Définition de CHEVANCE

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : che-van-s'

DÉFINITIONS

1
Le bien qu'on a.
En leurs greniers le blé, dans leurs caves les vins : Tout en crève ; comment ranger cette chevance ?
Et rendre sa chevance à lui-même sacrée
de Jean de LA FONTAINE dans ib. IV, 20
Ces gens sont sur le point d'emporter leur chevance
de Jean de LA FONTAINE dans Orais.
... tout l'univers ne vaut pas la chevance Que je rencontre ici
de ID. dans Pet. chien.
Il est force que le peuple croisse, ayant repos, biens et chevance, peu de soldats et point de moines
S'il triomphe, il épousera Yseult en dépit des clercs ; s'il est vaincu, je confisquerai sa chevance
de DUSILLET dans Yseult de Dôle, ch. I
Ce mot vieillit, mais il peut encore être très bien employé.

HISTORIQUE

1
XIIe s.
Pour ce vaut mieux Dieu servir, je vous di, Qu'en li n'affiert [n'importe] ne aeur [heur, fortune] ne chevance
de QUESNES dans Romancero, p. 98
2
XIIIe s.
Nos ne poons mais de ci movoir devant la Pasque, quar nous ne troverions mie chevance en autre leu
Esperance confort li livre [lui donne confort], Qu'il se cuide veoir delivre Encor par aucune chevance
dans la Rose, 2629
Por Dieu vos pri, frans rois de France, Que me doniez queilque chevance : Si feriez trop grant charitei
de RUTEBEUF dans 1
Le roy amoit toutes gens qui se metoient à Dieu servir et qui portoient habit de religion ; ne nulz ne venoit à li qui faillist à avoir chevance de vivre
3
XIVe s.
Et vous jure que ce sont et estoient les plus honorables et notables de corps, de chevance et d'ancesterie de la ville de Calais
4
XVe s.
Qui bon conseil croit et quiert, Honneur et chevance acquiert
Il se devoit mieulx dire de luy qu'il perdit honneur et chevance ce jour, que l'on ne fist du roy Jehan de France, qui vaillamment fut prins à la bataille de Poictiers
de Philippe de COMMINES dans V, 1
Fortune, qui ennemie et deplaisante estoit de leur bonne chevance, fit tant, que le mari trouva la brigade en present mefet
de LOUIS XI dans Nouv. LXVII
5
XVIe s.
J'ay ainsi ma chevance mieulx logée qu'en des coffres
de Michel de MONTAIGNE dans IV, 11
Stilpon estant eschappé de l'embrasement de sa ville, où il avoit perdu femme, enfans et chevance
de Michel de MONTAIGNE dans I, 277
Feraulez, qui avoit passé par les deux fortunes et trouvé que l'accroist de chevance n'estoit pas accroist d'appetit au boire, manger, dormir....
de Michel de MONTAIGNE dans I, 317
Perseus ne voulut pas, pour sauver sa propre personne, ses enfans et son royaume, despendre un peu de sa chevance
de Jacques AMYOT dans P. Aem. 19
Il [Persée] trainnoit après luy une grande chevance
de Jacques AMYOT dans ib. 37

ÉTYMOLOGIE

1
Ital. civanza, civanzo, profit, bénéfice, et civire, se procurer. Ce mot a même radical que chevir, c'est-à-dire chef ; la chevance est ce dont on est venu à chef, ce qui sert, ce que l'on possède. Comme l'italien civire ne peut venir de capo, qui répond à chef, Diez suppose que civire a été emprunté de chevir ; ce qui vient, outre la forme du mot, à l'appui, c'est que civire, civanza ne sont cités que de Boccace dans le Dictionnaire de la Crusca.

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