Définition de AIGRE

DÉFINITIONS - SYNONYME - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : è-gr'

DÉFINITIONS

1
Qui a une acidité déplaisante. Vin aigre ; fruits aigres.
2
Qui a l'odeur du vinaigre. Ce bouillon a une odeur aigre.
3
Perçant, désagréable, en parlant des sons et de la voix. Cet instrument, cette cloche a un son aigre. Sa voix est aigre.
Tel un coursier qu'amour vient assaillir, Mort pour la gloire, entend sans tressaillir L'aigre clairon qui l'appelle aux alarmes
de MILLEV. dans Emma et Eginard.
4
Sémantique : Fig. L'air, le vent est aigre, il n'est pas doux.
5
Sémantique : En termes de peinture, couleurs aigres, couleurs mal accordées ; tons aigres, tons qui ne sont pas fondus.
6
Fer, cuivre aigre, fer, cuivre non ductile, non malléable.
7
Au moral, fâcheux, désagréable. Rien de plus aigre que votre soeur. Aigres réprimandes. Railleries aigres.
Ces supérieures brusques dans leurs manières, sèches dans leurs paroles, aigres dans leurs réprimandes, fâcheuses dans leurs humeurs
de Louis BOURDALOUE dans Pensées, t. II, p. 471
Il n'y a guère de gens plus aigres que ceux qui sont doux par intérêt
de VAUVENARGUES. dans Max. 54
Ce qui rend mon mal plus aigre et plus cuisant
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Plainte.
Dans vos discours chagrins plus aigre et plus mordant Qu'une femme en furie ou Gauthier en plaidant
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. IX
Mais Evrard, en passant coudoyé par Boirude, Ne sait point contenir son aigre inquiétude
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Lutr. V
8
Nature : S. m. Un goût, une odeur d'aigre. Cela sent l'aigre.
9
Sémantique : Fig. Il y a encore de l'aigre dans l'air, la température n'est pas encore adoucie.
10
Aigre de cèdre, le jus de citrons ou de cédrats à demi mûrs, préparé aux environs de Gênes, non pour en faire des sorbets, mais pour l'usage des parfumeurs.

SYNONYME

1
AIGRE, ACIDE, ACERBE. Au propre, ces trois mots désignent une impression particulière du goût. Ils se distinguent nettement ; et, comme dit M. Lafaye, ce qui est aigre n'est plus doux, ce qui est acide n'est pas doux, ce qui est acerbe n'est pas encore doux. Aigre indique une saveur qui provient de quelque altération : du lait aigre ; du vin aigre ; aussi est-elle toujours désagréable. Acide indique une saveur franche, spontanée : la groseille est un fruit acide. Acerbe indique la saveur qui appartient aux fruits non mûrs : la nèfle sur laquelle la gelée n'a pas passé est acerbe. Au moral acide n'est pas employé ; il ne reste que aigre et acerbe. La distinction qui existait au physique continue : des paroles aigres sont dictées par le ressentiment, la mauvaise humeur ; des paroles acerbes le sont par l'âpreté naturelle de la personne qui parle. Des paroles aigres sont plus piquantes ; des paroles acerbes sont plus âpres et plus dures.

HISTORIQUE

1
XIIe s.
Par plus aigre main de penitence
dans Job, 460
2
XIIIe s.
Cil qui sont regratier de cervoises vendre, ne les vendent pas si bones ne si loiaus, come cil qui les font en leur hostieuz, et les vendent aigres et tournées, quar il ne les scevent point metre à point
dans Liv. des Mét. 30
Tu es moult egres, si es fort Par menaces, mes petit vaut Tes povoirs à un poi d'asaut
dans Ren. 16714
3
XIVe s.
Et le vicieux qui deffaut en ceste matiere est appelé aigre, agreste et dur
de Nicolas ORESME dans Eth. 138
4
XVe s.
En eulx avoit Dieu aigres et beaux champions, et le monde confort
de Georges CHASTELAIN dans Chr. du duc Phil.
Le roy retourna en santé.... et lui exposa on bien les manieres qu'avoient tenu ses parens.... et plusieurs autres choses les plus aigres que faire se pouvoient
de Jean JUVÉNAL DES URSINS dans Charles VI, 1411
Le comte de Hainaut, qui trop durement avait pris cette guerre en coeur, et qui estoit plus aigre que nul des autres
de Jean FROISSART dans I, I, 138
Le seigneur de Jumont, qui moult estoit aigre chevalier et expert sur les ennemis
de Jean FROISSART dans III, IV, 50
5
XVIe s.
Avoyt il mangé prunes aigres sans peler ? Avoyt il les dens esguassées ?
de François RABELAIS dans Pant. IV, nouv. prol.
Plus ne paistrez le trefle fleurissant, Ne l'aigre feuille au saule verdissant
de Clément MAROT dans IV, 7
Ils penserent que cette sorte de vengeance debvoit estre plus aigre que la leur
de Michel de MONTAIGNE dans I, 240
Tout ainsi que l'ennemy se rend plus aigre à nostre fuitte
de Michel de MONTAIGNE dans I, 305
Ce bruit aigre et poignant que font les limes
de Michel de MONTAIGNE dans II, 367
Aigres sont choses qui se cassent aisement avec un marteau
de Bernard PALISSY dans 377
Lors le fer devenoit si aigre et si esclatant, que l'on ne pouvoit plus battre ne forger
de Jacques AMYOT dans Lyc. 13
Desguiser les viandes avec quelque saulse aigre et picquante
de Jacques AMYOT dans Anton. 29
L'abeille trouve naturellement es plus aigres fleurs et parmy les plus aspres espines le plus parfaict miel et le plus utile
de Jacques AMYOT dans Com. lire les poëtes, 49

ÉTYMOLOGIE

1
Provenç. et catal. agre ; ital. agro ; du latin acer ; en grec, pointu, de pointe. Comp. acier (voy. aussi ÂCRE). Dans l'ancien français aigre a souvent le sens de actif, vaillant, comme acer en latin.

Synonymes de AIGRE

Termes proches de AIGRE