Définition de SCANDALE

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : skan-da-l'

DÉFINITIONS

1
Sémantique : Terme de l'Écriture sainte. Ce qui est occasion d'errer, de tomber dans l'erreur ou dans le péché.
Si votre main vous est un sujet de scandale, coupez-la
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans Bible, Évang. St Marc, IX, 42
Jésus crucifié, qui a été le scandale du monde, et qui a paru ignorance et folie aux philosophes du siècle, pour confondre l'arrogance humaine, est devenu le plus haut point de notre sagesse
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Panég. de St Bernard, préambule.
Ne souffrez pas que votre croix qui vous a soumis l'univers, soit encore la folie et le scandale des esprits superbes
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Vérité de la relig.
Pierre de scandale, même sens.
C'est ce que dit Isaïe, que Jésus-Christ sera pierre de scandale ; mais bienheureux ceux qui ne seront point scandalisés en lui !
de Blaise PASCAL dans Figuratifs, 1
Sémantique : Fig. Pierre de scandale, tout ce qui cause du scandale.
Ici même enfin, où nous vous annonçons malheur à celui qui scandalise, vous y devenez vous-même une pierre d'achoppement et de scandale
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Temples.
2
Occasion de chute que donne une mauvaise action, un discours corrupteur.
Malheur au monde à cause des scandales ; car il est nécessaire qu'il arrive des scandales ; mais malheur à l'homme par qui le scandale arrive
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans Bible, Évang. St Math. XVIII, 7
Sans rechercher si ce scandale était originairement une pierre qui pourrait faire tomber les gens, ou une querelle, ou une séduction, tenons-nous-en à la signification d'aujourd'hui : un scandale est une grave indécence ; on l'applique principalement aux gens d'Église
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Dict. phil. Scandale.
On dit de même : être, devenir une occasion de scandale.
Sémantique : Par antiphrase, le scandale du bon exemple, le bon exemple que donne une personne au milieu de ses compagnons pervertis.
Pour écarter le scandale du bon exemple, ils m'excitaient à les imiter
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Conf. VII
3
Répulsion, indignation que causent les actions, les discours, les personnes de mauvais exemple.
[L'empereur] Julien [fut] le scandale de notre Église et la gloire de l'empire romain
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Moeurs, Zaleucus.
Il [Malebranche] se livra tout entier au cartésianisme, au grand scandale de ses confrères
de Denis DIDEROT dans Opin. des anc. philos. (Malebranchisme).
J'ai lu Nieuwentyt avec surprise et presque avec scandale
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Em. IV
4
Éclat fâcheux que cause une affaire de mauvais exemple.
Et ne voyez-vous pas quel scandale ce serait de surprendre un religieux en cet état [en un mauvais lieu avec son habit de religion] ?
de Blaise PASCAL dans Prov. VI
Quoi ! mes pères, vous nous direz qu'.... on a droit de tuer pour des médisances ; et, après avoir ainsi violé la loi éternelle de Dieu, vous croirez lever le scandale que vous avez causé
de Blaise PASCAL dans ib. XII
C'est une chose terrible que le scandale qu'on a fait [à propos de l'affaire des poisons]
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 422
Mais que deviendras-tu si, folle en son caprice, N'aimant que le scandale et l'éclat dans le vice.... Au fond peu vicieuse, elle aime à coqueter ?
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. X
La littérature est un terrain qui produit des poisons comme des plantes salutaires ; il se trouve des misérables qui, parce qu'ils savent lire et écrire, croient se faire un état dans le monde en vendant des scandales à des libraires
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Fragm. sur l'hist. XXIX.
Le scandale de ses amours et les horreurs de sa conduite [du pape Alexandre VI] ne lui ôtaient rien de son autorité
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Moeurs, 110
Ils vendent l'infamie à qui veut la payer, Et, meublant de Maret la boutique infernale, Ils dînent du mensonge et soupent du scandale
de Marie-Joseph CHÉNIER dans la Calomnie.
Sémantique : Par exagération. C'est un scandale, il est indigne, honteux. C'est un scandale qu'il ait obtenu cette place. Fi ! c'est un scandale.
5
Insulte (sens qui vieillit).
Mais, après le scandale et l'affront d'aujourd'hui, Le ciel n'ordonne pas que je vive avec lui
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Tart. IV, 1
Trouves-tu beau, dis-moi, de diffamer ma fille, Et faire un tel scandale à toute une famille ?
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans le Dép. III, 8
Si on ne trouve rien de plus [dans l'affaire des poisons], voilà de grands scandales qu'on aurait pu épargner à des personnes de cette qualité
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 31 janv. 1680
6
Sémantique : En termes d'ancienne procédure, un amené sans scandale, un ordre du juge pour faire amener quelqu'un devant lui sans éclat.
Point de bruit, Tout doux, un amené sans scandale suffit
de Jean RACINE dans Plaid. II, 14

HISTORIQUE

1
XIIe s.
Iceste lur veie scandele est à els
dans Liber psalm. p. 64
Ju [je] li durrai [donnerai ma fille Michol à David] por ço que ele li seit à eschandele e à mal
dans Rois, p. 71
2
XVe s.
Au très grant esclande, lesion et scandalle de justice
dans Ordonn. 11 oct. 1486
3
XVIe s.
Il y a une maniere de scandale qui se donne, l'autre qui se prend
de Jean CALVIN dans Instit. 665
Pour dire la verité sur cet exemple, il y a aucunes grandes dames qui ont grand tort d'elles mesmes, et qui sont les vrayes causes de leur scandale et de leur deshonneur
de Pierre de Bourdeille, seigneur et abbé de BRANTÔME dans Dames gal. t. I, p. 160

ÉTYMOLOGIE

1
Génev. et Berry, escandale ; provenç. escandol ; espagn. escandalo ; ital. scandalo ; du lat. scandalum ; du grec, proprement un piége, une chausse-trape, et de là, dans la Bible grecque, un scandale ; le radical paraît être skand, qui a donné tant de mots au latin. Scandalum, avec l'accent sur scan, avait donné régulièrement escandle (voy. ESCLANDRE).

Synonymes de SCANDALE

Termes proches de SCANDALE

Phonétiquement proche de SCANDALE