L'oeuvre Catilina, ou Rome sauvée de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE

Ecrit par François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE

Date : 1752

Citations de "Catilina, ou Rome sauvée"

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JOGSi l'auteur persan Feristha avait pris pour une histoire de l'Inde l'ancienne la fable morale des quatre jog, ce serait comme si Thucydide avait commencé l'histoire de la Grèce à la naissance de Vénus et à la boîte de Pandore
JOIEIl [un prince] fut défait entièrement [par le czar Pierre] ; et la relation porte qu'on fit de son pays un feu de joie
JOINDREIl veut forcer mes mains à seconder sa rage.... Joindre un droit légitime aux droits des assassins
JOINDRERevolez à mon camp, je vous joins dans une heure
JOINDREComptez les temps, voyez qu'il touche à peine à l'âge Où la force commence à se joindre au courage
JOINT, OINTEAmis, la fermeté, jointe avec la clémence, Peut enfin subjuguer sa fatale inconstance
JOUÉ, ÉETous ceux qui sont au fait de l'histoire littéraire de ce temps-là, savent que Ménage y est joué [dans les Femmes savantes] sous le nom de Vadius, et que Trissotin est le fameux abbé Cotin, si connu par les satires de Despréaux
JOUERCette petite pièce [l'Amour médecin] est d'un meilleur comique que le Mariage forcé ; elle fut accompagnée d'un prologue en musique, qui est l'une des premières compositions de Lulli ; c'est le premier ouvrage dans lequel Molière ait joué les médecins
JOUGQui sent le joug le porte avec murmure
JOUISSANCEL'abbé Tétu, homme connu par beaucoup de bouquets à Iris, d'impromptus, de jouissances et de psaumes paraphrasés, après avoir voulu être longtemps un agréable débauché, eut l'ambition de convertir Mlle de Lenclos à sa mort
JOURUn homme accoutumé à être loué dans l'obscurité de son petit cercle, devient furieux quand il est méprisé au grand jour
JOURLa lecture de l'excellent livre du docteur Clarke m'a détrompé ; et j'ai trouvé dans ces démonstrations un jour que je n'avais pu recevoir d'ailleurs
JOURIl y a peu de citations dans le Siècle de Louis XIV, parce que les événements des premières années, connus de tout le monde, n'avaient besoin que d'être mis dans leur jour
JOURLes portraits des hommes publics sont toujours dans un faux jour pendant leur vie
JOURTout est à jour dans la nature ; et il n'y a grain de sable si imperceptible qui n'ait plus de cinq cents pores
JOURNALOn a les journaux des siéges de vingt places inconnues en Europe, mal fortifiées, mal attaquées et mal défendues ; ce n'est pas là notre objet
JOURNALLe journal encyclopédique, que je regarde comme le premier des cent soixante-treize journaux qui paraissent tous les mois en Europe
JOURNALISTEVous vous garderez bien sans doute de suivre l'exemple de quelques écrivains périodiques qui cherchent à rabaisser tous leurs contemporains et à décourager les arts dont un bon journaliste doit être le soutien
JUDAÏTECes judaïtes regardaient comme un grand péché d'obéir aux Romains : ils excitèrent une sédition furieuse contre ce Pilate
JUDICIAIREMENTOn se massacra [en Afrique, lors du schisme des donatistes] saintement dans le pays habité de nos jours par les corsaires de Tunis et d'Alger, mais on ne se massacra pas judiciairement
JUGEMENTLe jugement de l'Académie [sur le Cid] fut rédigé par Chapelain ; il est écrit tout entier de sa main, et l'original est à la bibliothèque du roi
JUGERVous-même jugerez s'il faut qu'elle vous suive
JUGERPour juger des poëtes, il faut savoir sentir, il faut être né avec quelques étincelles du feu qui anime ceux qu'on veut connaître
JUPITERParcourant en douze ans les célestes demeures, D'où vient que Jupiter a son jour de dix heures ?
JUPONEt son petit jupon Laisse entrevoir sa jambe blanche et fine
JURÉ, ÉEOui, j'en crois cette haine jurée Entre tous les enfants de Thyeste et d'Atrée
JURERJe ne le parierais pas, mais j'en jurerais
JURERDe fort savants esprits jurent sur leur salut Que vous êtes sur terre un fils de Belzébut
JURIDIQUEOn a continué ces massacres juridiques [de la reine Marie] chez nos voisins [les Français]
JURIDIQUELes assassinats juridiques
JURIDIQUEMENTÀ peine cette belle âme [Socrate] fut-elle envolée vers ce Dieu qui l'avait formée, que les Athéniens, honteux de leur crime juridiquement commis, condamnèrent plus juridiquement les accusateurs de Socrate et lui élevèrent un temple
JUSTELa notion de quelque chose de juste me semble si naturelle, si universellement acquise par tous les hommes, qu'elle est indépendante de toute loi, de tout pacte, de toute religion
JUSTEQuel est l'âge où nous connaissons le juste et l'injuste ? l'âge où nous connaissons que deux et deux font quatre
JUSTEComment pourriez-vous être juste, si Dieu ne l'était pas ? et comment pourrait-il l'être, s'il ne savait ni punir ni récompenser ?
JUSTEDieu.... Qui punis les pervers et qui soutiens les justes
JUSTESon esprit était juste, ce qui est le fond de tous les vrais talents
JUSTESSEParlant avec justesse et jamais savamment
JUSTICEIl n'y aurait eu aucune société, si les hommes n'avaient conçu l'idée de quelque justice qui est le lien de toute société
JUSTICEIci le droit de rendre la justice s'achète comme une métairie
JUSTICEElle était bien forte, cette voix [de l'opinion publique] ; elle montrait la nécessité du tribunal suprême du conseil d'État qui juge les justices
JUSTICIERNous avons une tragi-comédie espagnole, où Pierre, que nous appelons le cruel, n'est jamais appelé que le justicier, titre que lui donna toujours Philippe II
JUSTIFIEROn justifie quelquefois les plus abominables actions qu'on ne voudrait pas avoir faites
JUSTIFIEREt mon bonheur justifiera mon choix
On sent bien que c'est là le rhéteur qui parle ; s'il avait été un peu philosophe, il aurait vu l'absurdité de ce qu'il avance
LABORIEUSEMENTJe tremble d'avoir laborieusement fortifié des préjugés ; il [le jeune Huron] n'écoute que la simple nature
LABYRINTHECet esprit philosophique qui doit dominer partout, et qui est le fil de tous les labyrinthes
LÂCHED'autres [fakirs] dansaient sur les mains, d'autres voltigeaient sur la corde lâche
LÂCHEToutes ces expressions impropres, hasardées, lâches, négligées, employées seulement pour la rime, doivent être soigneusement bannies
LÂCHELongtemps vil ouvrier, le rabot à la main, Ses beaux jours sont perdus dans ce lâche exercice
LÂCHELe lâche fuit en vain ; la mort vole à sa suite ; C'est en la défiant que le brave l'évite
LÂCHERIls lui envoyèrent quelques brochures qu'ils avaient lâchées charitablement contre leur ancien concitoyen
LAIDEURVous n'avez point dédaigné la laideur, Vous méritez que la beauté vous aime
LAISSEIl arriva menant le taureau blanc en laisse
LAISSERLaissons là cet idolâtre qui fait de Dieu un stathouder, et qui nous présente des dieux subalternes comme des députés des Provinces-unies
LAISSERCes êtres insensibles et muets me laissent à mon ignorance et à mes conjectures
LAISSERComment, qu'on me laisse dire ? vraiment, je le prétends bien, et surtout qu'on me laisse faire
LAISSERLaissez, laissez toucher à mes tremblantes mains Ces restes échappés à des dieux inhumains
LAISSERAh ! si le ciel enfin vous parle et vous éclaire, S'il vous donne en secret un remords salutaire, Ne le repoussez pas ; laissez-vous pénétrer à la secrète voix qui vous daigne inspirer
LAITERIEVous dites avec très grande raison qu'une cabane ne peut pas être le logement d'un agriculteur assez considérable ; qu'il lui faut des écuries commodes, des étables faites avec soin, des granges vastes et solides, des laiteries voûtées et fraîches
LAMBEAUNous n'avons point les règlements de police de Lacédémone ; nous n'en avons l'idée que par quelques lambeaux de Plutarque, qui vivait longtemps après Lycurgue
LAMBRISEt pouvons-nous, de nos lambris dorés, dont nous ne sommes presque jamais sortis, voir d'un coup d'oeil juste le terrain sur lequel on a combattu ?
LAMENTABLE[Les gens de Lisbonne lors du tremblement] Enterrés sous leurs toits, terminent sans secours, Dans l'horreur des tourments, leurs lamentables jours
LAMENTABLEVous criez : tout est bien, d'une voix lamentable
LAMENTERLa nuit était noire, on la passa à se lamenter
LAMINEQu'un morceau de fer soit conçu partagé en mille lamines élastiques
LAMISTEEnfin n'étant ni mahométans, ni brames, ni lamistes, ils ne reconnaissaient qu'un seul Dieu sans aucun mélange
LAMPONLes misérables Parisiens, trompés d'abord par l'espérance d'un prompt secours, chantaient, dans les rues, des ballades et des lampons contre Henri
LANCERSur son char de rubis mêlés d'azur et d'or Apollon va lançant des torrents de lumière
LANDESongez à vos quarante lieues de landes vers Bordeaux, à cette partie de votre Champagne que vous avez nommée si noblement pouilleuse
LANGAGEIl serait curieux de compter le nombre de différents langages qui se parlent aujourd'hui dans tout l'univers ; il y en a plus de trois cents dans ce que nous connaissons de l'Amérique, et plus de trois mille dans ce que nous connaissons de notre continent
LANGAGEPythagore, dans son séjour aux Indes, apprit, comme tout le monde sait, à l'école des gymnosophistes le langage des bêtes et celui des plantes
LANGAGEPlusieurs étrangers se sont imaginé que nous n'avions qu'un langage pour la prose et pour la poésie ; ils se sont bien trompés
LANGUEQuand on a un nombre suffisant d'auteurs approuvés, la langue est fixée
LANGUEMM. les syndics du pays de Gex savent assez et attesteront combien est stérile le sol de cette petite province, qui n'est qu'une langue de terre d'environ cinq lieues de long et de deux de large, sur le bord du lac de Genève
LANGUIRCette chambre [à la Bastille] était déjà occupée par un vieux solitaire de Port-Royal nommé Gordon, qui y languissait depuis deux ans
LANGUIRUne esclave chrétienne et que j'ai pu laisser Dans les plus vils emplois languir sans l'abaisser
LANGUISSANT, ANTECet amour, dites-vous, qui vous touche pour elle, Fut d'un feu passager la légère étincelle ; Ses imprudents refus, la colère et le temps En ont éteint dans vous les restes languissants
LANGUISSANT, ANTEJe cours y ranimer sa languissante vie
LANTERNECelui qui tient une lampe est vu plutôt qu'il ne voit, à moins qu'il n'ait une lanterne sourde
LAPIDATIONLa femme adultère a mérité la lapidation selon la loi
LARCINEt les larcins publics appelés grands exploits
LARDÉ, ÉEMangeons ensemble, en frères, des perdrix lardées menu ; car sans lard elles sont un peu sèches vers le carême
LARMENul de nous n'a vécu sans connaître les larmes
LARMOYANT, ANTEPeut-être les comédies héroïques sont-elles préférables à ce qu'on appelle la tragédie bourgeoise ou la comédie larmoyante ; en effet cette comédie larmoyante, absolument privée de comique, n'est au fond qu'un monstre né de l'impuissance d'être ou plaisant ou tragique
LARRON, ONNESSELejay vient de mettre Voltaire Entre la Beaumelle et Fréron ; Ce serait vraiment un calvaire, S'il s'y trouvait un bon larron
LASSERQui peut avoir sitôt lassé votre justice ?
LATÉRAL, ALES'il y avait une autre action, cette action ne pourrait être que latérale
LATICLAVESi vous présidez à la cour des aides de Cahors, ou à l'élection, ou au grenier à sel, n'imitez point ce juge de village dont parle Horace, qui portait le laticlave et faisait parade de sa chaise curule
LATIN, INELe lendemain matin, on les [des soldats vainqueurs] mène à l'église Rendre grâce au bon Dieu de leur noble entreprise, Lui chanter en latin qu'il est leur digne appui, Que dans la ville en feu l'on n'a rien fait sans lui
LATTEJe fus condamné en plein divan à cent coups de latte sur la plante des pieds, rachetables de cinq cents sequins
LAVERIls se lavaient trois fois par jour, tandis que les Portugais ne se lavent qu'une fois par semaine
LAZZIC'est au fond une scène de lazzi ; passe encore si cette scène était nécessaire, mais elle ne sert à rien
LE, LA, LESPersonne ne respecte plus que moi saint François Xavier ; c'était un Espagnol animé d'un zèle intrépide ; c'était le Fernand Cortez de la religion
LE, LA, LESIl [Molière] partit de Lyon pour les états du Languedoc avec une troupe assez complète, composée principalement de deux frères nommés Gros-Réné, de Duparc, d'un pâtissier de la rue Saint-Honoré, de la Dupare, de la Béjart et de la Brie
LE, LA, LESL'article est-il bien employé dans cette phrase-ci : Cela ne casse ni bras, ni tête ; conservez la vôtre, monsieur le duc
LE, LA, LESAllez, Lafleur, trouvez-le et lui portez Trois cents louis, que je crois bien comptés
LE, LA, LESAsseyons-nous ici. - Qui ? moi, monsieur ? - Oui, je le veux ainsi
LE, LA, LESJ'ai fait quelques ingrats et ne l'ai point été
LÉCHERLe chien meurt en léchant le maître qu'il chérit
LEÇONIl faut avoir eu bien des succès pour être en droit de donner des leçons
LECTEUR, TRICEUn lecteur en use avec les livres comme un citoyen avec les hommes : on ne vit pas avec tous ses contemporains ; on choisit quelques amis
LECTUREIl n'y a que le seul Racine qui soutienne constamment l'épreuve de la lecture
LECTUREIl me disait que le succès au théâtre dépend entièrement d'un acteur ou d'une actrice ; mais qu'à la lecture, il ne dépend que de l'arrêt équitable et sévère d'un juge et d'un écrivain tel que vous
LÉGATIONWarburton, dans son très étrange livre de la divine légation de Moïse, prétend....
LÉGER, ÈRERien n'est si beau, ni si rare, ni si léger à la course que les ânes de cette espèce
LÉGER, ÈRECorneille, Racine, Molière, la Bruyère, Bossuet, Fénelon, ont eu beau faire : le faux, le petit, le léger sont le caractère dominant
LÉGER, ÈREL'ange Gabriel, par un léger de main, glisse le charbon à la place de la pierre précieuse
LÉGÈRETÉIls [les juges d'Abbeville] condamnèrent deux enfants innocents à une mort aussi cruelle que celle de Ravaillac et de Damiens, pour une légèreté qui ne méritait pas huit jours de prison
LÉGISLATEUR, TRICECe que je crois très vraisemblable et très vrai, c'est que les premiers législateurs étaient des hommes d'un grand sens
LÉGITIMEVoyez si nos liens ont été légitimes
LÉGITIMEJe suis loin de blâmer le soin très légitime De plaire à ses égaux et d'être en leur estime
LÉGUERElle [Ninon] me légua deux mille francs pour acheter des livres ; sa mort suivit de près ma visite et son testament
LEMMELa marche de Spinosa est plus géométrique que celle de tous les philosophes de l'antiquité, c'est le premier athée qui ait procédé par lemmes et théorèmes
LENDEMAINLe lendemain mêmes enchantements, Mêmes festins, pareille sérénade ; Et le plaisir fut un peu moins piquant ; Le lendemain lui parut un peu fade ; Le lendemain fut triste et fatiguant ; Le lendemain lui fut insupportable
LÉNITIF, IVE[Robert] Remercia du décret lénitif, Prit congé d'elle et partit tout pensif
LÉPROSERIELe testament de Louis VIII mérite seulement quelque attention ; il lègue cent sous à chacune des deux mille léproseries de son royaume
LETTREOn a peu de lettres d'elle [de Ninon], il y en a deux ou trois d'imprimées dans le recueil de St-Évremond ; l'abbé de Chateauneuf en avait beaucoup ; mais en mourant il a brûlé tous ses papiers
LEVERL'erreur alors universelle que les grains doivent pourrir en terre pour lever
LEVERTelle était la vénération qu'on avait pour lui [Virgile] à Rome, qu'un jour, comme il vint à paraître au théâtre après qu'on y eut récité quelques-uns de ses vers, tout le peuple se leva avec des acclamations
LEVERIl [le roi de Prusse] se levait à cinq heures du matin en été, et à six en hiver
LEVRAUDERJe crois qu'il vaut mieux bâtir un beau château, comme a fait M. de Voltaire, y jouer la comédie, y faire bonne chère, que d'être levraudé à Paris, comme Helvétius, par les gens tenant la cour du parlement
LIAISONDe tous les défauts de ce poëme [la Lusiade] le plus grand est le peu de liaison qui règne dans toutes ses parties ; il ressemble au voyage dont il est le sujet
LIANT, ANTEDe deux ressorts la liante souplesse Sur le pavé le porte avec mollesse
LIBELLELa vie d'un forçat est préférable à celle d'un faiseur de libelles ; car l'un peut avoir été condamné injustement aux galères, et l'autre les mérite
LIBELLEUn libelle enfin qui, pour me servir des expressions d'un des plus estimables hommes de Paris, est l'ouvrage des Furies, si les Furies n'ont point d'esprit
LIBÉRALITÉMolière employait une partie de son revenu en libéralités qui allaient beaucoup plus loin que ce qu'on appelle dans d'autres hommes des charités
LIBERTÉLa liberté consiste à ne dépendre que des lois
LIBERTÉJ'appelle liberté le pouvoir de penser à une chose ou de n'y pas penser, de se mouvoir ou de ne se mouvoir pas, conformément au choix de son propre esprit
LIBERTÉSi ces libertés ne sont pas permises aux poëtes, et surtout aux poëtes de génie, il ne faut point faire de vers
LIBRAIRELes libraires hollandais gagnent un million par an, parce que les Français ont eu de l'esprit
LIBRAIREOn ne goûtait plus que ce qui venait de ce pays [l'Angleterre], ou qui passait pour en venir ; les libraires, qui sont des marchands de modes, vendaient des romans anglais comme on vend des rubans et des dentelles de point, sous le nom d'Angleterre
LIBREOn objecte que, si nous étions libres, il n'y aurait point de Dieu ; je crois, au contraire, que c'est parce qu'il y a un Dieu que nous sommes libres
LICENCELa liberté n'est pas toujours licence
LICOUIl fallut mener ces bêtes de somme [les peuples] par les licous qu'elles s'étaient faits elles-mêmes
LIEIl n'y a point de lie aux yeux de Dieu ; devant lui tous les hommes sont égaux
LIEUAllez, dis-je, et sachez quel lieu, les a vus naître
LIEUC'est une chose assez singulière que les anciens lieux communs contre les princes et leurs courtisans soient toujours reçus d'eux avec complaisance, comme de petits chiens qui jappent et qui amusent
LIEUOn trouve souvent dans Corneille de ces maximes vagues et de ces lieux communs, où le poëte se met à la place du personnage
LIEUAu lieu de faire un gros livre contre moi, que ne fait-il une Henriade meilleure ? cela est si aisé
LIGNEMon père me faisait descendre de Minos en droite ligne
LIMERMérite un tel succès ; compose, efface, lime
LIMITATIONLa divisibilité, la figure, sont des qualités négatives et des limitations
LIMITELe temps est assez long pour quiconque en profite ; Qui travaille et qui pense en étend la limite
LIRECet homme faisait imprimer un petit code de persécution, intitulé : l'Accord de la religion et de l'humanité ; c'est une faute de l'imprimeur ; lisez de l'inhumanité
LISIÈRENous sommes des enfants qui essayons de faire quelques pas sans lisières
LITCet exemple et celui du maréchal de Marillac font assez voir que quiconque est à la tête des armées ou des affaires, est rarement sûr de mourir dans son lit ou au lit d'honneur
LITL'autre opinion qui prétend que, dans la période de deux millions d'années, l'axe de la terre, se relevant continuellement et tournant sur lui-même, a forcé l'Océan de changer son lit, n'est pas moins contraire à la physique
LITTÉRAL, ALENe croyez pas que j'aie rendu ici l'anglais mot pour mot ; malheur aux faiseurs de traductions littérales qui, traduisant chaque parole, énervent le sens
LITTÉRATUREPour mieux connaître de quoi la basse littérature est capable, il faut savoir que les auteurs de ces gentillesses, ayant manqué leur coup, firent à Liége une nouvelle édition du même ouvrage...
LIVREJe regarde à présent tous les gros livres comme des dictionnaires
LIVREVous les méprisez, les livres, vous dont toute la vie est plongée dans les vanités de l'ambition et dans la recherche des plaisirs ou dans l'oisiveté ; mais songez que tout l'univers connu n'est gouverné que par des livres, excepté les nations sauvages
LIVRELes livres sont aujourd'hui multipliés à un tel point que non-seulement il est impossible de les lire tous, mais d'en savoir même le nombre et d'en connaître le titre
LIVREDe tous les livres de l'Occident qui sont parvenus jusqu'à nous, le plus ancien est Homère ; c'est là qu'on trouve les moeurs de l'antiquité profane, des héros grossiers, des dieux grossiers faits à l'image de l'homme
LIVRETu as ouï dire qu'Auguste avait un livre de raison qui contenait le détail des forces de l'empire et de ses finances
LIVRELe legs que fit Louis VIII de trente mille livres une fois payées à son épouse la célèbre Blanche de Castille, revenait à cinq cent quarante mille livres d'aujourd'hui
LIVRÉEConservant sous ces livrées de la pauvreté l'air le plus majestueux
LIVRÉEEt le laquais galonné qui porte la livrée du luxe insulte à votre habit, qui est la livrée de l'indigence
LIVRETOn est parvenu à nous dégoûter de la lecture, à force de multiplier les livres et les livrets
LOGELes Français ayant, comme les autres, acheté du souba de la province de Décan un petit territoire où ils bâtirent une loge, ils firent, avec le temps, de cette loge une ville considérable : c'est Pondichéri
LOGODIARRHÉEJe me suis abandonné au flux de ma plume ; j'ai la logodiarrhée, et je barbouille inutilement du papier pour vous dire des choses que vous savez mieux que moi
LOIIl est très faux que le nom de loi n'ait été connu qu'après Homère ; il parle des lois de Minos dans l'Odyssée ; le mot de loi est dans Hésiode
LOINLes Tartares-Mantchoux sont incontestablement les ancêtres des Péruviens ; car Mango-Capak est le premier inca du Pérou ; Mango ressemble à Manco, Manco à Mancu, Mancu à Mantchu, et de là à Mantchou il n'y a pas loin
LOINJe leur dirai avec Origène qu'il y a eu très peu de persécutions, et encore de loin à loin
LOINJe suis loin de vanter ma victoire et mon zèle
LONG, ONGUELe long du jour il vous enchante
LONGITUDELe parlement d'Angleterre qui a promis vingt mille guinées à celui qui ferait la découverte des longitudes
LOQUACEJe ne vois aucun moraliste parmi nous, aucun de nos loquaces prédicateurs, aucun même de nos tartufes qui ait fait la moindre réflexion sur cette habitude affreuse [le meurtre des animaux], devenue chez nous nature
LORSCette même armée en imposait au roi d'Angleterre, qui craignait pour ses États d'Hanovre, où il était pour lors
LOTMais le ciel fit les femmes Pour corriger le levain de nos âmes, Pour adoucir nos chagrins, nos humeurs, Pour nous calmer, pour nous rendre meilleurs ; C'est là leur lot
LOUABLEJe tais plus de cas d'un bon régime qui entretient mes humeurs en équilibre, et qui me procure une digestion louable et un sommeil plein
LOUANGEC'est ne pas payer ses dettes que de refuser de justes louanges
LOUCHEUn trouble qui a du pouvoir sur des larmes, cela est louche et mal exprimé
LOUCHEOn est toujours étonné de cette foule d'impropriétés, de cet amas de phrases louches, irrégulières, incohérentes, obscures, et de mots qui ne sont point faits pour se trouver ensemble
LOUÉ, ÉELe louant [Condorcet] est plus véritablement philosophe que le loué [Pascal]
LOUERJe suis toujours étonné que le consul Pline, digne ami de Trajan, ait eu la patience de le louer pendant trois heures, et Trajan celle de l'entendre
LOUPPuis-je voir mes troupeaux bêlants Qu'un loup impunément dévore, Sans penser à ces conquérants Qui sont beaucoup plus loups encore ?
LOUP-CERVIERVous, messieurs [Juifs], vous fûtes autrefois les plus détestables et les plus sots loups-cerviers qui aient souillé la face de la terre
LOUP-GAROULes enfants croyaient au loup-garou, et les pères au cordon de Saint-François
LOURD, OURDENe vous fiez point à ces mains lourdes qui fanent les fleurs qu'elles touchent
LOURDEMENTEt lourdement tranquille, Entouré de bouffons et d'insipides jeux, Quand il avait dîné, croyait son peuple heureux
LOYALEMENTOnques Tristans, cil qui but le bruvage, Plus loiaument n'ama sans repentir
LOYERJe pris à loyer une fort belle Circassienne
LUEURJe vois des singes, des éléphants, des nègres qui semblent tous avoir quelque lueur de raison imparfaite
LUGUBRENous sommes dans l'année centenaire et dans le mois de la Saint-Barthélemi, fête un peu lugubre dans laquelle en effet les frères assommèrent leurs frères
LUIÀ Rosbac, on vit le roi de Prusse lui-même acheter tout le linge d'un château voisin pour le service de nos blessés ; et, quand il les eut fait guérir, il les renvoya sur parole
LUIAllez, Lafleur, trouvez-le et lui portez Trois cents louis, que je crois bien comptés
LUMIÈREToute l'antiquité disputa sur la liberté ; mais personne ne persécuta sur ce sujet jusqu'à nos jours ; quelle horreur absurde d'avoir emprisonné, exilé pour cette dispute, un Arnauld, un Saci, un Nicole, et tant d'autres qui ont été la lumière de la France !
LUMINEUSEMENTOn peut dire hardiment et sans blasphème qu'il y a de petites vérités que nous savons aussi bien que lui [Dieu].... l'être souverainement intelligent ne peut savoir ces petites vérités ni plus lumineusement, ni plus certainement que nous
LUMINEUSEMENTCela n'empêche pas que vous n'ayez très lumineusement raison contre l'abbé Mably, et je vous en rends, monsieur, mille actions de grâces
LUNECombien comptez-vous d'ici à la lune ? soixante demi-diamètres de la terre en nombres ronds
LUNELe natif de Saint-Malo [Maupertuis] ne partit point pour la lune, comme il le croyait, il se contenta d'y aboyer
LUNETTEOn voit rarement les choses telles qu'elles sont, avec des lunettes de cent trente lieues [c'est-à-dire à une distance de 130 lieues]
LUNULEPossidonius me dit qu'il peut carrer des lunules du cercle
LUSTRAL, ALELe feu sacré, l'encens, L'eau lustrale, les dons offerts aux dieux puissants, Tout sera présenté par vos mains respectables
LUSTRATIONAprès que Circé les expia tous deux avec les lustrations usitées chez elle ; peut-être même cette ancienne fable n'est pas si fable qu'on le croit
LUTHElle donnait souvent chez elle des concerts, on y venait admirer son luth, son clavecin et sa beauté
LUTINDe telles naïvetés qui succèdent à la belle scène de l'entrevue de Pompée et de Sertorius, justifient ce que Molière disait de Corneille, qu'il y avait un lutin qui tantôt lui faisait ses vers admirables, et tantôt le laissait travailler lui-même
LUTTEREt suspect à moi-même, à moi-même odieux, Ma vertu n'osa point lutter contre les dieux
LUTTERIl [Corneille] ne luttait pas assez contre les difficultés de la rime, qui est le plus pesant de tous les jougs
LUXELa dépense doit être le thermomètre de la fortune d'un particulier, et le luxe général est la marque infaillible d'un empire puissant et respectable
MACARONIQUELe latin macaronique inventé, dit-on, par Merlin Coccaïe, pour se venger des dominicains
MACHIAVÉLISMEJe crois que vous vous êtes laissé entraîner aux grands principes du machiavélisme : ruinez qui pourrait un jour vous ruiner ; assassinez votre voisin qui pourrait devenir assez fort pour vous tuer
MACHINESi les animaux n'étaient que de pures machines, ce ne serait qu'une raison de plus pour ceux qui pensent que l'homme n'est qu'une machine aussi ; mais il n'y a plus personne aujourd'hui qui n'avoue que les animaux ont des idées, de la mémoire, une mesure d'intelligence
MAGIEJ'ai vu le roi de Prusse attendri à une simple lecture de Bérénice qu'on faisait devant lui.... quel charme tira des larmes des yeux de ce héros philosophe ? la seule magie du style de ce vrai poëte
MAGISTRAL, ALETenons-nous en garde contre l'autorité magistrale qui veut subjuguer
MAGISTRATVos jeunes magistrats, qui achètent une charge de juge dès qu'ils savent monter à cheval, doivent étaler dans les tribunaux tout ce que l'impertinence a de plus ridicule
MAGNANIMEMandrin, le plus magnanime des contrebandiers
MAGNANIMITÉHenri II donna deux édits par lesquels il assura une pleine franchise à ses sujets ; les deux Bourgognes ne se ressentirent pas encore de ces magnanimités
MAGOTMagots de Saxe et riches bagatelles Qu'Hébert invente à Paris pour les belles
MAGOTDans ce dernier art [la peinture], il [Louis XIV] n'aimait que les sujets nobles ; les Téniers et les autres petits peintres flamands ne trouvaient point grâce devant ses yeux : ôtez-moi ces magots-là, dit-il un jour qu'on avait mis un Téniers dans un de ses appartements
MAILLÉ, ÉEDe ces perdreaux maillés le fumet seul m'attire
MAINIl [Camoëns] fit naufrage sur les côtes de la Chine, et se sauva, dit-on, en nageant d'une main et tenant de l'autre son poëme, seul bien qui lui restait
MAINLe roi de Prusse, qui n'y allait pas de main morte, quand il fallait frapper sur les moines et sur les prélats de cour
MAINIl vous sied bien d'avoir l'impertinence De refuser un mari de ma main !
MAINLouis XIV d'une main saisissait Avignon, et nous [protestants] faisait rouer de l'autre
MAINDu haut du Capitole il juge tous les rois Et de ceux qu'on opprime il prend en main les droits
MAINIl [Virgile] ne vécut que cinquante-deux ans, et mourut à Brindes comme il allait en Grèce pour mettre, dans la retraite, la dernière main à son Énéide, qu'il avait été onze ans à composer
MAINIl faut [en parlant d'acteurs] tenir le coeur des hommes dans sa main, il faut arracher des larmes aux spectateurs les plus insensibles
MAIN-D'OEUVREL'argent devient plus abondant ; alors, comme il arrive toujours, la main-d'oeuvre devient plus chère
MAINMORTEDouze mille esclaves des chanoines de Saint-Claude, qui ont eu l'insolence de ne vouloir être que des sujets du roi, et non serfs et bêtes de somme appartenant à des moines, viennent de perdre leurs procès au parlement de Besançon, attendu que plusieurs conseillers de grand'chambre ont des terres où la mainmorte est en vigueur, malgré les édits de nos rois
MAINMORTELes lémures et le sabbat fuyaient à l'apparition du jour ; la mainmorte doit disparaître devant la raison, la religion, la justice et la politique
MAINMORTECes gens de mainmorte n'auront plus eux-mêmes des esclaves de mainmorte
MAINTENIRLes manufactures de Van Robès et de beaucoup d'autres qu'il [Colbert] avait établies, n'étaient maintenues que par des gens de cette secte [protestants]
MAISONJe ne suis point de la maison, monsieur ; je passe ma vie au café
MAISONMolière avait une maison de campagne à Auteuil où il se délassait souvent des fatigues de sa profession, qui sont bien plus grandes qu'on ne pense
MAISONRien n'est plus beau, à mon gré, qu'une vaste maison rustique, dans laquelle entrent et sortent par quatre grandes portes cochères des chariots chargés de toutes les dépouilles de la campagne
MAISONVous qui gardez mon roi, vous qui vengez la France, Vous peuple de héros dont la foule s'avance, Accourez, c'est à vous de fixer les destins ; Louis, son fils, l'État, l'Europe est dans vos mains ; Maison du roi, marchez, assurez la victoire
MAÎTRECe qui est rare, c'est l'air de maître avec lequel ce monsieur [un annotateur du Siècle de Louis XIV] ose dire....
MAÎTREÉgisthe, avec les siens, d'un pas précipité, Vole, croit le punir, arrive et voit son maître
MAÎTREJ'admire et ne plains point un coeur maître de soi, Qui, tenant ses désirs enchaînés sous sa loi, S'arrache au genre humain pour Dieu qui le fit naître
MAÎTREQuant à la morale, celui qui a fourni à l'admirable Pope tous les principes de son Essai sur l'homme, est sans doute le plus grand maître de sagesse et de moeurs qui ait jamais été
MAÎTRECinquante maîtres des requêtes déclarèrent d'une voix unanime toute la famille Calas innocente, et la recommandèrent à l'équité bienfaisante du roi
MAÎTRESSE[La femme] La nuit, le jour, veut être, à mon avis, Tant qu'elle peut, la maîtresse au logis
MAÎTRESSELibre dans vos bontés, maîtresse de vous-même
MAÎTRESSEEncor quelques moments, un dieu qui vous seconde Va mettre entre vos mains la maîtresse du monde
MAÎTRESSERien n'encourage plus aux actions vertueuses, que d'avoir pour témoin et pour juge de sa conduite une maîtresse dont on vent mériter l'estime
MAÎTRESSEIl fallait une maîtresse [à Louis XV] : le choix tomba sur Mlle Poisson [Mme de Pompadour], fille d'une femme entretenue et d'un paysan de la Ferté-sous-Jouarre qui avait amassé quelque chose à vendre du blé aux entrepreneurs des vivres
MAÎTRISERAimez, mais en héros qui maîtrise son âme
MAÎTRISERQuelquefois la sagesse a maîtrisé le sort ; C'est le tyran du faible et l'esclave du fort
MAJESTÉÊtre heureux comme un roi, dit le peuple hébété ; Hélas ! pour le bonheur que fait la majesté ?
MAJESTÉCe n'est que depuis 1741 que la chancellerie impériale traite les rois de Majestés dans le protocole de l'empire
MAL, ALEJe gagne déjà quelque chose à dire du mal ; si je puis parvenir à en faire, ma fortune est faite
MAL, ALEIl n'y a point de mal pour le grand être ; il n'y a pour lui que le jeu de la grande machine qui se meut sans cesse par des lois éternelles
MAL, ALEPour bien assurer qu'une chose est mal, il faut voir en même temps qu'on pourrait mieux faire
MAL, ALECe sont apparemment mes ennemis, madame, qui vous ont fait ces contes ; ils vont criant que je suis mal en cour
MAL, ALECe libraire était mal dans ses affaires ; M. de Voltaire lui prêta dix mille livres
MALADEVous voilà bien malade ; il faut servir les grands ; On amuse souvent plus par son ridicule Que l'on ne plaît par ses talents
MALADIELe nombre des maladies qui affligent le genre humain est si énorme, que nous manquons de termes pour les exprimer
MALADIELa maladie des systèmes peut-elle troubler l'esprit au point de faire dire qu'un Suédois et un Nubien sont de la même espèce... ?
MALANDRINQuand le chef des malandrins a bien tué et bien volé, il réduit à l'esclavage des malheureux dépouillés qui sont encore en vie
MÂLEAdmirons le génie mâle de Corneille ; mais, pour la perfection de l'art, connaissons ses fautes ainsi que ses beautés
MALENTENDULes disciples de Leibnitz prétendaient que cette force [celle des corps en mouvement] était en raison composée du carré de la vitesse et de la pesanteur des corps ; les Français, au contraire, ne mesuraient cette force que par la vitesse multipliée par la masse ; M. de Mairan exposa le malentendu avec beaucoup de clarté
MAL-ÊTREIl est clair, disais-je, qu'il faudrait choisir de n'avoir pas le sens commun, pour peu que ce sens commun contribue à notre mal-être
MALFAISANT, ANTECrains les sifflets, mais crains les malfaisants
MALGRÉOn a remarqué que presque tous ceux qui se sont fait un nom dans les beaux-arts les ont cultivés malgré leurs parents, et que la nature a toujours été en eux plus forte que l'éducation
MALHEURIl en est [des crimes] quelquefois où des coeurs magnanimes Par le malheur des temps se laissent emporter
MALHEURJ'ai cru dans la retraite éviter mon malheur ; Le malheur est partout ; je m'étais abusée
MALHEUREUX, EUSECet esclave, sa mort, ce billet malheureux
MALHEUREUX, EUSEConvenons que c'est un grand homme [Corneille], qui fut trop souvent différent de lui-même, sans que ces pièces malheureuses fissent tort aux beaux morceaux qui sont dans les autres
MALHEUREUX, EUSELes malheureuses expériences de Needham [sur la génération spontanée], si bien convaincues de fausseté par M. Spallanzani
MALHONNÊTEApprenez, lui dit la belle dame chez laquelle il soupait, que celles qu'on appelle quelquefois de malhonnêtes femmes ont presque toujours le mérite d'un très honnête homme
MALHONNÊTEPourquoi me soupçonner d'un dessein malhonnête, quand je fais une action honnête ?
MALICEJe reconnais bien là sa malice
MALICELes gens malins feraient tout le contraire, ne fût-ce que pour me faire des malices
MALICIEUX, EUSEOn prétend que vous êtes un ignorant ; cela ne me fait rien ; mais on ajoute que vous êtes malicieux, et cela me fâche, car je suis bon homme
MALIGNEMENTCes séditions, malignement imputées aux chrétiens innocents
MALIN, MALIGNEUn Français qui était avec moi m'avoua qu'il sentait une joie maligne de voir que les Anglais, qui nous reprochent si hautement notre servitude, étaient esclaves aussi bien que nous [il s'agit de la presse des matelots]
MALINGREOn réfléchit davantage.... on fait moins de cas du monde, et, dès qu'on a un rayon de santé, on court au plaisir ; une telle vie ne laisse pas d'avoir son mérite ; les malingres ont de très beaux moments
MALOTRU, UEL'impertinent gazetier ! peut-on dire de telles pauvretés avec un ton si emphatique ? le roi est venu en haute personne.... eh ! malotru, qu'importe que sa personne soit haute ou petite ? dis le fait tout rondement
MALOTRU, UEOn y voit tous les jours [à la cour] de beaux seigneurs qui n'ont point de conversation, et des malotrus qui parlent avec assurance
MAMELONMouvements nécessaires à notre conservation comme ceux de teter le mamelon de sa nourrice
MANCHONFigurez-vous un très petit chien de manchon qui suivrait un capitaine des gardes du roi de Prusse
MANCHOT, OTEIl [le roi de Prusse] commença par envoyer en France en ambassade extraordinaire un manchot nommé Camas, ci-devant Français réfugié, et alors officier dans ses troupes
MANDARINAL, ALELes marchands y sont très méprisés [en Chine].... ce dédain mandarinal pour le commerce nuit beaucoup au progrès des sciences
MANDEMENTDéjà un Anglais en France, un Berwick, évêque de Soissons, avait osé dire dans son célèbre mandement de 1757 que les Turcs sont nos frères ; ce que ni Bossuet, ni Massillon n'avaient jamais eu le courage de dire
MÂNESIls [les Juifs] pensèrent, comme presque toutes les autres nations, que l'âme est quelque chose de délié, d'aérien, une substance légère, qui retenait quelque apparence du corps qu'elle avait animé ; c'est ce qu'on appelait les ombres, les mânes des corps
MANGERAh ! je vais soulever la nation, et manger le coeur d'Anytus
MANGERC'est ainsi que cette destinée éternelle portait que MM Banck et Solander découvriraient de nos jours un pays immense où les hommes se mangent les uns les autres aussi communément que nous persécutons, que nous calomnions notre prochain à Paris
MANIERDacier.... prétend que Polyeucte n'est pas propre au théâtre.... il attribue tout le succès à Sévère et à Pauline ; cette opinion est assez générale ; mais il faut avouer aussi qu'il y a de très beaux vers dans le rôle de Polyeucte, et qu'il a fallu un très grand génie pour manier un sujet si difficile
MANIÈREJ'entends par libres, soumis uniquement aux lois ; c'est la seule manière de l'être
MANIÈREQu'il te souvienne, Si par hasard, quand tu la conduiras, Certain Hombert venait suivre ses pas, De le chasser de la belle manière
MANIÈREOn prit à notre solitaire [Voltaire lui-même] deux cent mille francs ; c'était une perte énorme ; il s'en consola à la manière française, par un madrigal qu'il fit sur-le-champ en apprenant cette nouvelle
MANIFESTERSitôt que les hommes sont rassemblés, Dieu se manifeste à leur raison
MANIFESTERLes ministres étrangers qui résident à Paris savent tous la langue du pays ; ils ont à faire à une nation qui se manifeste aisément
MANOEUVREL'exercice prussien s'était perfectionné pendant cinquante ans ; on avait voulu l'imiter en France.... on avait même changé les manoeuvres presque à chaque revue, de sorte que les officiers et les soldats, ayant mal appris des exercices nouveaux.... n'avaient rien appris du tout
MANOEUVREIl fut témoin des manoeuvres des principaux satrapes qui firent ce qu'ils purent pour faire battre leur chef
MANOEUVREOn encourage nos manoeuvres à perdre leur raison et leur santé dans un cabaret, au lieu de mériter leur subsistance par un travail utile
MANOEUVREPascal n'avait lu aucun des livres des jésuites dont il se moque dans ses lettres, c'étaient des manoeuvres littéraires de Port-Royal qui lui fournissaient les passages qu'il tournait si bien en ridicule
MANQUERJe crois que cet acte était impraticable ; tout manque quand l'intérêt manque
MANQUERLa charité n'a point encore établi, dans ce pays, des maisons secourables où les enfants exposés soient nourris ; là où la charité manque, la loi est toujours cruelle
MANQUERNe manquant de rien, il n'avait besoin de tromper personne
MANQUERJe ne sais si la terre manque d'hommes ; mais certainement elle manque d'hommes heureux
MANQUERJe croirais manquer au public, à la vérité, à ma profession et à moi-même, comme on dit, si je restais muet....
MANQUERComment osons-nous, après cela [la tragédie de Théodore], condamner les pièces de Lopez de Vega et de Shakespeare ? ne vaut-il pas mieux manquer à toutes les unités que de manquer à toutes les bienséances, et d'être à la fois froid et dégoûtant ?
MANTEAUOn a voulu le lapider [J. J. Rousseau] comme saint Étienne, quoiqu'il ne soit ni saint ni diacre, et l'on prétend que M. de Montmolin gardait les manteaux
MAQUIGNONCette courtière était une maquignonne d'affaires, qui prêtait et empruntait sur gages
MARCHAND, ANDEIl est très vrai que, depuis Vasco de Gama, qui doubla le premier la pointe de la terre des Hottentots, ce sont les marchands qui ont changé la face du monde
MARCHAND, ANDEAcbar fut le premier qui s'empara de Surate et du royaume de Guzarate, fondé par des marchands arabes devenus conquérants à peu près comme des marchands anglais sont devenus maîtres du Bengale
MARCHÉNous rougissons avec raison de voir les marchés publics établis dans des rues étroites, étaler la malpropreté, répandre l'infection et causer des désordres continuels
MARCHÉSurate ou Surat, au fond du golfe de Cambaye, était, depuis Tamerlan, le grand marché de l'Inde, de la Perse et de la Tartarie
MARCHÉJ'ai quatre volumes sous presse.... ils coûteront trois livres le tome ; c'est marché donné
MARCHERC'est sur mon corps sanglant qu'il lui faudra marcher
MARCHEROn ne marchait dans mon jeune temps que sur des métamorphoses
MARCHERLe monde avec lenteur marche vers la sagesse
MAREAprès avoir vu cette mare presque imperceptible pour eux [les deux géants de Sirius et de Saturne] qu'on nomme la Méditerranée, et cet autre petit étang qui, sous le nom de grand océan, entoure la taupinière
MARGEOn lui reprochait [à Mme des Ursins] d'avoir épousé secrètement un Français attaché à elle nommé d'Aubigni ; elle écrivit en marge : pour épousé, non
MARMOUSETChamos, Maloch, Belphégor, Astarot, Baal-Zébuth, et autres marmousets
MARQUÉ, ÉECette province d'Allabad n'est pas seulement marquée dans nos cartes françaises de l'Inde ; il faut être bien établi dans un pays pour le connaître
MARQUÉ, ÉEQuoi ! dans ces jours marqués par la mort d'Alexandre....
MARQUERVous qui depuis cinq ans insultez à mes larmes, Qui marquez sans pitié mes jours par mes alarmes
MARQUERIl vous marque la place où vous serez vainqueurs
MARRI, IEAvec Téone ils [les juges] avaient ri ; Avec Apamis ils pleurèrent ; J'ignore, et j'en suis bien marri, Quel est le vainqueur qu'ils nommèrent
MARTEAUIl faut être en France enclume ou marteau ; j'étais né enclume
MARTRE ou MARTETu prends toujours martre pour renard
MARTYR, YRENon, si vous voulez rendre la religion chrétienne aimable, ne parlez jamais de martyrs ; nous en avons fait cent fois plus que les païens
MARTYR, YRETes frères, ces martyrs égorgés à mes yeux, T'ouvrent leurs bras sanglants, tendus du haut des cieux
MARTYR, YREEt tu vivras fidèle ou périras martyre
MASQUEJe lui criai : masque, je te connais
MASSACRANT, ANTEL'horreur, l'abomination n'est-elle pas que des frères aient massacré tant de frères pour quelque cause que ce puisse être ? - Voici une affaire à peu près aussi massacrante....
MASSACREIl faudrait que chacun eût au chevet de son lit un cadre où fussent écrits en grosses lettres : croisades sanglantes contre les habitants de la Prusse et contre le Languedoc, massacres de Merindol, massacres en Allemagne et en France au sujet de la réforme ; massacres de la Saint-Barthélemy ; massacres d'Irlande ; massacres des vallées de Savoie ; massacres juridiques ; massacres de l'inquisition
MASSUELe schisme de Donat, du temps de saint Augustin, fut cruel ; les prêtres des deux partis armèrent leurs ouailles africaines de massues, attendu que l'Église abhorre le sang
MATERJe suis bien aise après tout de faire mourir un philosophe ; ces gens-là ont une certaine fierté dans l'esprit qu'il est bon de mater un peu
MATÉRIALISTEConséquences nécessaires de l'opinion des matérialistes : il faut qu'ils disent que le monde existe nécessairement et par lui-même.... il faut qu'ils disent que le monde matériel a en soi essentiellement la pensée et le sentiment, car il ne peut les acquérir, puisqu'en ce cas ils lui viendraient de rien.... les matérialistes doivent encore soutenir que le mouvement est essentiel à la matière ; ils sont par là réduits à dire que le mouvement n'a jamais pu ni ne pourra jamais augmenter ni diminuer
MATÉRIAUXLe monarque prussien fit à Potsdam son Histoire de Brandebourg ; et l'écrivain français y fit le Siècle de Louis XIV, ayant apporté avec lui tous ses matériaux
MATHÉMATICIENVous ne me ferez pas longtemps l'objection des nues et des exhalaisons qui flottent dans l'air, si vous voulez lire dans le premier mathématicien qui vous tombera sous la main, les lois des fluides
MATHÉMATIQUEIl se mêle à l'optique mathématique un jugement de l'âme, fondé sur l'expérience ; c'est ce qui fait que nous nous formons des idées des distances, sans nous servir d'aucune mesure
MATHÉMATIQUEIl faut que les mathématiques domptent les écarts de notre raison ; c'est le bâton des aveugles, on ne marche point sans elles ; et ce qu'il y a de certain en physique est dû à elles et à l'expérience
MATHÉMATIQUEDès qu'il s'agit d'expliquer nos sensations, les mathématiques deviennent impuissantes
MATIÈRETous les sages de l'antiquité, sans aucune exception, ont cru la matière éternelle et subsistante par elle-même
MATIÈREEntêtés d'un cartésianisme aussi faux en tout que le péripatétisme, ils croyaient que la matière n'est autre chose que l'étendue en longueur, largeur et profondeur ; ils ne savaient pas qu'elle a la gravitation vers un centre
MATINNous sommes d'hier, et l'Amérique est de ce matin
MAUVAIS, AISEUn commentaire n'est pas un panégyrique, mais un examen de la vérité ; et qui ne sait pas réprouver le mauvais n'est pas digne de sentir le bon
MEVenez ; les malheureux me sont toujours sacrés
MÉCHAMMENTMais pour un lourd frelon, méchamment imbécile, Qui vit du mal qu'il fait et nuit sans être utile, On écrase à plaisir cet insecte orgueilleux
MÉCHANT, ANTEJe vous l'avais bien dit, mon mari, que vous vous attireriez quelque méchante affaire
MÉCHANT, ANTELe cardinal de Richelieu, tyran quand on lui résistait, et méchant parce qu'il avait des méchants à combattre
MÉCOMPTEIl fallait relever tous les mécomptes dont cet ouvrage fourmille [le Testament politique du cardinal de Richelieu]
MÉCONNAÎTREIl n'est pas possible de méconnaître Charles-Quint dans le portrait de Picrochole
MÉCRÉANT, ANTEMalheur au mécréant qui contredit ces grandes vérités [que la Providence fait tout] !
MÉCROIREEt partant ne veux pas Mécroire en rien la vérité du cas
MÉDECINVous avez un médecin, dit le roi à Molière ; que vous fait-il ? Sire, répondit Molière, nous causons ensemble, il m'ordonne des remèdes, je ne les fais point, et je guéris
MÉDIOCREPeut-être les hommes d'une fortune médiocre sont en tout pays les meilleurs citoyens, puisqu'ils sont au-dessus d'une extrême pauvreté qui peut conduire à des bassesses, et au-dessous de la grande opulence qui nourrit presque toujours l'ambition
MÉDIOCRITÉEnchanté des chefs-d'oeuvre du siècle passé, autant que dégoûté du fatras prodigieux de nos médiocrités, je vais expier les miennes en me faisant le commentateur de P. Corneille
MÉDIREIl [Boileau] vit qu'à la longue l'art d'instruire, quand il est parfait, réussit mieux que l'art de médire, parce que la satire meurt avec ceux qui en sont les victimes, et que la raison et la vertu sont éternelles
MÉDITATIF, IVEDupleix, homme aussi actif qu'intelligent, et aussi méditatif que laborieux, avait dirigé longtemps le comptoir de Chandernagor sur le Gange
MÉDITATIF, IVEMalebranche (Nicolas), né à Paris en 1638, de l'Oratoire, l'un des plus profonds méditatifs qui aient jamais écrit
MEILLEUR, EUREVivons libres, soutenons nos droits, et buvons du meilleur
MÉLANGEJ'abhorre ces complots de prêtres et de femmes, Ce mélange importun de leurs petites trames, De secrets intérêts, de sourde ambition, De vanité, de fraude et de religion
MÉLANGEMais il est peu de plaisirs sans douleur, Et nos chagrins sont souvent sans mélange
MÉLANGERLe ciel, en nous formant, mélangea notre vie De désirs, de dégoûts, de raison, de folie, De moments de plaisir et de jours de tourments
MÊLÉESi l'on combattait de près comme autrefois, une mêlée de neuf heures, de bataillon contre bataillon, d'escadron contre escadron et d'homme contre homme, détruirait les armées entières
MÊLERQuand les nations se sont ainsi mêlées, elles sont longtemps à se civiliser, et même à former leur langage
MÊLEROn leur a souvent imputé d'égorger un enfant, de boire son sang, et de se mêler ensemble dans leurs cérémonies secrètes sans distinction
MÊLERUn gros fermier qui fait le petit maître, Fait l'inconstant, se mêle d'être un fat
MÊMEDeux factions acharnées le partagent [l'empire sous Julien].... même opiniâtreté des deux côtés, mêmes fraudes, mêmes calomnies, mêmes complots, mêmes barbaries, même rage
MÊMELalli fut enfermé à la Bastille dans la même chambre où avait été Labourdonnais, et n'en sortit pas de même
MÊMEJ'enlèverai ma femme à ce temple, à vos bras, Aux dieux même, à nos dieux s'ils ne m'exauçaient pas
MÉMOIRELes Muses, filles de la Mémoire, vous enseignent que sans mémoire on n'a pas d'esprit
MENACERQuand on le [Corneille] menaça d'une seconde critique sur la tragédie des Horaces semblable à celle du Cid, il répondit : Horace fut condamné par les duumvirs, mais il fut absous par le peuple
MÉNAGEConduis bien ton ménage, Divertis-toi, bois, dors, sois tranquille, sois sage
MÉNAGECertain butor conseillait par ménage Qu'on abolît ces travaux précieux
MÉNAGEMENTLes plaisirs les plus lascifs y sont peints sans ménagement [dans un épisode de la Lusiade] ; chaque Portugais embrasse une néréide
MÉNAGERLa critique s'exerce sur l'ouvrage, et non sur la personne : elle ne doit ménager aucun défaut, si elle veut être utile
MENEROlympie en triomphe aux dieux sera menée
MENERCe salon, qui conduit à ceux de Nicéphore, Mène aussi chez Irène
MENERL'abbé de Châteauneuf me mena chez elle [Ninon de Lenclos] dans ma plus tendre jeunesse ; j'étais âgé d'environ treize ans ; j'avais fait quelques vers qui ne valaient rien, mais qui paraissaient fort bons pour mon âge
MENERLa mode dans ce temps-là parmi les dames était de voyager sans laquais et sans cocher, et de se mener elles-mêmes
MÉNINGEQuand on n'a rien de nouveau à dire, sinon que le siége de l'âme est dans les méninges, on ne doit point prodiguer le mépris pour les autres et l'estime pour soi-même à un point qui révolte tous les lecteurs, à qui cependant l'on veut plaire
MENOTTESMon oncle levait les épaules quand il lisait dans Rollin que Xerxès avait fait donner trois cents coups de fouet à la mer ; qu'il avait fait jeter dans l'Hellespont une paire de menottes pour l'enchaîner
MENSONGENous avons attaché d'autant plus d'infamie au mensonge, que, de toutes les mauvaises actions, c'est la plus facile à cacher et celle qui coûte le moins à commettre
MENSONGEQuand la Grèce parlait, l'univers en silence Respectait le mensonge ennobli par sa voix
MENTIRCela ressemble à Arlequin qui se dit curé de Domfront ; et, quand le juge lui fait voir qu'il a menti : monsieur, dit-il, je croyais l'être
MENTIRD'un bout du monde à l'autre on ment et l'on mentit ; Nos neveux mentiront comme ont fait nos ancêtres
MENU, UEIl leur promit de leur faire un beau livre de philosophie, écrit fort menu pour leur usage, et que dans ce livre ils verraient le bout des choses
MÉPRISIl [Henri III] éprouva à ses dépens ce que c'est que commander sans pouvoir ; Guise, au mépris de ses ordres, vint à Paris
MÉPRISABLECe qui est méprisable est souvent dangereux, quand il n'est pas assez méprisé
MÉPRISERLes sots jugements et les folles opinions du vulgaire ne rendront point malheureux un homme qui a appris à supporter des malheurs réels ; et qui méprise les grands peut bien mépriser les sots
MEROn s'attendait encore moins qu'un prince qui était saisi d'un effroi machinal qui allait jusqu'à la sueur froide et à des convulsions quand il fallait passer un ruisseau, deviendrait un jour le meilleur homme de mer dans le Septentrion
MERCENAIREN'employons point les mains d'un soldat mercenaire
MERCENAIREDieu nous préserve de penser que vous sacrifiez la vérité à un vil intérêt ; que vous êtes du nombre de ces malheureux mercenaires qui combattent par des arguments, pour assurer et pour faire respecter les immenses fortunes de leurs maîtres
MERCUREIl n'y a guère d'années qu'on ne débite sous son nom [de Voltaire] des ouvrages qu'il n'a jamais vus ; et il apprend qu'il n'y a guère de mois où l'on ne lui impute dans les Mercures quelque pièce fugitive qu'il ne connaît pas davantage
MERDECes intestins, s'il est permis de le dire, sont remplis de merde
MERDENous n'approuvons pas la simplicité de ceux qui traduisent stercore par de la merde ; c'est le mot propre, disent-ils ; oui, mais la bienséance et l'honnêteté sont préférables au mot propre, quand la fidélité de la traduction n'en est point altérée
MÈREQuoi qu'en ait dit l'ignorance appuyée de la malignité, la philosophie fut dans tous les temps la mère de la religion pure et des lois sages
MÉRITEMolière fut, si on ose le dire, un législateur des bienséances du monde ; je ne parle ici que de ce service rendu à son siècle, on sait assez ses autres mérites
MÉRITEROn coupait la tête à un vieillard vénérable, lorsque j'arrivai à la Haie ; c'était la tête chauve du premier ministre Barnevelt, l'homme qui avait le mieux mérité de la république
MERVEILLEQue le corps de ville [de Paris] demande seulement permission de mettre une taxe modérée et proportionnelle sur les habitants.... que les projets [d'embellissement] soient reçus au concours, que l'exécution soit au rabais, il sera facile de démontrer qu'on peut, en moins de dix ans, faire de Paris la merveille du monde
MERVEILLEUX, EUSELe merveilleux même doit être sage ; il faut qu'il conserve un air de vraisemblance, et qu'il soit traité avec goût
MESQUIN, INECelui [le temple à Jérusalem] de Zorobabel était petit, bas, mesquin, sans proportions, sans architecture ; il ne méritait pas la curiosité de Pompée
MESQUINEMENTElle est vêtue un peu mesquinement ; Mais qu'elle est belle, et comme elle a l'air sage !
MESSEQuel fut le fruit de toutes ces vastes entreprises [de Philippe II] qui tinrent si longtemps l'Europe en alarmes ? Henri IV, en allant à la messe, lui fit perdre la France en un quart d'heure
MESURELe ministère des finances fut jeté hors de toutes ses mesures pour cette guerre....
MESURÉ, ÉEQue m'importe en effet que le flatteur d'Octave [Horace]... En prose mesurée insulte à Crispinus ?
MESUREREn Castille, avec lui, j'ai mesuré mes armes
MÉTAPHORELa tragédie admet les métaphores, mais non pas les comparaisons ; pourquoi ? parce que la métaphore, quand elle est naturelle, appartient à la passion ; les comparaisons n'appartiennent qu'à l'esprit
MÉTAPHYSIQUENous avons fait en mathématique des prodiges qui étonneraient Apollonius et Archimède, et qui les rendraient nos écoliers ; mais, en métaphysique, qu'avons-nous trouvé ?
MÉTEMPSYCOSELe roman théologique de la métempsycose vient de l'Inde, dont nous avons reçu beaucoup plus de fables qu'on ne croit communément ; ce dogme est expliqué dans l'admirable XVe livre des Métamorphoses d'Ovide
MÉTEMPSYCOSEPour que la métempsychose pût être admise, il faudrait que quelqu'un de bonne foi se ressouvînt bien positivement qu'il a été un autre homme
MÉTHODENotre nation, regardée comme si légère par des étrangers qui ne jugent de nous que par nos petits-maîtres, est de toutes les nations la plus sage, la plume à la main ; la méthode est la qualité dominante de nos écrivains
MÉTHODIQUEQui veut apprendre à douter doit lire ce chapitre entier de Montaigne, le moins méthodique des philosophes, mais le plus sage et le plus aimable
METTREQuiconque se pend à Londres, ou se noie, ou se tire un coup de pistolet, est mis dans la gazette
METTREVillers, comédien de l'hôtel de Bourgogne, mit le Festin de Pierre en vers, et il eut quelque succès à ce théâtre
METTREShakespeare a pris toutes ses tragédies de l'histoire ou des romans, et il n'a fait que mettre en dialogues le roman de Claudius, de Gertrude et d'Hamlet, écrit tout entier par Saxon le grammairien, à qui gloire soit rendue
MEUBLERQuiconque croirait connaître la nature en lisant Lucrèce, meublerait sa tête d'erreurs
MEURTRIER, IÈREÔ vous, arbitres des nations, qui avez donné la paix à l'Europe, décidez entre l'esprit pacifique et l'esprit meurtrier
MICMACSerait-ce point la dame Croupillac Qui sourdement fait ce maudit micmac ?
MIDASCes Midas en mitre, en soutane, Au philosophe de Toscane [Galilée] Sans rougir ont donné des fers
MIENJe vais raconter ingénument comme la chose se passa, sans y rien mettre du mien ; ce qui n'est pas un petit effort pour un historien
MIEUXJ'ai le repos, les rois n'ont rien de mieux
MIGNON, ONNELa précoce hyacinthe est le tendre mignon Que sur ces prés fleuris caressait Apollon
MILIEUPoint de milieu pour lui, le trône ou l'esclavage
MILITAIREMilitaire oublié par ses maîtres altiers
MILLEVous avez vu apparemment cette phrase dans une des mille et une brochures qu'on a faites contre mon ami, et vous la répétez au hasard : je vous jure, monsieur, qu'elle n'est pas de lui
MILLIONDes millions de soleils éclairent des milliards de mondes
MINCEDeux fripons gouvernaient cet État assez mince ; Ils avaient abruti l'esprit de monseigneur
MINEVous m'avez la mine, mon ancien ami, d'avoir bientôt vos soixante et dix ans, et j'en ai soixante et quinze
MINEVous avez bien la mine D'aller un jour échauffer la cuisine De Lucifer ; et moi, prédestiné, Je rirai bien quand vous serez damné
MINEQuand on a franchi la côte de Coromandel, on est à la hauteur de la grande nababie de Golconde, où sont les plus grands objets de l'avarice, les mines de diamants
MINERUne fièvre brûlante, attaquant tes ressorts, Vient à pas inégaux miner ton faible corps
MINISTÈRELeur désintéressement [d'avocats] et le vôtre sont dignes de l'illustre profession dont le ministère est de défendre l'innocence opprimée
MINISTREOn dit que dans ce trouble on voit les Euménides.... Ministres des arrêts prononcés par le sort, Marcher autour d'Oreste, en appelant la mort
MINISTREVous, ministre d'un dieu de paix et de douceur
MINISTREMinistre industrieux des lois de la nature, [le jardinier] Émonde les rameaux de la séve affamés
MIRERUn énorme boulet, qu'on lance avec fracas, Doit mirer un peu haut pour arriver plus bas
MIRZAIl était fils unique d'un mirza du pays ; c'est comme qui dirait marquis parmi nous, ou baron chez les Allemands
MISANTHROPEJ'ose prendre le parti de l'humanité contre ce misanthrope sublime
MISÉRABLEMais dans l'ennui qui m'accable, Si mes amis sont heureux, Je serai moins misérable
MISÉRABLEOn distingue les hommes en deux classes : la première, des hommes divins qui sacrifient leur amour-propre au bien public ; la seconde, des misérables qui n'aiment qu'eux-mêmes
MISÉRABLEComment ! petit misérable, vous faites entendre qu'il n'y a que de mauvais catholiques qui aient justifié Jean Calas, rétabli sa mémoire, et déclaré sa famille innocente !
MISÈREIl n'est pas inutile de dire aux étrangers que misère est en poésie un terme noble, qui signifie calamité et non indigence
MITEIls [les deux géants de Sirius et de Saturne] entendaient des mites [des hommes] parler d'assez bon sens : ce jeu de la nature leur paraissait inexplicable
MITOYEN, ENNECes caractères indécis et mitoyens ne peuvent jamais réussir, à moins que leur incertitude ne naisse d'une passion violente
MITREEt de ces mitres d'or aux deux sommets pointus
MOBILEL'argent, ce qui est le premier mobile des affaires de ce monde
MOBILELes trois philosophes agitèrent la grande question, quel est le premier mobile de toutes les actions des hommes
MODEIl est une déesse inconstante, incommode, Bizarre dans ses goûts, folle en ses ornements, Qui paraît, fuit, revient et naît en tous les temps, Protée était son père, et son nom est la Mode
MODELERIl [le diable] prend une argile ensoufrée, Il en modèle un chef-d'oeuvre naissant
MODELERL'intelligence qui dirige son mouvement [de la matière] et qui modèle ses diverses figures
MODÉRATEUR, TRICELe consistoire s'assembla ; le modérateur avertit la compagnie que ce jésuite avait répandu à Genève plusieurs écrits scandaleux
MODÉRATIONTout vouloir est d'un fou ; l'excès est son partage ; La modération est le trésor du sage
MODÉRÉ, ÉEL'empereur [Joseph 1er] n'était nulle part modéré dans son bonheur
MODERNEChez toutes les nations il faut que l'antique l'emporte sur le moderne, jusqu'à ce que le moderne soit devenu antique à son tour
MODESTIEÔ hommes, enfants de la vanité ! votre modestie est orgueil ; la plus pure est celle qui est la moins corrompue par la secrète complaisance du coeur
MODULEREt tandis que l'aigle altière sa carrière Dans le vaste champ des airs, La tranquille Philomèle À sa compagne fidèle Module ses doux concerts
MOEURSLa sainteté, la paix, les moeurs vont disparaître
MOEURSOn n'est rien sans les moeurs
MOIREIl y avait deux sortes d'étoffes nommées cilices, l'une très fine et très belle, tissue de poil d'antilope ou de chèvre sauvage appelée mo dans l'Asie Mineure, d'où nous vient la véritable moire, à laquelle nous avons substitué une étoffe de soie calandrée
MOISSONCampagnes qu'engraissa le sang de nos guerriers, J'aime mieux vos moissons que celle des lauriers : La vanité les cueille et le hasard les donne
MOITIÉOui, la moitié du monde a toujours mangé l'autre
MOITIÉL'usage a permis qu'en quelques occasions on puisse appeler sa femme sa moitié : " Mânes du grand Pompée, écoutez sa moitié. " Ce mot fait là un effet admirable
MOLESTÉ, ÉEQuoi ! le nombre innombrable des citoyens molestés, excommuniés, réduits à la mendicité, égorgés, jetés à la voirie....
MOLLESSELorsque son sujet demande de l'élévation, on est étonné comment la mollesse de la langue italienne prend un nouveau caractère dans ses mains [du Tasse] et se change en majesté et en force
MOLLESSEOn reconnaît dans Racine [en une scène analogue à celle de Corneille] la même idée, les mêmes nuances que dans Corneille ; mais avec cette douceur, cette mollesse, cette sensibilité, et cet heureux choix des mots qui portent l'attendrissement dans l'âme
MOMENTPar vous on jouit, Au moment qui passe et qui fuit, Du moment qui n'est pas encore
MON ou MA ou MESNotre interprète transmit en indou le discours impie de mon jeune homme
MONARQUEUne mouche est monarque des animalcules imperceptibles qu'elle dévore ; l'araignée est monarque des mouches, puisqu'elle les emprisonne et les mange ; l'hirondelle domine les araignées ; les pies-grièches mangent les hirondelles, cela ne finit point
MONASTÈRECombien d'officiers blessés en combattant pour la patrie sont venus demander l'aumône, et quelquefois inutilement, à la porte des opulents monastères fondés par leurs ancêtres !
MONDAIN, AINESachez surtout que le luxe enrichit Un grand État, s'il en perd un petit ; Cette splendeur, cette pompe mondaine D'un règne heureux est la marque certaine
MONDAIN, AINEVoici la Défense du Mondain [titre d'une pièce de vers] ; j'ai l'honneur de vous l'envoyer, non-seulement comme à un mondain très aimable, mais comme à un guerrier très philosophe, qui sait coucher au bivouac aussi lestement que dans le lit magnifique....
MONDELes philosophes qui font un monde, ne font guère qu'un monde ridicule
MONDEL'invention du monde la plus heureuse
MONDECe monde-ci n'est qu'une loterie De biens, de rangs, de dignités, de droits Brigués sans titre, et répandus sans choix
MONDEQuand on passe de Cinna à Polyeucte, on se trouve dans un monde tout différent
MONDECe qui est écrit noblement dans Homère devient aussi bas et aussi dégoûtant dans le Trissin [poëte italien] que les caresses d'un mari et d'une femme devant le monde
MONITOIREOn ne fulmine des monitoires que pour découvrir des grands crimes publics dont les auteurs sont inconnus
MONITOIREOn sait que le pape Sixte V eut l'insolence d'envoyer, en 1589, un monitoire par lequel il ordonnait au roi de se rendre à Rome en trente jours, pour se justifier de la mort du cardinal de Guise
MONNAIEVous savez que la première monnaie d'or fut frappée sous Darius, fils d'Hystaspe
MONNAIEEt de cette fausse monnoie Que le courtisan donne au roi, Et que le prince lui renvoie, Chacun vit ne songeant qu'à soi
MONNAYEURUn faux monnayeur est un excellent artiste ; on pourrait l'employer dans une prison perpétuelle à travailler de son métier à la vraie monnaie de l'État, au lieu de le faire mourir dans une cuve d'eau bouillante, comme l'ordonnent Charles-Quint et François 1er
MONOCULESaint Augustin assure qu'il a vu des monocules
MONOLOGUEQuand il fallait, chez les anciens, apprendre aux spectateurs quelque événement, un acteur venait sans façon le conter dans un monologue
MONOLOGUEChaque comédien voulait briller par un long monologue ; ils rebutaient une pièce qui n'en avait point ; il fallut que Corneille dans Cinna débutât par l'inutile monologue d'Émilie, qu'on retranche aujourd'hui
MONOPÈDESaint Augustin assure qu'il a vu des monopèdes
MONSMais mons ton fils, le sieur de Fierenfat, Me semble avoir un procédé bien plat
MONSMons de Louvois nous envoie de tous côtés des jésuites et des dragons
MONSIEURJe dis toujours le grand Corneille, qui a pour nous le mérite de l'antiquité, et je dis monsieur Racine et monsieur Despréaux, parce qu'ils sont presque mes contemporains
MONSTREIl y a deux monstres qui désolent la terre en pleine paix : l'un est la calomnie, et l'autre l'intolérance ; je les combattrai jusqu'à ma mort
MONSTRELe monstre ! il [Galilée] ose prouver que c'est la terre qui tourne
MONSTREIl faudrait que ce fussent des monstres de la société, s'ils ne trouvaient pas en eux-mêmes les sentiments nécessaires à cette société
MONSTREDeux fils [d'Hircan] qui étaient des monstres de perfidie, d'avarice et de cruauté
MONSTRUEUX, EUSEC'est ainsi qu'en Espagne Diamante et Guillain de Castro semèrent, dans leurs deux tragédies monstrueuses du Cid, des beautés dignes d'être exactement traduites par Pierre Corneille
MONSTRUOSITÉUne petite chose utile me plaît ; une monstruosité qui n'est qu'étonnante n'a nul mérite à mes yeux
MONTÉ, ÉEIl prend le chemin de Cachemire avec ses domestiques, qui suivent les uns à pied, les autres montés sur un éléphant
MONTREEn ouvrage de goût, en musique, en poésie, en peinture, c'est le goût qui tient lieu de montre ; et celui qui n'en juge que par règle en juge mal
MONTRERHeureux qui, d'une femme adorant les appas, Reçoit de tels billets et ne les montre pas !
MOQUER (SE)On commence à respecter très peu l'aventure de Curtius, qui referma un gouffre en se précipitant au fond lui et son cheval ; on se moque des boucliers descendus du ciel
MOQUER (SE)L'ange Ituriel se moque du monde, de vouloir détruire une ville si charmante
MOQUEUR, EUSELe Français quelquefois est léger et moqueur ; Mais toujours le mérite eut des droits sur son coeur
MORALENe pensons pas qu'en effet il y ait une morale pour les citoyens, et une autre pour les souverains, et que le prétexte du bien de l'État justifie l'ambition du monarque
MORCEAULes beaux morceaux de Corneille m'ont paru au-dessus de tout ce qui s'est jamais fait dans ce genre chez aucun peuple de la terre
MORCEAUJe fus le premier qui fis connaître aux Français quelques morceaux de Milton et de Shakspeare
MORCEAULe bonhomme Tournehem s'écriait souvent : Il faut avouer que la fille de Mme Poisson [celle qui fut Mme de Pompadour] est un morceau de roi
MORDRENe mordez jamais le sein de vos nourrices
MORDRESi quelqu'un disait un bon mot, les autres baissaient les yeux et se mordaient les lèvres de douleur de ne l'avoir pas dit
MORDRENos dogues mordent par instinct de courage, et lui par instinct de bassesse
MORE ou MAURENos marchands d'Europe très mal instruits appelèrent indistinctement Maures tous ces peuples mahométans [de l'Inde] ; cette méprise vient de ce que les premiers que nous avions autrefois connus étaient ceux qui vinrent de Mauritanie conquérir l'Espagne
MORGUERLà ils [les deux Simon] commencèrent tous deux à se morguer
MORNETout un peuple suivait, morne, glacé d'horreur
MORNELe morne et triste silence de l'Ingénu, ses yeux sombres, ses lèvres tremblantes, les frémissements de son corps....
MORT, ORTEMais croiras-tu qu'au sein de la souffrance, Mort au plaisir et mort à l'espérance....

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