne ou chirurgicale. Cure palliative, celle qui ne fait qu'enlever quelques-uns des symptômes d'une maladie et qui en laisse subsister le fond.
Cure d'eaux minérales, cure de bains de mer, saison passée aux eaux, afin d'en faire un emploi méthodique pour un but déterminé.
On dit de même : cure de petit-lait, cure de raisin, usage du petit-lait, du raisin pendant un certain temps et en grande quantité chaque jour.
3
Sémantique : Terme de fauconnerie. Peloton de chanvre, de coton ou de plume qu'on fait avaler à an oiseau de chasse pour dessécher son flegme. Les oiseaux se portent mieux quand ils ont rendu leur cure. Ce faucon tient sa cure. Armer les cures, les préparer pour les faire avaler
Se dit aussi des excréments des oiseaux de proie.
4
Revêtement des moules à laiton avec de la bouse de vache.

SYNONYME

1
1° CURE, CURATION. Il y a cette différence entre cure et curation, que le premier de ces mots indique un traitement achevé et le second un traitement proposé ou actuellement employé.
2
2° CURE, GUÉRISON., Il y a cette différence entre cure et guérison, que le premier se rapporte au médecin, et le second au malade. On fait une cure, on procure une guérison. On dit une belle cure, c'est-à-dire qui fait honneur à celui qui l'a entreprise ; et l'on dit une guérison prompte et parfaite. Enfin, cure exigeant l'intervention d'un traitement, ne se dit guère que des maux qui ont quelque durée, quelque gravité, tandis que guérison se dit de toute espèce de maux, petits ou grands.

HISTORIQUE

1
XIe s.
Ce sait hom bien, n'ai cure de menace
dans Ch. de Rol. X
Dist Oliviers : n'ai cure de parler
dans ib. X
Qui si sont fier, n'ont cure de leur vie
dans ib. CLXXXIV
2
XIIe s.
Nos bons Franzois n'ont cure de fuir
dans Ronc. p. 60
J'aim et desir ce qui de moi n'a cure
dans Couci, p. 125
3
XIIIe s.
Et Tybers et la vieille n'ont cure d'arester [de s'arrêter]
dans Berte, XVII
Com cele qui n'avoit fors de bien faire cure
dans ib. XLII
Et fist souper ses chevaliers et sa gent de haute cure et donner avoine as chevaux
dans Chr. de Rains, p. 15
De l'autre amor dirai la cure [guérison] Selonc la devine Escripture
dans la Rose, 4415
Ton cuer ne porras apaier, Ains iras encor essaier Se tu verras par aventure Ce dont tu ies en si grant cure
dans ib. 2348
4
XIVe s.
La cure des filz appartient au pere
de Nicolas ORESME dans Eth. 247
Il met sa cure et son entente à si bonnes sciences
de Nicolas ORESME dans ib. Prol.
Et qui ne les fait, il n'a cure de estre bon
de Nicolas ORESME dans ib. 41
Avoir cure et diligence de savoir particulierement les comptes des mises et receptes, c'est condicion de homme qui a vice de parvificence
de Nicolas ORESME dans ib. 113
5
XVe s.
Monseigneur Jean le Bel, qui grand cure et toute bonne diligence mit en cette matiere
de Jean FROISSART dans Prol.
Ils en trouverent si grand foison [de richesses], que garçons n'avoient cure de draps fourrés de vair
de Jean FROISSART dans I, I, 266
Si fit adonc en ce temps de celui qui puis fut le roi de France, la plus belle cure dont on pust ouïr parler
de Jean FROISSART dans II, II, 70
Et prenoit tout le soin et la cure de l'ost [Charles de Bourgogne]
de Philippe de COMMINES dans VI, 13
6
XVIe s.
Nous ne sommes point si malades les uns que les autres, ni d'une mesme maladie : et pour tant il n'est jà mestier que la cure soit pareille en tous
de Jean CALVIN dans Instit. 552
Il faut rejeter loin toutes cures [soins] estranges, par lesquelles l'entendement soit transporté çà et là
de Jean CALVIN dans ib. 675
Il se jecta en la pauvreté, pour se desfaire des indignitez et cures de la maison
de Michel de MONTAIGNE dans IV, 77
Consumer son ame de cures et d'ennuis
de Jacques AMYOT dans Comm. il faut nourrir les enfants, 37
Ceulx qui louent les hommes vertueux sans les aimer, ceux-là reverent bien leur renommée, mais ilz ne portent point d'affection à leur vertu, ny n'ont cure de l'imiter
de Jacques AMYOT dans C. d'Utiq. 15
Comme le medecin Menecrates, pour avoir esté heureux en la cure de quelques maladies desesperées, eust esté surnommé Jupiter
de Jacques AMYOT dans Agésil. 34
Il ne s'est fait cure tant grande et difficile fust-elle, où ma main et mon conseil n'ayent esté requis
de Ambroise PARÉ dans Au lecteur.
Je mets après cela la cure generale, puis la particuliere, avec les instrumens propres pour la curation de quelque maladie que ce soit
de Ambroise PARÉ dans ib.
Il est tout presché qui n'a cure de bien faire
de Randle COTGRAVE dans

ÉTYMOLOGIE

1
Wallon, keure ; provenç. espagn. et ital. cura ; du latin cura, coira, coera, que quelques étymologistes ont essayé de ramener à une forme cov, cav, radical de cavere, avoir soin, prendre garde.

Synonymes de CURE