Définition de PUER

DÉFINITIONS - REMARQUE - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : pu-é

DÉFINITIONS

1
Exhaler une odeur fétide. Viande qui commence à puer. Ces charognes puèrent longtemps.
Il pue comme un rat mort, comme un bouc, comme une charogne, comme la peste, se dit d'un homme qui sent très mauvais.
Sémantique : Fig. et populairement. Cela lui pue, lui pue au nez, il en est dégoûté, rebuté.
Les bancs, le séminaire, l'apprentissage de l'épiscopat, toutes ces choses lui puaient horriblement [à l'abbé de Polignac]
de Louis de Rouvroy, duc de SAINT-SIMON dans 153, 240
Sémantique : Fig. et familièrement. Il fait tellement parade de son savoir qu'il en pue.
2
Activement. Puer l'ail, exhaler une odeur d'ail.
Retirez-vous : vous puez le vin à pleine bouche
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans G. Dandin, III, 12
Cela pue le musc, l'ambre, la civette, se dit d'une odeur forte et incommode de musc, d'ambre, de civette.
Sémantique : Fig.
....Ah ! sollicitude à mon oreille est rude ; Il pue étrangement son ancienneté
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Femm. sav. II, 7
Il se trouve dans les mémoires de Villars des traits dont la hardiesse pue la fausseté
de Louis de Rouvroy, duc de SAINT-SIMON dans 111, 204
Pour Dieu, daignez m'envoyer (paroles ne puent pas) la feuille de l'infâme Fréron contre M. le Brun
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. Mme d'Argental, 14 janv. 1761

REMARQUE

1
Autrefois on disait puer ou puir ; Richelet et Furetière les admettent dans leurs dictionnaires, en disant que ce sont deux verbes défectueux ; que puir n'est point usité à l'infinitif, mais seulement puer, et qu'au présent on conjugue je pus, tu pus, il put. Malherbe a dit : Phlègre qui les reçut [les géants], put encore la foudre Dont ils furent touchés, II, 12 ; Dancourt : La bourgeoisie me put horriblement à l'heure qu'il est, Cur. de Comp. sc. 9 ; Lesage : Tant mieux, s'écria-t-il, l'esprit me put, et je le regarde à l'heure qu'il est comme le présent le plus funeste que le ciel puisse faire à l'homme, Gil Bl. II, 7. Aujourd'hui, puir étant tombé dans l'oubli, cette conjugaison anomale a disparu, et l'on conjugue je pue, tu pues, il pue.

HISTORIQUE

1
XIIIe s.
....La grace dechiet D'aucun dit, que trop est en cours ; Il est si vieus en toutes cours, Qu'il semble à chascun que il pue, Si est sa grace corrumpue
de BAUDOUIN DE CONDÉ dans t. I, p. 234
Et moult en trouverent par les rues qui estoient mort de maladie tout puant
dans Chr. de Rains, 39
Li femiers [fumiers], Qui de puir est coustumiers
dans la Rose, 8950
Car tant cum avarice put à Dieu qui de ses biens reput Le monde....
dans ib. 5261
2
XVe s.
Il samble voir qu'argens me pue ; Dalès moi ne peut arrester
de Jean FROISSART dans le Dit dou florin.
3
XVIe s.
Puants au dedans toute sorte de vices
de Michel de MONTAIGNE dans II, 223

ÉTYMOLOGIE

1
Provenç. pudir ; ital. putire ; du lat. putere, puer ; du grec, pourrir ; sanscr. puy, pourrir, puer.

Synonymes de PUER

Phonétiquement proche de PUER