L'oeuvre Pensées de Blaise PASCAL

Ecrit par Blaise PASCAL

Date : 1669

Citations de "Pensées"

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ÀIl n'est rien de cela aux exemples des payens ; nous n'avons pas de liaison à eux
ÀIls triomphent à montrer là-dessus la folie du monde
ÀEst-ce donc une chose à dire gaiement ? et n'est-ce pas une chose à dire, au contraire, tristement, comme la chose du monde la plus triste ?
ABSOLUTIONLes anciens ont donné l'absolution avant la pénitence
ABSTRAIT, AITEIls [les grands hommes] ne sont pas suspendus en l'air, tout abstraits de notre société
ABSTRAITEMENTAimerait-on la substance de l'âme d'une personne abstraitement ?
ABUSC'est une assez faible consolation que celle des appels comme d'abus
ACCOMMODÉ, ÉEUne religion accommodée est propre à durer
ACCOMPAGNEMENTQuand il est seul et sans ces accompagnements
ACCOMPLI, IEIl faut auparavant que je donne l'idée d'une méthode encore plus éminente et plus accomplie
ACCORDERJe ne sais s'il y a moyen pour donner des règles fermes, pour accorder les discours à l'inconstance de nos caprices
ACCORDERAu cas qu'on ait accordé les principes, et qu'on demeure ferme à les avouer
ADVERSEQuand on n'a ouï qu'une partie, on est toujours de ce côté-là ; mais l'adverse fait changer
AFFECTIONPour des choses où il a plus d'affection
AGRÉERL'art de persuader consiste autant en celui d'agréer qu'en celui de convaincre, tant les hommes se gouvernent plus par caprice que par raison
AIDANT, ANTEDonc toutes choses étant causées et causantes, aidées et aidantes, médiatement et immédiatement, et s'entretenant par un lien naturel et insensible qui lie les plus éloignées et les plus différentes
AIMEROn aime à voir dans les disputes le combat des opinions ; mais de contempler la vérité trouvée, point du tout
AINSILe fini s'anéantit en présence de l'infini, et devient un pur néant ; ainsi notre esprit devant Dieu ; ainsi notre justice devant la justice de Dieu
AISÉ, ÉELes conditions les plus aisées à vivre selon le monde sont les plus difficiles à vivre selon Dieu
ALLEROn peut avoir le sens droit, et ne pas aller également à toutes choses
AMBIGU, UËIl se tenait dans un état ambigu entre les poissons et les oiseaux
AMOINDRIRLes lunettes qui amoindrissent
AMOURDepuis, le péché étant arrivé, l'homme a perdu le premier de ses amours [l'amour pour Dieu] ; et l'amour pour soi-même étant resté seul dans cette grande âme capable d'un amour infini, cet amour-propre s'est étendu et débordé dans le vide que l'amour de Dieu a laissé ; et ainsi il s'est aimé tout seul, et toutes choses pour soi, c'est-à-dire infiniment : voilà l'origine de l'amour-propre
ANCRÉ, ÉELa vanité est si ancrée dans le coeur de l'homme qu'un goujat, un marmiton, un crocheteur se vante, et veut avoir ses admirateurs
ANTECHRISTIls serviront à la continuation de l'Église jusqu'à l'Antechrist
ANTICIPERNous ne tenons jamais au présent ; nous anticipons l'avenir comme trop lent, et comme pour le hâter ; ou nous rappelons le passé, pour l'arrêter comme trop prompt
ANTITHÈSECeux qui font les antithèses en forçant les mots
APÉRITIF, IVEVertu apéritive d'une clef
APPORTERLes exemples des morts généreuses des Lacédémoniens et autres ne nous touchent guère ; car qu'est-ce que tout cela nous apporte ?
APPORTERPour éviter la confusion que la multitude des paroles apporte
APRÈSLes raisons me viennent après ; mais d'abord la chose m'agrée
ARSENALOn dit que c'est l'arsenal de l'enfer
ATTENTELes deux testaments regardent Jésus-Christ : l'ancien comme son attente, le nouveau comme son modèle, tous deux comme leur centre
ATTRACTIF, IVEVertu apéritive d'une clef ; attractive, d'un croc
AUCUN, UNEAucuns tourments n'ont pu empêcher les martyrs de la confesser [la religion]
AUSSIIl ne faut pas que l'homme ne voie rien du tout ; il ne faut pas aussi qu'il en voie assez pour croire qu'il possède la vérité
AUSSIJe ne demande pas d'avoir une plénitude de consolation sans aucune souffrance, c'est la vie de gloire ; je ne demande pas aussi d'être dans une plénitude de maux sans consolation ; car c'est un état de judaïsme
AUTANTAutant que votre procédé est juste selon ce biais, autant il est injuste....
AVENIRDe sorte qu'on est toujours en état de vivre à l'avenir, et jamais de vivre maintenant
BALLETQue le plaisir ne soit autre chose que le ballet des esprits
BATAILLEIl [Archimède] n'a pas donné des batailles, mais il a laissé à tout l'univers des inventions admirables
BÊTISEIl y a tant de disproportion entre le mérite et la bêtise
BOITEUX, EUSEOn s'offense d'un esprit boiteux
BOUTLes nombres sont bout à bout à la suite l'un de l'autre
BRAVEÊtre brave est montrer sa force
BROCATELLEUn homme vêtu de brocatelle et suivi de sept ou huit laquais
CABALEJe ferai une cabale plus forte de gens qui diront que cela n'est pas beau
CANTONQue l'homme étant revenu à soi considère ce qu'il est au prix de ce qui est ; qu'il se regarde comme égaré dans ce canton détourné de la nature
CAPABLECeux qui, ne comprenant pas d'abord cette double infinité, sont capables d'en être persuadés
CASJe ne donnerai ici que les règles de la première méthode, et encore au cas qu'on ait accordé les principes
CAUSED'où vient qu'un boiteux ne nous irrite point et qu'un esprit boiteux nous irrite ? C'est à cause qu'un boiteux reconnaît que nous allons droit, et qu'un esprit boiteux dit que c'est nous qui boitons, sans cela nous en aurions plus de pitié que de colère
CHAPELLEIls auront le crédit de faire bâtir une chapelle
CHEFLe corps n'est non plus vivant sans le chef que le chef sans le corps
CHIQUENAUDEJe ne puis pardonner à Descartes : il aurait bien voulu, dans toute sa philosophie, pouvoir se passer de Dieu ; mais il n'a pu s'empêcher de lui faire donner une chiquenaude pour mettre le monde en mouvement
CHOPPERSi l'infinité en petitesse est bien moins visible, les philosophes ont bien plus tôt prétendu y arriver ; et c'est là où tous ont choppé
CHRÉTIENTÉCromwel allait ravager toute la chrétienté
CLAMEURLes bons papes trouveront l'Église en clameurs
COMMUN, UNELes gens du commun ne trouvent pas de différence entre les hommes
COMPLAISANT, ANTEIl vaut mieux ne pas jeûner et en être humilié que jeûner et en être complaisant
CONNU, UECeux [les principes] de l'esprit sont des vérités naturelles et connues à tout le monde
CONSIDÉRABLECe peuple n'est pas seulement considérable par son antiquité, mais il est encore singulier en sa durée, qui a toujours continué depuis son origine jusqu'à maintenant
CONSOMMERTous les hommes passeront et seront consommés par le temps
CONTEMPLERIl tremblera dans la vue de ces merveilles, et je crois que, sa curiosité se changeant en admiration, il sera plus disposé à les contempler en silence qu'à les rechercher avec présomption
CONTINENT, ENTEL'exemple de la chasteté d'Alexandre n'a pas tant fait de continents que....
CONTRARIÉTÉLes sources des contrariétés de l'Écriture sont un Dieu humilié jusqu'à la mort de la croix, un messie triomphant de la mort par sa mort, deux natures en Jésus-Christ, deux avénements, deux états de la nature de l'homme
CONTRE-PESERL'orgueil contre-pèse toutes nos misères ; car, ou il les cache, ou, s'il les découvre, il se glorifie de les connaître
CONTRÔLERCette superbe puissance, ennemie de la raison, qui se plaît à la contrôler et à la dominer
CONVENIRIl a été libre de nommer ces deux choses de même ; mais il ne le sera pas de les faire convenir de nature aussi bien que de nom
CONVERSIONLa conversion véritable consiste à s'anéantir devant cet être souverain qu'on a irrité tant de fois et qui peut nous perdre légitimement à toute heure
CORRECTIONÔtons l'impiété, et la joie sera sans mélange ; ne nous en prenons donc pas à la dévotion, mais à nous-mêmes, et n'y cherchons du soulagement que par notre correction
CÔTÉPourquoi me tuez-vous ? Eh quoi ! ne demeurez-vous pas de l'autre côté de l'eau ? Mon ami, si vous demeuriez de ce côté, je serais un assassin, cela serait injuste de vous tuer de la sorte ; mais, puisque vous demeurez de l'autre côté, je suis un brave et cela est juste
CÔTÉQuand la malignité a la raison de son côté
COUPMille fois la religion a été à la veille d'une destruction universelle ; et, toutes les fois qu'elle a été dans cet état, Dieu l'a relevée par des coups extraordinaires de sa puissance
CRAINTELa bonne crainte vient de la foi : la fausse crainte vient du doute
CRAQUERNous brûlons du désir de trouver une assiette ferme et une dernière base constante, pour y édifier une tour qui s'élève à l'infini ; mais tout notre fondement craque et la terre s'ouvre jusqu'aux abîmes
CREUX, CREUSEAu lieu d'un bien solide et effectif, ils n'ont embrassé que l'image creuse d'une vertu fantastique
CROIREIncrédules les plus crédules, ils croient les miracles de Vespasien pour ne pas croire ceux de Moïse
CROIREL'homme est ainsi fait qu'à force de lui dire qu'il est un sot, il le croit ; et, à force de se le dire à soi-même, on se le fait croire
CROIREIl n'aime plus cette personne, je crois bien, elle n'est plus la même
CROIREL'esprit croit naturellement, et la volonté aime naturellement, de sorte que, faute de vrais objets, il faut qu'ils s'attachent aux faux
CROIREIl y a trois moyens de croire : la raison, la coutume, l'inspiration
CROIREIl est dit : croyez à l'Église ; mais il n'est pas dit : croyez aux miracles, à cause que le dernier est naturel et non pas le premier ; l'un avait besoin de précepte, non pas l'autre
CROIREIl n'y a que deux sortes d'hommes : les uns justes qui se croient pécheurs, les autres pécheurs qui se croient justes
CROIXIl y a un chaos infini qui nous sépare ; il se joue un jeu à cette distance infinie où il arrivera croix ou pile ; que gagnerez-vous ? Par raison, vous ne pouvez affirmer ni l'un ni l'autre ; par raison, vous ne pouvez nier aucun des deux
CURIOSITÉLa curiosité n'est que vanité ; le plus souvent on ne veut savoir que pour en parler
DANGEREUSEMENTTous [les hérétiques] errent d'autant plus dangereusement qu'ils suivent chacun une vérité ; leur faute n'est pas de suivre une fausseté, mais de ne pas suivre une autre vérité
DANGEREUX, EUSEIl est dangereux de trop faire voir à l'homme combien il est égal aux bêtes sans lui montrer sa grandeur ; il est encore dangereux de lui faire trop voir sa grandeur sans sa bassesse ; il est encore plus dangereux de lui laisser ignorer l'un et l'autre
DEIls ont exclu l'unité de la signification du mot de nombre
DECeux [les principes] de la volonté sont de certains désirs naturels et communs à tous les hommes, comme le désir d'être heureux
DERien, suivant la raison, n'est juste de soi
DELaissant tout ce qui est de vrai, et chassant tout qu'il y a de faux
DÉBORDÉ, ÉEVous retenez dans l'Église les plus débordés
DEDANSCeux qui ont la foi vive dedans le coeur voient....
DÉGOÛTÉ, ÉED'autres fois je fais l'indifférent et le dégoûté dans la bonne fortune
DÉISMELe déisme, presque aussi éloigné de la religion chrétienne que l'athéisme, qui y est tout à fait contraire
DÉLASSERCar qui délasse hors de propos, il lasse
DÉLICAT, ATEQu'il s'étonne de ce que ce vaste tour [décrit par le soleil] n'est lui-même qu'un point très délicat à l'égard de celui que les astres qui roulent dans le firmament embrassent
DEMEURERUn homme qui a assez de bien pour vivre, s'il savait demeurer chez soi, n'en sortirait pas pour aller sur la mer ou au siége d'une place
DEMEURERS'ils [les anciens] fussent demeurés dans cette retenue de n'oser rien ajouter aux connaissances qu'ils avaient reçues....
DEMI, IELes demi-habiles les méprisent
DÉRÉGLEMENTCeux qui sont dans le déréglement disent à ceux qui sont dans l'ordre....
DERRIÈREIl faut avoir une pensée de derrière et juger de tout par là
DÉSIGNERQui pourra le définir [le temps] ? et pourquoi l'entreprendre, puisque tous les hommes conçoivent ce qu'on veut dire en parlant du temps sans qu'on le désigne davantage ?
DESSOUSN'y a-t-il point moyen de voir le dessous du jeu ?
DESSOUSNous avons toujours du dessus et du dessous, de plus habiles et de moins habiles, de plus élevés et de plus misérables, pour abaisser notre orgueil et relever notre abjection
DESSUSQuel déréglement de jugement, par lequel il n'y a personne qui ne se mette au-dessus de tout le reste du monde et qui n'aime mieux son propre bien et la durée de son bonheur et de sa vie, que celle de tout le reste du monde
DÉTOURNÉ, ÉEQu'il [l'homme] e regarde comme égaré dans ce canton détourné de la nature, et que, de ce petit cachot où il se trouve logé, j'entends l'univers, il apprenne à estimer la terre, les royaumes, les villes et soi-même à son juste prix
DEVOIROn rend différents devoirs aux différents mérites
DIGNEIl est faux que nous soyons dignes que les autres nous aiment ; il est injuste que nous le voulions
DIGNITÉToute la dignité de l'homme est en la pensée ; mais qu'est-ce que cette pensée ? qu'elle est sotte !
DISCERNERS'ils disent que la grâce de Jésus-Christ nous discerne
DISCERNERLes miracles discernent la doctrine, et la doctrine discerne les miracles
DISCERNERDiscerner la vérité d'avec le faux
DISEUR, EUSEDiseur de bons mots, mauvais caractère
DISPOSERNous ne pensons presque point au présent ; et, si nous y pensons, ce n'est que pour en prendre des lumières pour disposer l'avenir
DISPUTELa justice est sujette à disputes ; la force est très reconnaissable et sans dispute
DISTINGUERQue l'on a bien fait de distinguer les hommes par l'extérieur plutôt que par les qualités intérieures ! qui passera de nous deux ? qui cédera la place à l'autre ? ... il a quatre laquais, je n'en ai qu'un, cela est visible, il n'y a qu'à compter, c'est à moi de céder
DIVERTI, IESi l'homme était heureux, il le serait d'autant plus qu'il serait moins diverti, comme les saints et Dieu
DIVERTISSEMENTIl ne manque jamais d'y avoir auprès des personnes des rois un grand nombre de gens qui veillent à faire succéder le divertissement à leurs affaires, et qui observent tout le temps de leur loisir pour leur fournir des plaisirs et des jeux
DOUTEURQue je hais ceux qui font les douteurs de miracles ! Montaigne en parle comme il faut dans les deux endroits (d'autres éditions ont douteux, qui est peut-être une ancienne prononciation de douteur)
ÉCACHERLa justice et la vérité sont deux pointes si subtiles, que nos instruments sont trop émoussés pour y toucher exactement ; s'ils y arrivent, ils en écachent la pointe, et appuient tout autour, plus sur le faux que sur le vrai
ÉCHECSi vous voulez qu'il puisse trouver la vérité, chassez cet animal [une mouche bourdonnante], qui tient sa raison en échec et trouble cette puissante intelligence qui gouverne les villes et les royaumes
ÉCOULER (S')C'est une chose horrible de sentir s'écouler tout ce qu'on possède
ÉCOUTANT, ANTEIls disputent avec hardiesse et confiance.... et cette gaieté de visage leur donne souvent l'avantage dans l'opinion des écoutants
ÉCRASEMENTL'écrasement d'un charbon emporte la raison hors des gonds
EFFRAYERQui se considérera de la sorte s'effrayera de soi-même, et, se considérant soutenu, dans la masse que la nature lui a donnée, entre ces deux abîmes de l'infini et du néant, il tremblera dans la vue de ces merveilles
ÉGORGERJe ne crois que les histoires dont les témoins se feraient égorger
ÉLOQUENCEL'éloquence est un art de dire les choses de telle façon, 1° que ceux à qui l'on parle puissent les entendre sans peine et avec plaisir ; 2° qu'ils s'y sentent intéressés, en sorte que l'amour-propre les porte plus volontiers à y faire réflexion ; elle consiste donc dans une correspondance qu'on tâche d'établir entre l'esprit et le coeur de ceux à qui l'on parle d'un côté, et de l'autre les pensées et les expressions dont on se sert
ÉMINENT, ENTEMais il faut auparavant que je donne l'idée d'une méthode plus éminente et plus accomplie
EMMAILLOTTERNos magistrats ont bien connu le mystère, [le respect qu'inspire l'habit] ; leurs robes rouges, leurs hermines dont ils s'emmaillottent en chats fourrés....
ENCEINTEJe veux lui faire voir là dedans [dans un ciron] un abîme nouveau, je lui veux peindre non-seulement l'univers visible, mais l'immensité qu'on peut concevoir de la nature, dans l'enceinte de ce raccourci d'atome
ENCHAÎNEMENTLes parties du monde ont toutes un tel rapport et un tel enchaînement l'une avec l'autre, que je crois impossible l'une sans l'autre et sans le tout
ENCOREPense-t-il [l'esprit fort] nous avoir réjouis, de nous dire qu'il doute si notre âme est autre chose qu'un peu de vent et de fumée, et encore de nous le dire d'un ton de voix fier et content ?
ENFERQui a le plus de sujet de craindre l'enfer, ou celui qui est dans l'ignorance s'il y a un enfer, et dans la certitude de damnation, s'il y en a ; ou celui qui est dans une persuasion certaine qu'il y a un enfer et dans l'espérance d'être sauvé, s'il est ?
ENFERMERJe ne parle point du premier [objet] ; je traite particulièrement du second, et il enferme le troisième
ENLUMINURELes enluminures m'ont fait tort
ENNEMI, IELes qualités excessives nous sont ennemies et non pas sensibles ; nous ne les sentons pas, nous les souffrons
ENNUIQuand on se verrait même assez à l'abri de toutes parts [des misères], l'ennui, de son autorité privée, ne laisserait pas de sortir du coeur où il a des racines naturelles, et de remplir l'esprit de son venin
ENSEIGNEOn ne passe point dans le monde pour se connaître en vers, si l'on n'a mis l'enseigne de poëte, ni pour être habile en mathématiques, si l'on n'a mis celle de mathématicien ; mais les vrais honnêtes gens ne veulent point d'enseigne
ENSUITEC'est une série d'hommes, durant quatre mille ans, qui, constamment et sans variation, viennent l'un ensuite de l'autre prédire ce même avénement
ENTÉRINÉ, ÉEEncore que le roi ait donné grâce à un homme, si faut-il qu'elle soit entérinée
ENTÉRINERSi le parlement entérine sans le roi, ou s'il refuse d'entériner sur l'ordre du roi, ce n'est plus le parlement du roi, mais un corps révolté
ENTREL'union qui est entre les hommes n'est fondée que sur cette mutuelle tromperie, et peu d'amitiés subsisteraient, si chacun savait ce que son ami dit de lui lorsqu'il n'y est pas
ENTRE-DEUXOn ne montre pas sa grandeur pour être à une extrémité, mais bien en touchant les deux à la fois, et remplissant tout l'entre-deux
ENTRE-FLATTER (S')La vie humaine n'est qu'une illusion perpétuelle ; on ne fait que s'entre-tromper et s'entre-flatter
ENTREPRENDREOn entreprenait méchamment l'Écriture sur le grand nombre des étoiles
ENTRERLes saints disent qu'on n'entre dans la vérité que par la charité, dont ils ont fait une de leurs plus utiles sentences
ENTRETENIRDonc toutes les choses, étant causées et causantes, aidées et aidantes, médiatement et immédiatement, s'entretiennent par un lien naturel et insensible
ENTRE-TROMPER (S')On ne fait que s'entre-tromper
ENVIRONNÉ, ÉEDieu fit des promesses à Abraham qui était tout environné d'idolâtres, et il lui fit connaître le mystère du Messie qu'il devait envoyer
ENVISAGERIl faut observer par quel côté il envisage la chose
ÉQUITABLEIl n'est pas permis au plus équitable homme du monde d'être juge en sa cause
ESCOBARTIN, INERidicule de dire qu'une récompense éternelle est offerte à des moeurs escobartines
ESPACELe silence éternel de ces espaces infinis m'effraie
ESPRITQui ne croirait, à nous voir composer toutes choses d'esprit et de corps, que ce mélange nous serait compréhensible ?
ESPRITLe coeur a son ordre ; l'esprit a le sien qui est par principes et démonstrations ; le coeur en a un autre
ESPRITIl y a deux sortes d'esprits : l'une de pénétrer vivement et profondément les conséquences des principes, et c'est là l'esprit de justesse ; l'autre, de comprendre un grand nombre de principes sans les confondre, et c'est là l'esprit de géométrie ; l'un est force et droiture d'esprit, l'autre est amplitude d'esprit
ESPRITTout l'éclat des grandeurs n'a point de lustre pour les gens qui sont dans les recherches de l'esprit ; la grandeur des gens d'esprit est invisible aux rois, aux riches, aux capitaines, à tous ces grands de chair
ESPRITÀ mesure qu'on a plus d'esprit, on trouve qu'il y a plus d'hommes originaux ; les gens du commun ne trouvent pas de différence entre les hommes
ESSAYERC'est le plus grand sujet de félicité de la condition des rois, de ce qu'on essaye sans cesse à les divertir par toutes sortes de plaisirs
ESSENTIEL, ELLEChaque chose est vraie en partie et fausse en partie ; la vérité essentielle est toute pure et toute vraie
ESTIMENous avons une si grande idée de l'âme de l'homme que nous ne pouvons souffrir d'en être méprisés, et de n'être pas dans l'estime d'une âme ; et toute la félicité des hommes consiste dans cette estime
ÉTENDU, UEL'esprit pouvant être fort et étroit, et pouvant être aussi étendu et faible
ÉTENDU, UENous connaissons l'existence de la nature du fini, parce que nous sommes finis et étendus comme lui
ÉTERNITÉJe vois ces effroyables espaces de l'univers qui m'enferment, et je me trouve attaché à un coin de cette vaste étendue, sans que je sache pourquoi je suis plutôt placé en ce lieu qu'en un autre, ni pourquoi ce peu de temps qui m'est donné à vivre m'est assigné à ce point plutôt qu'à un autre de toute l'éternité qui m'a précédé et de toute celle qui me suit
ÉTERNITÉL'horrible nécessité d'être éternellement ou anéantis ou malheureux, sans qu'ils sachent laquelle de ces deux éternités leur est à jamais préparée
ÉTRANGER, ÈRECette voie est basse, indigne et étrangère
ÊTREQue l'homme, étant revenu à soi, considère ce qu'il est au prix de ce qui est
ÊTREJe sens que je peux n'avoir point été ; car le moi consiste dans ma pensée ; donc moi qui pense n'aurais point été, si ma mère eût été tuée avant que j'eusse été animé ; donc je ne suis pas un être nécessaire ; je ne suis pas aussi éternel, ni infini ; mais je vois bien qu'il y a dans la nature un être nécessaire, éternel et infini
ÊTREC'est donc la pensée qui fait l'être de l'homme, et sans quoi on ne peut le concevoir
ÊTRENous ne nous contentons pas de la vie que nous avons en nous et en notre propre être : nous voulons vivre dans l'idée des autres d'une vie imaginaire, et nous nous efforçons pour cela de paraître ; nous travaillons incessamment à embellir et à conserver cet être imaginaire, et nous négligeons le véritable
ÉTRIVIÈREIl me fera donner les étrivières si je ne le salue
ÉVANGÉLISTEQui a appris aux évangélistes les qualités d'une âme véritablement héroïque, pour la peindre si parfaitement en Jésus-Christ ?
EXAMINATEUR, TRICECes curieux examinateurs des coutumes reçues
EXCEPTERIls [les Pyrrhoniens] ne sont pas pour eux-mêmes, ils sont neutres, indifférents, suspendus à tout, sans s'excepter
EXCLUSIOND'ordinaire il arrive que, ne pouvant concevoir le rapport de deux vérités opposées, et croyant que l'aveu de l'une enferme l'exclusion de l'autre, ils [les hérétiques] s'attachent à l'une, ils excluent l'autre
EXPLIQUERQuelle nécessité y a-t-il, par exemple, d'expliquer ce qu'on entend par le mot homme ? ne sait-on pas assez quelle est la chose qu'on veut désigner par ce terme ?
EXTRAVAGUERJe mets en fait qu'il n'y a jamais eu de pyrrhonien effectif parfait ; la nature soutient la raison impuissante, et l'empêche d'extravaguer jusqu'à ce point
EXTRÊMENos sens n'aperçoivent rien d'extrême
EXTRÊMEQuand on veut poursuivre les vertus jusqu'aux extrêmes
FÂCHERIELes grands et les petits ont mêmes accidents, mêmes fâcheries et mêmes passions
FAITJe mets en fait que, si tous les hommes savaient ce qu'ils disent les uns des autres, il n'y aurait pas quatre amis dans le monde
FANTASTIQUEL'imagination grossit les petits objets jusqu'à en remplir notre âme par une estimation fantastique ; et par une insolence téméraire elle amoindrit les grands jusqu'à sa mesure, comme en parlant de Dieu
FENÊTRECeux qui font les antithèses en forçant les mots sont comme ceux qui font de fausses fenêtres pour la symétrie
FERMEJe ne sais s'il y a moyen de donner des règles fermes pour accorder les discours à l'inconstance de nos caprices
FIÉVREUX, EUSECe sont des mouvements fiévreux [les actes des stoïciens], que la santé ne peut imiter
FIN, FINELes uns comprennent bien les effets de l'eau ; en quoi il y a peu de principes, mais dont les conséquences sont si fines qu'il n'y a qu'une grande pénétration qui puisse y aller
FINI, IEDans la vue de ces infinis, tous les finis sont égaux
FIRMAMENTUne infinité d'univers dont chacun a son firmament
FOISONJe vois des foisons de religions en plusieurs endroits et dans tous les temps
FOLIECette religion si grande en miracles, si grande en science, après avoir étalé tous ses miracles et toute sa sagesse, elle réprouve tout cela, et dit qu'elle n'a ni sagesse ni signes, mais la croix et la folie
FOURBEImagination, c'est cette partie décevante dans l'homme, cette maîtresse d'erreur et de fausseté, et d'autant plus fourbe qu'elle ne l'est pas toujours
FOURNIRSi notre vue s'arrête là [à l'univers visible], que l'imagination passe outre, elle se lassera plutôt de concevoir que la nature de fournir
FRAIS, FRAÎCHELa mémoire du déluge étant encore si fraîche parmi les hommes, lorsque Noé vivait encore
FUMÉEPrétendent-ils nous avoir bien réjouis, de nous dire qu'ils tiennent que notre âme n'est qu'un peu de vent et de fumée ?
GAGERQuand il y aurait une infinité de hasards, dont un seul serait pour vous, vous auriez encore raison de gager un pour avoir deux
GAMMEEn sachant la passion dominante de chacun, on est sûr de lui plaire ; et néanmoins chacun a ses fantaisies contraires à son propre bien, dans l'idée même qu'il a du bien ; et c'est une bizarrerie qui met hors de gamme
GARDEIl faut prendre garde à ne pas se tromper
GÉOMÈTRECe qui fait que de certains esprits fins ne sont pas géomètres, c'est qu'ils ne peuvent du tout se tourner vers les principes de géométrie ; mais ce qui fait que des géomètres ne sont pas fins, c'est qu'ils ne voient que ce qui est devant eux, et qu'étant accoutumés aux principes nets et grossiers de géométrie et à ne raisonner qu'après avoir bien vu et manié leurs principes, ils se perdent dans les choses de finesse où les principes ne se laissent pas ainsi manier
GÉOMÉTRIQUEMENTIl est rare que les géomètres soient fins, et que les fins soient géo mètres, à cause que les géomètres veulent traiter géométriquement les choses fines
GLISSERQuelque terme où nous pensions nous attacher et nous affermir, il branle et nous quitte ; et, si nous le suivons, il échappe à nos prises, nous glisse et fuit d'une fuite éternelle
GLOBULEQuand on dit que le chaud n'est que le mouvement de quelques globules
GOUJATLa vanité est si ancrée dans le coeur de l'homme, qu'un soldat, un goujat, un cuisinier, un crocheteur se vante et veut avoir ses admirateurs ; et les philosophes mêmes en veulent
GOUVERNEROn ne choisit pas pour gouverner un vaisseau celui des voyageurs qui est de meilleure maison
GRÂCELa conduite de Dieu, qui dispose toutes choses avec douceur, est de mettre la religion dans l'esprit par les raisons, et dans le coeur par la grâce
GRAINCromwell allait ravager toute la chrétienté.... sans un petit grain de sable qui se mit dans son uretère
GRANDEURLa grandeur de l'homme est grande, en ce qu'il se connaît misérable ; un arbre ne se connaît pas misérable ; c'est donc être misérable que de se connaître misérable ; mais c'est être grand que de connaître qu'on est misérable ; toutes ces misères-là mêmes prouvent sa grandeur
GRAVERQuand on est instruit, on comprend que, la nature ayant gravé son image et celle de son auteur dans toutes choses, elles tiennent presque toutes de sa double infinité
GRAVIERCe petit gravier s'étant mis là [dans les voies urinaires], il [Cromwell] est mort
GRAVITÉLe [un grave magistrat] voilà prêt à l'ouïr avec un respect exemplaire ; que le prédicateur vienne à paraître : si la nature lui a donné une voix enrouée et un tour de visage bizarre, que son barbier l'ait mal rasé.... je parie la perte de la gravité de notre sénateur
GROS, OSSEEn l'un [l'esprit de géométrie], les principes sont palpables, mais éloignés de l'usage commun, de sorte qu'on a peine de tourner la tête de ce côté-là, manque d'habitude ; mais, pour peu qu'on s'y tourne, on voit les principes à plein ; et il faudrait avoir l'esprit faux pour mal raisonner sur des principes si gros qu'il est presque impossible qu'ils échappent
GROSSIRNotre imagination nous grossit si fort le temps présent, à force d'y faire des réflexions continuelles, et amoindrit tellement l'éternité, manque d'y faire réflexion, que nous faisons de l'éternité un néant, et du néant une éternité
GUÉRIRS'ils [les magistrats] avaient la véritable justice, si les médecins avaient le vrai art de guérir, ils n'auraient que faire de bonnets carrés : la majesté de ces sciences serait assez vénérable d'elle-même
GUÉRIRLes hommes, n'ayant pu guérir la mort, la misère, l'ignorance, se sont avisés, pour se rendre heureux, de ne point y penser
HABILELe peuple honore les personnes de grande naissance ; les demi-habiles les méprisent, disant que la naissance n'est pas un avantage de la personne, mais du hasard
HAÏRNulle autre religion [que la chrétienne] n'a proposé de se haïr ; nulle autre religion ne peut donc plaire à ceux qui se haïssent et qui cherchent un être véritablement aimable
HASARDNon-seulement vous ne vous trouvez fils d'un duc, mais vous ne vous trouvez au monde que par une infinité de hasards ; votre naissance dépend d'un mariage, ou plutôt....
HEUREUX, EUSEL'homme aime la malignité, mais ce n'est pas contre les malheureux, mais contre les heureux superbes
HOMMEQue deviendrez-vous donc, ô homme, qui cherchez quelle est votre véritable condition par votre raison naturelle ? vous ne pouvez fuir une de ces sectes, ni subsister dans aucune
HOMMEQuand on voit le style naturel, on est tout étonné et ravi ; car on s'attendait de voir un auteur, et on trouve un homme
HONNÊTEOn n'apprend pas aux hommes à être honnêtes hommes, et on leur apprend tout le reste ; et ils ne se piquent jamais tant de savoir rien du reste, comme d'être honnêtes hommes
HONNÊTETÉIl n'y a que la religion chrétienne qui rende l'homme aimable et heureux tout ensemble ; dans l'honnêteté, on ne peut être aimable et heureux tout ensemble
HUMEURMon humeur ne dépend guère du temps : j'ai mes brouillards et mon beau temps au dedans de moi
IGNORANCELe monde juge bien des choses, car il est dans l'ignorance naturelle, qui est le vrai siège de l'homme ; les sciences ont deux extrémités qui se touchent : la première est la pure ignorance naturelle où se trouvent tous les hommes en naissant ; l'autre extrémité est celle où arrivent les grandes âmes, qui, ayant parcouru tout ce que les hommes peuvent savoir, trouvent qu'ils ne savent rien, et se rencontrent en cette même ignorance d'où ils étaient partis ; mais c'est une ignorance savante qui se connaît
IGNORERVoilà notre état véritable ; c'est ce qui nous rend incapables de savoir certainement et d'ignorer absolument
IMAGINAIRENous ne nous contentons pas de la vie que nous avons en nous et en notre propre être : nous voulons vivre dans l'idée des autres d'une vie imaginaire, et nous nous efforçons pour cela de paraître
IMAGINATIONIls veulent avoir, comme les autres peuples, la liberté de suivre leur imagination
IMAGINATIONImagination, c'est cette partie décevante dans l'homme, cette maîtresse d'erreur et de fausseté, et d'autant plus fourbe qu'elle ne l'est pas toujours
IMAGINATIONQuand on propose une chose à prouver, d'abord on se remplit de cette imagination qu'elle est donc obscure
IMAGINEROn ne s'imagine d'ordinaire Platon et Aristote qu'avec de grandes robes et comme des personnages toujours graves et sérieux
IMBÉCILEQuelle chimère est-ce donc que l'homme ?... juge de toutes choses, imbécile ver de terre, dépositaire du vrai, cloaque d'incertitude et d'erreur ; gloire et rebut de l'univers
IMITERLa nature s'imite : une graine jetée en bonne terre produit ; un principe jeté dans un bon esprit produit
IMMATÉRIEL, ELLEQuand un homme serait persuadé que les proportions des nombres sont des vérités immatérielles, éternelles, et dépendantes d'une première vérité en qui elles subsistent et qu'on appelle Dieu
IMMOBILEMENTHeureux ceux qui, étant sur ces fleuves, non pas plongés, non pas entraînés, mais immobilement affermis...
IMPOSERLeur utilité et leur usage [des impositions de noms] est d'éclaircir et d'abréger le discours, en exprimant, par le seul nom qu'on impose, ce qui ne pourrait se dire qu'en plusieurs termes
INCAPABLEJe ferais trop d'honneur à mon sujet si je le traitais avec ordre, puisque je veux montrer qu'il en est incapable
INCAPABLENous sommes incapables de ne pas souhaiter la vérité et le bonheur ; nous sommes incapables et de certitude et de bonheur
INCERTAIN, AINESaint Augustin a vu qu'on travaille pour l'incertain, sur mer, en bataille....
INCOMMODERLe respect est [à l'égard des grands] : incommodez-vous ; cela est vain en apparence, mais très juste ; car c'est dire : je m'incommoderais bien, si vous en aviez besoin, puisque je le fais sans que cela vous serve
INCOMPRÉHENSIBLETout ce qui est incompréhensible ne laisse pas d'être
INCONTRADICTIONPlusieurs choses certaines sont contredites, plusieurs fausses passent sans contradiction : ni la contradiction n'est marque de fausseté, ni l'incontradiction n'est marque de vérité
INCORPORATIONCes choses [la pénitence et le désir des catéchumènes] étant connues de toute l'Église, on leur conférait le sacrement d'incorporation par lequel ils devenaient membres de l'Église
INCRÉDULEIncrédules, les plus crédules : ils croient les miracles de Vespasien, pour ne pas croire ceux de Moïse
INDIGNECette voie est basse, indigne et étrangère
INÉVITABLEAinsi nous ne vivons jamais, mais nous espérons de vivre, et, nous disposant toujours à être heureux, il est inévitable que nous ne le soyons jamais
INFINITÉJe ne vois que des infinités de toutes parts, qui m'enferment comme un atome, et comme une ombre qui ne dure qu'un instant sans retour
INFLUERSi le pied avait toujours ignoré qu'il appartînt au corps.... quel regret, quelle confusion de sa vie passée, d'avoir été inutile au corps qui lui a influé sa vie !
INSTRUISANT, ANTEDieu étant caché, toute religion qui ne dit pas que Dieu est caché n'est pas véritable ; et toute religion qui n'en rend pas la raison n'est pas instruisante
INSTRUMENTLa justice et la vérité sont deux pointes si subtiles, que nos instruments sont trop émoussés pour y toucher exactement
INTELLIGIBLENotre intelligence tient dans l'ordre des choses intelligibles le même rang que notre corps dans l'étendue de la nature
INTÉRÊTNotre propre intérêt est un merveilleux instrument pour nous crever les yeux agréablement
INTIMIDERL'Écriture a pourvu de passages pour consoler toutes les conditions, et pour intimider toutes les conditions
INTRIGUEVous ployez sous des plus puissants que vous, et vous opprimez de tout votre petit crédit ceux qui ont moins d'intrigue que vous dans le monde
INVINCIBLEMENTInfiniment éloigné de comprendre les extrêmes, la fin des choses et leur principe sont pour lui [l'homme] invinciblement cachés dans un secret impénétrable
IRRÉPARABLELes uns considérant la nature de l'homme comme incorrompue, les autres comme irréparable
JARDINJésus [lors de la Passion] est dans un jardin non de délices, comme le premier Adam, où il se perdit et tout le genre humain, mais dans un de supplices, où il s'est sauvé et tout le genre humain
JETERIl se jettera à d'autres desseins, et pensera à se rendre maître de quelques îles
JEUMais encore n'y a-t-il point moyen de voir le dessous du jeu ?
JEUNEQui ne voit pas la vanité du monde est bien vain lui-même ; aussi qui ne la voit, excepté de jeunes gens qui sont tous dans le bruit, dans le divertissement, et dans la pensée de l'avenir ?
JEÛNERIl vaut mieux ne pas jeûner et en être humilié, que jeûner et en être complaisant
JOBSalomon et Job ont le mieux connu et le mieux parlé de la misère de l'homme : l'un le plus heureux et l'autre le plus malheureux ; l'un connaissant la vanité des plaisirs par expérience, l'autre la réalité des maux
JOUERTel homme passe sa vie sans ennui, en jouant tous les jours peu de chose ; donnez lui tous les matins l'argent qu'il peut gagner chaque jour, à la charge qu'il ne joue point : vous le rendrez malheureux
JOUERExaminons donc ce point, et disons : Dieu est ou n'est pas ; mais de quel côté pencherons-nous ? la raison n'y peut rien déterminer ; il y a un chaos infini qui nous sépare ; il se joue un jeu, à l'extrémité de cette distance infinie, où il arrivera croix ou pile
JUDASLe style de l'Évangile est admirable en tant de manières, et, entre autres, en ne mettant jamais aucune invective contre les bourreaux et ennemis de Jésus-Christ, car il n'y en a aucune des historiens contre Judas, Pilate, ni aucun des Juifs
JUGEL'esprit de ce souverain juge du monde [l'homme] n'est pas si indépendant qu'il ne soit sujet à être troublé par le premier tintamarre qui se fait autour de lui
JUGEMENTQu'il est difficile de proposer une chose au jugement d'un autre, sans corrompre son jugement par la manière de la lui proposer !... tant il est difficile de ne point démonter un jugement de son assiette naturelle, ou plutôt tant il y en a peu de fermes et stables !
JUGERLe monde juge bien des choses ; car il est dans l'ignorance naturelle, qui est le vrai siége de l'homme
JUGERCeux qui jugent d'un ouvrage par règle sont à l'égard des autres comme ceux qui ont une montre à l'égard des autres
JUGERCeux qui sont accoutumés à juger par le sentiment ne comprennent rien aux choses de raisonnement
JUIF, IVELes Juifs charnels tiennent le milieu entre les chrétiens et les païens : les païens ne connaissent point Dieu, et n'aiment que la terre ; les Juifs connaissent le vrai Dieu, et n'aiment que la terre ; les chrétiens connaissent le vrai Dieu, et n'aiment point la terre
JURISPRUDENCETrois degrés d'élévation du pôle renversent toute la jurisprudence, un méridien décide de la vérité...
JUSTEOn ne voit presque rien de juste ou d'injuste qui ne change de qualité en changeant de climat
JUSTEIl n'y a que deux sortes d'hommes : les uns justes qui se croient pécheurs ; les autres pécheurs qui se croient justes
JUSTELe juste agit par la foi dans les moindres choses ; quand il reprend ses serviteurs, il souhaite leur conversion par l'esprit de Dieu....
JUSTEJe les blâmerai d'avoir fait non ce choix, mais un choix [entre croix et pile].... ils sont tous deux en faute ; le juste est de ne point parier
JUSTICEL'affection ou la haine changent la justice de face ; et combien un avocat bien payé par avance trouve-t-il plus juste la cause qu'il plaide !
JUSTICEIl [Dieu] a promis d'accorder la justice aux prières
JUSTIFIERNe pouvant fortifier la justice, on a justifié la force, afin que le juste et le fort fussent ensemble, et que la paix fût, qui est le souverain bien
JUSTIFIERJésus-Christ est venu.... appeler à la pénitence et justifier les pécheurs
LÂCHEMENTIl [Montaigne] ne pense qu'à mourir lâchement et mollement par tout son livre
LAISSERCette médecine [les représentations qu'on nous fait de nos défauts] ne laisse pas d'être amère à l'amour-propre
LAISSERSe laissant conduire à leurs inclinations et à leurs plaisirs sans réflexion et sans inquiétude
LAQUAISQui passera de nous deux ? qui cédera la place à l'autre ? le moins habile ? mais je suis aussi habile que lui ; il faudrait se battre sur cela ; il a quatre laquais, et je n'en ai qu'un : cela est visible, il n'y a qu'à compter ; c'est à moi à céder, et je suis un sot si je conteste
LARCINLe larcin, l'inceste, le meurtre des enfants et des pères, tout a eu sa place entre les actions vertueuses
LASSERIl ne faut point détourner l'esprit ailleurs, sinon pour le délasser, mais dans le temps où cela est à propos ; le délasser quand il faut et non autrement ; car qui délasse hors de propos, il lasse
LE, LA, LESOn trouve dans Pascal : L'imagination serait règle infaillible de vérité, si elle l'était infaillible du mensonge
LÉGAL, ALELe libérateur, le saint des saints amènerait la justice éternelle, non la légale, mais l'éternelle
LÉGISLATEUR, TRICECertainement, s'il [l'homme] la connaissait [la justice].... les législateurs n'auraient pas pris pour modèle, au lieu de cette justice constante, les fantaisies et caprices des Perses et Allemands
LÉGITIMEMENTCeux à qui Dieu a donné la religion par sentiment du coeur sont bien heureux et bien légitimement persuadés
LEVAINL'Écriture en cet endroit, en parlant de notre ennemi, entend le mauvais levain
LIAISONIl n'y a rien de cela [intérêt, sympathie] aux exemples des païens ; nous n'avons point de liaison à eux
LIBÉRATEUR, TRICEJe tends les bras à mon libérateur [Jésus-Christ], qui, ayant été prédit durant quatre mille ans...
LIBERTÉQuand on n'écoute plus la tradition... la vérité n'a plus la liberté de paraître
LIBERTINAGEIl y en a bien qui croient, mais par superstition ; il y en a bien qui ne croient pas, mais par libertinage : peu sont entre deux
LIBRELes Juifs, qui ont été appelés à dompter les nations et les rois, ont été esclaves du péché ; et les chrétiens, dont la vocation a été de servir et d'être sujets, sont les enfants libres
LIBREIl n'est pas bon d'être trop libre
LIENL'exemple de la mort des martyrs nous touche, car ce sont nos membres ; nous avons un lien commun avec eux
LIEUCe n'est point ici le pays de la vérité ; elle erre inconnue parmi les hommes.... ce lieu est ouvert au blasphème
LIEUL'homme ne sait à quel rang se mettre ; il est visiblement tombé de son vrai lieu, sans le pouvoir retrouver
LIEUSur ce fondement ils prennent lieu de blasphémer la religion chrétienne, parce qu'ils la connaissent mal
LIEUSaint Thomas explique le lieu de saint Jacques sur la préférence des riches
LIGATURESur la circulation du sang, pour rendre raison pourquoi la veine enfle au-dessous de la ligature
LION, ONNELe droit a ses époques : l'entrée de Saturne au Lion nous marque l'origine d'un tel crime
LIVREIl faut qu'on n'en puisse dire [d'un homme] ni, il est mathématicien, ni prédicateur, ni éloquent, mais, il est honnête homme.... quand en voyant un homme, on se souvient de son livre, c'est mauvais signe
LOIRien n'est si fautif que ces lois qui redressent les fautes ; qui leur obéit parce qu'elles sont justes, obéit à la justice qu'il imagine, mais non pas à l'essence de la loi ; elle est toute ramassée en soi ; elle est loi, et rien davantage
LOIIls [les hommes] confessent que la justice n'est pas dans ces coutumes [celles des nations], mais qu'elle réside dans les lois naturelles connues en tout pays
LOIDeux lois [l'amour de Dieu et celui du prochain] suffisent pour régler toute la république chrétienne, mieux que toutes les lois politiques
LOILa rencontre de ce peuple [les Juifs] m'étonne et me semble digne de l'attention ; je considère cette loi qu'ils se vantent de tenir de Dieu, et je la trouve admirable
LOIParmi les Juifs, les charnels, et les spirituels qui étaient les chrétiens de la loi ancienne ; parmi les chrétiens, les grossiers qui sont les Juifs de la loi nouvelle
LOIC'est une plaisante chose à considérer, de ce qu'il y a des gens dans le monde qui, ayant renoncé à toutes les lois de Dieu et de la nature, s'en sont fait eux-mêmes auxquelles ils obéissent exactement
LORSAbîmé dans l'infinie immensité.... je m'effraie et m'étonne de me voir ici plutôt que là ; car il n'y a point de raison pourquoi ici plutôt que là, pourquoi à présent plutôt que lors
LUMIÈREQuand on dit que le chaud n'est que le mouvement de quelques globules, et la lumière le conatus recedendi [force centrifuge du soleil, laquelle, d'après Descartes, agissant sur la matière répandue dans l'espace entre le soleil et nous, se fait sentir à notre oeil]
LUMIÈREIl y a [en Dieu] assez de lumière pour ceux qui ne désirent que de voir, et assez d'obscurité pour ceux qui ont une disposition contraire
LUMIÈRECeux en qui cette lumière [la foi] est éteinte
LUNELorsqu'on ne sait pas la vérité d'une chose, il est bon qu'il y ait une erreur commune qui fixe l'esprit des hommes, comme, par exemple, la lune, à qui on attribue le changement des saisons, le progrès des maladies....
LUNETTECombien les lunettes nous ont-elles découvert d'êtres qui n'étaient point pour nos philosophes d'auparavant !
LUXURIANT, ANTELuxuriant est une expression latine qui se dit proprement d'un luxe de végétation, et, par suite, de toute espèce d'abondance
LUXURIANT, ANTEÉteindre le flambeau de la sédition : trop luxuriant
MACHINELa machine d'arithmétique fait des effets qui approchent plus de la pensée que tout ce que font les animaux ; mais elle ne fait rien qui puisse faire dire qu'elle a de la volonté comme les animaux
MACHINEToutes les choses qui ploient la machine vers le respect et la terreur
MAGIELes Égyptiens étaient infectés et d'idolâtrie et de magie ; le peuple de Dieu même était entraîné par leurs exemples
MAGISTRATCe magistrat dont la vieillesse vénérable impose le respect à tout un peuple
MAHOMÉTAN, ANECeux qui nous ont égalés aux bêtes, et les mahométans, qui nous ont donné les plaisirs de la terre pour tout bien, même dans l'éternité, ont-ils apporté le remède à nos concupiscences ?
MAHOMÉTAN, ANELa religion mahométane a pour fondement l'alcoran et Mahomet ; mais le prophète qui devait être la dernière attente du monde, a-t-il été prédit ? et quelle marque a-t-il que n'ait aussi tout homme qui se voudra dire prophète ?
MAINUn homme à qui on dispute son droit, et qui le défend les armes et la force à la main
MAINQue Dieu ne se plaisait pas aux temples faits de main, mais en un coeur pur et humilié
MAINJe sais seulement qu'en sortant de ce monde je tombe pour jamais ou dans le néant, ou dans les mains d'un Dieu irrité
MAINTENIRQue cette religion se soit toujours maintenue et inflexible, cela est divin
MAISONOn ne choisit pas pour gouverner un vaisseau celui des voyageurs qui est de la meilleure maison
MAÎTRESSEImagination, c'est cette partie décevante dans l'homme, cette maîtresse d'erreurs et de fausseté....
MAÎTRISEDans le plaisir, c'est l'homme qui succombe sous le plaisir ; or il n'y a que la maîtrise et l'empire qui fait la gloire, et que la servitude qui fait la honte
MAL, ALESera-ce les philosophes qui nous proposent pour tout bien les biens qui sont en nous ? est-ce-là le vrai bien ? ont-ils trouvé le remède à nos maux ?
MAL, ALELe mal est aisé, il y en a une infinité ; le bien presque unique ; mais un certain genre de mal est aussi difficile à trouver que ce qu'on appelle bien ; et souvent on fait passer pour bien à cette marque ce mal particulier
MAL, ALEQuand on se porte bien, on admire comment on pourrait faire si on était malade ; quand on l'est, on prend médecine gaiement ; le mal y résout
MAL, ALEPour modérer leur folie au moins mal qu'il se pouvait
MALADELes figures de l'Évangile pour l'état de l'âme malade sont des corps malades
MALADIELa maladie principale de l'homme est la curiosité inquiète des choses qu'il ne peut savoir
MALHEURRien n'accuse davantage une extrême faiblesse d'esprit que de ne pas connaître quel est le malheur d'un homme sans Dieu
MALHEUREUX, EUSEPlaindre les malheureux n'est pas contre la concupiscence ; au contraire, on est bien aise d'avoir à rendre ce témoignage d'amitié, et à s'attirer la réputation de tendresse sans rien donner
MALHEUREUX, EUSELes malheureux, qui m'ont obligé de parler du fond de la religion !
MALIGNITÉLa malignité qui est cachée et empreinte dans le coeur de l'homme
MALIGNITÉÉpigrammes de Martial : l'homme aime la malignité ; mais ce n'est pas contre les borgnes ou les malheureux, mais contre les heureux superbes
MANGERPuissance des mouches : elles mangent notre corps
MANIER[Certains esprits] étant accoutumés aux principes nets et grossiers de géométrie, et à ne raisonner qu'après avoir bien vu et manié leurs principes
MANIÈRECe sont des gens [les incrédules] qui ont ouï dire que les belles manières du monde consistent à faire ainsi l'emporté
MANQUECe qui fait qu'on ne croit pas les vrais miracles, c'est le manque de charité
MANQUECe n'est pas assez qu'une chose soit belle, il faut qu'elle soit propre au sujet, qu'il n'y ait rien de trop ni rien de manque
MANQUENotre imagination nous grossit si fort le temps présent, à force d'y faire des réflexions continuelles, et amoindrit tellement l'éternité, manque d'y faire réflexion....
MANQUERToutes les bonnes maximes sont dans le monde : on ne manque qu'à les appliquer
MARCHERLes rivières sont des chemins qui marchent, et qui portent où l'on veut aller
MARCHERTous les marchers, toussers, éternuers, sont différents
MARQUELa vraie religion doit avoir pour marque d'obliger à aimer son Dieu
MARQUERJ'écrirai ici mes pensées sans ordre, et non pas peut-être dans une confusion sans dessein ; c'est le véritable ordre et qui marquera toujours mon objet par le désordre même
MARQUERLa nature ne m'offre rien qui ne soit matière de doute et d'inquiétude ; si je n'y voyais rien qui marquât une divinité....
MARTYR, YRES'il n'y avait qu'une religion, Dieu y serait bien manifeste ; s'il n'y avait des martyrs qu'en notre religion, de même
MARTYRISERJamais on ne s'est fait martyriser pour les miracles qu'on dit avoir vus
MASQUERMasquer la nature et la déguiser
MATHÉMATICIENSi l'on n'a mis enseigne de poëte, de mathématicien
MATHÉMATIQUENulle science humaine ne le peut garder [l'ordre] ; saint Thomas ne l'a pas gardé ; la mathématique le garde, mais elle est inutile en sa profondeur
MATIÈRELa nature ne m'offre rien qui ne soit matière de doute et d'inquiétude
MATIÈRECela suffit pour embrouiller au moins la matière [la question de la certitude]
MAXIMEToutes les bonnes maximes sont dans le monde ; on ne manque qu'à les appliquer
MÉCHAMMENTCombien les lunettes nous ont-elles découvert d'êtres qui n'étaient point pour nos philosophes d'auparavant ! on entreprenait méchamment l'Écriture sainte sur le grand nombre des étoiles, en disant : il n'y en a que mille vingt-deux, nous le savons
MÉDECINSi les médecins n'avaient des soutanes et des mules.... jamais ils n'auraient dupé le monde, qui ne peut résister à cette montre si authentique
MÉDECINEC'est une mauvaise délicatesse qui oblige ceux qui sont dans la nécessité de reprendre les autres, de choisir tant de détours et de tempéraments.... avec tout cela, cette médecine ne laisse pas d'être amère à l'amour-propre
MÉDIATEUR, TRICEC'est ce que produit la connaissance de Dieu qui se tire sans Jésus-Christ, qui est de communiquer sans médiateur avec le Dieu qu'on a connu sans médiateur ; au lieu que ceux qui ont connu Dieu par médiateur connaissent leur misère
MÉDIOCRITÉL'extrême esprit est accusé de folie, comme l'extrême défaut ; rien que la médiocrité n'est bon
MÉDIREIls [les sots] n'en diront pas de bien [d'un ami], s'ils se trouvent les plus faibles ; car ils n'ont pas d'autorité ; et ainsi ils médiront par compagnie
MEMBREOn s'aime, parce qu'on est membre de Jésus-Christ, parce qu'il est le corps dont on est membre
MÉMOIRELa mémoire est nécessaire pour toutes les opérations de l'esprit
MENSONGEL'homme n'est que déguisement, que mensonge et hypocrisie, et en soi-même et à l'égard des autres
MENTIRQuoique les personnes n'aient point d'intérêt à ce qu'elles disent, il ne faut pas conclure de là absolument qu'elles ne mentent point ; car il y a des gens qui mentent simplement pour mentir
MÉPRISJe vois par raison et par expérience que rien n'est plus propre [que les arguments tirés de l'ordre de la nature en faveur de la religion] à leur [aux incrédules] en faire naître le mépris
MÉPRISABLENous ne devons pas être fâchés qu'ils [les hommes] les connaissent [nos imperfections], et qu'ils nous méprisent, étant juste et qu'ils nous connaissent pour ce que nous sommes, et qu'ils nous méprisent si nous sommes méprisables
MÉPRISEROn a bien de l'obligation à ceux qui avertissent des défauts ; car ils mortifient : ils apprennent qu'on a été méprisé
MÈREComme un enfant que sa mère arrache d'entre les bras des voleurs, doit aimer, dans la peine qu'il souffre, la violence amoureuse et légitime de celle qui procure sa liberté
MÉRIDIENTrois degrés d'élévation du pôle renversent toute la jurisprudence ; un méridien décide de la vérité
MÉRITEQue les vrais Juifs ne considéraient leur mérite que de Dieu, et non d'Abraham
MÉRITELes hommes n'ayant pas accoutumé de former le mérite, mais seulement le récompenser où ils le trouvent formé
MÉRITERLe plus grand des maux est les guerres civiles ; elles sont sûres si on veut récompenser les mérites ; car tous diront qu'ils méritent
MERVEILLEFaute de cette connaissance [de l'agrément, en poésie], on a inventé de certains termes bizarres : siècle d'or, merveille de nos jours, et on appelle ce jargon beauté poétique
MESSEEn prenant de l'eau bénite, en faisant dire des messes
MESSIENoé a vu la malice des hommes au plus haut degré ; et il a mérité de sauver le monde en sa personne, par l'espérance du Messie, dont il a été la figure
MESUREÀ mesure que les hommes ont de la lumière, ils trouvent et grandeur et misère en l'homme
MESUREROn sent couler le temps, on le mesure
METTRENous courons sans souci dans le précipice, après que nous avons mis quelque chose devant nous pour nous empêcher de le voir
METTREL'homme ne sait à quel rang se mettre ; il est visiblement égaré, et tombé de son vrai lieu sans le pouvoir retrouver
METTREEntre ceux qui n'en sont pas persuadés [de l'immortalité de l'âme], je fais une extrême différence de ceux qui travaillent de toutes leurs forces à s'en instruire, à ceux qui vivent sans s'en mettre en peine et sans y penser
MILIEUQu'est-ce que l'homme dans la nature ? un néant à l'égard de l'infini, un tout à l'égard du néant, un milieu entre rien et tout
MILIEUL'extrême esprit est accusé de folie comme l'extrême défaut ; rien que la médiocrité n'est bon.... c'est sortir de l'humanité que de sortir du milieu
MILIEUDe là viennent toutes les disputes des hommes, qui se reprochent ou de suivre leurs fausses impressions de l'enfance, ou de courir témérairement après les nouvelles ; qui tient le juste milieu ?
MILIEUNous voguons sur un milieu vaste, toujours incertains et flottants, poussés d'un bout vers l'autre
MILLÉNAIREExtravagances des apocalyptiques et préadamites, millénaires, etc.
MIRACLEMiracle : c'est un effet qui excède la force naturelle des moyens qu'on y emploie ; et non-miracle est un effet qui n'excède pas la force naturelle des moyens qu'on y emploie
MIROIRUne jolie demoiselle toute pleine de miroirs et de chaînes
MISÉRABLELa grandeur de l'homme est grande en ce qu'il se connaît misérable
MISÉRABLEJ'aime les biens, parce qu'ils donnent le moyen d'en assister les misérables
MISÈREMisère de l'homme sans Dieu
MISÈRECe sont [les misères de l'homme] misères de grand seigneur, misères d'un roi dépossédé
MISÉRICORDEComme les deux sources de nos péchés sont l'orgueil et la paresse, Dieu nous a découvert deux qualités en lui pour les guérir : sa miséricorde et sa justice
MODEComme la mode fait l'agrément, aussi fait-elle la justice
MODÈLEIl y a un certain modèle d'agrément et de beauté qui consiste en un certain rapport entre notre nature, faible ou forte, telle qu'elle est, et la chose qui nous plaît ; tout ce qui est formé sur ce modèle nous agrée.... tout ce qui n'est point fait sur ce modèle déplaît à ceux qui ont le bon goût
MODÈLEL'éclat de la véritable équité aurait assujetti tous les peuples, et les législateurs n'auraient pas pris pour modèle, au lieu de cette justice constante, les fantaisies et les caprices des Perses et Allemands
MOEURSLa réformation des moeurs
MOEURSL'Église fera une assemblée d'hommes dont les moeurs extérieures soient si pures, qu'elles confondent les moeurs des païens
MOEURSLa corruption de la raison paraît par tant de différentes et extravagantes moeurs
MOIIl est injuste qu'on s'attache à moi.... car je ne suis la fin de personne
MOIIls [certains auteurs] sentent leurs bourgeois qui ont pignon sur rue, et toujours un chez moi à la bouche
MOILe moi est haïssable ; vous, Miton, le couvrez, vous ne l'ôtez pas pour cela ; vous êtes donc toujours haïssable
MOILe moi consiste dans ma pensée ; donc moi qui pense n'aurais point été si ma mère eût été tuée avant que je fusse animé
MOLINISTELes molinistes sont gens qui connaissent la vérité, mais qui ne la soutiennent qu'autant que leur intérêt s'y rencontre, mais hors de là ils l'abandonnent
MOLLEMENTMe laisser [dit le sceptique] mollement conduire à la mort, dans l'incertitude de l'éternité de ma condition future
MON ou MA ou MESCertains auteurs, parlant de leurs ouvrages, disent : mon livre, mon commentaire, mon histoire ; ils sentent leurs bourgeois qui ont pignon sur rue
MONDETout ce monde visible n'est qu'un trait imperceptible dans l'ample sein de la nature ; nulle idée n'en approche
MONDEQui n'admirera que notre corps, qui tantôt n'était pas perceptible dans l'univers, imperceptible lui-même dans le sein du tout, soit à présent un colosse, un monde, ou plutôt un tout, à l'égard du néant où l'on ne peut arriver ?
MONDESur quoi fondera-t-il [l'homme] l'économie du monde qu'il veut gouverner ? sera-ce sur le caprice de chaque particulier ? quelle confusion ! sera-ce sur la justice ? il l'ignore
MONDEAvant lui [Jésus-Christ], le monde vivait dans une fausse paix
MONDEÀ quoi pense le monde ?.... à danser, à jouer du luth, à chanter, à faire des vers, à courir la bague.... sans penser à ce que c'est.... qu'être homme
MONDELe peuple et les habiles composent le tiers du monde
MONDEEt aussi les deux mondes : la création d'un nouveau ciel et nouvelle terre ; nouvelle vie, nouvelle mort
MONNAIELe plaisir, qui est la monnaie pour laquelle nous donnons tout ce qu'on veut
MONSTRES'il [l'homme] se vante, je l'abaisse ; s'il s'abaisse, je le vante ; et le contredis toujours, jusqu'à ce qu'il comprenne qu'il est un monstre incompréhensible
MONSTRECette négligence [des indifférents en matière de religion].... est un monstre pour moi
MONSTRUEUX, EUSEC'est une chose monstrueuse de voir dans un même coeur et en même temps cette sensibilité pour les moindres choses et cette étrange insensibilité pour les plus grandes
MONTREQuand un discours naturel peint une passion, ou un effet, on trouve dans soi-même la vérité de ce qu'on entend, laquelle on ne savait pas qu'elle y fût, en sorte qu'on est porté à aimer celui qui nous le fait sentir ; car il ne nous a pas fait montre de son bien, mais du nôtre
MONTRESi les médecins n'avaient des soutanes et des mules, et que les docteurs n'eussent des bonnets carrés..., jamais ils n'auraient dupé le monde, qui ne peut résister à cette montre si authentique
MONTRECeux qui jugent d'un ouvrage par règle sont, à l'égard des autres, comme ceux qui ont une montre à l'égard des autres ; l'un dit : il y a deux heures ; l'autre dit : il n'y a que trois quarts d'heure ; je regarde ma montre ; je dis à l'un : vous vous ennuyez ; et à l'autre : le temps ne vous dure guère ; car il y a une heure et demie
MORALEToute notre dignité consiste en la pensée.... travaillons donc à bien penser ; voilà le principe de la morale
MORALEToute la foi consiste en Jésus-Christ et en Adam ; et toute la morale en la concupiscence et en la grâce
MORDRERien que la médiocrité n'est bon ; c'est la pluralité qui a établi cela, et qui mord quiconque s'en échappe par quelque bout que ce soit
MORT, ORTEJustes, pécheurs ; mort, vivant ; vivant, mort ; élu, réprouvé
MORTLes hommes n'ayant pu guérir la mort, la misère, l'ignorance, se sont avisés, pour se rendre heureux, de n'y point penser
MORTIFIEROn a bien de l'obligation à ceux qui avertissent des défauts ; car ils mortifient
MOTQuand, dans un discours, se trouvent des mots répétés, et qu'essayant de les corriger, on les trouve si propres, qu'on gâterait le discours, il les faut laisser
MOTDiseur de bons mots, mauvais caractère
MOU, MOLLEOn n'en voudrait pas [de l'argent gagné au jeu], s'il était offert ; ce n'est pas cet usage mol et paisible et qui nous laisse penser à notre malheureuse condition, qu'on recherche....
MOUCHENe vous étonnez pas s'il ne raisonne pas bien à présent ; une mouche bourdonne à ses oreilles : c'en est assez pour le rendre incapable de bon conseil
MOUCHERTous les mouchers, toussers....
MOURIRNous nous connaissons si peu, que plusieurs pensent aller mourir quand ils se portent bien, et plusieurs pensent se porter bien quand ils sont proche de mourir
MOUVEMENTNotre nature est dans le mouvement ; le repos entier est la mort
MOUVEMENTQui aurait trouvé le secret de se réjouir du bien sans se fâcher du mal contraire, aurait trouvé le point ; c'est le mouvement perpétuel
MOUVEMENTLes mouvements de grâce, la dureté de coeur, les circonstances extérieures
MOYENLe passé et le présent sont nos moyens ; le seul avenir est notre fin
MUET, ETTEEn voyant l'aveuglement et la misère de l'homme, en regardant tout l'univers muet et l'homme sans lumière....
MULTITUDEUnité, multitude : en considérant l'Église comme unité, le pape quelconque est le chef, est comme tout ; en la considérant comme multitude, le pape n'en est qu'une partie.... la multitude qui ne se réduit pas à l'unité est confusion, l'unité qui ne dépend pas de la multitude est tyrannie
MYSTÈRELe mot de Galilée, que la foule des Juifs prononça comme par hasard, en accusant Jésus-Christ devant Pilate, donna sujet à Pilate d'envoyer Jésus-Christ à Hérode ; en quoi fut accompli le mystère qu'il devait être jugé par les Juifs et les gentils, le hasard en apparence fut la cause de l'accomplissement du mystère
MYSTÈRENos magistrats ont bien connu ce mystère [l'effet que la pompe fait sur la foule]
MYSTÈREIncapable de mystère
MYSTÉRIEUX, EUSEAyant assez montré qu'il est capable d'être mystérieux
MYSTIQUELa coutume fait toute l'équité, par cette seule raison qu'elle est reçue ; c'est le fondement mystique de son autorité
NAISSANCELe mal à craindre d'un sot, qui succède par droit de naissance
NAISSANCELa grâce sera toujours dans le monde, et aussi la nature.... et ainsi il y aura toujours des pélagiens et toujours des catholiques, et toujours combat, parce que la première naissance fait les uns, et la grâce de la seconde naissance fait les autres
NATUREQue l'homme contemple la nature entière dans sa haute et pleine majesté.... que la terre lui apparaisse comme un point.... si notre vue s'arrête là, que l'imagination passe outre : elle se lassera plutôt de concevoir que la nature de fournir ; tout ce monde visible n'est qu'un trait imperceptible dans l'ample sein de la nature
NATUREIl ne faut pas juger la nature selon nous, mais selon elle
NATURESouvent la nature nous dément, et ne s'assujettit pas à ses propres règles
NATURELa foi embrasse plusieurs vérités qui semblent se contredire.... la source en est dans l'union des deux natures en Jésus-Christ
NATURES'ils [les philosophes] vous ont donné Dieu pour objet, ce n'a été que pour exercer votre superbe : ils vous ont fait penser que vous lui étiez semblables et conformes par votre nature ; et ceux qui ont vu la vanité de cette prétention vous ont jetés dans l'autre précipice, en vous faisant entendre que votre nature était pareille à celle des bêtes
NATURECeux qui sont dans le déréglement disent à ceux qui sont dans l'ordre que ce sont eux qui s'éloignent de la nature, et ils la croient suivre
NATUREElle [la coutume] contraint la nature, et quelquefois la nature la surmonte, et retient l'homme dans son instinct, malgré toute coutume, bonne ou mauvaise
NATURELa foi chrétienne ne va principalement qu'à établir ces deux choses : la corruption de la nature et la rédemption de Jésus-Christ
NATUREL, ELLEOn ne sait pas en quoi consiste l'agrément, qui est l'objet de la poésie ; on ne sait ce que c'est que ce modèle naturel qu'il faut imiter
NATUREL, ELLEIl n'y a rien qu'on ne rende naturel ; il n'y a naturel qu'on ne fasse perdre
NATUREL, ELLEQuand un discours naturel peint une passion ou un effet, on trouve dans soi-même la vérité de ce qu'on entend, laquelle on ne savait pas qu'elle y fût, en sorte qu'on est porté à aimer celui qui nous le fait sentir
NATURELLEMENTL'esprit croit naturellement, et la volonté aime naturellement
NEY a-t-il pas plus de distance de l'infidélité à la vertu ?
NÉ, NÉEQu'ils laissent ces impiétés à ceux qui sont assez mal nés pour en être véritablement capables
NÉANTJe sais seulement qu'en sortant de ce monde je tombe pour jamais ou dans le néant, ou dans les mains d'un Dieu irrité
NÉANTQu'est-ce que l'homme dans la nature ? un néant à l'égard de l'infini, un tout à l'égard du néant
NÉANTRien n'est si insupportable à l'homme que d'être dans un plein repos, sans passion, sans affaire.... il sent alors son néant.... son vide
NÉCESSAIREJe sens que je peux n'avoir pas été.... donc je ne suis pas un être nécessaire
NÉCESSAIREIl n'est pas bon d'être trop libre ; il n'est pas bon d'avoir tout le nécessaire
NÉCESSITÉDe s'offenser pour avoir reçu un soufflet, ou de tant désirer la gloire ; mais cela est très souhaitable à cause des autres biens essentiels qui y sont joints ; et un homme qui a reçu un soufflet sans s'en ressentir est accablé d'injures et de nécessités
NÉCESSITÉ, ÉELes pharisiens et les scribes font grand état de ses miracles [de Jésus].... étant nécessités d'être convaincus, s'ils reconnaissent qu'ils sont de Dieu
NÉGLIGENT, ENTETandis que les prophètes [en Judée] ont été pour maintenir la loi, le peuple a été négligent ; mais, depuis qu'il n'y a plus eu de prophètes, le zèle a succédé
NET, ETTE,Le bec du perroquet qu'il [le perroquet] essuie quoiqu'il soit net
NEUTRALITÉQui pensera demeurer neutre [entre le scepticisme et le dogmatisme] sera pyrrhonien par excellence ; cette neutralité est l'essence de la cabale ; qui n'est pas contre eux est excellemment pour eux
NEUTREIls [les pyrrhoniens] ne sont pas pour eux-mêmes ; ils sont neutres, indifférents, suspendus à tout, sans s'excepter
NEZLe nez de Cléopatre : s'il eût été plus court, toute la face de la terre aurait changé
NIVEAUS'ils [les grands hommes] sont plus grands que nous, c'est qu'ils ont la tête plus élevée ; mais ils ont les pieds aussi bas que les nôtres ; ils y sont tous à même niveau, et s'appuient sur la même terre
NOEUDDieu, pour se réserver à lui seul le droit de nous instruire, et pour nous rendre la difficulté de notre être inintelligible, nous en a caché le noeud si haut....
NOIRCEURRien n'est si insupportable à l'homme que d'être dans un plein repos ... incontinent il sortira du fond de son âme l'ennui, la noirceur, la tristesse, le chagrin, le dépit, le désespoir
NOMBRELes nombres imitent l'espace, qui sont de nature si différente
NONLes langues sont des chiffres où non les lettres sont changées en lettres, mais les mots en mots ; de sorte qu'une langue inconnue est indéchiffrable
NONIls [les apôtres] jugent plus sûr que Dieu approuve ceux qu'il remplit de son esprit, que non pas qu'il faille observer la loi
NONCHALANCEContre ceux qui, sur la confiance de la miséricorde de Dieu, demeurent dans la nonchalance sans faire de bonnes oeuvres
NONOBSTANTTout ce qu'il y a de grand sur la terre s'unit [contre le christianisme], les savants, les sages, les rois.... et nonobstant toutes ces oppositions, ces gens simples et sans force [les apôtres] résistent à toutes ces puissances.... et ôtent l'idolâtrie de toute la terre
NOUVEAU ou, devant une voyelle ou une h muette, NOUVEL, NOUVELLEQu'on ne dise pas que je n'ai rien dit de nouveau ; la disposition des matières est nouvelle
NOUVEAUTÉLes impressions anciennes ne sont pas seules capables de nous abuser : les charmes de la nouveauté ont le même pouvoir
NOUVEAUTÉQuelle chimère est-ce donc que l'homme ! quelle nouveauté, quel monstre, quel chaos, quel sujet de contradiction, quel prodige !
NOUVELLEQu'ils [les hommes qui cherchent Dieu] se consolent, je leur annonce une heureuse nouvelle : il y a un libérateur pour eux
NUL, NULLENulle autre religion que la chrétienne n'a connu que l'homme est la plus excellente créature, et en même temps la plus misérable
ÔQue deviendrez-vous donc, ô homme, qui cherchez quelle est votre véritable condition par votre raison naturelle ?
OBÉIRIl est meilleur d'obéir à Dieu qu'aux hommes
OBJETL'unique objet de l'Écriture est la charité
OBSCURCIRIl y a [dans les prophéties et les miracles] de l'évidence et de l'obscurité, pour éclairer les uns et obscurcir les autres
OBSCURCIRSachant combien sa connaissance [de l'homme] s'est obscurcie par les passions
OBSCURÉMENTSi le temps [du Messie] eût été prédit obscurément
OBSCURITÉJe regarde de toutes parts, et ne vois partout qu'obscurité ; la nature ne m'offre rien qui ne soit matière de doute et d'inquiétude
OBSCURITÉJe puis bien aimer l'obscurité totale ; mais, si Dieu m'engage dans un état à demi obscur, ce peu d'obscurité qui y est me déplaît ; et, parce que je n'y vois pas le mérite d'une entière obscurité, il ne me plaît pas
OCCUPATIONIls [les hommes] ne cherchent en cela [la chasse] qu'une occupation violente et impétueuse qui les détourne de penser à soi

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