Définition de CHATOUILLER

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : cha-tou-llé, ll mouillées, et non cha-tou-yé

DÉFINITIONS

1
Produire, par des attouchements légers et répétés sur certaines parties du corps, une sensation moitié agréable, moitié pénible, qui excite un rire convulsif. Il ne faut pas chatouiller les jeunes enfants.
Sémantique : En termes de manége, chatouiller un cheval de l'éperon, le toucher légèrement avec l'éperon.
Sémantique : Terme de monnaie. Chatouiller le remède, approcher de très près de la quantité d'alliage qui est autorisée.
2
Sémantique : Par extension, produire certaines sensations agréables. La musique chatouille l'oreille.
Ce mets Lui chatouillait fort le palais
de Jean de LA FONTAINE dans Pâté.
Il [le sommeil] chatouille mon mal d'un faux ressentiment
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Plainte.
La douleur qui fait frémir ses bourreaux ne fait que la [la vertu] chatouiller
de Jean-Louis GUEZ de BALZAC dans le Prince, ch. X
Que ferez-vous ici, faibles discoureurs ? Dissiperez-vous ces conseils cachés en chatouillant les oreilles ?
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Fr. Bourgoing.
Jamais odeur de pâté ne chatouilla l'odorat plus délicatement que celle qui se répandit de tous côtés à cette ouverture [d'une tortue de 500 livres cuite en pâté]
de LABAT dans Nouveau voy. aux îles, 2e part. ch. 22
Heureux .... Qui, pour ne rien souffrir qui lui pèse ou le souille, Fuit ce qui le chatouille, Et, pour mieux servir Dieu, se rend maître de soi !
de Pierre CORNEILLE dans Imit. I, 21
3
Sémantique : Fig.
Tandis que je m'arrête à chatouiller mon âme en ce contentement
de François de MALHERBE dans V, 25
Dragon, gentil dragon, que te dirai-je encor Qui te chatouille et qui te plaise ?
de Jean de LA FONTAINE dans Psyché, liv. II, p. 178
Ce M. de Luçon avait un je ne sais quoi de votre voisin qui lui avait chatouillé l'esprit
de Jean-Louis GUEZ de BALZAC dans 8e Entretien.
L'aise de voir la terre à son pouvoir soumise Chatouillait malgré lui son âme avec surprise
de Pierre CORNEILLE dans Pomp. III, 1
Ces noms de roi des rois et de chef de la Grèce Chatouillaient de mon coeur l'orgueilleuse faiblesse
de Jean RACINE dans Iphig. I, 1
J'aime à te voir presser cet aveu de ma flamme : Combattant mes raisons, tu chatouilles mon âme
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Pr. d'Él. I, 1
.... l'appas qui la chatouille.... Lui cache le péril de ce qu'elle entreprend
de BOURSAULT dans Fables d'Ésope, IV, 3
Un auteur vertueux en ses vers innocents Ne corrompt point le coeur en chatouillant les sens
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Art poét. IV
Il n'y a rien qui chatouille tant l'oreille d'un homme soupçonneux que les rapports
de D'ABLANCOURT dans Lucien, t. III, dans RICHELET
Nature : Absolument.
Il n'y a rien assurément qui chatouille davantage que les applaudissements que vous dites
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Bourg. gent. I, 1
4
Se chatouiller, Nature : v. réfl. Se causer la sensation du chatouillement.
Sémantique : Fig. Se chatouiller pour se faire rire, rire sans sujet, faire effort pour paraître gai.
Se chatouiller l'un l'autre. Ils s'amusent tous deux à se chatouiller.

HISTORIQUE

1
XIVe s.
Et aucuns sont aussi comme sont ceulz qui se doubtent que les autres ne les catoillent, et pour ce il se catoullent et confriquent premierement
de Nicolas ORESME dans Eth. 211
2
XVe s.
Quant dedans fu [le dard], mon cueur vint esveiller Et tellement le print à catoillier Que je senty que trop rioit de joye
de Charles D'ORLÉANS dans 1
Durant que ce vin j'avaloy, Qui me chastouilloit soubz la langue
de BASSELIN dans Vau de Vire, 9
3
XVIe s.
Ceste parole ne despleut point à Sylla, ains au contraire, il donna à cognoistre qu'elle l'avoit chatouillé
de Jacques AMYOT dans Sylla, 72
La pluspart des plaisirs nous chatouillent et embrassent pour nous estrangler, comme faisoient les larrons que les Aegyptiens appeloient Philistas
de Michel de MONTAIGNE dans I, p. 283
Livre que j'avoy basty pour me chastouiller moymesme, à fin de me faire rire le premier
de DES ACCORDS dans Avant - propos
Guerres, maux et telles petites mignardises qui chatouillent malheureusement les personnes pour les faire rire
dans Moyen de parvenir, p. 4, dans LACURNE

ÉTYMOLOGIE

1
Picard, catouiller ; rouchi, catoulier ; d'après Diez, de catulire, changé en catuliare, être en chaleur en parlant des chiennes, de catulus, petit chien, diminutif de canis, chien ; d'après Grandgagnage, qui trouve dans le wallon catî, gatî, guètî, pour chatouiller, de l'allemand : anglo-saxon, citelan ; holl. kittelen ; allem. moderne, kitzeln, chatouiller. La forme du mot est en faveur de l'opinion de Diez. Il y avait aussi dans l'ancien français chatillier ou catillier, signifiant harceler :
Li mal d'amour.... Ne me font fors chatillier De joie et de delirier Sans penser nule folie
dans Mss. de poésies fr. avant 1300, t. IV, p. 1384, dans LACURNE
Et s'estoient là retraits une grosse compaignie pour catillier les Picards
de Enguerrand de MONSTRELET dans dans DU CANGE, catillare

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
CHATOUILLER. - ÉTYM. Ajoutez : M. Ascoli, Archivio, t. II, p. 322, pense que le français chatouiller et autres formes romanes (elles sont nombreuses) qui commencent par cat ou gat, peuvent provenir du lat. catus, chat, mais par l'intermédiaire de termes dérivés, catrulus, catriculus, catuculus, catruccius, etc.

Synonymes de CHATOUILLER

Termes proches de CHATOUILLER