L'oeuvre Chansons de Pierre Jean de BÉRANGER
Ecrit par Pierre Jean de BÉRANGER
Date : 1812
Citations de "Chansons"
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COUCHE | Si, par nous abrité, Il s'endort sur la couche De l'hospitalité |
COUCHETTE | Mais le plus heureux des maris, En quittant sa couchette, Demain se pavanera |
COUDOYER | La décence même y babille, Et par la gaîté qui prend feu, Se laisse coudoyer un peu |
COUDRE | Je l'ai vue heureuse et parée ; Elle cousait, chantait, lisait |
COULER | S'il faut mon sang pour la victoire, Agnès, tout mon sang coulera |
COULEUR | Je dois vaincre, j'ai de ma belle Et les chiffres et la couleur |
COULEUR | ... Qui pouvait répondre Que le ciel.... N'eût point vu sur la tour de Londre Flotter en fin les trois couleurs ! |
COULEUR | Quand secouerai-je la poussière Qui ternit ses nobles couleurs ? |
COULEUR | M. Judas .... soutient avec chaleur Qu'il n'a joué qu'un seul rôle Et n'a pris qu'une couleur |
COULISSE | Nous n'irons plus dans les coulisses Brailler en choeur à l'opéra |
COULISSE | Grands réformateurs, Piliers de coulisses |
COUP | Du vin vieux d'un hôte aimable Il faut boire à petits coups |
COUP | Tandis que.... coup sur coup, Pour ma santé je bois beaucoup |
COUPE | Chez l'étranger la mort l'atteint ; Qu'il dut trouver sa coupe amère ! |
COUPE-CHOUX | Ah ! préférez à leur audace [de Voltaire et des siens] L'esprit d'un frère coupe-choux |
COUPER | Coupons court Aux erreurs de la jeunesse |
COUPLE | De ce couple qui s'aime Livrons la vie au sarcasme des cours |
COUPLET | Denys, sur moi fais donc vite un couplet |
COUR | Vous êtes bien en cour ? Pourvoyez-nous d'une riche abbaye |
COUR | Je vais au palais d'une altesse Et j'achète un habit de cour |
COURIR | Nous promettons pour cette grâce De sauter pour les gens en place, De courir sur les malheureux |
COURIR | À courir les fillettes.... Il s'est couvert de dettes |
COURONNE | Belles, vous portez à quinze ans La couronne de l'innocence |
COURS | Sur un ruisseau rapide Vers la France entraîné, Il s'assied l'oeil humide Et le front incliné ; Dans ces champs qu'il regrette, Il sait qu'en peu de jours, Ces flots que rien n'arrête Promèneront leur cours |
COURSIER | Le sang remonte à son front qui grisonne, Le vieux coursier a senti l'aiguillon |
COURT, COURTE | Coupons, morbleu, coupons court Aux erreurs de la jeunesse |
COURTIER | De tout Cythère Sois le courtier : On paiera bien ton ministère |
COURTOISIE | Penses-tu que par courtoisie Le monde entier te fasse accueil ? |
COUSSIN | Sur les coussins où la douleur l'enchaîne, Quel mal, dis-tu, vous fait ce roi des rois ? |
COUSU, UE | Aux pieds de prélats cousus d'or Charles dit son confiteor |
COUVERT | Mais, que vois-je ! de bons amis Que rassemble un couvert bien mis |
CRACHAT | Ils ont des titres, et, je crois, Des crachats et même des croix |
CRAMPONNER | Cet homme est-il bien de ma race [Juifs] ? .... à mes fils comme il se cramponne ! |
CRAVATE | Vous figurez-vous Ce diable habillé d'écarlate ? Bossu, louche et roux ; Un serpent lui sert de cravate ; Il a le nez crochu |
CRÉDIT | Mais nous avons là vingt bouteilles, Et le traiteur nous fait crédit |
CRÉDIT | Mon hôte à crédit me traite ; J'ai bonne chère et vin vieux |
CRÉER | Notre esprit qu'Amour seconde, Au coin du feu crée un monde Qu'un doux ciel toujours féconde, Où s'aimer tient lieu de bien |
CRÉNEAU | Grâce à mes créneaux, à mes arsenaux, Je puis au préfet Dire un peu son fait |
CRÊTE | Je franchirais ces monts à crête immense, Où je crois voir nos vieux drapeaux flottants |
CREUSET | Ton art [l'alchimie] est sûr ; le Pactole et Jouvence Dans le creuset vont marier leurs flots |
CREVER | Il [Satan] jure, il grimace, il se tord, Il crève comme un hérétique |
CRI | N'entend-on pas le qui-vive des gardes, Qui se mêle au cri des verrous ? |
CRIER | Les bigots, par rancune, Au sorcier criaient tous |
CRIER | C'est le vent, me dites-vous, Qui fait crier la serrure |
CRIME | Gourmands, cessez de nous donner La carte de votre dîner ; Tant de gens qui sont au régime Ont droit de vous en faire un crime |
CRISTAL | Dans un beau palais de cristal, Hélas ! Urgande est retirée |
CRISTAL | Que de cristaux, de bronzes, de colonnes ! Tributs de l'amour à l'amour |
CROISER | Nous nous aimions sans nous connaître ; Nos baisers se croisaient dans l'air |
CROIX | Souvent ce lâche effronté Porte l'habit militaire Avec la croix au côté |
CROIX | Mon fils le baron, Quoiqu'un peu poltron, Veut avoir des croix ; Il en aura trois |
CROQUANT | Bien qu'après coup tous ces croquants Osent me traiter d'antiquaille |
CROQUE-MITAINE | Toi .... Prends l'arme de ce héros ; Puis, en vrai croque-mitaine, Tu feras peur aux marmots |
CROQUER | Il eût de la pomme d'Ève, Ah ! Croqué jusqu'au dernier pepin |
CROQUER | Turpin d'abord trouve lui-même Coeur de vingt ans non profané ; Mais un bon moine de Télème Le croque à l'instant sous son né |
CROULER | N'est-ce que quand la maison croule Qu'on permet de crier au feu ? |
CROUPIR | Mais à l'homme on crie en tout lieu, Qu'il s'agite, Ou croupisse au gîte, Tu nais, bonjour, tu meurs, adieu |
CRU | Moi, gai comme un dieu sans nectar, Au vin du cru je me résigne |
CUEILLETTE | Oui, d'abord vivant de nos miettes, Il [l'homme] prit de nous [singes] l'art des cueillettes |
CUISANT, ANTE | Un mal cuisant déchire ma poitrine, Ma faible voix s'éteint dans les douleurs |
CUISANT, ANTE | Mes bons amis, du sort et de l'envie On brave ainsi les traits cuisants |
CUISTRE | Nul front sinistre ; Propos de cuistre, Airs de ministre N'y sont point permis |
CUL ou CU | Quoi ! vivrez-vous donc toujours, Vieux petits culs nus d'amours ? |
CUPIDON | Trois douzaines de Cupidons Qu'une actrice a mis sur la paille |
CUVE | Près de la cuve qui bouillonne On voit s'égayer le vieillard |
CUVER | Peins-nous ses feux [de Tibère] qu'en secret tu redoutes, Quand sur ton sein il cuve son nectar |
CYGNE | J'ai pris femme noble aux doux yeux, Aux mains blanches, au cou de cygne |
CYGNE | Mais il ne faut pas qu'on ignore Qu'en chantant le cygne a fini |
DAIS | De l'homme inculte il adoucit la vie, Et sous le dais montre au doigt les tyrans |
DAMAS | Le vois-tu bien [le bonheur] là-bas, là-bas, Là-bas, là-bas, c'est en Asie ? Roi, pour sceptre il porte un damas Dont il use à sa fantaisie |
DAMOCLÈS | De Damoclès l'épée est bien connue ; En songe, à table, il m'a semblé la voir ; Sous cette épée et menaçante et nue Denys l'ancien me forçait à m'asseoir |
DANSER | Heureux villageois, dansons |
DANSER | Tandis qu'à mes yeux la belle Chante et danse à ses chansons |
DANSER | Chers enfants, chantez, dansez, Votre âge Échappe à l'orage |
DE | Eh quoi ! j'apprends que l'on critique Le de qui précède mon nom |
DÉBARQUER | En Bourgogne je débarquai, Pour la chanson climat propice ; Nous trouvons, buvant sur le quai, Le vieux mari de ma nourrice |
DÉBORDER | Pour l'étouffer [la liberté] en vain la tyrannie Fait signe au nord de déborder sur nous |
DÉBOUCHÉ | L'ennui les tuait [des nègres] par vingtaine ; Peste, dit-il [le négrier], quel débouché ! |
DÉBRIS | Quoi ! ces monuments chéris, Histoire De notre gloire, S'écrouleraient en débris ? |
DÉBUT | Pour le théâtre ayant quitté l'aiguille, à mon début Craignant quelque rebut |
DÉCÈS | Pour recoudre à fond mes goussets, J'aurais dû prendre à son décès Les aiguilles de mon grand-père [un tailleur] |
DÉCHARNÉ, ÉE | Son coursier décharné De loin chez nous l'a ramené |
DÉCHIFFRER | Quittez la lyre, ô ma muse ! Et déchiffrez ce mandat |
DÉCHIFFRER | Qu'importe à moi que mon nom sur la pierre Soit déchiffré par un futur savant ? |
DÉCHIRER | Un mal cuisant déchire ma poitrine |
DÉCLIN | La princesse avait une dame, Dame d'honneur, fleur au déclin |
DÉCLIN | Soleil si doux au déclin de l'automne ! |
DÉCOLORER | Les ans font-ils neiger sur nous, à nos yeux tout se décolore |
DÉCORER | De nouveaux noms la France se décore ; à l'aigle éteint nous redevons des pleurs |
DÉDALE | J'ai trop bravé nos tribunaux ; Dans leurs dédales infernaux, J'entends Cerbère et ne vois point Minos |
DEDANS | Un coffre et rien dedans, Eh gai c'est la richesse Du gros Roger Bontemps |
DÉDICACE | On lit dans une dédicace Qu'en latin il citait Horace |
DÉESSE | Est-ce bien vous, vous que je vis si belle Quand tout un peuple, entourant votre char.... De nos respects, de nos cris d'allégresse, De votre gloire et de votre beauté, Vous marchiez fière ; oui, vous étiez déesse, Déesse de la liberté |
DÉFAIT, AITE | J'ai vu sa parure enfantine Plaire par ce qui lui manquait, Ruban perdu, boucle défaite ; Elle était bien, la voilà mieux |
DÉFAUT | Lindor par son audace Met la ruse en défaut |
DÉFI | Mars enfin comble nos misères ; Des rois nous payons les défis |
DÉFONCÉ, ÉE | Pouffant de rire à voir couler sa vie Comme le vin d'un tonneau défoncé |
DÉFOURNER | Des gens enfournent ; D'autres défournent ; Aux broches tournent Veau, boeuf et mouton |
DÉFROQUE | Fripier, vite que l'on me donne La défroque d'un chambellan |
DÉFUNT, UNTE | Vierge défunte, une soeur grise Aux portes des cieux rencontra Une beauté leste et bien mise |
DÉGALONNER | Tous, dégalonnant leurs costumes, Vont au nouveau chef de l'État De l'aigle mort vendre les plumes |
DÉGOÛT | Mon parrain, dès qu'il l'eut apprise [cette histoire], Me prédit le dégoût du vin |
DÉIFIER | Vous rampiez tous, ô rois qu'on déifie ! |
DÉLABRÉ, ÉE | Quand la goutte l'accable Sur un lit délabré |
DÉLASSER | Autour de moi, sous l'ombrage, Accourez vous délasser |
DÉLIVRER | Monsieur Loyal, délivrez-moi quittance ; Vive le roi, voilà dix mille francs |
DÉLOGER | Non, dit la voix, plus de fêtes ; Esprits, vite délogeons |
DÉMAGOGIE | Puis j'irais pour démagogie En prison terminer l'orgie |
DEMANDER | On rit du fou qui sur sa lyre Chante à la porte en demandant |
DÉNICHER | Dans nos bois souvent dès l'aurore, J'ai déniché de frais appas |
DÉNIGRANT, ANTE | Çà, mesdames les dénigrantes, Si cet honneur vient la trouver.... |
DENT | De le frapper je suis las, Mais dans ses dents monsieur gronde |
DÉPENSE | Qu'une autre écrive la dépense.... Je veux que mon maître de danse... |
DÉPENSER | Pour dépenser sa vie en peu d'instants.... Dans un grenier qu'on est bien à vingt ans ! |
DÉPÉRIR | L'État n'a point dépéri, Je reviens gras et fleuri |
DÉPOUILLE | Dans les changements qui surviennent Les dépouilles nous appartiennent |
DÉRIDER | La gaîté qu'il savait répandre Eût déridé le front d'un roi |
DÉSENIVRER | Tout roi que la peur désenivre Nous prodigue aussi les joujoux |
DÉSERTER | La liberté déserte avec ses armes |
DÉSERTEUR | Exempt d'impôt, déserteur de phalange [non inscrit dans la garde nationale], Je suis pourtant assez bon citoyen |
DÉSHABILLER | Seigneurs, banquiers et notaires La feront encor briller ; Puis encor des mousquetaires Viendront la déshabiller |
DÉSHÉRITER | Puis ma chanson favorite Aux guerriers qu'on déshérite Ferait chérir le hameau |
DESSEIN | Lanterne en main, dans l'Athènes moderne Chercher un homme est un dessein fort beau |
DESSOUS | D'abord ils [les noirs] ne savent qu'en dire [des marionnettes] ; Ils se regardent en dessous |
DESSOUS | Hommes noirs, d'où sortezvous ? Nous sortons de dessous terre |
DÉTESTABLE | Béni sois-tu, vin détestable ! Pour moi tu n'es point redoutable |
DÉTONNER | Pour Batyle aux fraîches couleurs Quand Anacréon détonne [il s'agit des amours grecs] |
DÉTRESSE | Vous qu'afflige la détresse, Croyez que plus d'un héros Dans le soulier qui le blesse Peut regretter ses sabots |
DÉVIER | Vous dont le char dévie Après un cours heureux |
DÉVOLU, UE | Les honneurs me sont dévolus, J'ai cinquante écus |
DÉVORER | Gens que l'avarice dévore, Pour votre or soudain j'ai frémi |
DIABLE | À moins de douze couplets, Au diable une chansonnette ! |
DIABLE | Ma filleule, où diable a-t-on pris Le pauvre parrain qu'on vous donne ? |
DIABLOTIN | Diablotins, par ribambelle, Viennent baiser ses pieds nus |
DIEU | Dans mes calculs, Dieu ! quel déboire, Si de ton héros je parlais ! |
DIMANCHE | Grâce à l'or de mon jeune amant, Là tous mes jours sont des dimanches |
DÎME | D'anciens Gaulois.... Levaient la dîme sur les caves Du maître qui les opprimait |
DÎNER ou DÎNÉ | Quels dînés Les ministres m'ont donnés ! |
DIRE | Lorsque les yeux chercheront sous les rides Les traits charmants qui m'auront inspiré, Des doux récits les jeunes gens avides Diront : quel fut cet ami tant pleuré ? |
DIRE | Au dire du proverbe ancien L'amitié ne remonte guère ; Bon petit-fils, je n'en crois rien Quand je pense à vous, ma grand'mère |
DISCORD | Dans nos discords j'ai fait plus d'un naufrage, Sans fuir jamais la France et son beau ciel |
DISCORD | Proscrit jadis, la naissante Amérique Nous le rendit après nos longs discords |
DISPARAÎTRE | Encore une étoile qui file, Qui file, file et disparaît |
DISPARAÎTRE | J'ai plongé cent peuples fameux Dans un abîme de ténèbres Où vous disparaîtrez comme eux |
DISTANCE | Des distances l'amour peut rire, L'amitié n'en supporte point |
DISTILLER | Dans les palais et sous le chaume, Moi, dit la soeur, j'ai de mes mains Distillé le miel et le baume Sur les souffrances des humains |
DITHYRAMBIQUE | J'entonne sur les troubadours Un chant dithyrambique |
DIVORCER | Par malheur sa femme était sage ; Mais aussi Robin divorça |
DOCILE | Sur une onde tranquille Voguant soir et matin, Ma nacelle est docile Au souffle du destin |
DOCTRINAIRE | La planète doctrinaire Qui sur Gand brillait Veut servir de luminaire Aux gens de juillet |
DODO | Au soir des ans doit sembler doux Ce chant qui nous a charmés tous : Dodo, l'enfant do, L'enfant dormira tantôt |
DODU, UE | Comme ils sont dodus et gras, Ces bons citoyens du Maine ! |
DOIGT | D'un oeil moqueur les Grâces infidèles Montrent du doigt mon réduit délaissé |
DOIGT | Aussi plus elle [sa femme] brille, Plus on le montre au doigt |
DOIGT | Momus en donne [de sa marotte] sur les doigts Du grand que l'on encense |
DOIGT | Ma grand'mère, un soir à sa fête, De vin pur ayant bu deux doigts |
DOLÉANCE | Libéraux, dans vos doléances, Pourquoi donc vous en prendre à moi? |
DONJON | Heureux d'avoir su vous défendre, J'accours des célestes donjons |
DONNER | Les dimanches, point ne défends La joie à ces pauvres enfants ; J'aime alors qu'on s'en donne |
DON QUICHOTTE | Dons Quichottes de l'arbitraire, Allons, morbleu, de la valeur ! |
DORÉ, ÉE | Que font ces nains si bien parés Sur des trônes à clous dorés ? |
DORER | L'opulence a doré Jusqu'à ta couchette |
DORMIR | Oui je dormais sur un petit volume Qui me vaudra d'être encore étrillé |
DOS | Sur le dos des gens du village Après boire il cassait les pots |
DOS | Quoi, volage, prenez-vous donc Pour vous mettre à dos les jésuites.... Coquilles, rosaire et bourdon |
DOS | Quittons-nous cette ville unique, Nous voyageons Paris à dos |
DOTER | Le ciel nous dote D'une marotte Tour à tour grave et quinteuse et falote |
DOTER | L'espérance aux ailes brillantes Sur vous se plaît à voltiger ; De combien de formes riantes Vous dote son prisme léger ! |
DOUBLER | Courons, doublons le pas, Pour le trouver [le bonheur], là-bas, là-bas |
DOUCHE | Après un coup de romanée, La douche ayant calmé mes sens, J'ai maudit ma muse obstinée à railler les hommes puissants |
DOUILLETTE | Rose en douillette, en fourrure, Ici contre la froidure, Vient m'offrir un doux soutien |
DOUTER | Par la fortune Athènes détrônée Maudit Philippe et douta de ses dieux |
DOUX, DOUCE | Soleil si doux au déclin de l'automne, Arbres jaunis, je viens vous voir encor |
DOUX, DOUCE | A Colin toujours alerte, Ne faites pas les yeux doux |
DOYEN | Ce chapitre que Momus fonde Chez eux manquera de doyen |
DRAGÉE | Oui d'un baptême de cour Voyez en nous [jésuites] les dragées |
DRAP | La princesse, enfin moins superbe, Ouvre au galant ses draps de lin |
DRAPEAU | Viens, mon drapeau, viens, mon espoir ; C'est à toi d'essuyer mes larmes ; D'un guerrier qui verse des pleurs Le ciel entendra la prière : Oui je secouerai la poussière Qui ternit tes nobles couleurs |
DRAPEAU | On m'a crié : l'occasion est bonne, Tous les partis rapprochent leurs drapeaux [se réconcilient] |
DRELIN | Pauvres fous, battons la campagne ; Que nos grelots tintent soudain ; Comme les beaux mulets d'Espagne, Nous marchons tous drelin dindin |
DRESSÉ, ÉE | Un festin que Rose apprête, Gaîment par nous est dressé |
DROIT | Et tous vos tendrons Subiront l'honneur Du droit du seigneur |
DRÔLE | Monsieur Judas est un drôle Qui soutient avec chaleur Qu'il n'a joué qu'un seul rôle |
DRÔLE | C'était la régence alors ; Et sans hyperbole, Grâce aux plus drôles de corps, La France était folle |
DUVET | Grâce aux amours, bercé par l'espérance, D'un lit plus doux je rêve le duvet |
EAU | Pour éviter bien des maux, Veut-on suivre ma recette ? Que l'on nage entre deux eaux |
ÉBAHI, IE | Pierrots et paillasses Charment sur les places Le peuple ébahi |
ÉBAT | Deux vieilles disaient tout bas : Belzébuth prend ses ébats |
ÉBAT | Puisque le tyran est à bas, Laissez-nous prendre nos ébats |
ÉCARLATE | Gens vêtus d'or et d'écarlate, Pendant un mois chacun vous flatte |
ÉCHAFAUD | J'ai cru voir dans un songe horrible Un échafaud dressé pour moi |
ÉCHALAS | Les rois boiront, Tous en rond ; Les lauriers serviront D'échalas à nos vignes |
ÉCHANGE | Aux échanges l'homme s'exerce ; Mais l'impôt barre le chemin |
ÉCHANGER | Oh ! qu'ils sont loin ces jours si regrettés ! J'échangerais ce qu'il me reste à vivre Contre un des mois qu'ici Dieu m'a comptés |
ÉCHANGER | Enfants, en rêve on dit qu'avec les anges Vous échangez, la nuit, les plus doux mots |
ÉCHARPE | Notre maire tourne à tout vent, D'écharpe il change |
ÉCHASSE | Les échasses de l'étiquette Guindent bien haut un coeur bien bas |
ÉCHO | Reine des flots, sur ta barque rapide, Vole en chantant, au bruit des longs échos ; Les vents sont doux, l'onde est calme et limpide, Le ciel sourit ; vogue, reine des flots |
ÉCHO | De tant d'échos résonnant jusqu'à nous, Les plus lointains nous semblent les plus doux |
ÉCHO | Pauvres enfants ! l'écho murmure encore L'air qui berça votre premier sommeil |
ÉCHO | Ciel vaste et pur, daigne encor me sourire ; Échos des bois, répétez mes adieux |
ÉCHO | Je dois trembler ; car moi, qui suis prophète, Je vois de loin l'oubli fondre sur vous ; [Mes vers] De tant d'échos dont la voix vous répète, L'un meurt, puis l'autre, et puis cent, et puis tous |
ÉCHOUER | Où l'une [nation] échoue une autre recommence, Dieu nous a dit : Peuples je vous attends |
ÉCLABOUSSER | Le char de l'opulence M'éclabousse en passant |
ÉCLAIRER | Trop tard sur les malheurs de Nîmes, On éclairerait ta bonté |
ÉCLAT | Tout cet éclat dont l'Europe est si fière, Tout ce savoir qui ne la défend pas, S'engloutira dans les flots de poussière Qu'autour de moi vont soulever tes pas |
ÉCLATER | C'est en éclatant sur nos têtes Que la foudre nous éclaira |
ÉCLATER | Dieu d'un sourire a béni la nature ; Dans leur splendeur les cieux vont éclater ; Reviens, ma voix, faible mais douce et pure : Il est encor de beaux jours à chanter |
ÉCLORE | Vingt ans au plus, bonhomme, attends encore ; L'oeuf éclôra sous un rayon des cieux |
ÉCOLE | Momus a pris pour adjoints Des rimeurs d'école |
ÉCONOMIE | Mais vivre en tout d'économie, Moins prodiguer et mieux jouir.... Mes amis, ce n'est pas vieillir |
ÉCOT | Heureux l'écot où la commère Apportait sa pinte et son verre ! |
ÉCOULER (S') | Voisin des champs où mon enfance S'écoula sous un chaume obscur |
ÉCRITOIRE | Rappelez-vous que ce jour-là Un beau page tint l'écritoire |
ÉCROUELLES | Le roi dit : je n'ai qualité Que pour guérir les écrouelles |
ÉCU | Loin de les rendre à ton Crésus, Va boire avec ses cent écus |
ÉCUMER | La chambre regorge d'intrus ; Peins-nous l'un de ces bas ventrus, Aux dîners qu'il écume |
ÉDIFICE | De souvenir en souvenir J'ai reconstruit mon édifice : Je vais conter, pour en finir, Ce qu'on me dit de ma nourrice |
EFFACER | Dans l'art des vers c'est toi qui fus mon maître ; Je t'effaçai sans te rendre jaloux |
EFFACER | Achille était poétique, Mais morbleu nous l'effaçons |
EFFET | Tu veux que pour toi je compose Un long roman qui fasse effet |
EFFEUILLER | L'aimable fée apparaît à mes yeux, Ses doigts distraits effeuillent une rose |
EFFEUILLER | Roses d'automne, effeuillez-vous pour elle, Tous les amours ne sont pas envolés.... |
EFFRONTÉ, ÉE, | Un diable, cornard effronté, Vilains, ici guette vos belles |
ÉGAL, ALE | De ses faits je tiens registre, C'est un homme sans égal |
ÉGALITÉ | Mais il parle d'égalité, De mes parchemins il se raille |
ÉGOUT | D'impurs ruisseaux, gonflés par nos orages, Font déborder cet égout des Tarquins [la cour] |
ÉGRILLARD, ARDE | Ces égrillards iraient d'humeur bouffonne Pincer au lit le diable et ses suppôts |
ÉGRILLARD, ARDE | Collé, quoi qu'en disent ces dames, Est un fort honnête égrillard |
ÉLECTRISER | Combien de fois auprès de la plus belle Dans vos banquets j'ai présidé chez vous ! Là de mon coeur jaillissait l'étincelle Dont la gaîté vous électrisait tous |
ÉLITE | Faute de vin d'élite, Sabler ceux du canton |
EMBALLER | Emballez avec tous vos dieux Flore et l'Aurore aux doigts de rose |
EMBRASSADE | J'ai ma pipe et vos embrassades, Venez me donner mon congé |
ÉMERVEILLÉ, ÉE | Soudain la terre entend des voix nouvelles, Maint peuple errant s'arrête émerveillé |
EMMAILLOTTÉ, ÉE | Cette déité [la Liberté] Qui laisse en de vieux langes Le monde emmaillotté |
EMMÉNAGER | Dans l'une de nos cent bastilles, Lorsque ma muse emménagea |
ÉMOI | Mais triste et seul, quand j'entends rire Tout Paris en joyeux émoi |
EMPLETTE | Des fleurs de votre teint Où faites-vous emplette ? |
EMPLOI | J'ai placé deux de mes frères, Mes trois fils ont de l'emploi |
EMPLOI | Je languis sous la chaîne Du plus modique emploi |
EMPREINT, EINTE | Un conquérant, dans sa fortune altière, Se fit un jeu des sceptres et des lois ; Et de ses pieds on peut voir la poussière Empreinte encor sur le bandeau des rois |
ENCEINTE | Du cerf prêt à forcer l'enceinte, Chasseur, tu fais le fanfaron |
ENCENS | Brûlons-nous pour une coquette Un encens d'abord accueilli ? |
ENCENSER | Sur un trône l'ennui se carre, Fier d'être encensé par des sots |
ENCENSER | J'encense une personne auguste ; Pour toi je ne puis plus chanter |
ENCHAÎNER | On te déchire [mon habit], et cet outrage Auprès d'elle [Lise] enchaîne mes pas |
ENCHANTER | Avant qu'elle enchantât ma vie, Devant moi l'amour s'envolait |
ENCOMBRER | Des Anacréons j'ai la liste, Ils encombrent ville et faubourgs |
ENCORE | Soleil si doux au déclin de l'automne, Arbres jaunis, je viens vous voir encor, N'espérant pas que la haine pardonne à mes chansons leur trop rapide essor |
ENDOLORIR | Prends mon bras ; car un long voyage Endolorit tes pieds poudreux |
ENDORMEUR, EUSE | Graves auteurs, Froids rhéteurs, Tristes prédicateurs, Endormeurs d'auditoires |
ENFER | Mes amis, J'ai soumis L'enfer à ma puissance ; De son obéissance J'ai pour gage certain Un lutin |
ENFLER | Chasseur, tu rapportes ta bête, Et de ton cor enfles le son |
ENFOURNER | Des gens enfournent, D'autres défournent, Aux broches tournent Veau, boeuf et mouton |
ENFUIR (S') | Un maître fou qui, dit-on, Fit jadis mainte fredaine, Des loges de Charenton S'est enfui l'autre semaine |
ENGAGEANT, ANTE | Elle attirait les gens Par des airs engageants |
ENGOUFFRER (S') | Sous ses haillons où s'engouffre la bise, C'est du pain qu'elle attend de nous |
ENIVRANT, ANTE | Voir, c'est avoir ; allons courir ; Vie errante Est chose enivrante |
ENIVRER | L'amour, la gloire, le génie Ont trop enivré mes beaux jours |
ENIVRER | L'Amour alors près de nos mères, Faisant chorus, battait des mains, Rapprochait les coeurs et les verres, Enivrait avec tous les vins |
ENIVRER | Enivrons-nous de poésie, Nos coeurs n'en aimeront que mieux |
ENJOLIVER | Vois-le [ce roi] d'un masque enjoliver sa haine, Pour étouffer notre gloire et nos lois |
ENNEMI, IE | Mais bien que la douleur honore, Que servira d'avoir gémi ? Puisqu'ici nous rions encore, Autant de pris sur l'ennemi |
ENNUI | Sur un trône l'ennui se carre, Fier d'être encensé par des sots |
ENNUI | Du romantisme jeune appui, Descends de tes nuages ; Tes torrents, tes orages Ceignent ton front d'un pâle ennui |
ENQUÊTE | J'ai repoussé les enquêtes, Afin de plaire à la cour |
ENRHUMÉ, ÉE | Au pied du trône une harpe se rouille ; Bardes du sacre, êtes-vous enrhumés ? |
ENRHUMER | Quoi ! pas un seul petit couplet ! Chansonnier, dis-nous quel est Le mal, qui te consume ? - Amis, il pleut, il pleut, il pleut des lois ; L'air est malsain, j'en perds la voix ; Amis, c'est là, Oui, c'est cela, C'est cela qui m'enrhume |
ENSANGLANTER | Il est, Sophie, un monstre à l'oeil perfide [la police] Qui de Venise ensanglanta les lois |
ENSEIGNE | [Le portrait du roi d'Yvetot] C'est l'enseigne d'un cabaret Fameux dans la province |
ENTAILLE | À tout gâteau leur main fait large entaille, Car ils sont grands, même infiniment grands |
ENTERRER | Si nous t'enterrons, Bel art dramatique, Pour toi nous dirons La messe en musique |
ENTONNER | M'endormais-je un peu sur ma chaise, Il entonnait la Marseillaise |
ENTRAÎNÉ, ÉE | Sur un ruisseau rapide, Vers la France entraîné, Il s'assied l'oeil humide Et le front incliné |
ENTRAVES | Point d'entraves à la pensée Par ordonnance de Bacchus |
ENTRE | Pour éviter bien des maux, Veut-on suivre ma recette, Que l'on nage entre deux eaux, Et qu'entre deux vins l'on se mette |
ENVOLER (S') | Trop de gloire nous a nui, Le plaisir s'envole |
ENVOYÉ, ÉE | Dans le sérail comptez combien de têtes Vont saluer les envoyés chrétiens |
ÉPANOUIR | Mais jusqu'à sa dernière aurore En buvant frais s'épanouir, .... Mes amis, ce n'est pas vieillir |
ÉPARGNER | Je n'épargne rien sur la terre, Je n'épargne rien même aux cieux |
ÉPARPILLER | Partout la Providence Veut en nous protégeant Niveler l'abondance, Éparpiller l'argent |
ÉPELER | En épelant le doux nom de patrie Je tressaillais d'horreur pour l'étranger |
ÉPI | Près de la borne où chaque État commence, Aucun épi n'est pur de sang humain |
ÉPI | Du champ que ton pouvoir féconde [Amour], Vois la mort trancher les épis |
ÉPICURE | Je disais aux fils d'Épicure : Réveillez par vos joyeux chants Parny.... |
ÉPICURIEN | D'un sot à face rubiconde, Ils [nos fils] feront un épicurien |
ÉPIGRAMME | Fi ! dites-vous ; sous l'épigramme Ces fous rêveurs [Fourier, St-Simon, Enfantin] tombent tous trois |
ÉPIGRAMME | Poursuivons de nos épigrammes Ce sexe que j'ai trop aimé |
ÉPITAPHE | Venez tous, passants, venez lire L'épitaphe que je me ais |
ÉQUILIBRE | L'homme, fier de marcher debout, Vante son équilibre |
ÉQUIPAGE | Deux fois elle eut équipage, Dentelles et diamants |
ÉQUIPAGE | N'ayant pas encor d'équipage, Je pars à pied modestement |
ÈRE | Des droits de l'homme ici l'ère féconde S'ouvre et du globe accomplira le tour |
ERRANT, ANTE | Voir, c'est avoir, allons courir, Vie errante Est chose enivrante |
ESCARPIN | Au vrai bonheur puisqu'il mène, Le sabot vaut bien l'escarpin |
ESCLANDRE | Tous les amours y [dans mon gîte] mettent garnison ; En vrais soudards ils y faisaient esclandre |
ESCLAVE | D'anciens Gaulois, pauvres esclaves, Un soir qu'autour d'eux tout dormait, Levaient la dîme sur les caves Du maître qui les opprimait |
ESCOMPTER | Liberté, gloire, honneur, patrie, Sont des mots qu'on n'escompte point |
ESCROC | Mais un escroc que je chéris Me vole en parlant mariage |
ESCULAPE | Mon Esculape a renversé mon verre ; Plus de gaîté ! mon front se rembrunit |
ESPÈCE | Assez de monde concourt à propager notre espèce |
ESPÉRER | J'espère Que le vin opère ; Oui tout est bien même en prison |
ESPRIT | Revenants, lutins, noirs esprits, Sorciers, malignes influences, à tout croire on m'avait appris |
ESPRIT | Admis enfin, aurai-je lors, Pour tout esprit, l'esprit de corps ? Il rend le bon sens, quoi qu'on dise, Solidaire de la sottise |
ESSOR | Son âme, hélas trop tôt prenant l'essor, Tel un fruit mûr qu'un jeune enfant dérobe, Nous est ravie.... |
ESSOR | N'espérons plus que la haine pardonne à mes chansons leur trop rapide essor |
ET | Que lui-même [le juge] il chante après boire, La liberté, la gloire, et caetera |
ÉTAGE | Leste et joyeux je montais six étages ; Dans un grenier qu'on est bien à vingt ans ! |
ÉTANG | Pour qu'au loin il abreuve Le sol et l'habitant, Le bon Dieu crée un fleuve ; Ils [les gouvernements qui prohibent] en font un étang |
ÉTAT | Tous, dégalonnant leurs costumes, Vont au nouveau chef de l'État De l'aigle mort vendre les plumes |
ÉTAT | Près de la borne où chaque État commence.... |
ÉTEINDRE | Éteignons les lumières, Et rallumons le feu |
ÉTIQUETTE | L'amour, l'amitié, le vin Vont égayer ce festin ; Nargue de toute étiquette |
ÉTOFFE | Vous taillerez en pleine étoffe ; Vite un congrès.... |
ÉTOFFE | Ton oeil ne peut se détacher, Philosophe De mince étoffe, Du vieux coq de ton vieux clocher |
ÉTOILE | Encore une étoile qui file, Qui file, file et disparaît |
ÉTOILE | Berger, tu dis que notre étoile, Règle nos jours et brille aux cieux |
ÉTOILE | Ils [les maréchaux] préfèrent au cordon bleu De l'honneur l'étoile sacrée |
ÉTOILÉ, ÉE | Tout me sourit, les fleurs brillent plus belles, Les jours plus purs, les cieux plus étoilés |
ÉTOUFFÉ, ÉE | Jeté sur cette boule, Laid, chétif et souffrant, Étouffé dans la foule, Faute d'être assez grand |
ÉTOUFFER | Ah ! pour étouffer n'étouffons que de rire |
ÉTOUFFER | Et d'ailleurs à chaque repas D'étouffer ne tremblez-vous pas ? |
ÉTOURDIR | Il délassait des longs ouvrages, Du pauvre étourdissait les maux |
ÉTRANGER, ÈRE | L'étranger envahit la France Et je maudis tous ses succès |
ÊTRE | Faire un doux emploi de son être, Mes amis, ce n'est pas vieillir |
ÉTRILLÉ, ÉE | Qui, je dormais sur un petit volume Qui me vaudra d'être encore étrillé |
ÉTRIVIÈRE | J'ai bien reçu ma part des étrivières ; Grippe-minaud m'en donna pour trois mois [d'emprisonnement] |
EUNUQUE | Même à ces majestés caduques Il faudrait des peuples d'eunuques |
ÉVAPORER | Quand le creuset des ordonnances Peut faire évaporer la loi |
ÉVEILLER | Dans mon réduit où l'on voit l'indigence, Sans m'éveiller assise à mon chevet |
ÉVERTUER (S') | Notre siècle, penseur brutal, Contre Delille s'évertue |
EXCELLENCE | Qu'est ceci ? dit d'un ton dur Une Excellence bretonne |
EXERCICE | Mais pour vous tous, jeunes soldats, J'étais un père à l'exercice |
EXILER | Les oiseaux que l'hiver exile Reviendront avec le printemps |
EXORCISER | La raison nous exorcise ; Esprits, fuyons sans retour |
FÂCHÉ, ÉE | Mes amis, fâché de la peine, Surtout ne tirez pas trop bas |
FAÇON | Mais ce président sans façon Ne pérore ici qu'en chanson |
FADE | Près de Rose il n'est point fade, Et n'a rien de freluquet |
FAILLIR | Or la grâce ne peut faillir ; Puisqu'il sème, il doit recueillir |
FAIRE | Causant, riant, faisant des leurs, Les amours suivent sur deux lignes |
FAIRE | Viens, Camille, Soupe avec nous, Que nous fassions les fous |
FAIRE | D'un bout du monde à l'autre bout L'habit fait tout |
FAIRE | J'ai fait plus que maint duc et pair Pour mon pays que j'aime |
FAISEUR, EUSE | Je fus bercé par tes faiseurs De vers, de chansons, de poëmes |
FAISEUR, EUSE | Le vieux tailleur s'écrie : eh quoi ! ma fille Ne m'a donné qu'un faiseur de chansons ! Mieux jour et nuit vaudrait tenir l'aiguille Que, faible écho, mourir en de vains sons |
FAISEUR, EUSE | Être un faiseur habile De contes graveleux |
FAIT | Pour fait d'outrage aux enfants d'Henri Quatre, De par le roi payez dix mille francs |
FAIT | Au fait, que risqué-je ? Au fait, pourquoi pensionner Ma muse indépendante et vraie ? |
FAIT | À tes voeux ma raison s'oppose, Un long roman n'est plus mon fait |
FAIT | Grâce à mes créneaux, à mes arsenaux, Je puis au préfet Dire un peu son fait |
FAIT | En fait de vin, qu'on se montre savant |
FALOT, OTE | Payant tribut à l'attribut De sa gaîté falote [de Mo mus] |
FAMILLE | J'en sais [des chapons] qui sont bons maris, Qui même ont de la famille |
FANER | Perles, tombez ; fanez-vous, roses ; La voilà laide et tu l'aimes autant |
FANFARE | Au bruit des lugubres fanfares, Hélas [enfants !] vos yeux se sont ouverts |
FANFARON, ONNE | Du cerf prêt à forcer l'enceinte, Chasseur, tu fais le fanfaron |
FANGE | Arrachez-moi des fanges de Lutèce ; Sous un beau ciel mes yeux devaient s'ouvrir |
FANTAISIE | Petit portrait de fantaisie, Mis en tête de mon recueil |
FANTÔME | J'ai d'un géant vu le fantôme immense Sur nos bivouacs fixer un oeil ardent |
FARDER | [Amours] Vous avez fardé la peinture, Vous affadissez l'opéra |
FASTE | Sottise ! amis ; point de folle dépense ; Laissez aux grands le faste des regrets |
FAT | Quoi ! le peu qui lui restait, Frétillon a pu le vendre Pour un fat qui la battait |
FAUCILLE | Ne portez plus la faucille Au champ qu'un autre a semé |
FAUSSER | Un aveugle y chante en faussant La faridondaine |
FAUTEUIL | Ainsi j'en juge à votre accueil, Ma chaise n'est pas un fauteuil |
FAUX, FAUSSE | J'en fais voir le chaton [d'un jonc], C'est du faux, me dit-on |
FÉCOND, ONDE | Mais, malgré moi, de votre monde, La volupté charme les maux ; Et de la nature féconde L'arbre immense étend ses rameaux |
FENÊTRE | Sage mortel, j'ai su par la fenêtre Jeter gaiement l'argent de mon tombeau |
FÉODAL, ALE | Et toi, peuple animal, Porte encor le bât féodal |
FÉODAL, ALE | Comme aux bons temps féodaux Que les rois soient nos bedeaux |
FERME | Si quelques alliés sans foi Prétendent que tu tiens à ferme Le trône que tu dis à toi |
FÉRULE | Mon fils, dit-il, tout sceptre est un grand poids, Sois mon second, prends la férule |
FÉRULE | Notre empereur portait longue férule, Puis est venu le martinet royal |
FÊTÉ, ÉE | Mon commerce est mieux fêté à la porte de la Gaîté |
FÊTER | Il m'embrasse au jour de l'an, Il me fête à la Saint-Jean |
FEU | La décence même y babille, Et par la gaieté qui prend feu Se laisse coudoyer un peu |
FEU | Combien le feu tient douce compagnie Au prisonnier, dans les longs soirs d'hiver ! |
FEU | Soldat bientôt, courant au feu, Je perdis une jambe en route |
FEUILLÉE | Des oiseaux la troupe éveillée Nous appelle sous la feuillée |
FEUILLETTE | Bons vivants que met en goguette Le vin d'une vieille feuillette |
FÈVE | Grâce à la fève, je suis roi ; Nous le voulons, versez à boire ! |
FICHER | À tout jeu le sort nous triche, Mais enfin est-on gris, On s'en fiche |
FIDÈLE | Les souvenirs me sont restés fidèles |
FIDÈLE | Chamarré de vieux oripeaux, Ce roi, grand avaleur d'impôts, Marche entouré de ses fidèles |
FIÈVRE | Depuis huit mois, vos airs de république Donnent la fièvre à tout bon courtisan |
FIÉVREUX, EUSE | Fiévreux, buvez votre tisane, Laissez-nous fêter notre ami |
FIFRE | Tous indépendants nous naissons Au bruit du fifre et des chansons |
FIL | Près des femmes que sommes-nous ? Des pantins qu'on ballotte ; Messieurs, sautez, faites les fous Au gré de leur marotte ; Le plus lourd et le plus subtil Font la danse complète ; Et Dieu pourtant n'a mis qu'un fil à chaque marionnette |
FIL | L'amitié.... Ne sera plus un froid discours Dont l'infortune rompt le fil |
FILER | Tout en filant votre lin, Écoutez-moi bien, ma fille |
FILER | Encore une étoile qui file, Qui file, file et disparaît |
FILLE | Quand des filles naissent chez vous Pour le plaisir de ce monde, Dites-moi, messieurs les époux, Pourquoi chacun de vous gronde |
FILLE | Taisez-vous, Vous sentez le vin et la fille |
FILLETTE | À courir les fillettes.... Il s'est couvert de dettes |
FILLETTE | Il a pour guide une fillette |
FINIR | Finissez-en, nos frères de Belgique ; Faites un roi, morbleu ! finissez-en |
FINIR | Mais il ne faut pas qu'on ignore Qu'en chantant le cygne a fini |
FIXER | Fille qui la peut faire entendre [cette chanson] Doit fixer les plus inconstants |
FIXER | Notre patrie, Où se fixent pour toujours Les plaisirs et l'industrie, Les beaux-arts et les amours |
FLACON | À longs flots puisez l'allégresse Dans ces flacons d'un vin mousseux |
FLASQUE | Ta muse en masque Est lourde et flasque |
FLÉTRI, IE | Jamais la tendre volupté N'approcha d'une âme flétrie |
FLÉTRIR | Ces guerriers Dont l'hiver le plus terrible A seul flétri les lauriers |
FLEUR | Fleur de vingt ans, vertu parfaite, Vous rajeunira, sur ma foi |
FLEUR | Toutes fragiles fleurs, sitôt mortes que nées |
FLEUR | Des fleurs de votre teint Où faites-vous emplette ? |
FLEURI, IE | L'État n'a point dépéri, Je reviens gras et fleuri |
FLOT | Reine des flots, sur ta barque rapide Vogue en chantant, au bruit des longs échos ; Les vents sont doux, l'onde est calme et limpide ; Le ciel sourit : vogue, reine des flots |
FLOT | ....Imprégné des flots de musc et d'ambre Qu'un fat exhale en se mirant |
FLOT | À longs flots puisez l'allégresse Dans ces flacons d'un vin mousseux |
FLOTTANT, ANTE | Je reviendrai, poursuit-elle, et ton âme Ira franchir tous ces mondes flottants, Tout cet azur, tous ces globes de flamme, Que Dieu sema sur la route du temps |
FOI | Mais de la maison, ma foi, Le plus beau lit fut pour moi |
FOI | Le jour où j'obtins sa foi [de ma femme], Un sénateur vint chez moi |
FOIN | Foin des mécontents ! Comme balayeuse on me loge, Depuis quarante ans, Dans le château, près de l'horloge |
FOIRE | Rends-lui [au vaudeville], s'il se peut, le cortége Qu'à la foire il a fait briller |
FOIS | Il était une fois un roi et une reine qui.... Enfants, il était une fois Une fée appelée Urgande |
FOISONNER | Mes jeunes rivaux, ma chère, Ont un ciel si gai ! Chez eux la rose foisonne, Chez moi le souci |
FOLIE | J'entends au loin l'archet de la Folie ; Ô mes amis, prolongez d'heureux jours |
FOLIE | Jadis ton maître a fait mainte folie Pour des minois moins friands que le tien |
FOLLET, ETTE | Tout y retrace mon enfance, Oui tout jusqu'à ces feux follets |
FONDRE | Un gourmand dans son assiette Fond le bien de ses aïeux |
FONDS | Dans les fonds de peur d'une crise, Il veut que les Grecs soient déçus |
FORBAN | Il faut des rameurs sur les bancs Et des muets aux rois forbans |
FORÇAT | Mes amis, de votre galère Un forçat vient de se sauver |
FORMAT | L'humble format sut plaire à cette classe Sur qui les arts sèment trop peu de fleurs |
FORT, ORTE | Dire : quel honneur vous me faites ! Messieurs, vous êtes trop honnêtes ; Ou quelque chose d'aussi fort |
FORT, ORTE | De la halle on dirait deux forts : Peut-être ce sont des milords |
FORT, ORTE | Lorsque l'ennui pénètre dans mon fort, Priez pour moi : je suis mort, je suis mort |
FOSSE | Votre tombeau sera pompeux, sans doute ; J'aurai sous l'herbe une fosse à l'écart |
FOSSÉ | Qu'ils [nos fils] chantent à perdre haleine Sur le bord du grand fossé |
FOSSOYEUR | À ma porte, la fossoyeuse Frappe ; adieu messieurs les humains |
FOU ou FOL, FOLLE | La liberté, c'est, monseigneur, Une femme folle d'honneur |
FOU ou FOL, FOLLE | Oubliant tout jusqu'à leurs chaînes, Nos gens poussent des rires fous |
FOU ou FOL, FOLLE | Mais pourquoi sur ma couchette Rêver à ce jeune fou ? |
FOU ou FOL, FOLLE | Oui, noir ou blanc, soyons le fou du roi |
FOUDRE | L'air était calme et du dieu de la guerre Elle [la paix] étouffait les foudres assoupis |
FOUDRE | Puis, quand ce trône [celui de Charles X] ose brandir son foudre, De vieux fusils l'abattent en trois jours |
FOUDROYER | Quant à Jupin, je viens d'apprendre Qu'il a foudroyé deux pigeons |
FOUETTER | Fouette, cocher ! dit la sagesse, Et me voilà sur le chemin |
FOULE | Jeté sur cette boule, Laid, chétif et souffrant, Étouffé dans la foule, Faute d'être assez grand |
FOULER | Hennis d'orgueil, ô mon coursier fidèle, Et foule aux pieds les peuples et les rois |
FOURNEAU | Dans son fourneau rien qu'il [le chimiste] ne jette |
FOURNISSEUR | Que le neuf ou le vieux vous tente, Il sera votre fournisseur : Robin vend sa nièce et sa tante |
FOURRER | Il laisse fourrer aux grâces Des fleurs sous son capuchon |
FOURRER | Le clergé, remis en train, En prison pourrait peut-être Fourrer l'auteur du Lutrin |
FOURRURE | Rose en douillette, en fourrure, Ici contre la froidure, Vient m'offrir un doux soutien |
FOYER | On dit qu'en ses foyers Il recueillit nos frères, Vaincus et prisonniers |
FRAIS, FRAÎCHE | À verser frais m'invitant, Un vieil ami de la table Me tend son verre en chantant |
FRANC, FRANCHE | Qu'on ait craint son franc parler [de la presse] Dans la chambre et l'antichambre ; Riez-en avec moi |
FRANCHIR | Je reviendrai, poursuit-elle, et ton âme Ira franchir tous ces mondes flottants, Tout cet azur, tous ces globes de flamme, Que Dieu sema sur la route du temps |
FRATERNISER | La presse abat les murs de la patrie, Et Dieu nous dit : peuples, fraternisez |
FRAUDE | J'ai de la fraude en pacotille Qu'à la barrière on saisirait |
FRAUDER | Fraudant eau-de-vie et tabac |
FRELUQUET | Près de Rose il n'est point fade, Et n'a rien de freluquet |
FRÉTILLON | Ma frétillon, Cette fille Qui frétille, N'a pourtant qu'un cotillon |
FRIAND, ANDE | Jadis ton maître a fait mainte folie Pour des minois moins friands que le tien |
FRIMAS | Cet ange.... M'apparut jetant la pâture Aux oiseaux un jour de frimas |
FRIPON, ONNE | À ma fille il fait l'amour Et joue avec la friponne |
FRIPON, ONNE | Deux fois elle eut équipage, Dentelles et diamants, Et deux fois mit tout en gage Pour quelques fripons d'amants |
FRISSONNER | Le récit, quand la nuit est noire, Fait frissonner les assistants |
FRIVOLE | Je veux, pour vous, prendre un ton moins frivole : Corinne, il fut des anges révoltés ; Dieu sur leur front fait tomber sa parole, Et dans l'abîme ils sont précipités |
FROID, OIDE | L'hiver, dit-elle, a soufflé sur ta tête ; Cherche un abri pour tes soirs longs et froids |
FROID | Quel est sur moi le froid qui tombe ? C'est le froid du soir de mes jours |
FROID | Ah ! l'homme en vain se rejette en arrière Lorsque son pied sent le froid du cercueil |
FROID | Des chansons en quatre points Le froid nous désole |
FRONDER | J'aime à fronder les préjugés gothiques, Et les cordons de toutes les couleurs |
FRONDEUR | La richesse que des frondeurs Dédaignent et pour cause |
FRONT | Reine du monde, ô France, ô ma patrie, Soulève enfin ton front cicatrisé |
FRONTIÈRE | Seul il [le drapeau tricolore] peut voiler nos malheurs ; Déployons-le sur la frontière |
FROTTER | Mais le plus heureux des maris, En quittant sa couchette, Demain se pavanera, Et les mains se frottera |
FUSTIGER | Apparaissez, plaisirs de mon bel âge, Que d'un coup d'aile a fustigés le temps |
GAGE | Vingt fois pour vous [plaisirs] j'ai mis ma montre en gage |
GAGNER | Grâce aux beaux esprits de notre âge, L'ennui nous gagne assez souvent |
GAI, GAIE | Gai ! gai ! serrons nos rangs, Espérance De la France ; Gai ! gai ! serrons nos rangs, En avant, Gaulois et Francs ! |
GAIETÉ ou GAÎTÉ | Ce pauvre diable ainsi parlant Mettait en gaieté tout l'hospice |
GAIETÉ ou GAÎTÉ | Verre en main, Jean le vigneron Chantait les gaietés de Piron |
GAILLARD, ARDE | Au lieu de fades épigrammes Qu'il aiguise un propos gaillard |
GAILLARDISE | Qu'on chante et l'on dise Quelque gaillardise Qui nous scandalise En nous égayant |
GALA | J'étais en habit de gala |
GALANT, ANTE | À votre bourse un galant mausolée Pourrait coûter vingt mille francs et plus |
GALÈRE | Mes amis, de votre galère Un forçat vient de se sauver |
GALON | Qu'un valet change ses galons Sans changer d'antichambre |
GALON | La liberté.... C'est une bégueule enivrée Qui, dans la rue ou le salon, Pour le moindre bout de galon, Va criant : à bas la livrée ! |
GALOUBET | Le plus grave ordonne à l'instant Vingt galoubets pour mon escorte |
GARDE | Point n'est besoin de la garde Qu'appelle en vain le portier |
GARDE | La garde et les amours Se chamaillaient toujours |
GARDE | Jupin.... Ta cour de justice éternelle A-t-elle eu ses gardes des sceaux ? |
GARNIR | Garnissant sa quenouille immense, Clotho lui dit : oui, travaillons |
GARNISON | Mais de mon gîte on s'empare, on le pille ; Tous les amours y mettent garnison |
GASTRONOME | Mais nos fils, pesants gastronomes, Boiront et ne chanteront point |
GÂTEAU | Il me reste un gâteau de fête ; Demain nous aurons du pain noir |
GÂTEAU | À tout gâteau leur main fait large entaille, Car ils sont grands, même infiniment grands |
GAUCHIR | Un ministre veut m'enrichir, Sans que l'honneur ait à gauchir |
GAUDRIOLE | Ah ! la muse de Collé, C'est la gaudriole ô gué ! C'est la gaudriole ! |
GAUDRIOLE | La gaudriole qu'on exile Doit refleurir sur son terrain |
GAULOIS, OISE | Gai ! gai ! serrons nos rangs, Espérance De la France, Gai ! gai ! serrons nos rangs, En avant, Gaulois et Francs |
GAZ | La presse éclaire, et le gaz illumine, Et la vapeur vole aplanir les mers |
GÉANT, ANTE | J'ai d'un géant vu le fantôme immense Sur nos bivouacs fixer un oeil ardent ; Il s'écriait : mon règne recommence ; Et de sa hache il montrait l'occident ; Du roi des Huns c'était l'ombre immortelle |
GÉANT, ANTE | Périsse enfin le géant des batailles [Napoléon] ! Disaient les rois : peuples, accourez tous |
GÊNE | C'est chez nous [singes] qu'à vivre sans gêne S'instruisit le grand Diogène |
GÊNE | Diogène, sous ton manteau, Libre et content, je ris et bois sans gêne |