L'oeuvre Antigone de Jean de ROTROU

Ecrit par Jean de ROTROU

Date : 1638

Citations de "Antigone"

Pages 1

Utilisé pour le motCitation
ÀTu reviens seul, Hémon ; ô sinistre présage ! Que je lis d'infortune aux traits de ton visage !
ÀÔ ciel ! qu'aux châtiments ta justice est sévère, Et qu'il est dangereux d'exciter ta colère !
ABOID'effroyables remords, mégères éternelles, Invisibles bourreaux des âmes criminelles, Vous persécuteront jusqu'aux derniers abois
ACCIDENTOyez un accident qui me transit d'effroi
ACCORDÔ belles fleurs sans fruits ! accords sans hyménée !
ACCORDL'orgueil s'assortit mal avec le mauvais sort ; Et tous deux, insolents, font un mauvais accord
ACCORDERLe ciel, qui de sa main daigna nous accorder, Doit faire que l'effet à l'attente réponde
ACHEVÉ, ÉEChacun reste interdit, l'oeil et le bras levé ; Le coup demeure en l'air et n'est point achevé
ACQUÉRIRNe vous acquérez pas par votre dureté Un renom odieux à la postérité
ACTIONC'est ici que le sang et la condition Ne vous permettent pas une lâche action
ADRESSEIl s'est soustrait d'adresse, et pour un bel ouvrage
ADRESSERNous sommes aperçus, quelqu'un vers nous s'adresse
ADRESSERMais pourquoi, trompeuse déesse, S'il est vrai que tu n'as point d'yeux, Est-ce plutôt à de hauts lieux Qu'à des toits de bergers que ta rigueur s'adresse ?
ALENTIRLa fureur s'alentit par le retardement
ALENTOUR ou À L'ENTOURL'horrible cri d'une troupe d'orfraies A rempli d'un grand bruit tous les lieux d'alentour
AMENDEMENTSatisfaites les deux par votre amendement
AMORCERVos raisons, comme vous, sont de si peu de force, Que, loin de m'arrêter, cet obstacle m'amorce
AMORTI, IEHélas ! il consultait de mettre bas les armes ; Et déjà son courroux était presque amorti
APPARENCEParmi tous ces discours dépourvus d'apparence
ÂPREMENTJe voyais de la tour le choc des deux armées, L'une et l'autre au combat âprement animées
ARDEMMENTMais ce n'est pas assez d'entreprendre ardemment, L'honneur de l'entreprise est dans l'événement
ARDEURUne invincible ardeur en mes veines s'allume, Qui d'un secret effort jusqu'aux os me consume
ARGUSJ'ai des argus aux coteaux d'alentour Qui feront leur devoir d'y veiller nuit et jour
ARMET[Il] Ne trouve armet si fort ni lame si bien jointe Qu'il ne fasse passage au fer qu'il a poussé
ASSISTEREntrons et m'assistez d'une heure de conseil
ASSURANCEIl parle avec assurance Faites donc ; votre haine agit trop mollement ; Peut-être que le temps vous ôterait l'envie Ou l'assurance au moins de nous ôter la vie
AUTOURChassons d'autour de lui l'éclat qui l'environne
AVANCERJe n'avance à mourir non plus qu'à différer, Et, ni vivant, ni mort, je n'ai plus qu'espérer
AVAREJe me plains seulement de ce pays barbare Qui de six pieds de terre à son prince est avare
BAISER.... Mes premiers baisers s'adresseront à vous, Qu'une si longue absence a séparé de nous
BANNI, IECelui que tu chassais comme indigne de toi.... Qui fut ton roi sans sceptre et ton banni sans crime
BIENSÉANT, ANTECette confusion Me sera bienséante en cette occasion
BLÉ.... Qui voulait bien abattre ses murailles, Qui fit avec le feu la moisson de ses blés
BLÊMEÀ cet objet d'horreur, l'oeil troublé, le teint blême, J'ai demeuré longtemps plus morte que lui-même
BON, BONNELes mânes indignés de tant de bons soldats Contre ma lâcheté ne murmureraient pas
BOUCHEMais moi qui suis sensible à tout ce qui vous touche, Qui, mauvais courtisan, ai le coeur sur la bouche
BOUCLIERVous étiez son bouclier au milieu des alarmes
BOUILLIRLorsqu'aux veines des Grecs le sang bouillait encore
BUTTESur tout autre toujours votre art me persécute ; Vous m'entreprenez seul, seul je vous suis en butte
CENSURERCette seule rebelle, entre tous mes sujets, Censure mes édits, attaque mes projets
CHANGEMENTUn changement d'avis, quand la raison en presse, N'est pas une action contraire à la sagesse
CHEF-D'OEUVREForçons l'antre funeste où l'on tient enfermé Ce miracle d'amour, ce chef-d'oeuvre animé
CHER, CHÈREPour moi, je tiens plus chère et plus digne d'envie Une honorable mort qu'une honteuse vie
CIMETIÈREDu corps de ce mutin gisant sur la poussière Le ventre des corbeaux sera le cimetière
CLAIREMENTQue nous apprendrez-vous, bon vieillard, qui sans yeux Lisez si clairement dans le secret des cieux
CLOS, CLOSEPour un si beau dessein il n'est porte trop close
CLOS, CLOSEEt se jette à clos yeux au danger plus extrême
COMMISSIONN'as-tu rien oublié de ta commission ?
COMMUN, UNEDéférez quelque chose au sentiment commun
COMPARAISONL'orgueil à toutes deux a troublé la raison, Et leur extravagance est sans comparaison
CONDITIONC'est ici que le sang et la condition Ne nous permettent pas une lâche action
CONFORTERCette raison au moins en mon mal me conforte ; Que, s'il n'est supportable, il faudra qu'il m'emporte
CONSEILIls n'ont pas appelé ma voix à leur conseil
CONSEILMonsieur, on tient conseil et le roi vous demande
CONSIDÉRERNe considérez rien ou considérez tout
CONTRAIREJe vous l'ai conseillé, j'en pressai l'entreprise. - Tout au contraire, sire, elle m'en a reprise
CONTREDIREJe n'avancerais rien en vous contredisant ; J'ordonnais autrefois et je prie à présent
CONTREDIREParle, t'a-t-on surprise en ce fatal devoir Qui si visiblement contredit mon pouvoir ?
CONTRE-POIDSUn grand roi pèse tout d'un contre-poids égal, Rend le bien pour le bien et le mal pour le mal
CONTREVENANT, ANTEEt ne saviez-vous pas que cet acte en effet Était contrevenant à l'arrêt que j'ai fait ?
CONTREVENIREt si qui contrevient à ce que je défends Trouve des partisans en mes propres enfants....
CORBEAUEt m'ouvrez un passage à l'empire des morts, Dérobant aux corbeaux le butin de mon corps
COTEAUJ'ai des argus aux coteaux d'alentour Qui feront leur devoir d'y veiller nuit et jour
CRÉATURECar le ciel laisse agir l'ordre de la nature Et n'a pas toujours l'oeil sur une créature
CREVEROu ma vie ou la sienne, importunes sangsues, Doivent crever du sang dont elles sont repues
DAMNABLEAh ! mon fils, étouffez ce damnable dessein
DEAllons, unis d'esprit, sans commerce du corps, Achever notre hymen dans l'empire des morts
DEQui des deux l'emportera ? Lequel de vous ou de votre ami est venu jusqu'ici ? Or il est temps, ma soeur, de montrer qui nous sommes, Et qui peut plus sur nous, ou des dieux ou des hommes
DEÔ folle piété qui d'une même audace Fit la rébellion et reçoit la menace !
DEÀ toute autorité je fermerais les yeux, Et je ferais beaucoup de respecter les dieux
DÉBILEVil esclave de femme, esprit lâche et débile
DÉCERNEREt comme un défenseur de l'État et des siens, Il lui fait décerner les honneurs des anciens
DÉCHARGEREt déchargez vos mains de ce faix inutile
DÉÇU, UEMa mère, à mon déçu, par Éphite avertie, Avec tous ses efforts empêchait ma sortie
DÉDIRECroyez qu'il me déplaît, et très sensiblement, De vous devoir dédire une fois seulement
DÉFAUTMon guide, qu'à ce soin à mon défaut j'emploie, S'écrie épouvanté qu'il n'y voit point de foie [en une victime immolée, ce qui était un signe funeste]
DÉFÉREREncore à la nature Étéocle défère, Il se laisse gagner aux plaintes de ma mère
DÉFIEt depuis le défi que mes traits t'ont porté, Chaque instant qui se perd marque ta lâcheté
DÉFUNT, UNTEDe vous, qui renversez les lois de la nature, Qui, barbare, aux défunts niez la sépulture
DÉLASSERJe me délasserais parmi les précipices Et dans le seul repos trouverais des supplices
DÉLOYAUTÉQuoi ! ta rage, dit-il, n'est donc pas assouvie, Et tes déloyautés ont survécu ta vie !
DÉMENTIRBeaucoup d'événements ont démenti leurs causes
DEMEURERL'action est beaucoup moins marquée dans ceux-ci ; mais il doit être permis aux poëtes de l'introduire là où l'idée d'état est la première qui se présente à l'esprit : à cet objet d'horreur, l'oeil troublé, le teint blême, J'ai demeuré longtemps plus morte que lui-même
DÉPLAIRECroyez qu'il me déplaît et très sensiblement, De vous devoir dédire une fois seulement
DÉPOUILLERSi votre ambition ne va qu'à la couronne, Je dépouille pour vous l'éclat qui m'environne
DEPUISMais depuis qu'une vie est tombée en tes mains, ô mort, pour la ravir tous nos efforts sont vains
DÉSAPPROUVERJ'entends ce qu'on estime et ce qu'on désapprouve
DÉSOBÉIRQui m'a désobéi mérite le trépas
DÉTACHÉ, ÉETes mânes par ta mort de ton corps détachés
DÉTOURNERNon, ma mère.... ni mes soeurs.... Ne détourneraient pas le dessein que j'ai pris
DEVERSMille fois pour vous voir il a de ces remparts Devers Thèbes jeté les yeux de toutes parts
DIVERTIRÀ ce coup vainement j'ai voulu résister ; Je ne l'ai diverti ni n'ai pu l'éviter
DIVERTIRIl faut vous divertir par un autre entretien
DIVISERSeul on s'acquitte mieux d'une grande entreprise ; Le travail s'affaiblit alors qu'il se divise
DOUX, DOUCEQu'il [le ciel] vous soit aussi doux que vous m'êtes barbare
DUELIl est temps ou jamais que je vous satisfasse Et qu'un duel enfin entre mon frère et moi....
ÉDITSavez-vous la rigueur de son premier édit ?
EFFÉMINÉ, ÉEVa, coeur efféminé, va, lâche, sors d'ici
EFFETD'un frivole discours passez donc à l'effet
EFFRONTÉ, ÉE,Voyez quelle assurance en cet oeil effronté !
ÉGALITÉVoyez quelle assurance en cet oeil effronté ! Quel superbe maintien et quelle égalité !
EMBRASÉ, ÉEQuoi ! venir, embrasé d'une aveugle furie, Verser le sang des siens, ruiner sa patrie !
EMPÊCHEMENTVient-elle ôter aux morts les larmes que je verse, Et mettre empêchement à ce triste commerce ?
EMPORTERCette raison du moins en mon mal me conforte, Que, s'il n'est supportable, il faudra qu'il m'emporte
ÉMU, UEEt je l'ai moins touché par ce que j'ai pu dire Qu'un chêne n'est ému du souffle d'un zéphire
ENCENS.... Mais depuis qu'en ces lieux Sa voix rend aux mortels les réponses des dieux, Et qu'il envoie au ciel les encens de nos temples
ENCOREQue sa prétention fût ou non légitime, Encor ce traitement paraît-il inhumain
ENFREINDRESuffit que, si mon fils enfreignait ma défense, Mon sang, mon propre sang en laverait l'offense
ENRAGÉ, ÉESavez-vous sous quel joug cet hymen nous a mis ? De nos plus enragés et mortels ennemis
ENRAGÉ, ÉEComment ! ces enragés Gisent-ils déjà morts l'un par l'autre égorgés ?
ENSEIGNEMENTSatisfaites les dieux par votre amendement, Et sachez-moi bon gré de cet enseignement
ENTENDREJ'entends qu'avec ma cour toute la ville en deuil Demain rende au dernier [Étéocle] les honneurs du cercueil
ENTERREROn enterrera vif qui l'enterrera mort [Polynice]
ENTREPRENDRESur tout autre toujours votre art me persécute ; Vous m'entreprenez seul ; seul je vous suis en butte
ENTRERAi-je, autre Oedipe, entré dans le lit de ma mère ?
ENTRE-SUIVRE (S')Tels que d'une mer agitée On voit les flots s'entre-suivants Se fuir après au gré des vents Et ne tenir jamais une assiette arrêtée
ÉPAISSEURUne noire fumée Dont l'épaisseur corrompt la pureté de l'air
ÉPREUVEDe son propre intérêt chacun se fait des lois ; Et l'épreuve m'apprend que du pur artifice Nature, son contraire, aujourd'hui fait l'office
ÉPRIS, ISEÉpris de colère et d'amour
ESPRITFaites quelque indulgence à de jeunes esprits
ÉTABLIRÔ malheureuse fille, Sur qui j'établissais l'espoir de ma famille
ÉTOUFFEROn étouffe aisément qui se laisse presser
ÉVÉNEMENTBeaucoup d'événements ont démenti leurs causes
ÉVÉNEMENTMais ce n'est pas assez d'entreprendre ardemment ; L'honneur de l'entreprise est dans l'événement
EXCITERMais qu'en vous ce discours n'excite aucun souci
EXERCERIl laisse en son offense Une matière au roi d'exercer sa clémence
EXERCERVois si ma patience a de quoi s'exercer
EXTERMINERLa racine arrachée et les arbres détruits, Le cruel veut encore exterminer les fruits
EXTRACTIONMais son extraction provint-elle des cieux....
FACEQuand lui, la face ouverte et nullement émue
FAÇONVous vous plaignez, armez et frappez à la fois ; Est-ce de la façon qu'on demande ses droits ?
FAIREEt faisant faussement parler les immortels
FAUSSEMENTEt faisant faussement parler les immortels
FAUXMais épargne ta faux, puisque, ô prodige extrême, La nature aujourd'hui se détruit elle-même
FIERSouvent qui trop se fie aussi trop se hasarde
FORT, ORTE[Il] Se jette furieux au plus fort du danger
FUMÉEJe cours au temple alors, où la lampe allumée Jette au lieu de lumière une noire fumée
GARDEL'amour de ses sujets est une sûre garde
GARDERLe sceptre des Thébains Par ordre et droit de sang doit tomber en vos mains ; Mais les garde le ciel de votre tyrannie !
GÉNÉREUSEMENTSecourons l'innocence et généreusement
GÉSIRComment ? ces enragés Gisent-ils déjà morts, l'un par l'autre égorgés ?
GLOIREPour vous, ma chère soeur, sage et pieuse fille, Gloire du sang d'Oedipe, honneur de sa famille
GRACIEUX, EUSEEt quel est cet abord ? qu'il est peu gracieux !
GRAVEEnfin d'un maintien grave et d'une voix altière Polynice tout haut pousse cette prière
GRÉSatisfaites le ciel par votre amendement, Et sachez-moi bon gré de cet enseignement
HAUT, AUTEElle a le coeur trop bas pour un si haut dessein
HONNÊTELes bruits nous ont appris avec quelle allégresse Et quel honnête accueil vous a reçu la Grèce
HONNEURL'honneur qu'on rend aux morts est une vieille loi
HONNEURJ'entends qu'avec ma cour toute la ville en deuil, Demain rende au dernier [Étéocle] les honneurs du cercueil
HONNEURPour vous, ma chère soeur, sage et pieuse fille, Gloire du sang d'Oedipe, honneur de sa famille
IMAGINAIREêtres imaginaires
IMPÉRIEUX, EUSEArrêtez, a-t-il dit d'un ton impérieux
IMPRESSIOND'un règne commençant la première action Fait dessus les esprits beaucoup d'impression
IMPRIMEREt je n'ose vous dire une secrète peur Que m'imprime en l'esprit cette mauvaise humeur
IMPUISSANCEMais, ma soeur, l'impuissance excuse le devoir
INACCESSIBLEEt vous, plus inhumain et plus inaccessible, Conservez contre moi le titre d'invincible
INFRACTEURIl défend d'inhumer le corps de Polynice, Et, déclarant ce prince ennemi de l'Etat, Condamne l'infracteur comme d'un attentat
INHUMERIl défend d'inhumer le corps de Polynice
INNOCENCENon, non, le droit ordonne en première maxime Le prix à l'innocence et le supplice au crime
INSTANTUn instant a souvent changé l'ordre des choses
JETERJe cours au temple alors où la lampe allumée Jette, au lieu de lumière, une noire fumée
JOINDREL'amitié nous joignit bien plus que la nature
JURÉ, ÉEIl importe à l'État qu'un ennemi juré....
LÂCHERVenez voir, cher Hémon, si le ciel en courroux Peut lâcher quelque trait qu'il n'ait lâché sur vous
LAMPEJe cours au temple alors, où la lampe allumée Jette au lieu de lumière une noire fumée
LÉGITIMEQue sa prétention fût ou non légitime
LIERPour me lier les mains lorsqu'il me rompt sa foi ?
LIEUEnfin, exprès, ma soeur, j'ai voulu qu'Hémon même Nous laissât le lieu libre et n'en pût rien savoir
LOUPIl défend que son corps [de Polynice], sang d'Oedipe et de nous, Ait d'autre monument que le ventre des loups
MÂLEÔ mâle coeur de fille ! ô vertu non commune Qui pour rien ne se rend aux coups de la fortune !
MALHEUREUX, EUSEÔ malheureuse fille, Sur qui j'établissais l'espoir de ma famille ; Ô race détestable et digne de son sort
MANQUÉ, ÉEIl peut pour un manqué recouvrer cent partis
MESSAGER, ÈREL'horrible cri d'une troupe d'orfraies, D'infaillibles malheurs messagères trop vraies
MÉTALL'or est un charme étrange, un métal précieux, Qui corrompt toute chose et tenteroit les dieux
METTRE[Il] Lui met le fer au sein que mourant il y laisse
MIENThèbes, dessus ma tête apporte la couronne ; Elle est mienne, et le sang par deux fois me la donne
MIEUXUsez-en comme moi ; le ciel sait qui vit mieux
MISÉRABLEQuoi ! cette misérable à mon fils destinée Déclare maintenant sa haine contre moi !
MONSIEURMonsieur, on tient conseil, et le roi vous demande
MONTERMontez, le fer en main, les rochers du Tymole
MORT, ORTEÀ cet objet d'horreur, l'oeil troublé, le teint blême, J'ai demeuré longtemps plus morte que lui-même
MOUVOIRVotre intérêt, Créon, vous meut plus que ma gloire
MÛR, ÛRELa raison n'est pas mûre en si verte saison
NAISSANCEEt n'a point respecté la naissance du jour
NAISSANT, ANTEÔ présage fatal pour un règne naissant, De l'arroser de sang, et de sang innocent !
NAÎTREEt cette loi [ensevelir les morts] naquit avecque la nature
NATUREL, ELLEL'honneur qu'on porte aux siens devient illégitime, Et trop de naturel passe aujourd'hui pour crime
NOMBREUn nombre de corbeaux aussi funeste qu'elles A quelque temps après redoublé mon effroi
NUITAvant que je te suive en la nuit du tombeau
OBJETÀ cet objet d'horreur, l'oeil troublé, le teint blême, J'ai demeuré longtemps plus morte que lui-même
OCCASIONSire, à trop consulter, l'occasion se passe
OCCASIONEnfin tout n'est qu'horreur et que confusion, Et tout, Créon, et tout à votre occasion
OEUVREVous voyez en sa mort un oeuvre de sa main
OFFICEÀ moi bien plus qu'à lui vous rendiez cet office : Vous sauviez Antigone en sauvant Polynice
OPINERAllez, mais sur tout autre opinez pour la paix
OROr il est temps, ma soeur, de montrer qui nous sommes, Et qui peut plus sur nous, ou des dieux ou des hommes
ORL'or est un charme étrange, un métal précieux, Qui corrompt toute chose et tenterait les dieux
ORDONNANCEJ'abhorre l'ordonnance et redoute la peine
ORDRETel est ton ordre [ô fortune] aux biens que tu nous fais : Tu nous caresses, tu nous frappes, Tu viens à nous, tu nous échappes, Et tu ne t'arrêtes jamais
OREILLEEnfin j'ouvre l'oreille aux conseils de la rage
OSEROsez ce qu'ont osé tant d'autres conquérants
ÔTERUn roi de qui l'autorité ôte aux vivants l'espoir, aux morts la sépulture
PAREt pour vous faire outrage Il faudrait que par moi son fer se fît passage
PAREIL, EILLEMais après que, pafreils de force et de courage, Ils ont gardé longtemps un égal avantage
PARLERL'ordonnance avec soi porte sa fin expresse ; C'est à nous qu'elle parle, à nous qu'elle s'adresse
PARTDe ma part, je proteste en ces divines mains Qu'au moins je forcerais tous obstacles humains
PASSERIl veut qu'en même jour le corps de mon époux Passe d'entre mes bras dans le ventre des loups
PASSERSire, à trop consulter l'occasion se passe
PAVOTC'est bien, ô nuit, c'est bien de tes plus noirs pavots Que tu m'as distillé ce funeste repos
PISQue pourrais-je avoir pis, si j'étais le parjure, Si j'avais violé les droits de la nature ?
PLANTERQuand lui, la face ouverte et nullement émue, Hardi, s'étant planté sur le bord de la tour
PORTERLe dessein généreux qui portait là ses pas
PRENDREVous prenez tout d'un sens contraire à ma pensée
PRENDRELe jeune Ménécée a pris ces mots pour lui
PRÉSENTERDeux de mes compagnons qui l'amènent ici Vous vont le présenter et l'étrangère aussi
PRISERCe que prise un bon père est prisé de son fils ; Ils ont mêmes amis et mêmes ennemis
PROCÈSLui-même est criminel, s'il censure le prince. - Faites donc le procès à toute la province
PROFITERMais le dessein suffit, si l'effet ne profite
PROTESTERDe ma part je proteste en ces divines mains, Qu'au moins je forcerais tous obstacles humains
QUEQue sa prétention fût ou non légitime, Encor ce traitement paraît-il inhumain
QUIJamais la vérité, cette fille timide, Pour entrer chez les rois ne trouve qui la guide
RAISONCette raison au moins en mon mal me conforte, Que, s'il n'est supportable, il faudra qu'il m'emporte
RAMASSERRamassant un reste de vigueur
REBELLECette seule rebelle, entre tous mes sujets, Censure mes édits, attaque mes projets
RÉDUIREQuels mutins sous mes lois se laisseront réduire, Si les miens [parents] les premiers tâchent de les détruire ?
RÈGNED'un règne commençant la première action Fait dessus les esprits beaucoup d'impression
RELEVERCar, ne relevant pas de mon autorité, Le crime qu'elle a fait est d'autre qualité
REMORDSD'effroyables remords, mégères éternelles, Invisibles bourreaux des âmes criminelles
RENDREIci furent portés et rendus tant de coups....
RENOMNe vous acquérez pas par votre dureté Un renom odieux à la postérité
RENVERSER....vous qui renversez les lois de la nature, Qui, barbare, aux défunts niez la sépulture
RÉSOLUTIONMais rien n'ébranle-t-il sa résolution ?
RESSENTIRMes sens par son excès [de ma douleur] sont demeurés perclus ; Pour la trop ressentir je ne la ressens plus
ROCHERJ'ai peint votre respect, votre amour, votre ennui ; Mais le plus dur rocher est moins rocher que lui
ROIUn grand roi pèse tout d'un contrepoids égal, Rend le bien pour le bien et le mal pour le mal
ROSEJ'entrerais dans les feux comme en un lit de roses
SATISFAIRENos deux frères sont morts, ma mère suit leurs pas, Et le ciel toutefois ne se satisfait pas
SAVANT, ANTELe plus savant s'y trompe, et deux yeux voient mieux qu'un
SEINLe soir qu'elle partit pour ce pieux dessein, Elle tenait caché ce poignard dans son sein
SENSVous prenez tout d'un sens contraire à ma pensée
SENSIBLEMENTIl saura, je le jure, Combien sensiblement me touche cette injure
SERVILEJe n'ai fait action ni lâche, ni servile
SOUMETTRESoumettez-vous les lieux que dore le Pactole
SUPPLICE[Qu'il] De sa rébellion reçoive le supplice
SUPPORTABLECette raison au moins en mon mal me conforte Que, s'il n'est supportable, il faudra qu'il m'emporte
SURGEONVoilà que les surgeons d'un sang incestueux Portent le diadème, et vous êtes pour eux !
SURVIVREQuoi ! ta rage, dit-il, n'est donc pas assouvie, Et tes déloyautés ont survécu ta vie !
TENIRJ'ai tous les sentiments que mon devoir m'ordonne, Je tiens de votre sang et de votre couronne
TENIREt moi, moins populaire, Je tiens indifférent d'être craint ou de plaire
TENIRMais si le pacte tient....
TENIRMais, madame, mon sens ne s'est point démenti, Et je ne puis tenir pour un mauvais parti
TERREJe me plains seulement de ce pays barbare Qui de six pieds de terre à son prince est avare
TIRERIl tire après ces mots une brillante épée
TÔTJe suivrai vos avis ; mais tôt, le besoin presse
TRAITEMENTTraitement inhumain
TRANSGRESSERJ'ai seule transgressé cet arrêt inhumain
TRAVAILSeul on s'acquitte mieux d'une grande entreprise, Le travail s'affaiblit alors qu'il se divise
VÉRITÉJamais la Vérité, cette fille timide, Pour entrer chez les rois ne trouve qui la guide
VERT, ERTELa raison n'est pas mûre en si verte saison
VEUF, VEUVEPar moi, braves héros, sont veuves à la fois Vos femmes de maris et vos villes de rois
VIEIL ou VIEUX, VIEILLEL'honneur qu'on rend aux morts est une vieille loi
VIVEMENTJe sais qu'un fils qu'on perd afflige vivement
VOULOIRJe vous que cette offense attaque votre gloire ; Mais qui l'osa commettre a pu ne pas le croire

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