L'oeuvre Réflexions critiques sur Longin de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX

Ecrit par Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX

Date : 1694

Citations de "Réflexions critiques sur Longin"

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Utilisé pour le motCitation
ATHLÈTELa nature a introduit l'homme dans la lice du monde comme un courageux athlète qui ne doit respirer que la gloire
ATTIQUESes railleries ne sont point froides ni recherchées, comme celles de ces faux imitateurs du style attique, mais vives et pressantes
AUDACEAristote et Théophraste, pour excuser l'audace de ces figures [de rhétorique]
AVEUGLESon esprit ne saurait jamais rien produire que des avortons aveugles et imparfaits
AVOIRAyant un empire absolu sur les esprits
AVOIRPeut-il y avoir des doutes en une question si claire ? Il y aurait de la folie à douter d'une vérité si universellement reconnue
BADINERIELes génies les plus élevés tombent quelquefois dans la badinerie
BOUCLIERSur un bouclier noir sept chefs impitoyables Épouvantent les dieux de serments effroyables
CAPRICIEUX, EUSELes langues ont chacune leur bizarrerie ; mais la française est particulièrement capricieuse sur les mots
CEDans les ouvrages de l'art c'est le travail et l'achèvement que l'on considère, au lieu que dans les ouvrages de la nature, c'est le sublime et le prodigieux
CERTAINEMENTEt certainement on ne saurait assez plaindre la perte de ces excellents originaux
CHOQUERUn remède infaillible pour empêcher que les hardiesses ne choquent, c'est de ne les employer que dans la passion
CHUTESi bien que, comme l'auditeur prévoit d'ordinaire cette chute qui doit arriver, il va au-devant de celui qui parle, et le prévient, marquant, comme en une danse, la chute avant qu'elle arrive
CIRCONLOCUTIONIl use de cette circonlocution
CONCIS, ISEDémosthène est grand en ce qu'il est serré et concis, et Cicéron au contraire en ce qu'il est diffus et étendu
CREUSETTout son mérite [de Corneille], à l'heure qu'il est, ayant été mis par le temps comme dans un creuset, se réduit à huit ou neuf pièces de théâtre qu'on admire
CROUPIREnfin, lui dit-il, c'est l'amour du luxe qui est cause de cette fainéantise où tous les esprits, excepté un petit nombre, croupissent aujourd'hui
CURECe qui arriva de cela [une saignée de pied], c'est que ma difficulté de respirer ne diminua point, et que, le lendemain, ayant marché mal à propos, le pied m'enfla de telle sorte que j'en fus trois semaines dans le lit ; c'est là toute la cure qu'il [Perrault le médecin] m'a jamais faite, que je prie Dieu de lui pardonner en l'autre monde
DÉCADENCEAprès plusieurs raisons de la décadence des esprits qu'apportait ce philosophe introduit ici par Longin
DÉCHARNÉ, ÉEIl y a des ouvrages que la nature doit produire toute seule : la contrainte des préceptes ne fait que les affaiblir et leur donner une certaine sécheresse qui les rend maigres et décharnés
DÉSERTERNous pouvons dire que c'était le reflux de son esprit qui, comme un grand océan, se retire et déserte ses rivages
DÉTOURNERPlaton est celui de tous qui a le plus imité Homère ; car il a puisé dans ce poëte comme dans une vive source dont il a détourné un nombre infini de ruisseaux
ÉCUMELe vent avec fureur dans les voiles frémit, La mer blanchit d'écume, et l'air au loin gémit
ÉLÉVATIONLa première et la plus considérable source du sublime est une certaine élévation d'esprit qui nous fait penser heureusement les choses
ÉLEVERSi, après avoir ouï un endroit [d'un ouvrage] plusieurs fois, nous ne sentons point qu'il nous élève l'âme
ENFANCELa langue française qui, bien loin d'être en son point de maturité du temps de Ronsard, comme Pasquier se l'était imaginé faussement, n'était pas même encore sortie de sa première enfance
ENFERL'enfer s'émeut au bruit de Neptune en furie ; Pluton sort de son trône, il pâlit, il s'écrie
ENFLÉ, ÉELe défaut du style enflé, c'est de vouloir aller au delà du grand
ENSEMBLEIl en est de même des discours que des corps qui doivent ordinairement leur principale excellence à l'assemblage et à la juste proportion de leurs membres ; de sorte même qu'encore qu'un membre séparé de l'autre n'ait rien en soi de remarquable, tous ensemble ne laissent pas de faire un corps parfait
ENTENDREIl est vrai que, dans un autre de ses dialogues [de Perrault], s'il vient à la preuve, et prétend montrer que le commencement de la première ode de ce grand poëte [Pindare] ne s'entend point, c'est ce qu'il prouve admirablement par la traduction qu'il en a faite
ÉPERONNotre esprit assez souvent n'a pas moins besoin de bride que d'éperon
EXORDEUn exorde doit être simple et sans affectation ; cela est aussi vrai dans la poésie que dans les discours oratoires, parce que c'est une règle fondée sur la nature, qui est la même partout
FOUDROYERAu milieu de leur plus grande violence [Pindare et Sophocle], durant qu'ils tonnent et qu'ils foudroient, pour ainsi dire, souvent leur ardeur vient mal à propos à s'éteindre, et ils tombent malheureusement
FRISSONEt pâle, sans haleine, interdite, éperdue, Un frisson me saisit, je tremble, je me meurs
FURIEL'enfer s'émeut au bruit de Neptune en furie
GRAND, ANDEIl y a cinq sources du grand, l'élévation d'esprit, le pathétique, les figures, la noblesse de l'expression, la composition et l'arrangement des paroles
GUINDEROn n'a pas été plus indulgent pour Callisthène, qui, en certains endroits de ses écrits, ne s'élève pas proprement, mais se guinde si haut qu'on le perd de vue
IGNORANCEQue serait-ce donc si j'allais lui faire voir.... ses ignorances sur Platon ?
IGNORANT, ANTEChoqué de l'ignorante audace avec laquelle il [Perrault] y décide de tout ce qu'il y a de plus révéré dans les lettres
IMPRIMERLe son des flûtes imprimant dans l'oreille le mouvement de sa cadence
LÉGISLATEUR, TRICELe législateur des Juifs, qui n'était pas un homme ordinaire, ayant fort bien conçu la grandeur et la puissance de Dieu
LUMIÈRELes beaux mots sont, à vrai dire, la lumière propre et naturelle de nos pensées
MAGNIFICENCEJe ne prétends pas dans une traduction si littérale avoir fait sentir toute la force de l'original, dont la beauté consiste principalement dans le nombre, l'arrangement et la magnificence des paroles
MANIERC'est ainsi que ces trois messieurs manient entre eux la raison humaine ; l'un faisant toujours l'objection qu'il ne doit point faire, l'autre approuvant ce qu'il ne doit point approuver, et l'autre répondant ce qu'il ne doit point répondre
MÉLODIEUSEMENTAvouons plutôt que par le moyen de cette périphrase, mélodieusement répandue dans le discours, d'une diction toute simple il a fait une espèce de concert et d'harmonie
MERVEILLEUX, EUSEIl n'est plus question, à l'heure qu'il est, de savoir si Homère, Platon, Cicéron, Virgile, sont des hommes merveilleux ; c'est une chose sans contestation, puisque vingt siècles en sont convenus : il s'agit de savoir en quoi consiste ce merveilleux
MIGNARDISEToutes ces sortes de pieds et de mesures [pyrrhiques, trochées, bons pour la danse] n'ont qu'une certaine mignardise et un petit agrément
NOBLEMENTDans un noble projet on tombe noblement
NOUVEAUTÉToutes ces affectations, si basses et si puériles, ne viennent que d'une seule cause, c'est à savoir de ce qu'on cherche la nouveauté dans les pensées, qui est la manie surtout des écrivains d'aujourd'hui
OPÉRABien que j'aie toujours entendu prononcer des opéras comme on dit des factums et des totons, je ne voudrais pas assurer qu'on le doive écrire, et je pourrais bien m'être trompé en l'écrivant de la sorte
ORDINAIREUne chose énoncée d'une façon ordinaire se fait aussi plus aisément croire
PARABOLELes paraboles et les comparaisons approchent fort des métaphores, et ne diffèrent d'elles qu'en un seul point
PARTICIPERLe pathétique participe du sublime autant que le sublime participe du beau et de l'agréable
PARTIEIl est bon en cela d'imiter la nature, qui, en formant l'homme, n'a point exposé à la vue ces parties qu'il n'est pas honnête de nommer, et par où le corps se purge, mais, pour me servir des termes de Xénophon, a caché et détourné ces égouts le plus loin qu'il lui a été possible
PATHÉTIQUELe pathétique ne fait jamais plus d'effet que lorsqu'il semble que l'orateur ne le recherche pas, mais que c'est l'occasion qui le fait naître
PÉRIPHRASEIl n'y a rien dont l'usage s'étende plus loin que la périphrase, pourvu qu'on ne la répande pas partout sans choix et sans mesure
PERSONNIFIERIl n'y a point de figure plus ordinaire dans la poésie, que de personnifier les choses inanimées, et de leur donner du sentiment, de la vie et des passions
PERSUASIONNous pouvons dire à l'égard de la persuasion, que, pour l'ordinaire, elle n'a sur nous qu'autant de puissance que nous voulons
PLURIEL, ELLEIl n'y a rien quelquefois de plus magnifique que les pluriels ; car la multitude qu'ils renferment leur donne du son et de l'emphase ; tels sont ces pluriels qui sortent de la bouche d'Oedipe dans Sophocle....
POMPEUX, EUSELa tragédie, qui est naturellement pompeuse et magnifique
PROPOSERCes grands hommes que nous nous proposons à imiter
PROPRIÉTÉIl [Balzac] a effectivement des qualités merveilleuses ; on peut dire que jamais personne n'a mieux su sa langue que lui, et mieux entendu la propriété des mots et la juste mesure des périodes
PUÉRIL, ILELe défaut du style enflé, c'est de vouloir aller au delà du grand ; il en est tout au contraire du puéril ; car il n'y a rien de si bas, de si petit, ni de si opposé à la noblesse du discours
PUÉRILITÉQu'est-ce donc que puérilité ? ce n'est visiblement autre chose qu'une pensée d'écolier qui, pour être trop recherchée, devient froide
QUALITÉUn aussi grand prélat que M. Huet, dont, en qualité de chrétien, je respecte fort la dignité, et dont, en qualité d'homme de lettres, j'honore extrêmement le mérite et le grand savoir
RAGOÛTANT, ANTEDes monceaux de viandes les plus exquises et tout ce qu'on pourrait s'imaginer de plus ragoûtant et de plus délicieux
RAILLERDe là vient qu'on s'est raillé de Gorgias pour avoir appelé Xercès le Jupiter des Perses, et les vautours des sépulcres animés
REFLUXNous pouvons dire que c'est le reflux de son esprit [d'Homère] qui, comme un grand océan, se retire et déserte ses rivages
RÉTORQUERDe sorte que tous les jours on rétorque contre lui [Balzac] ce même vers que Mainard a fait autrefois à sa louange : Il n'est point de mortel qui parle comme lui
REVOIRElles [les poésies d'Homère] furent apportées tout entières d'Ionie par Lycurgue, et données au public par Pisistrate, qui les revit
ROMPU, UEIl n'y a rien qui rabaisse davantage le sublime que ces nombres rompus, et qui se prononcent vite, tels que sont les pyrrhiques, les trochées et les dichorées qui ne sont bons que pour la danse
SAVOIRM. Dacier n'étant pas seulement un homme de grande érudition et d'une critique très fine, mais d'une politesse d'autant plus estimable qu'elle accompagne rarement un grand savoir
SÉCHERESSELa contrainte des préceptes ne fait qu'affaiblir les ouvrages, et leur donner une certaine sécheresse qui les rend maigres et décharnés
SERVANTEOn dit que Malherbe consultait sur ses vers jusqu'à l'oreille de sa servante ; et je me souviens que Molière m'a montré aussi plusieurs fois une vieille servante qu'il avait chez lui, à qui il lisait, disait-il, quelquefois ses comédies, et il m'assurait que, lorsque des endroits de plaisanterie ne l'avaient point frappée, il les corrigeait, parce qu'il avait plusieurs fois éprouvé sur son théâtre que ces endroits n'y réussissaient pas
SERVILEIl n'est pas possible qu'un homme qui n'a toute sa vie que des sentiments et des inclinations basses et serviles puisse jamais rien produire qui soit merveilleux ni digne de la postérité
SEUL, EULEY a-t-il un homme de bon sens qui daignât comparer tous les ouvrages d'Ion ensemble au seul Oedipe de Sophocle ?
SIGNIFIEREn parlant d'un homme qui, pour s'agrandir, souffre sans peine, et même avec plaisir, des indignités, ces termes, boire des affronts, me semblent signifier beaucoup
SIMPLEMENTLongin ne fut pas simplement un critique habile : ce fut un ministre d'État considérable
SUBLIMEIl n'y a personne qui ne sente la grandeur héroïque qui est renfermée dans ce mot, qu'il mourût, qui est d'autant plus sublime qu'il est simple et naturel
SUBLIMELe sublime se peut trouver dans une seule pensée, dans une seule figure, dans un seul tour de paroles
SUBLIMITÉPrévenu comme vous l'êtes que le style simple n'est point susceptible de sublime, vous croyez qu'il ne peut y avoir là de vraie sublimité
SUBTILITÉUne cause qui ne saurait se soutenir que par des équivoques et par de fausses subtilités
TOMBERIsocrate, dans son Panégyrique, par une sotte ambition de ne vouloir rien dire qu'avec emphase, est tombé, je ne sais comment, dans une faute de petit écolier
TOTONBien que j'aie toujours entendu prononcer des opéras comme on dit des factums et des totons, je ne voudrais pas assurer qu'on le doive écrire, et je pourrais bien m'être trompé en l'écrivant de la sorte
TRANSITIONPar cette transition imprévue il prévient le lecteur, et la transition est faite avant que le poëte même ait songé qu'il la faisait
UN, UNELa postérité jugera qui vaut le mieux des deux [Corneille et Racine] ; car je suis persuadé que les écrits de l'un et de l'autre passeront aux siècles suivants ; mais jusque-là ni l'un ni l'autre ne doit être mis en parallèle avec Euripide et avec Sophocle, puisque leurs ouvrages n'ont point encore le sceau qu'ont les ouvrages d'Euripide et de Sophocle, je veux dire l'approbation de plusieurs siècles
UNIFORMECe jugement et cette approbation uniforme de tant d'esprits, si discordants d'ailleurs....
VALEURConcluons qu'il n'y a qu'une longue suite d'années qui puisse établir la valeur et le vrai mérite d'un ouvrage
VÉHÉMENCEOn peut comparer le premier [Démosthène] à cause de la violence, de sa rapidité, de la force et de la véhémence avec laquelle il ravage pour ainsi dire et emporte tout, à une tempête et à un foudre
VEINEJe sens de veine en veine une subtile flamme Courir par tout mon corps, sitôt que je te vois
VENTCet auteur n'a que du vent et de l'écorce
VENTRETout le monde sait que le ventre de certains animaux, chez les anciens, était un de leurs plus délicieux mets ; que le sumen, c'est-à-dire le ventre de la truie, parmi les Romains, était vanté par excellence, et défendu même par une ancienne loi censorienne comme trop voluptueux
VOIRIl [Pluton] a peur que ce dieu [Neptune].... D'un coup de son trident ne.... Et par le centre ouvert de la terre ébranlée Ne fasse voir du Styx la rive désolée
VOLUBILITÉIl [Homère dans l'Odyssée] n'a plus cette même force, et, s'il faut ainsi parler, cette même volubilité de discours
ZOÏLEOn prétend que ce fut l'envie qui l'engagea à écrire contre Homère, et que c'est ce qui a fait que tous les envieux ont depuis été appelés du nom de Zoïles

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